Le cas pascal duquenne

Le cas pascal duquenne

Dimanche 25 janvier 2009 Le cas Pascal Duquenne Salut a toi, Camarade ! Pascal Duquenne, le comedien trisomique de l’excellent film Le Huitieme Jour, vient de faire une pub pour un nouvel operateur de telephonie mobile. Un handicape fait de la pub et tout le monde trouve cela genial ! Alors applaudissez, Camarades, et gare a celui qui laisse ses mains dans les poches. Moi je n’applaudis pas. Alors forcement, quand on fait des etudes d’educateur specialise, les gens nous regardent avec de gros yeux : « Comment ?

Une personne trisomique fait de la pub, preuve de la reussite de son integration sociale, et toi tu trouves encore le moyen de critiquer ? » Eh bien oui, mais j’ai mes raisons ! La premiere raison, la principale, est la suivante. Faut-il, sous pretexte que les personnes en situation de handicap doivent s’integrer a la societe, qu’elles nous imitent meme quand on fait de la merde ? Parce que la publicite, chers Camarades, c’est de la merde ! Alors certes, les defenseurs de ladite publicite clament sa pertinence au nom de l’integration sociale. Mais orsqu’on parle d’integration sociale des personnes handicapees, cela signifie-t-il qu’il faut les integrer au systeme dans sa totalite, merdes comprises, ou bien faut-il preferer comprendre que les

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gens accompagnant ces personnes doivent, tant que faire se peut, les orienter vers les « bonnes » choses qui subsistent malgre tout dans la societe actuelle ? Alors a ceux qui refuteraient l’idee que la publicite s’apparente a de la fange, je ne saurais quoi repondre d’autre que vendre son image pour une marque n’est pas glorieux. Ce qui m’amene a mon deuxieme point.

A qui profite reellement cette publicite ? En utilisant (c’est le terme approprie) une personne « differente », selon les auteurs du texte lu par Pascal Duquenne dans la pub, la compagnie de telephonie fait un coup marketing des plus efficaces. Je les imagine dans leurs bureaux : « FX, j’ai une idee ! Tu te rappelles du mongolien du film sentimental avec Daniel Auteuil, la ? Eh bien on va le ressortir du placard, et on va en faire la vedette de notre prochaine pub pour le nouveau forfait. Ce sera tout benef ! D’abord on sera les premiers, onc imagine le buzz, et ensuite on passera pour des philanthropes tolerants ! » Et voila ce qui me gene encore plus que le fait de faire de la pub en soit. La motivation des publicitaires n’etait certainement pas saine mais bien venale ! Des millions d’euros que touchent des entreprises sur le dos d’acteurs qui vendent leur image, il ne leur est verse que les miettes. Et peu importe le montant du cachet percu par Pascal Duquenne, il n’est que des miettes comparativement aux benefices de l’entreprise. En quoi est-ce si degueulasse ? C’est mon troisieme point.

Un acteur qui fait de la publicite sait a quoi il s’engage, ethiquement parlant. Il veut de l’argent, et il vend sa notoriete pour s’en faire, sans penser a qui profite vraiment l’affaire du point de vue financier. Cependant, quand une personne en position de faiblesse par rapport a son age ou a son handicap fait de la pub, on peut legitimement mettre en doute sa capacite a mesurer la portee ethique de son acte. Alors, au meme titre qu’un bebe ou un enfant, il faut admettre qu’on se sert du handicap tout comme on se sert de l’age des nfants, pour vendre des produits. Allez, un petit quatrieme point, pour la route ! A ceux qui defendent une pub (pfiou ! ) mettant en scene une personne handicapee (re-pfiou ! ) qui rapporte plus a un patron qu’a elle-meme (re-re-pfiou ! ), et ce au nom d’un quelconque symbole de l’integration sociale, j’oppose un dernier argument. Quel est le fond de commerce de cette pub ? La difference ! En admettant que cette pub soit justifiable, la tournure qu’elle prend en vient a souligner le handicap du comedien et par la meme a le stigmatiser.

Drole de raisonnement que celui qui nous ferait croire qu’il est necessaire de mettre au premier plan le handicap d’une personne pour faciliter son integration sociale. Les publicitaires sont d’habiles sophistes. Et n’est-elle pas d’ailleurs hilarante (si, si, forcez-vous un peu) cette petite phrase apparemment insignifiante glissee par ledit comedien ? « Quand [ils sont] venus me voir (…) j’etais OK pour en parler » Eh les mecs, qui vous a demande de vous justifier a travers sa bouche ? Vous aviez peur qu’on vous accuse de l’avoir force ? A la revoyure !