La Convention La Republique Girondine Septembre 1792 – Juin 1793 Les debuts de la Convention Le premier president de la Convention fut Petion. Il avait ete nomme le 20 septembre lors de la seance de verification des pouvoirs faite en seance privee. Seuls 371 deputes etaient presents mais ils s’etaient tout de meme constitues. Ce jour la, les Girondins tenaient la majorite, Petion avait ete elu par 235 voix alors que Robespierre n’en avait recueilli que 6. Tous les secretaires elus etaient egalement des Girondins.
Le 21 septembre 1792, les conventionnels se rendirent a la salle du manege ou une passation de pouvoir solennelle eut lieu entre les deputes de la legislative presidee par Francois de Neufchateau et ceux-ci. Avant toute autre declaration et par la voix de Danton, les deputes proclamerent a l’unanimite la propriete sacree. Collot d’Herbois proposa ensuite l’abolition de la royaute qui fut votee a l’unanimite egalement. Le 22 septembre Billaud-Varenne proposait que tous les actes publics portent desormais la date de l’an I de la Republique.
Le 25 septembre enfin, Couthon proposait et faisait adopter par l’assemblee la devise « La Republique est une et indivisible ». Ces preliminaires etant faits avec une apparente unanimite « l’Assemblee Geante » allait pouvoir gouverner.
Tous les conventionnels sont des Republicains. Aucun d’entre eux, cependant, ne represente les sans culottes qui ont fait le 10 aout. La convention a ete elue par une minorite de Francais ; les autres ne sont pas allez aux urnes, aussi cette assemblee ne satisfait-elle pas du tout la commune insurrectionnelle. Nombre de ces revolutionnaires decus vont se retrouver au club des cordeliers ce qui leur permettra en 1793 d’entrainer la montagne et les 48 sections de la commune un pas plus loin dans la revolution. Les 750 deputes se repartissaient en trois groupes. La Gironde regroupait un ensemble de notables provinciaux refusant la centralisation, demandant plus de libertes dans les departements et se mefiant de la Commune de Paris. Ces gens que l’on qualifiera plus tard de « romantiques » sont favorables a la democratie et au maintient de l’ordre et de la loi. Ils sont soucieux de la legalite des mesures a prendre et sont hostiles a tout dirigisme economique ou systeme de taxations excessives. La propriete est sacree a leurs yeux. Le noyau central est un groupe d’une soixantaine de deputes qui s’est forme en octobre 1791 autour de Brissot.
Selon les periodes, ils seront entre 135 et 165 mais ne formeront pas veritablement un groupe parlementaire. Ils se reunissent les uns dans les salons de Mme Roland les autres chez Mme de Condorcet pour discuter et echanger leurs points de vue. Beaucoup de desaccords existent entres eux. Vergniaud souhaite une union de tous les Republicains en revanche Roland a horreur de la Montagne. L’un d’eux est athee alors qu’un autre est un catholique avoue. Leur grandes figures seront Vergniaud, Guadet, Gensonne, Barbaroux, Buzot, Gorsas, Isnard, Louvet, Rabaut St Etienne, Roland ou Condorcet .
Depuis le 10 aout 1792 le pouvoir de la Commune de Paris et le risque d’une dictature parisienne inquiete ces provinciaux. • La Montagne se differencie peu de la Gironde au niveau social ou patriotique. Les Montagnards sont cependant plus proches des classes populaires et de la bourgeoisie moyenne, ils seront les defenseurs de la Commune de Paris avec laquelle ils prendront cependant tres vite leurs distances. Dans l’interet du petit peuple ils n’hesiteront pas a prendre des mesures d’exception telles la taxation de denree ou l’etablissement de la Terreur. Ils sont pour la guerre a outrance contre les monarques europeens.
Republicains bien avant le 10 aout et en grande partie elus de Paris il souhaite faire de la capitale le centre de la France. Ils seront environ 120 en 1792 et atteindrons plus tard les 200 deputes. Nous trouvons parmi eux Robespierre, Saint-Just, Lebas, Marat, Danton, Desmoulins, Couthon, Fabre d’Eglantine, Collot d’Herbois, David, Philippe Egalite ou Billaud-Varenne . Dans l’ensemble les Montagnards sont plus jeunes que les Girondins (d’environ 10 ans). • Entre les deux groupes le marais ou la plaine. Ces deputes feront la majorite se deplacant tantot a droite tantot a gauche. Plutot favorable a la Gironde ils s’en detacheront rapidement.
Certains rejoindront la Montagne comme Herault de Sechelles ou Carnot. D’autres attendront leurs heures « immobile aux mauvaises deliberations ». Ils verront se detruire leurs voisins et lorsque droite et gauche se seront decimees, ils s’empareront apres le 9 thermidor de la Republique, ce sont Sieyes, Cambaceres ou Boissy d’Anglas. A ses debuts et jusqu’en mai 1793 la Convention siegera, comme la Legislative, dans la salle du manege. La seance journaliere debutait a 9 heures du matin et tout citoyen pouvait y assister des tribunes. Le vote se faisait par assis et leve ou si necessaire par appel nominal.
Les travaux preparatoires aux votes etaient fait par une vingtaine de comites. Les deputes n’avaient pas d’uniformes et recevaient une indemnite journaliere de 18 livres. Leur logement a Paris etait a leur charge. Tout oppose les Girondins et les Montagnards. Des les premiers jours de l’assemblee les Girondins et les Montagnards vont s’affronter. Les attaques de la Gironde Jusqu’en decembre 1792 la Gironde dominera la Convention en s’appuyant sur les victoires des armees de la Republique (campagne de 1792). Les Girondins ont d’ailleurs rallie toute la Convention a leurs idees de la guerre revolutionnaire.
A partir de fin septembre et de maniere peu ordonnee, les leaders Girondins declenchent les hostilites contre divers membres de la Montagne et contre la Commune de Paris. Lasource, depute du Tarn, declara « … que Paris soit reduit a un quatre-vingt-troisieme d’influence comme chaque departement … » . Ce fut ensuite une attaque contre Marat qu’on accusa de promouvoir l’instauration d’une dictature. Monte a la tribune menacant et ricanant, il dejoua l’attaque. La droite s’attaque alors a Danton, le 10 octobre, en lui demandant des comptes sur son ministere qu’il venait de quitter.
Il ne put fournir les comptes demandes. Quelques jours plus tard on le mettait en cause a propos des massacres de Septembre. Danton fit front, a la tribune, a sa maniere avec eloquence et brutalite et fit taire ces accusateurs. Les assauts de la Gironde se porterent alors sur Robespierre avec l’intervention de Louvet le 29 octobre « Robespierre, je t’accuse … » , Robespierre d’abord mal a l’aise se defendit adroitement une semaine plus tard le 5 novembre 1792 ralliant a sa cause une partie de la Gironde. La derniere passe d’arme eut lieu lorsque les Girondins souhaiterent la constitution d’une garde departementale.
Cette garde, protectrice de la Convention, devait etre fournie par chaque departement a raison de 4 fantassins et 2 cavaliers par depute (soit 4. 500 hommes). Les Girondins souhaitaient cette garde car ils craignaient Paris et ses sections pro-montagnardes. Le decret est rejete lors de sa presentation aux sections parisiennes. La Gironde appelle alors a Paris un nombre important de gardes nationaux des departements a majorite Girondine. Ces federes seront adroitement regroupes avec les federes parisiens le 18 janvier 1793. Les attaques Girondines, peu construites, ayant echouees sans resultat, la Montagne en ressort renforcee et fait bloc.
Guadet ne sera elu a la presidence de la Convention qu’avec 218 voix sur 466, face a Danton qui en obtiendra 207. En novembre l’abbe Gregoire sera elu a la presidence, contre la Gironde, avec 246 voix sur 352 votants. Une partie de la Gironde Camille Desmoulins, le premier, annonca dans son journal la naissance du parti des flegmatiques, ceux-ci regroupaient Petion, Condorcet ou Vergniaud et correspondaient aux Girondins qui avaient soutenu Robespierre le 5 novembre. La naissance de cette tendance entrainera inexorablement un effritement du parti Girondin qui poursuivra cependant ces attaques contre la Montagne jusqu’en juin 1793.
Le proces de Louis XVI La premiere mission qui incombait a la Convention, avant meme la redaction d’une nouvelle constitution etait de regler le sort de la monarchie. L’assemblee etait divisee sur l’attitude a adopter. Le groupe Girondin n’est pas homogene face au proces du roi, il est indiscipline, sans volonte ferme et est perpetuellement ebranle par la crainte de paraitre moins bon republicain que la Montagne. Le groupe Girondin n’est pas homogene face au proces du roi, son etat major souhaite sauver le roi mais il ne se donne pas les moyens de sa volonte, certains sont d’ailleurs compromis par leur declaration anterieure.
La Montagne quant a elle est unie dans ce combat elle souhaite de maniere homogene la mort de Louis XVI plus d’ailleurs par calcul politique (division de la Gironde) que par conviction. En outre elle espere par cette execution rendre la situation irreversible et inexpiable. Certains de ses membres, comme Robespierre, sont d’ailleurs si arretes dans cette decision qu ‘ils ne veulent pas de proces mais uniquement un decret. Depuis le 12 aout la famille royale etait toujours internee au Temple. Les preuves manquaient pour l’accusation quand la decouverte de l’armoire de fer aux Tuileries permis a l’assemblee d’enclencher la procedure judiciaire.
Cette armoire secrete prise lors de la mise a sac du 10 aout contenait des documents importants mettant en cause non seulement le roi dans ses rapports avec les autres puissances europeennes mais aussi ses correspondances avec Mirabeau, Dumouriez ou La Fayette. Le 5 decembre 1792, forte de ces nouveaux faits la Convention se declarait apte a pouvoir juger le roi. Le montagnard Robert Lindet fut aussitot charge de rediger le rapport enoncant toutes les charges pesant sur Louis XVI. Le 11 decembre 1792 Louis Capet comparaissait devant l’assemblee ou la lecture de son acte d’accusation lui etait faites.
Le roi choisit Target et Tronchet comme avocat Target se recuse mais Malesherbes, volontaire, se propose et amene avec lui De Seze. Le 25 decembre 1792 Louis XVI redige son testament et le 26 decembre 1792 il se rend a la Convention pour la premiere seance du proces qui s’etendra jusqu’au 7 janvier 1793. Au cours de ces 12 journees la Commune et les tribunes feront pression sur les deputes pour voter la mort. La Gironde proposera le 27, par la voix de Salles, la proposition d’un appel au peuple pour le jugement du roi. Robespierre et Saint Just s’y opposerent vivement.
Du 8 au 15 janvier 1793 quelques manifestations en faveur du roi eurent lieu en province, mais la pression populaire a Paris et dans les tribunes de la Convention s’accentuait sur les deputes. Les scrutins en seance publique devaient se faire par appel nominal a la tribune et comme le dira La Revelliere plus tard « Il y avait plus de courage a absoudre qu’a condamner ». Le 15 janvier 1793 la question sur la culpabilite du roi est posee et c’est un oui unanime des deputes qui declare Louis Capet coupable de conspiration contre a surete generale de l’etat (683 oui, 5 recusations, 33 oui qui renient leur qualite de juge, 28 absents). Le meme jour on vote pour la question de l’appel au peuple qui sera rejete par 423 voix contre 283 (29 absences, 1 recusation, 4 refus de voter, et 11 votes motives). Du 16 janvier 20 heures au 17 janvier 20 heures, les 721 deputes presents allaient defiler a la tribune et se prononcer a haute voix sur la sentence. Les deputes defileraient dans l’ordre alphabetique des departements et c’est le departement de la Haute-Garonne tiree au sort qui commencerait suivi par le Gers et la Gironde.
Jean-Baptiste Mailhe fut le premier a voter, Girondin, il se prononca pour la mort, mais dans une formulation qui sera reprise par un certain nombre de deputes « une mort avec sursis ». Vergniaud lui-meme, oppose a la peine capitale quelques heures auparavant, vota la mort avec sursis entrainant avec lui bon nombre d’indecis. Le resultat des votes est le suivant 361 voix pour la mort sans condition (exactement la majorite absolue), 26 voix pour la mort avec sursis selon l’amendement de Mailhe, 43 voix pour la mort avec sursis sous conditions et 291 voix pour un chatiment autre que la mort (bannissement ou prison).
La question sur le sursis demande par les Girondins sera mise aux voix le 20 janvier 1793. Le resultat sans appel refusait de surseoir a l’execution du roi par 380 voix contre 310 voix. Le lendemain matin, 21 janvier 1793, a 10h10 place de la Revolution, Louis XVI etait guillotine par le bourreau Samson et sa tete montree a la foule qui hurla « Vive la Nation ! « . Ses derniers mots auront ete « Je meurs innocent ! « . L’execution de Louis XVI marque un tournant dans l’histoire de la revolution.
Par cette execution tout retour en arriere etait impossible et c’est bien ce que voulaient les Jacobins qui avaient vote la mort du roi. Marat ecrira « Il n’y a plus moyen de reculer » et Lebas, ardent admirateur de Robespierre, ecrira a son pere « Pour moi, la mort du roi a sauve la Republique et nous repond de l’energie de la Convention. … Les chemins sont rompus derriere nous, il faut aller de l’avant, bon gre mal gre et c’est a present surtout qu’on peut dire : Vivre libre ou mourir ! » Aller de l’avant et marcher, marcher vers la Terreur, marcher contre tous les « tyrans » de l’Europe.
Tous ces Conventionnels regicides se serreront les coudes ils formeront cette « oligarchie regicide », decrite par Louis Madelin, rassuree seulement le jour ou un autre tyran, Bonaparte, fondera un gouvernement fort qui leur promettra de les garder des represailles des autres souverains europeens. La premiere coalition Situation dans les territoires occupes Depuis le 30 novembre 1792, Dumouriez s’opposait aux commissaires de la Republique envoyes par la Convention en Belgique. Parmi eux Danton et Delacroix tous deux partisans d’une annexion pure et simple des territoires belges a la France.
Dumouriez se ralliait a l’opinion majoritaire des Belges qui etaient partisans d’une Republique independante. A Paris les discours avaient change depuis le temps ou la Constituante affirmait etre opposee aux conquetes. Les richesses de la Belgique, dans une periode ou l’assignat continuait sa degringolade, ne pouvaient qu’attirer les convoitises de la Convention. Lebrun expliquait que la reunion de la Belgique a la France augmenterait la population de 3 millions de personnes, l’armee de 40. 000 hommes et les revenus de 400 millions de livres.
Au debut de l’annee 1793, les declarations s’accelerent dans le sens d’une extension de la France jusqu’aux frontieres naturelles (Alpes, Pyrenees et Rhin). En mars 1793, une serie de decrets officialise les annexions des territoires suivants: • 2 mars annexion de la Belgique et de la principaute de Salm • 14 mars annexion du Palatinat • 20 mars annexion des Deux-Ponts • 23 mars annexion de la Republique de Rauracie qui deviendra le departement du Mont-Terrible • 30 mars annexion de tous les territoires compris entre la Moselle et le Rhin. La coalition des monarchies europeennes
Toutes ces annexions territoriales ajoutees a l’execution de Louis XVI inquietaient serieusement l’Europe et en premier lieu l’Angleterre. Depuis la guerre d’independance des Etats Unis, celle-ci avait garde une rancune vis a vis de la France. Son Premier ministre William Pitt dit le Jeune, indifferent a la Revolution et meme rejoui de voir la France sombrer dans le chaos, ne souhaitait pas la guerre mais ne voulait en aucun cas que les troubles ne s’etendent au reste de l’Europe en particulier a la region de l’Escaut et des Pays-Bas primordiale pour le commerce de la Grande-Bretagne.
Le 24 janvier la rupture est consommee et le 1 fevrier 1793 la Convention declare la guerre a l’Angleterre. Le 18 mars 1793 la guerre est declaree a l’Espagne, le Portugal suit la Grande-Bretagne et le 22 mars la quasi-totalite des princes Germaniques puis des etats italiens rejoignent la Prusse et l’Autriche dans la coalition. La Russie et la Suede condamnent la France sans toutefois bouger. Seuls restent neutres Genes, Venise, le Danemark et la Suisse. La trahison de Dumouriez et la reorganisation militaire
Le 17 fevrier 1793 sur ordre de la Convention, Dumouriez debute l’invasion de la Hollande depuis ses bases en Belgique. A peine l’invasion est-elle commencee qu’il est force de retrograder car les Autrichiens attaquent la Belgique. L’un de ces lieutenants, le general Miranda, qui assiege Maestricht leve precipitamment le siege le 3 mars et se replie sur Liege qu’il ne peut conserver face a l’avancee des Autrichiens. Dumouriez est rappele de toute urgence sur Bruxelles le 8 mars. Le 2 mars 1793, furieux contre la politique de la Convention il envoie a l’assemblee une violente lettre de reprimande. Le coup est terrible pour ces amis Girondins. La Convention lui missionne de nouveau Danton et Delacroix pour tenter de le raisonner. Dumouriez cherche a tout prix une victoire dans l’idee de marcher ensuite sur Paris, aureole de gloire, a la tete de son armee. Il trouve finalement une defaite a Neerwinden le 18 mars 1793 face aux Autrichiens. Desespere, il tente de retourner son armee contre Paris et negocie un armistice avec les Autrichiens.
Il livre a l’ennemi les commissaires de la Convention venus l’interroger ainsi que le ministre Beurnonville. Son armee refuse de le suivre et le 3 avril 1793, il passe aux Autrichiens avec onze generaux et le duc de Chartres fils de Philippe-Egalite. Sur le plan militaire la defection de Dumouriez menacait directement la domination francaise sur la Belgique. Sur le plan politique, cette trahison ruinait la Gironde, bien que celle-ci ait pris ses distances avec le general felon, et la livrait a la Montagne.
La Gironde ripostait en precisant que Dumouriez avait fui avec le fils de Philippe-Egalite. Le 21 fevrier 1793, un rapport de Dubois-Crance permettait le vote de la loi qui etablissait la nouvelle organisation des regiments, ceux-ci prenaient desormais le nom de demi-brigade et seraient constitues de deux bataillons de volontaires (les bleus) et d’un bataillon de l’ancienne armee royale (les blancs). Le 24 fevrier 1793, pour faire face a la coalition, Danton faisait voter une levee de 300. 000 hommes et l’emission de 3 milliards d’assignats.
Tous les hommes valides de 18 a 40 ans etaient requisitionnes. Le 9 mars des representants sont envoyes en mission dans les differents departements pour accelerer cette levee de 300. 000 hommes. La conference d’Anvers Le 8 avril 1793 une conference reunissait a Anvers les representants de toutes les nations de la coalition. Lord Auckland, representant de la Grande Bretagne, enonce clairement le but de la coalition « reduire la France a un neant politique … Chacune des puissances coalisees doit chercher a faire des conquetes et a garder ce qu’elle aura conquis ».
Le but de la coalition etait donc clair, la France serait depecer comme venait de l’etre la Pologne. La division des coalises allait une fois de plus nous servir. Aucuns d’eux ne se pressait a reconnaitre Louis XVII ou la regence du Comte de Provence. Les Autrichiens, irrites de n’avoir pas participe au partage de la Pologne esperaient avoir des compensations territoriales en Alsace. Les Prussiens, grand beneficiaire de ce partage, ne souhaitaient cependant pas laisser aux Autrichiens ces compensations en Alsace et deciderent d’arreter la leur effort de guerre.
La Russie encourageait les autres protagonistes a l’action et souhaitait faire de la France une puissance de second ordre. Alors que les allies disposaient d’une superiorite numerique ecrasante: 280. 000 hommes masses aux frontieres en ete 1793, les dissensions au sein de la coalition paralysaient leurs actions. Leur objectifs memes, non politiques mais mercantiles, faisaient de la Convention le defenseur du territoire national face a des rois etrangers pret a le depecer. La reorganisation politique du comite de defense au comite de salut public
Debut janvier le vice-amiral Kersaint, conventionnel elu par la Seine-et-Oise et favorable a une offensive contre les Anglais, proposait la creation d’un comite de defense general compose de Conventionnels membres des differents comites. Ce comite de defense devait permettre la reconstruction d’un pouvoir executif perdu depuis le 10 aout 1792. Le 4 janvier 1793 le premier comit de defense compose de 24 membres en majorite Girondins (Brissot, Kersaint, Dubois-Crance) fut elu. Paralyse par des luttes internes il ne put agir efficacement.
Le 26 mars 1793 un nouveau comite de defense de 25 membres est designe et le 6 avril 1793 un decret institue la mise en place d’un Comite de Salut Public pour concentrer les pouvoirs. Ce comite, compose de neuf membres, est charge de surveiller, accelerer ou meme stopper l’action des ministres. Il coordonne toutes les mesures de defense interieures ou exterieures sous le controle de la Convention. Aucun Girondin ne figure parmi ces membres dont Danton est le maitre assiste de Barere, Cambon ou Lindet. Parallelement a la mise en place du comite, un ensemble de mesures exceptionnelles est pris. 26 mars desarmement des « suspects » • 27 mars mise hors la loi des aristocrates et armement des citoyens avec des piques • 28 mars declaration de mort civile des emigres et confiscation de leurs biens • 29 mars peine de mort contre tout ecrivain, imprimeur ou editeur d’ecrits contre-revolutionnaires • 01 avril suppression de l’inviolabilite des deputes • 05 avril accroissement des pouvoirs du tribunal revolutionnaire – etablissement dans les grandes villes d’une garde de citoyens pris parmi les plus pauvres 09 avril mise en place dans les armees de commissaires de la republique charges de surveiller la conduite des officiers generaux et de rendre compte au comite de Salut Public • 13 avril peine de mort contre quiconque tenterait de negocier avec une puissance etrangere. La Gironde par principe opposee a de telles mesures ne pourra rien faire face a l’offensive Montagnarde et ne pourra qu’accepter ces mesures la mort dans l’ame pour ne pas paraitre moins bonne revolutionnaire que la Montagne. L’insurrection Vendeenne Depuis aout 1792, la province avait du mal a suivre le cours des evenements que Paris donnait a la revolution.
L’influence des pretres non-jureurs restait importante dans les campagnes et l’execution de Louis XVI avait choque beaucoup de francais qui restaient au fond d’eux meme fidele au roi et a la religion. C’est le decret concernant la levee de 300. 000 hommes qui mis le feu aux poudres dans les departements les plus mecontents. Tres rapidement, dans ces departements, des troubles eclaterent. C’est dans le midi et surtout en Vendee que les troubles furent les plus importants. Les regions de bocages (Vendee, Bretagne et Normandie) etaient propices a de tels evenements.
La societe se partageait entre une paysannerie pauvre et isolee, un clerge respecte et aime, seul lien entre tous, une noblesse representee par des gentilshommes campagnards vivant sur le pays et une bourgeoisie minoritaire et jalousee car seule beneficiaire de la vente des biens nationaux. Les premiers desordres eclaterent a Cholet le 3 mars 1793 a l’occasion du tirage au sort des conscrits. Les forces de l’ordre intervinrent et disperserent les manifestants. Les memes manifestations eurent lieu dans plusieurs localites dans les jours qui suivirent.
Le 13 mars 1793, pour la premiere fois, des bandes armees de piques, fourches ou faux et porteurs de la cocarde blanche s’en prirent aux forces de l’ordre et aux autorites. En Normandie, en Bretagne et dans les grandes villes l’effet dissuasif des autorites et la presence de nombreux gardes nationaux limiterent les actions de ces bandes a une guerilla qu’on nommera chouannerie. En Vendee et au sud de la Loire, la rebellion s’organise veritablement. Du 10 au 13 mars, sous la conduite de Cathelineau un simple voiturier, la rebellion pris le controle de nombreuses villes.
La ville de Cholet tombe aux mains des Vendeens le 14 mars 1793. Ce n’est qu’a ce moment que des nobles n’ayant pas emigres, Charette, La Rochejaquelein ou d’Elbee, prirent la tete de l’insurrection. Ils comprirent les possibilites que pouvait amener une telle lutte armee et il donnerent une coloration politique a la rebellion. La religion devint le facteur d’unite des insurgees qui coudront un sacre c’ ur rouge sur leur cocarde blanche. Les bandes s’organisent sous l’impulsion de l’ancien militaire Bonchamps en trois groupes armes conduits par Bonchamps, d’Elbee et Charette et prennent le nom de « grande armee catholique ».
Tres vite les troupes republicaines sont bousculees et perdent Noirmoutier, Pont-Charrault et Chalones. Fin mars seul le port des Sables-d’Olonne reste aux mains des republicains. Parallelement aux evenements en Vendee le midi de la France s’agitait. A Lyon des affrontements opposaient des partisans et des adversaires de la revolution. En Alsace, a Montargis ou a Orleans des conscrits se soulevaient contre la conscription. Le 19 mars 1793, la Convention declare hors la loi les insurges et nomme trois generaux pour retablir l’ordre Berruyer, Boulard et Beyssier. Les forces epublicaines sont defaites par La Rochejaquelein aux Aubiers le 13 avril 1793. Le 22 avril Bonchamps et d’Elbee remporte une victoire a Beaupreau. Le 3 mai puis le 5 mai d’Elbee et ses 40. 000 hommes prennent successivement Bressuire et Thouars mais echouent devant Fontenay le 16 mai. Finalement la ville tombera aux mains des Vendeens le 25 mai 1793. La chute des Girondins Situation economique desastreuse Malgre une bonne recolte 1792, le prix du ble ne cessait d’augmenter. Trois raisons a cette hausse: • Les paysans preferaient stocker et garder leur ble plutot que de l’echanger contre des assignats qui ne cessaient de baisser. La terre devenait chere • Le cout de la main d » uvre augmentait avec la rarete des hommes due aux differentes levees militaires. La Convention devait-elle reagir en fixant un cout maximum du ble et en interdisant le stockage des grains comme le demandaient de multiples delegations de citoyens a la barre de l’assemblee ou devait-elle laisser faire selon le souhait des Girondins ?. Certaines municipalites (Paris, Lyon ou Marseille) achetaient des grains et revendaient a perte le grain et du pain a l’ancien tarif mecontentant par ce geste les boulangers et les vendeurs de grains.
La penurie de pain entraine fin fevrier (24 et 25 fevrier) de violentes scenes de pillage a Paris. On voit a cette periode apparaitre dans le peuple la faction des enrages (Jacques Roux) partisan d’un maximum des prix et denonciatrice des accapareurs et des speculateurs. Les Girondins accusent Marat d’encouragement au pillage, mais leur influence est en pleine chute. A l’Assemblee, le Marais ne suit plus la Gironde et l’influence des chefs Girondins au nouveau Comite de Salut Public est quasi nulle.
La Gironde avait perdu sa derniere chance, lorsque le 1 avril elle avait maladroitement attaque Danton, l’homme fort du moment, alors que celui-ci cherchait justement un rapprochement avec elle. Les Girondins n’avaient, par ce geste, reussis qu’a ressouder entre eux le triumvirat des Montagnards Danton, Robespierre et Marat. Les attaques Girondines Avril et mai 1793 voient s’affronter a la barre de la Convention Girondins et Montagnards. Marat sera accuse le 13 avril 1793 par les Girondins puis acquitte dans un delire de popularite le 24 avril 1793 sous la pression de la Commune.
Au niveau economique, la rue arrache un ensemble de decrets fixant le maximum des prix ainsi que les peines encourues par les accapareurs et les profiteurs du marche du ble. Ces decrets sont votes contre l’avis de la Gironde le 4 mai 1793. Le 19 mai 1793 un pamphlet de Desmoulins accuse, sans preuve aucune, Brissot et les Girondins de collusion avec l’ennemi et de preparer la restauration de la royaute. Brissot riposte en demandant la fermeture du club des Jacobins et la revocation de la Commune de Paris. Deja le 18 mai Guadet vait propose un decret prevoyant la cassation des autorites parisiennes et le deplacement a Bourges des deputes suppleants. Le montagnard Barere propose la nomination d’une commission de securite composee de 12 membres et chargee de prendre les mesures necessaires a la tranquillite publiques. Seuls des Girondins et des moderes sont elus dans cette commission qui ordonne le 24 mai 1793 l’arrestation d’Hebert, l’homme fort de la Commune. Une manifestation de la rue aboutit le 27 mai a la suppression de la commission d’enquete et a la liberation d’Hebert.
Le lendemain les Girondins reviennent en force, font casser les decrets de la veille et retablissent la commission par 279 voix contre 238. Le soulevement de la Commune La Commune de Paris ne peut rester sur cet echec et, le 31 mai 1793, les sections de Paris ayant monte un comite insurrectionnel de la Commune tentent un coup de force contre la Convention. Le bras arme de l’insurrection ait donne a Hanriot. C’est un homme lie aux Hebertistes qui a participe activement aux journees insurrectionnelles du 10 aout 1792 et aux massacres de Septembre.
Le Comite insurrectionnel demande entre autres la mise en accusation des membres de la commission des douze, l’accusation de 22 deputes Girondins et l’arrestation des ministres Claviere et Lebrun. Malgre la pression de la rue la Convention ne cede pas mais se resigne tout de meme a casser la Commission des douze. Les sections de Paris ne peuvent en rester la et le 1 juin au soir Marat fait sonner le tocsin et appelle a l’insurrection. A l’aube du 2 juin 1793, les bataillons d’Hanriot prennent place autour des Tuileries et ses canons sont braques sur le chateau.
Les deputes sont alors prisonniers et ne pourront sortir qu’apres avoir signe les decrets que demande la rue. Le president de la Convention Herault de Sechelles tente vainement de negocier avec Hanriot. D’un cote Herault suivi des deputes et demandant poliment « Que veut le Peuple ? La Convention ne veut que son bonheur » de l’autre Hanriot qui pour toute reponse claironne « Le peuple ne s’est pas leve pour entendre des phrases; il veut qu’on lui livre 24 coupables » puis comme certains deputes crierent « Qu’on nous livre tous ! il se retourne vers ses hommes et commande « Canonniers a vos pieces ! « . Confus, honteux et bafoues les deputes ne peuvent que regagner l’Assemblee sous les railleries des troupes criant « Vive la Montagne ! A la guillotine les Girondins ». Apres quelques hesitations la Convention se resigna a voter le decret d’arrestation de 29 de ses membres dont 10 de la Commission et des deux ministres Claviere et Lebrun. Parmi ces 29 hommes livres, tous avaient participes et fait avancer la Revolution ces trois dernieres annees Lanjuinais, Rabaud, Vergniaud, Gensonne, Guadet, Isnard, Brissot ou Petion.