DEVOIR D’HISTOIRE LA FRANCE A LA VEILLE DE LA REVOLUTION La Revolution francaise est l’un des moments les plus importants de l’histoire de France. En l’espace d’une decennie (1789-1799), elle change totalement le paysage social, politique et economique du pays. Ces evenements extraordinaires et violents qui bouleversent la France auront aussi une influence profonde sur le reste de l’Europe et du monde pour les siecles a venir. Avec la Revolution, c’est soudain le peuple, le citoyen qui entrent en scene et qui participent a la conduite du pays, mettant ainsi fin a des siecles d’un pouvoir absolu detenu par l’aristocratie et le clerge.
En quoi un regime a bout de souffle et un malaise social profond portent-ils en eux les germes de la Revolution Francaise ? La societe d’ordres est inegalitaire et repose sur la complementarite des fonctions sociales. La noblesse, le clerge et le tiers-etat n’ont pas la meme fonction mais sont solidaires pour la bonne marche de la societe. Une societe inegalitaire : L’organisation en ordres n’est pas le seul facteur d’inegalite. La richesse mal partagee est le critere de differenciation a l’interieur de chaque ordre. Le critere « richesse » tend a supplanter le critere « ordre ». Les echevins de la ille
Tous leurs membres sont privilegies memes si les differences de fortune peuvent etre tres importantes entre haut et bas clerge ou entre noblesse d’epee et noblesse de robe. Ils occupent une place dominante dans la societe. Les differences sont encore plus grandes au sein du Tiers Etat. Tous paient la taille, la dime et les impots seigneuriaux individuellement ou collectivement. La bourgeoisie detient l’essentiel de l’economie. La puissance de certains bourgeois leur permettent parfois d’acceder a la noblesse. Les trois quarts du Tiers Etat sont des paysans avec une minorite de notables : les laboureurs.
L’ascension sociale est possible mais faible. Au-dela de cet heritage, les realites sociales de l’epoque en donnent une lecture plus complexe : eclatement du clerge, perte de prestige social de la noblesse, progression de la bourgeoisie qui rivalise avec la noblesse, misere d’une grande partie du peuple. La societe d’ordres est tres inegalitaire et les privilegies resistent aux changements mais l’enrichissement de la bourgeoisie donne a celle-ci une ambition politique. En 1788, le pouvoir repose sur la monarchie absolue de droit divin.
Le roi tient son pouvoir de Dieu comme le montre la ceremonie du sacre a Reims, au debut de son regne ; la tradition monarchique s’inscrit dans le respect des coutumes, c’est-a-dire des libertes et des privileges accordes a certains individus, certaines villes ou provinces. Le roi regne sur le pays en maitre inconteste et se trouve, en tant que « seigneur des seigneurs », aux prises avec une noblesse turbulente plus ou moins domestiquee depuis Louis XIV. Les bases de ce systeme politique sont contestees et attaquees dans la seconde partie du XVIIIe siecle.
La philosophie des Lumieres s’est diffusee dans les couches superieures de la societe francaise, la bourgeoisie et la noblesse liberale. Contre la monarchie absolue a la francaise, le modele anglais d’une monarchie limitee par un parlement (assemblee elue) est mis en avant. A l’obeissance du sujet, s’opposent les droits du citoyen. Les philosophes des Lumieres defendent l’idee que le pouvoir souverain supreme reside dans la Nation. Les ordres privilegies se revoltent aussi contre le pouvoir royal. En effet, l’absolutisme les a prives de leurs prerogatives traditionnelles. Les Parlements sont des cours de justice sous l’Ancien Regime.
Ils profitent du droit traditionnel qui leur permet d’emettre des remarques lors de l’enregistrement des lois dans les registres des parlements pour critiquer le pouvoir royal. Bien qu’ils defendent avant tout leurs privileges, ils arrivent a passer, aux yeux de l’opinion publique, comme les defenseurs du peuple. La Noblesse, evincee du pouvoir sous Louis XIV, ne reve que de revenir aux affaires. A cette revendication politique, se double une revendication economique. Les nobles n’ont pas le droit d’exercer un grand nombre d’activites economiques sous peine de « deroger », c’est-a-dire de perdre leur noblesse.
Dans un siecle ou la rente de la terre stagne et ou les frais de representation (costumes, carrosses… ) sont de plus en plus eleves, leur pouvoir d’achat diminue. La noblesse s’arc-boute sur ses anciens privileges, principalement les droits feodaux, et exige le paiement de certaines taxes feodales tombees en desuetude. Elle s’arroge aussi l’exploitation exclusive de certains communaux, ces terres non cultivees ou, traditionnellement, les paysans pauvres pouvaient faire paitre leurs quelques betes. Cette crispation est tres mal vecue par les paysans qui reclament l’abolition des droits feodaux pour soulager leur misere.
Malgre tout, dans leur immense majorite, les Francais de 1789 n’imaginent pas une Revolution violente avec une abolition de la monarchie [ref. necessaire]. Le roi est, en 1789, considere comme le pere des Francais. Il est aime et respecte. Neanmoins, une reforme profonde de l’Etat est esperee et ce, dans un climat pacifique. L’absolutisme repond a un desir d’ordre social et politique apres pres de 70 ans de guerres et turbulences. L’absolutisme francais pose comme principes que le roi est sacre, son autorite est absolue puisque d’origine divine et qu’il ne doit de compte a personne.
L’application de ces principes donne au souverain des pouvoirs considerables puisque, par ordonnance divine, l’Etat se resume a sa personne. La mise en ? uvre de cette autorite absolue implique le parachevement de la monarchie bureaucratique en germe depuis le Moyen Age. Les limites que rencontrent ce modele montrent que la monarchie francaise demeure un absolutisme en devenir plutot qu’un modele acheve. Un modele qui s’etend au dela du politique, aux domaines economique, religieux et artistiques, qui deviennent les instruments du pouvoir absolu du roi mais qui bientot se heurte a des resistance internes.
Un modele qui, s’il seduit par son art ou par son organisation, rencontre de multiples oppositions a l’exterieur du pays, quand il tend a asseoir son hegemonie sur l’Europe. En 1789 le gouvernement royal est dans une impasse financiere : le pays est lourdement endette et toutes les tentatives de reforme du financement du budget lancees au cours des dernieres annees (Turgot,.. ) ont echoue face a la resistance des ‘lobby’ des privilegies qui ont tout a perdre des changements proposes.
Les Etats Generaux, assemblee composee des representants des 3 ordres qui n’avait plus ete sollicitee depuis 1614, sont convoques pour trouver une solution. La France, dont Louis XVI est le souverain depuis 1774, est en crise, une crise qui s’etend dans presque tous les domaines, et qui est singulierement evidente sur le plan financier. Depuis longtemps, pour ne pas dire toujours, l’Etat vit largement au-dessus de ses moyens, et le deficit s’accroit encore a l’epoque a cause de la guerre d’independance americaine, veritable gouffre financier.
Parmi les remedes possibles, l’augmentation des rentrees, par une reduction de l’inegalite fiscale. Mais toutes les tentatives reformatrices dans ce sens – par exemple celles de Turgot – se heurtent a l’hostilite des privilegies. Autre solution : l’emprunt, auquel la monarchie recourt abondamment, si bien qu’en 1788 le service de la Dette absorbe la moitie des previsions des recettes. Une crise financiere donc, mais aussi une crise politique et sociale : l’inegalite de la societe d’ordres, – clerge, noblesse.
Tiers Etat -, apparait de plus en plus insupportable au Tiers et plus particulierement a la bourgeoisie. Pourtant, a la fin de l’Ancien Regime, cette inegalite se renforce, par exemple pour ce qui concerne l’acces aux hautes charges. En 1789, presque tous les eveques sont nobles, et la part de la noblesse dans l’episcopat encore plus forte qu’elle ne l’etait a l’epoque de Louis XIV. Dans l’armee, depuis 1781, il faut, pour devenir officier, fournir la preuve de quatre quartiers de noblesse, c’est-a-dire de la presence de sang bleu chez ses quatre grands-parents.
Alors que les privilegies consolident ainsi leurs avantages, le pays se trouve confronte a une degradation de la situation economique : crise du textile (secteur essentiel de l’industrie), effondrement des prix du vin, recoltes de cereales deficitaires, parfois catastrophiques, autant d’elements qui provoquent un accroissement des difficultes et la multiplication du nombre des vagabonds. Face a la crise, et devant l’echec de toutes les tentatives des ministres reformateurs, Louis XVI se resout a convoquer – ce qui n’avait pas ete fait depuis 1614 – les Etats generaux, c’est a dire une reunion de representants des trois ordres.
La definition de la composition de l’assemblee provoque des luttes au terme desquelles le Tiers, qui represente plus de 95 % des Francais, obtient le 27 decembre 1788, que le nombre de ses representants soit egal a celui des deux autres ordres reunis. Pour le Tiers Etat, ce doublement ne represente neanmoins qu’une demi-victoire : si l’on vote par ordre, comme ce fut le cas en 1614, les deux voix de l’Eglise et de la noblesse empecheront le troisieme ordre de faire passer les reformes qu’il desire voir mettre en place.
Il lui faut donc batailler pour imposer le vote par tete. et l’on sait qu’un bon mois et demi s’ecoula entre l’ouverture des Etats generaux le 5 mai et le moment ou la pression du Tiers lui permit d’obtenir satisfaction : le 27 juin 1789. une semaine apres le serment du Jeu de paume, et alors que la majorite du clerge et une minorite de la noblesse avaient fini par rejoindre les deputes du troisieme ordre, le roi ceda, reconnaissant ainsi la transformation des Etats generaux en Assemblee nationale.