L’architecture hospitaliere

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Rapport Annuel 7 Avril 2002 1 RAPPORT NATIONAL SUR L’ETAT DE SANTE DES ALGERIENNES ET DES ALGERIENS SOMMAIRE

Introduction I- Etat et dynamique de la population algerienne – Volume et structure de la population : un ralentissement du rythme d’accroissement demographique mais une population encore tres jeune – La repartition spatiale de la population et les variables socio-economiques : les determinants en amont de la sante – Les leviers de la nouvelle dynamique demographique, la nuptialite et la fecondite : leurs effets sur la sante II- La mortalite en Algerie : situation et tendances 2-1 Une mortalite generale en regression 2-2 Une mortalite des enfants encore preoccupante 2-3 La mortalite maternelle : le defi a relever dans les annees 2000 2-4 L’esperance de vie des Algeriens dans les annees 2000 2-5 Les inegalites geographiques devant la mort 2-6 Approche des causes de deces en Algerie III- La morbidite dans les annees 2000 3-1 Les maladies transmissibles : un fleau ancien a combattre 3-1-1 Les maladies controlables par la vaccination 3-1-2 Les maladies a transmission hydrique 3-1-3 Les zoonoses 3-1-4 Les infections sexuellement transmissibles 3-1-5 Les autres maladies infectieuses prevalentes 3-1-6 Les maladies resurgentes ou persistantes dans le Sud du pays 3-2 Les

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maladies non transmissibles : l’impact de la transition epidemiologique 3-2-1 Les maladies de l’appareil circulatoire 3-2-2 Les maladies respiratoires chroniques 3-2-3 Les cancers 3-2-4 Le diabete 3-2-5 Les maladies renales 3-2-6 L’epilepsie 3-2-7 Les maladies genetiques 3-3 Les handicaps 3-4 La morbidite liee aux modes de vie et a l’environnement social 3-4-1 Les accidents 3-4-2 Les traumatismes lies a la violence 3-4-3 La sante mentale 3-4-4 Le tabagisme 3-4-5 La toxicomanie 3-4-6 Les carences nutritionnelles 3-4-7 La sante buccodentaire 3-5 La sante de groupes specifiques 3-5-1 La sante scolaire universitaire 3-5-2 La sante des adolescents 3-5-3 La sante des travailleurs 3-5-4 La sante des personnes agees 3-6 Les transferts pour soins a l’etranger IV- L’offre de soins et de services : quelles reponses aux besoins de la population ? -1 Les ressources humaines et les moyens materiels : disponibilite et utilisation 4-1-1 Des infrastructures sanitaires nombreuses et bien reparties 4-1-2 Des professionnels de sante en nombre eleve 4-1-3 Des programmes de sante publique de plus en plus performant 4-1-4 Une relative accessibilite financiere 4-2 Les dysfonctionnements du systeme de sante 4-2-1 L’organisation du systeme de sante et la hierarchisation des soins 4-2-2 Manque de moyens financiers 4-2-3 Nombre insuffisant de specialistes 4-2-4 Attention insuffisante des soignants aux besoins non techniques des patients 4-2-5 Les ruptures en medicaments et consommables 4-2-6 L’insuffisance de la maintenance V- Estimation de l’etat de sante des Algeriennes et Algeriens a travers des indices agreges 5-1 Indice Global de vie en bonne sante 5-2 Taux d’annees potentielles de vie perdues 5-3 Comparaisons internationales VI- Les priorites pour le court et moyen terme 6-1 Le systeme d’information et de gestion 6-2 L’action sanitaire et les programmes nationaux de sante 6-3 Le medicament 6-3-1 Approvisionnement des etablissements de sante 6-3-2 Consommation, rationalisation et optimisation des depenses 6-3-3 Distribution des produits pharmaceutiques 6-4 La valorisation des ressources humaines Annexes 4 Introduction La publication d’un rapport annuel sur la sante des algeriennes et des algeriens constitue une preoccupation fondamentale du ministere de la sante et de la population. Nous esperons que cette pratique se renouvellera de facon perenne dans les annees a venir, a l’occasion de chaque celebration de la journee mondiale de la sante le 7 avril.

Une telle demarche permet en effet de disposer d’un etat des lieux, d’identifier de nouveaux besoins de sante au regard non seulement de l’evolution demographique et socio-economique de la population, mais egalement, du contexte epidemiologique et environnemental. Quel est l’etat de sante des Algeriennes et des Algeriens au seuil du XXIeme siecle ? Comment le profil epidemiologique du pays a-t-il evolue depuis l’independance et notamment, au cours de la decennie ecoulee ? De quoi souffrent en majorite les hommes et les femmes dans l’Algerie des annees 2000, selon leur age, leur lieu de residence, ou leur milieu de travail ? Comment le systeme actuel de sante repond-t-il aux attentes des citoyens, sachant que le droit a la sante est un droit constitutionnel ?

C’est a ces questions fondamentales que ce rapport s’efforce de repondre en vue d’identifier les actions prioritaires necessaires pour le court et le moyen terme, et notamment, celles qui peuvent induire une reduction de la charge de morbidite et une amelioration consequente de l’esperance de vie a la naissance. Les etudes realisees a la fin des annees 90 et au debut des annees 2000 indiquent une amelioration tangible d’un certain nombre d’indicateurs nationaux de morbidite et de mortalite. Pourtant, a travers leur vecu, les Algeriens percoivent le systeme de sante, et en particulier son secteur public, comme etant en degradation et de moins en moins apte a repondre aux besoins exprimes.

Il semble donc necessaire de dresser un diagnostic objectif de la situation sanitaire du pays, de faire ressortir les ecarts dans l’acces aux soins et services de sante, afin de situer les dysfonctionnements du systeme actuel et proposer les reajustements necessaires. Dans tous les pays du monde, la consommation de biens et services medicaux tend a s’accroitre sous l’influence d’une part de l’extension de l’offre, elle meme liee aux progres et a la recherche scientifique qui mettent sur le marche des techniques de plus en plus sophistiquees, mais aussi sous l’effet de la demande generee par des exigences de plus en plus marquees de la part des usagers. Tel est le defi que doivent relever les decideurs en matiere de sante en preservant les principes d’equite et de solidarite.

Ce rapport presente d’abord une evolution des indicateurs demographiques et sanitaires en mettant en exergue les inegalites observees entre les wilayate et les regions. Il analyse ensuite les caracteristiques de l’offre de services et de soins, a travers les ressources humaines et materielles disponibles, en mettant la aussi en exergue les disparites regionales. Il evalue enfin, a travers des indices agreges, l’etat de sante de la population, et il identifie les sources de gains potentiels en termes d’esperance de vie d’ici 2005. Il se termine en presentant les actions engagees a court et a moyen terme en vue de trouver des solutions aux dysfonctionnements observes. 5 I – Etat et dynamique de la population algerienne -1 Volume et structure de la population : un ralentissement du rythme d’accroissement demographique mais une population encore tres jeune La population algerienne est estimee au 1er janvier 2002 a 31. 040. 012 habitants dont 15. 334. 946 sont des femmes : le volume de la population est donc trois fois plus important qu’a l’independance du pays . L’effectif global de la population se decompose selon les grandes categories d’age en : o 9. 903. 172 enfants de 0 a 14 ans dont pres de 3 millions sont ages de moins de 5 ans, soit 32 %; o 7. 182. 270 jeunes de 15 a 24 ans, soit 23 %; o 11. 863. 902 adultes de 25 a 59 ans, soit 38%; o 2. 090. 669 personnes agees de 60 ans et plus dont 260. 093 personnes tres agees (80 ans et plus), soit 7%.

Les enfants et les jeunes constituent donc toujours la majeure partie de la population algerienne, en raison de la croissance demographique rapide qui a caracterise les annees 60 a 80, periode au cours de laquelle le taux d’accroissement naturel est reste superieur a 3% par an. Les personnes du troisieme age, malgre leur augmentation en nombre, representent encore une faible part des effectifs totaux. Pourtant, la transition demographique, caracterisee par un net ralentissement du rythme d’accroissement de la population entre 1986 et 2000, a induit deja une modification sensible de la pyramide des ages : a titre d’illustration, les 0-4 ans qui representaient 20% de la population totale en 1966 ne constituent plus que 9. 5% en 2002. Il est a relever en effet que le aux d’accroissement demographique est estime en 2000 a 1. 43%. La population va aller vers une structure plus equilibree, marquee par un retrecissement des categories les plus jeunes, une augmentation en nombre et en proportion des classes d’ages adultes ainsi qu’un elargissement progressif des categories les plus vieilles. L’evolution de la repartition par grands groupes d’age et par sexe, donnee dans les figures cidessous, illustre la transformation amorcee et attendue dans le domaine, en liaison avec l’evolution de la dynamique demographique. Figure 1 : Evolution de la structure par groupe d’age et sexe de la population algerienne entre 1966 et 2002 60,00 50,00 40,00 30,00 20,00 10,00 0,00 9 66 19 77 19 87 20 02 19 66 19 77 19 87 20 02 19 66 19 77 19 87 20 02 19 66 19 77 19 87 20 02 Femmes Hommes 0-14ans 15-24 ans 25-59 ans 60 ans et + Estimation faite par la Direction de la Population, Ministere de la Sante et de la Population 6 Le processus de vieillissement ira en s’accentuant a l’avenir : en moins de 40 ans, la structure par age de la population algerienne sera comparable a celle que connaissent les pays europeens aujourd’hui. Figure 2 : Perspective d’evolution des moins de 15 ans et des 60 ans et plus entre 2000 et 2050 60 50 40 30 20 10 0 1998 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2043 2044 2045 2050 -de 15 ans 60 ans et + -2 La repartition spatiale de la population et les variables socio-economiques : les determinants en amont de la sante La population algerienne vit en majorite en milieu urbain : le recensement de 1998 a revele en effet un taux d’urbanisation de 58. 3%. Partant de cet indice, 18. 096. 326 algeriens vivraient en ville en 2002 et 12. 943686 a la campagne. L’effectif de population vivant en zone eparse, donc susceptible d’isolement et d’enclavement, est estime a 5. 689. 634 habitants soit moins d’un cinquieme de la population totale. La repartition spatiale de la population demeure par ailleurs fortement desequilibree en raison des specificites geographiques du pays : la zone du littoral concentre 37. 8% de la population totale, la zone du tell et de la steppe 52. 6% et le sud 9. % de l’ensemble des effectifs. Les conditions d’habitat des algeriens sont marquees par : o Un taux d’occupation des logements relativement eleve de l’ordre de 7. 1 personnes par logement et 2. 6 personnes par piece ; o Une amelioration des equipements et commodites des logements est illustree dans le tableau ci-dessous. Toutefois, il est a signaler qu’un logement sur trois n’est pas rattache au reseau d’egout : qu’un logement sur deux n’est pas equipe de salle de bain, ce qui influe sur les conditions d’hygiene des habitants. Recensement General de la Population et de l’Habitat, 1998, Collections Statistiques, n° 80, Office National des Statistiques. Tableau 1 : Evolution de l’acces aux biens d’equipements et commodites des logements entre les differents recensements (en %) commodites Cuisine Salle de bain Toilettes Eau Electricite Gaz naturel Egout Source : ONS 1966 47. 5 12 20. 9 37. 1 30. 6 10. 4 23. 1 1977 39. 9 45. 8 49. 2 13. 0 39. 9 1987 74. 1 30. 4 68. 9 57. 8 73. 2 22. 9 51. 7 1998 78. 1 45. 0 81. 4 70. 8 84. 6 30. 2 66. 3 Il est a noter enfin que les Algeriens ont de plus en plus tendance a vivre en menage nucleaire, c’est-a-dire en couple avec ou sans enfants celibataires : le taux de nuclearisation des menages est de 71% en 1998 contre 65% en 1987 et 59% en 1966. La part des familles monoparentales est en legere hausse passant de 5. 8 a 6. 3 entre 1987 et 1998 : ces familles sont a 90% dirigees par des femmes et seulement 15% d’entre elles sont occupees.

Parmi les variables socio-economiques susceptibles d’influer sur l’etat de sante de la population, il est a citer tout particulierement : o Le taux de chomage qui est estime a 29% ; o L’extension des poches de pauvrete ; o Le taux d’analphabetisme encore eleve, estime a 31. 9% en 1998 au niveau national : 23. 6% pour les hommes et 40. 3% pour les femmes. Le taux d’analphabetisme le plus eleve, a ete enregistre pour les femmes dans la wilaya de Djelfa avec 61%. De plus, la part des femmes analphabetes aux ages de la reproduction est de l’ordre de 36%, soit une femme sur trois, ce qui retentit sur les conditions sanitaires des jeunes enfants. La repartition de la population tant au plan de l’age qu’au plan spatial, va influer sur l’etat et les besoins de sante.

La structure par age, revelatrice des besoins de sante lies aux differents cycles de vie, indique toujours une priorite a accorder aux soins preventifs pour une population en majorite jeune mais annonce egalement une augmentation des besoins, en termes de soins curatifs, pour une population vieillissante qui sera de plus en plus nombreuse. L’augmentation des generations adultes, notamment entre 20 et 50 ans, indique egalement que les besoins de sante en matiere de reproduction resteront importants pour les dix prochaines annees : malgre la reduction drastique du taux de fecondite, l’accouchement demeurera encore a court et moyen terme la cause la plus frequente de recours aux structures sanitaires dans le pays. Il est a rappeler qu’en 2000, il a ete enregistre 605. 000 naissances vivantes dans le pays.

La distribution de la population, au plan geographique, permet de situer les contraintes potentielles en termes d’acces aux soins. 1-3 Les leviers de la nouvelle dynamique demographique, la nuptialite et la fecondite : leurs effets sur la sante Les nouveaux comportements demographiques des Algeriens sont marques a la fois par le mariage tardif et une maitrise renforcee de la fecondite. Les Algeriens se marient desormais en moyenne a 31 ans et les Algeriennes a 27. 6 ans. Ce recul de l’age moyen au premier mariage est un phenomene qui concerne l’ensemble des strates, aussi bien le milieu urbain que rural. Au 2eme trimestre 2000, le taux de chomage a ete estime a 28. % par l’Office National des Statistiques, 29. 4 en milieu urbain et 28. 0% en milieu rural. 8 En terme de fecondite, le nombre moyen d’enfants par femme ou indice synthetique de fecondite estime a 2. 6 en 1998 (et a 2. 5 en 2000) contre 6. 2 en 1985, traduit la propension des couples a la limitation des naissances, et ce quelle que soit la strate de residence. L’indice de fecondite demeure toutefois plus eleve en milieu rural avec 3. 0 en 1998, qu’en milieu urbain avec 2. 4. Les ecarts sont nettement plus accentues entre les regions et les wilayate : les niveaux de fecondite les plus eleves sont enregistres dans le sud du pays (Illizi, Adrar et El Oued avec plus de 4. ) et les niveaux les plus bas dans les grandes villes du Nord (Alger, Annaba, Tizi Ouzou avec moins de 2 enfants par femme. ) Le niveau le plus eleve de la fecondite est observe dans la zone rurale de Djelfa avec 5. 5 (soit le niveau observe au plan national en 1986. ) La reduction de la fecondite est rendue possible par l’acces renforce a la planification familiale : 64% des femmes mariees en age de reproduction utilisaient en 2000 une methode de contraception, dont 50. 1% une methode moderne. Les differences entre strates de residence sont faibles : le taux de prevalence de la contraception est estime en effet a 64. 8% en zone urbaine et 62. 9% en zone rurale.

Les ecarts sont toutefois plus prononces entre les regions. C’est ainsi que le recours a la contraception, notamment moderne, est plus restreint dans le Sud du pays : en 2000, le taux d’utilisation des methodes modernes de contraception y est de l’ordre de 28. 9%, contre 56. 1% dans la region « Ouest » qui enregistre les meilleures performances dans le domaine. Figure 3 : Pratique de la contraception par methode pour 100 femmes de chaque groupe d’age (EDG – 2000) 100% 80% 60% 40% 20% 0% 15-19 20-24 pilule 25-29 30-34 35-39 condom 40-44 45-49 trad sterilet Differents modeles de reproduction semblent donc coexister dans l’Algerie des annees 2000 (cf. arte page 13) : o Un modele de fecondite caracterise par un mariage tardif, une fecondite reduite (inferieure a la moyenne nationale) et une pratique elevee de la contraception moderne, predominant dans les wilayate du Nord du pays ; o Un modele de fecondite caracterise par un mariage tardif, mais une fecondite plus elevee (avec un indice synthetique de fecondite variant de 2. 5 a 3. 5) et un acces a la contraception en augmentation mais qui reste inferieur a la moyenne nationale, modele predominant dans les wilayate des hauts- plateaux ; o Un modele de fecondite caracterise par une fecondite elevee (entre 3. 5 et 5 enfants par femme) et une pratique moderee de la contraception, privilegiant le recours aux methodes naturelles ou traditionnelles, modele predominant dans les wilayate du Sud du pays. Ainsi, les comportements des Algeriens dans le domaine de la sante reproductive sont loin d’etre homogenes. Ils sont notamment le reflet de l’evolution de la famille dans les differentes regions du pays et de l’acces aux differents domaines du developpement, en particulier l’acces des femmes a l’education. La nouvelle dynamique demographique a des effets positifs certains en termes d’amelioration de la condition de la femme, et notamment dans le domaine de la sante. La baisse de la fecondite conjuguee au recul de l’age au mariage a induit une reduction importante des maternites precoces qui constituent un risque a la fois pour la mere et l’enfant a naitre.

Le taux de fecondite des femmes agees de moins de 20 ans est passe en effet de 114 pour mille en 1970 a seulement 15 pour mille en 2000 : ainsi, si une femme sur neuf environ avait un enfant avant 20 ans dans les annees 70, cette proportion n’est plus que d’une femme sur 66. L’adhesion renforcee a la planification familiale, traduit une meilleure maitrise de la fecondite par les couples ainsi qu’un allegement du « joug des maternites subies » et des grossesses nombreuses et rapprochees, souvent causes de morbidite et de mortalite, infantiles et maternelles. Toutefois, un nouveau phenomene emerge, celui du retard du calendrier de la fecondite : les taux de fecondite des femmes de plus de 35 ans et plus de 40 ans tendent a augmenter en raison des mariages tardifs, ce qui genere de nouveaux risques pour la maternite.

Les nouveaux comportements en matiere de nuptialite sont egalement porteurs de progres pour la femme (scolarisation prolongee, perspectives d’emploi qualifie, nouvelle representation de la famille et de la place de la femme dans la societe…) mais peuvent aussi induire de nouveaux besoins en terme de sante sexuelle et reproductive chez les jeunes generations. Enfin, la tendance vers le vieillissement de la population va generer egalement de nouveaux besoins de sante et de protection sociale au cours des prochaines decennies. Les femmes dont la longevite est generalement superieure a celle des hommes, seront plus nombreuses au sommet de la pyramide des ages mais aussi davantage soumises aux risques de sante lies a l’avance en age (osteoporose, handicap, demences seniles …). En resume, l’analyse de la dynamique emographique est revelatrice de l’emergence de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes dans la famille et la societe, dans un contexte marque par ailleurs par des changements importants dans le domaine politique, economique et social. Les tendances demographiques recentes laissent egalement entrevoir les nouveaux defis que devra relever la population algerienne au cours du demi-siecle a venir. ENCADRE 1 Dynamique demographique et nouveaux comportements des Algeriens en matiere de reproduction – Les couples algeriens ont tendance a privilegier davantage les familles de taille reduite mais des ecarts importants dans les pratiques sociales subsistent encore notamment entre le Nord et le Sud du pays. La planification familiale est integree dans les comportements de la majorite des familles mais pres de 11% des couples sont encore refractaires a la contraception en 2000 : ce pourcentage s’eleve a 17. 1 dans le Sud du pays. – Les femmes qui se marient generalement plus tard, apres 25 ans, retardent egalement la periode d’arret de leur fecondite : parmi les femmes ayant eu un enfant en 1998, une sur quatre avait 35 ans et plus, et une sur onze plus de 40 ans. Cette nouvelle tendance comporte des risques supplementaires pour la sante des meres et des enfants. – Le retard de l’age au mariage appelle au renforcement des actions d’information et de sensibilisation des eunes pour des comportements sains et responsables en matiere de sexualite et reproduction. 10 Indice Synthetique de Fecondite par wilaya (RGPH-1998) Legende ISF < 2. 5 2. 5< ISF 3. 5 11 II- La mortalite en Algerie : situation et tendances 2-1 Une mortalite generale en regression La mortalite generale a connu une reduction importante au cours de la periode post independance. Le taux de mortalite generale est passe en effet de 17 a 5. 5 pour mille entre 1966 et 2000. Le nombre de deces dans la population totale va en diminuant et ce malgre l’augmentation de l’effectif global de la population : c’est ainsi que l’effectif des deces qui depassait les 200. 000 dans les annees 70, est estime a 166. 00 en 2000 pour une population qui a plus que double au cours de la periode. Il est a noter que 45% des deces sont des deces feminins en 2000 : la mortalite feminine serait donc legerement inferieure a celle des hommes en Algerie. Tableau 2 : Evolution du taux de mortalite generale et des effectifs annuels de deces Annee/indice Taux de mortalite generale %° 16. 0 14. 4 6. 9 5. 8 5. 5 Masculins 65. 466 85. 391 66. 074 94. 600 91. 300 Effectifs des deces feminins 57. 206 71. 088 54. 047 77. 400 74. 700 1966 1977 1987 1998 2000 2-2 Une mortalite des enfants encore preoccupante Le taux de mortalite infantile reste encore sujet de discussion en Algerie. En ffet, le taux rectifie, publie par l’ONS, a toujours ete plus eleve que celui qui est donne par les enquetes . Ceci s’explique par les marges utilisees par l’ONS pour corriger les donnees enregistrees a l’etat civil, et egalement par le probleme de definition des mort-nes. La reduction relative et absolue de la mortalite, observee ci-dessus, est liee notamment a une meilleure survie des enfants de moins de 5 ans : la mortalite infanto-juvenile grevait en effet considerablement la mortalite generale au lendemain de l’independance. La part des deces de moins de 5 ans qui constituait 63% des deces totaux en 1970, ne represente plus que 18% en 2000.

La mortalite infanto-juvenile est estimee selon l’enquete sur la sante de la mere et de l’enfant (EDG 2000) a 48 pour mille (51 pour les garcons et 45 pour les filles) contre pres de 220 en 1970. Des disparites sont toutefois encore observees entre les strates de residence : le taux de mortalite infanto-juvenile passe de 40 a 56 pour mille entre l’urbain et le rural. La mortalite des enfants de moins de 5 ans est largement dominee par la mortalite infantile, a savoir la mortalite des enfants de moins d’un an. Le taux de mortalite infantile est estime en 2000 selon l’enquete EDG a 39 pour mille (42 pour mille pour les garcons et 35 pour mille pour les filles). Ainsi, les petites filles ont tendance a survivre davantage que les petits garcons a leur premier et cinquieme anniversaire.

La mortalite infantile demeure par ailleurs inegale en zone urbaine et rurale : le taux de mortalite infantile passe de 33 a 44 pour mille entre la ville et la campagne. Ainsi, si les differences entre strates ont tendance a s‘estomper pour ce qui est de la sante reproductive, les indicateurs de mortalite restent marques par le milieu de residence. MMI-89, PAPCHILD-92, MDG-95, EDG-2000. 12 Tableau 3 : Evolution des taux de mortalite infantile selon l’ONS Annee Taux de mortalite infantile Taux de mortalite corrige %° infantile non corrige %° Total Filles Garcons 1985 78. 3 1990 57. 8 1995 54. 8 2000 51. 1 Source : ONS 76. 5 55. 5 51. 6 47. 8 80. 0 60. 0 57. 9 54. 2 37. 7 36. 5 34. 5

Ainsi, quelques soient les divergences liees aux methodologies appliquees, on constate que les enfants sont de plus en plus nombreux a survivre aux caps de la premiere et de la cinquieme annee. Le cinquieme anniversaire ne constitue deja plus un obstacle, eu egard a la chute drastique de la mortalite entre 1 et 4 ans : le taux de mortalite pour cette tranche d’age est estime a environ 3 pour mille dans les annees 2000. Par contre, le premier anniversaire demeure une etape importante en raison du niveau eleve encore observe de la mortalite infantile. Une autre periode « fatidique » pour la survie des enfants est mise en exergue : celle du premier mois voire de la premiere semaine de vie.

La mortalite infantile est en effet de plus en plus dominee par l’impact de la mortalite neonatale : le taux de mortalite des enfants au cours du premier mois de vie representerait la moitie de la mortalite infantile et le taux de mortalite des enfants au cours de la premiere semaine de vie, le tiers environ. En terme d’effectif, cela representerait en 2000 : o Plus de 10. 000 deces de moins d’un mois ; o Plus de 6600 deces de moins d‘une semaine. Ainsi, si moins d’enfants meurent desormais avant leur premier anniversaire, pour ceux qui n’ont pas la chance de survivre, un enfant sur deux est age de moins d’un mois et un sur trois, de moins de 7 jours.

Les causes de mortalite neonatale precoce les plus frequentes sont : – L’immaturite qui concernerait 10 a 12% des naissances ; – L’asphyxie perinatale ; – L’infection systemique. Les facteurs de risques de mortalite neonatale precoce sont notamment l’intervalle intergenesique court, inferieur a 12 mois, l’absence de suivi de la grossesse et les conditions socio-economiques precaires. Source : INSP 2-3 La mortalite maternelle : le defi a relever dans les annees 2000 Les femmes enceintes constituent egalement une population vulnerable en terme de mortalite. Le ratio de mortalite maternelle a ete estime en 1999 a 117 deces maternels pour 100. 000 naissances vivantes, ce qui represente un effectif de 697 deces recenses .

L’Algerie se situe ainsi a un niveau intermediaire, les ratios de mortalite maternelle se situant a moins de 10 dans les pays developpes et a plus de 1000 dans certains pays d’Afrique subsaharienne. L’enquete de 1999 a revele par ailleurs des ecarts importants entre les Enquete sur la Mortalite Maternelle, annee 1999, Institut National de Sante Publique. 13 regions : le ratio de mortalite maternelle, estime a 84 pour 100. 000 naissances vivantes dans le centre-nord du pays, se situe a 210 dans la region du sud-est ; le ratio de mortalite maternelle oscille entre 17 et 235 pour 100. 000 entre les differentes wilayate. Ainsi, les femmes enceintes courent trois fois plus de risques de deceder des suites de la grossesse ou de l’accouchement, selon qu’elles resident au Nord ou au Sud du pays.

D’autres facteurs de risques sont egalement mis en exergue par ladite enquete, a savoir l’age de la femme (avec 19% des femmes decedees agees de 40 ans et plus et 45% agees de 35 ans et plus), la multiparite (avec 47% des femmes decedees ayant 4 enfants et plus), l’insuffisance du suivi de la grossesse (avec 35. 1% des femmes decedees n’ayant beneficie d’aucune visite prenatale. ) Les causes les plus frequentes de deces sont les causes « classiques » a savoir les hemorragies, les complications liees a l’hypertension arterielle gravidique et les infections ; la rupture uterine est la quatrieme cause de mortalite maternelle en Algerie ce qui pose le probleme du suivi de l’accouchement ; il est a noter que seulement 5. 5% des deces enregistres sont lies a l’avortement. La mortalite maternelle dans l’Algerie des annees 2000, constitue donc toujours un probleme important de sante publique.

Toutefois, il est a signaler que les femmes couraient deux fois plus de risques qu’aujourd’hui de deceder des suites de la grossesse ou de l’accouchement dans les annees 80, periode au cours de laquelle le taux de mortalite maternelle etait superieur a 200/100. 000 (soit le niveau observe dans les wilayate du Sud aujourd’hui). La reduction du niveau de mortalite maternelle a ete rendue possible grace a l’amelioration des indicateurs de surveillance de la grossesse et de prise en charge de l’accouchement. C’est ainsi que 79% des femmes enceintes beneficient d’au moins une consultation prenatale (81% en milieu urbain et 76% en milieu rural ) en 2000 contre 57. 3% en 1992. Le suivi prenatal inclut notamment la vaccination antitetanique des meres, evaluee en 2000 a 55% des femmes concernees (contre 50% en 1995), 59. 1% en milieu urbain et 48. % en milieu rural. Toutefois, l’ensemble des femmes ne beneficie toujours pas des 4 visites requises pour assurer un bon suivi de la grossesse. S’agissant de l’accouchement, il a lieu dans 92% des cas en milieu assiste, selon l’enquete EDG-2000 et dans 8% des cas a domicile (contre 22% en 1992). La proportion d’accouchements a domicile est plus elevee en zone rurale (12%) et dans la region sud du pays (16%). Le suivi postnatal touche en 2000, 32% des femmes concernees (contre 20% en 1992), avec 32 % en zone urbaine et 31 % en zone rurale : malgre les progres enregistres, le suivi postnatal demeure donc insuffisant quelle que soit la strate de residence.

ENCADRE 2 L’acces des femmes enceintes aux soins de maternite en 2000 – 4 femmes sur 5 beneficient d’au moins une consultation durant leur grossesse en zone urbaine et 3 femmes sur 4 en zone rurale ; – 54 % des femmes enceintes font suivre leur grossesse dans le prive et 43% dans le public ; – 43% des femmes ont consulte dans une structure situee a moins de 2km de leur lieu de residence, 25% dans une structure distante de 2 a 5 km et 32% d’entre elles dans une structure de sante distante de plus de 5km ; – Les femmes sont plus nombreuses a accoucher dans le secteur public (87% des cas) que dans le prive (5%) ; – 8% des accouchements ont encore lieu a domicile, notamment a l’Ouest et au Sud du pays (avec 17 et 18% contre 3 et 4% au centre et a l’Est. ) Taux de Mortalite Maternelle par wilaya (1999) 14 Legende (p. 100 000) TMM >125 100 < TMM