Le Directoire Les debuts du Directoire octobre 1795 – septembre 1797 Brumaire an IV – Fructidor an V La mise en place du Directoire Le personnel politique La continuation dans la stabilisation Il n’y eut pas de rupture entre la convention thermidorienne et la nouvelle periode qui commencait. Le nouveau regime mis en place par cette convention allait etre dirige par les memes hommes et serait confronte aux memes problemes.
La nouvelle constitution de l’an III ne resoudrait pas plus qu’elle n’enrayerait l’effondrement de l’assignat, l’aggravation de la disette ou la guerre. Le Directoire est une periode politique complexe assez meconnue et qui a souffert de beaucoup de discredit. Mal-aimee des Republicains a cause de la fragilite politique de la constitution de l’an III, de la guerre souhaitee et voulue par une bourgeoisie qui ne pense qu’a s’enrichir a tout prix. Denoncee par les Bonapartistes qui, en accentuant les problemes de ce regime, mettent en valeur l » uvre de Bonaparte.
La politique centrale du Directoire sera de stabiliser puis terminer la Revolution en jouant une position centrale d’arbitrage entre les deux forces qui menacent la Republique les jacobins a gauche, les royalistes a droite. Les nouveaux conseils et le Directoire Le 27 octobre
Ils formeraient le Conseil des Anciens. Les autres furent appeles a sieger au Conseil des Cinq-Cents. Essayons de voir la composition de ce corps legislatif. Sur 741 deputes (511 anciens/230 nouveaux), nous trouvons environ 160 royalistes (73 royalistes constitutionnels et 90 royalistes absolus), 220 republicains moderes, 240 republicains « bon teint » et une soixantaine de republicains « avances » ou exclusifs. Si l’on ne regarde que le nouveau tiers elu on compte pres de 120 royalistes et seulement 45 republicains.
Les chiffres sont eloquents, la poussee a droite parmi les nouveaux venus etait extremement forte et la volonte des electeurs ne pouvait etre plus clairement bafouee. Les Cinq-Cents, robe blanche, ceinture et toque bleues, manteau ecarlate, s’installerent aux Tuileries dans l’ancienne salle de la Constituante dite salle du manege avant de prendre possession du Palais-Bourbon en 1798. Les Anciens, robe et toque violettes, ceinture ecarlate et manteau blanc, occuperent la salle de la Convention aux Tuileries.
Le 31 octobre 1795 (9 brumaire an IV), sur proposition d’une liste de cinquante Anciens fournie par la chambre des Cinq-Cents, les Anciens elirent les cinq Directeurs, grand costume de satin, manteau « a la Francois 1er », chapeau rouge a panache, dentelle, echarpes, bas de soie, souliers a bouffettes. Furent elus La Revelliere-Lepeaux avec 216 voix, Letourneur 189 voix, Reubell 176 voix, Sieyes 156 voix et Barras avec 129 voix. Le 3 novembre 1795 (12 brumaire an IV) les 4 directeurs, Sieyes refusant son poste ne sera remplace par Carnot que le lendemain, prirent possession du palais du Luxembourg.
Parti des Tuileries, le cortege miteux, escorte par une garde piteuse d’environ trois cents hommes fut recu par le concierge des lieux qui les installa tant bien que mal dans un petit cabinet denue de mobilier et de chauffage, La Revelliere-Lepeaux qui decrit de facon pittoresque l’installation des Directeurs termine son recit par ces mots « la situation des choses paraissaient si desesperee qu’on ne croyait pas a la duree de notre existence politique, aussi personne ne s’empressait de nous servir ». La mise en place du nouveau gouvernement Les Directeurs se repartissent les taches comme sous le Comite de salut Public.
Reubell prend la diplomatie, Carnot assiste de son ami Letourneur la guerre. La Revelliere-Lepeaux l’instruction et la religion et Barras les affaires interieures. Le ministere compose de 6 ministres est rapidement nomme mais la mise en place des administrations locales ne se fit pas sans heurt. Dans certains departements le Directoire du casser plusieurs administrations. Les commissaires du Directoire furent choisis dans la bourgeoisie qui avait joue un role pendant la revolution : ainsi se dessinait ce gouvernement de notable qui allait diriger les departements et provinces tout au long du XIXeme siecle.
Le programme politique du Directoire sera la satisfaction de ce groupe de personne en quete de respectabilite. Les societes politiques sont nombreuses les clubs se reconstituent a Paris des septembre 1795. A gauche le plus important est le club du Pantheon qui accueille des artisans, des militaires et quelques bourgeois. A droite on trouve le club de Clichy qui accueille des royalistes et quelques moderes. Dans ces premiers mois du Directoire la liberte de la presse est a peu pres respectee, des journaux extremistes comme le « Tribun du Peuple » de Babeuf ne sont pas inquietes.
Il en est de meme pour la liberte religieuse fort peu inquietee malgre une legislation certes repressive mais peu appliquee. La crise des subsistance et les problemes financiers Le probleme des subsistances avait joue un role majeur dans les emeutes qui avait menace la Convention thermidorienne. Les importations de denrees venues de l’etranger a partir du printemps 1796 ameliorerent nettement les approvisionnements dans les villes mais aggraverent la situation financiere de la France. Le ble etait importe d’Italie et meme d’Algerie et les depenses etaient lourdes. Le probleme principal etait l’inflation qu’il fallait absolument enrayer.
Pour cela le gouvernement avait besoin d’argent, il demanda d’accelerer la frappe de monnaie d’or et d’argent. Puis le 10 decembre 1796 (19 frimaire an IV) un emprunt force de 600 millions fut vote, cet emprunt ne touchera que les plus riches contribuables mais ne sera pas suffisant. Trois mois plus tard seuls 12,5 millions de franc de numeraires et de matieres precieuses etaient entres dans les caisses de l’Etat. Pendant ce temps l’assignat avait continue de chuter le louis d’or de 24 livres qui valait 2. 000 livres papier a l’avenement du Directoire en valait 5. 000 en mars 1796.
Le Directoire decida alors de supprimer l’assignat. Le 19 fevrier 1796 (30 pluviose an IV) les planches et poincons sont solennellement detruits place Vendome, l’assignat de 100 francs ne valait plus alors que 30 centimes. Environ 40 milliards de francs d’assignats avaient ete emis en 6 ans soit l’equivalent de 7 milliards de franc metallique ou 14 annees de ressources normales. L’inflation etait arretee mais il fallait maintenant retirer de la circulation cette masse enorme de papier monnaie. La loi du 18 mars 1796 (28 ventose an IV) autorisait la creation des mandats territoriaux.
Deux milliards quatre cent millions de ces mandats seront emis pouvant etre echange au cours de 1 pour 30 contre des assignats et permettant d’acquerir a des conditions tres favorables des biens nationaux. La sanction ne tarda pas, un mois plus tard ce nouveau type d’assignat avait deja perdu 80% de sa valeur. Il avait cependant permis a toute une part de la population d’acquerir de fabuleux biens nationaux avec des billets sans valeurs. Le 21 mars 1796 seul le franc, unite monetaire legale depuis le 15 aout 1795, aurait un cours legal fixe a cinq grammes d’argent; le papier perdait tout cours legal.
La deflation succede a l’inflation mettant en peril l’economie et les finances. Les achats de produits manufactures baissent provoquant le chomage des artisans, la bonne monnaie ne sort pas et reste cachee or le Directoire a besoin de numeraire il differe donc le paiement des fonctionnaires, cede des proprietes nationales (le celebre diamant de la Couronne « le Regent »), vend des biens nationaux aux encheres et se trouve dans l’obligation d’emprunter au dey d’Alger, a des commercants de Hambourg ou a des financiers vereux.
L’unique solution qui sera rapidement mise en place consistera a exiger de fortes contributions de guerres aux pays conquis – 200 millions de florins a la Hollande, 16 millions de franc a l’Allemagne, 50 millions a l’Italie. Le prix de cette politique sera une dependance croissante du regime vis a vis des generaux. Le 4 fevrier 1797 la monnaie papier etait totalement demonetisee. Un creancier de l’etat qui aurait recu 3000 francs assignat en 1791 les aurait echange contre 100 francs mandat en 1796 et n’aurait obtenu en 1797 que 1 franc numeraire.
L’impopularite du Directoire tient d’une part dans ces difficultes a faire face aux services publics par manque d’argent et d’autre part dans l’incapacite de l’Etat a tenir ces engagements vis a vis des rentiers. Gracchus Babeuf et la conjuration des Egaux Reprenant le discours des Enrages qui menacaient la propriete individuelle Babeuf va plus loin et refuse egalement la superiorite des talents et des qualites. Sa doctrine repose sur une critique radicale de la famille, de la religion et de la propriete.
Emprisonne sous la convention thermidorienne puis amnistie lors le l’insurrection royaliste de Vendemiaire, il devient l’un des orateurs les plus ecoute du club du Pantheon qui sera ferme par Bonaparte, sur ordre du Directoire, en fevrier 1796. Babeuf passe alors a la clandestinite et fonde avec Buonarotti, Darthe, Le Pelettier et Marechal un comite insurrectionnel charge d’organiser un reseau de conspirateurs puis la prise du pouvoir. Le manifeste des egaux particulierement violent prone une revolution sociale basee sur la communaute de biens « … plus de propriete individuelle des terres, la terre n’est a personne les fruits sont a tous … ».
Manipules par la police aux ordres du prefet Cochon nomme par Carnot, les conjures sont arretes le 10 mai 1796 (21 floreal an IV) et la conjuration est dejouee. Pour compromettre davantage les conjures, le gouvernement laisse se developper un coup de force au camp militaire de Grenelle qui debouche sur 32 condamnations a mort en septembre 1796. Le 20 fevrier 1797 s’ouvre le proces de Babeuf et des Egaux, condamnes a mort Babeuf et Darthe seront executes le 28 mai 1797. La plupart des autres conjures seront acquittes. L’Europe et la guerre sous le Directoire La France sperait du Directoire qu’il termine la guerre avec les princes europeens et qu’il retablisse une paix generale. La Convention avait conclu la paix avec la Prusse, la Hollande et l’Espagne qui s’etaient donc retirees de la coalition. Restaient l’Autriche et l’Angleterre, toutes deux refusant de voir la rive gauche du Rhin sous possession francaise ainsi que le royaume de Sardaigne et quelques petits etats italiens. L’Autriche proposait un congres reunissant toutes les puissances en conflit mais le Directoire preferait une paix separee qui est refusee par Vienne sous influence anglaise. La guerre allait donc continuer. 796 : Les victoires en Italie – Traite de Campoformio Le plan propose par Carnot au Directoire consistait a lancer une manoeuvre de diversion en Italie du Nord pour fixer une partie des forces autrichiennes puis, avec deux armees, l’une par le Rhin l’autre par le Danube menacer directement Vienne. Jourdan et Moreau se voient confier les operations sur le Rhin et sur le Danube tandis que Bonaparte recoit le commandement de l’armee d’Italie. Nomme le 2 mars 1796 general en chef de l’armee d’Italie, Bonaparte arrive a Nice le 27 mars apres avoir celebre son mariage avec Josephine de Beauharnais le 9 mars.
La triple mission que lui a assigne la Republique est la suivante. 1. Separer les Autrichiens des Piemontais pour determiner le roi de Sardaigne a faire la paix avec la France puis attaquer le Milanais 2. Chercher par tous les moyens a animer les mecontents du Piemont et a les monter contre la cour de Turin 3. Lever de fortes contributions versees pour moitie dans les caisses des administrations et pour moitie servant a payer la solde de l’armee En face des 36. 000 Francais dont dispose Bonaparte, les Austro-Sardes allignent 70. 000 soldats.
Cette campagne eclair, chef d’oeuvre d’une guerre de mouvement, debute le 11 avril 1796. Separant les Sardes des Autrichiens, Bonaparte bat successivement les Autrichiens puis les Sardes a Montenotte, Dego et Mondovi. Son armee balayee, Victor-Amedee signe un armistice qui debouche sur le traite de Paris le 3 juin 1796 par lequel il abandonne a la France Nice et la Savoie. Le Piemont occupe, Bonaparte se retourne alors contre les Autrichiens, le 9 mai il les bouscule a Lodi et entre dans Milan le 15 mai controlant du meme coup toute la Lombardie.
Sur de lui Bonaparte refuse de ceder aux ordres du Directoire lui enjoignant de prendre les etats Pontificaux. Il impose sa paix aux princes vaincus et leve de fortes contributions 20 millions pour le Milanais, 2 millions pour le duche de Parme, 10 millions pour le ducs de Plaisance et celui de Modene. Pendant ce temp l’offensive principale sur le Rhin avait debutee. Le 29 juin Jourdan franchissait le Rhin a Neuwied. Le debut des operations se deroula bien. Mayence etait bloque par Marceau pendant que Jourdan progressait dans le Mein, descendait la vallee de la Raab et s’emparait de Amberg avancant jusqu’a
Ratisbonne a quelques jours de Vienne. Moreau de son cote a la tete de Rhin-et-Moselle franchissait le Rhin a Kelh et parvenait a detacher de la coalition les princes de Bade, du Wurtemberg et de la Saxe. Les succes sur le Rhin allaient cependant etre rapidement stoppes par l’archiduc Charles. Il battait Bernadotte le 16 aout a Neumarkt contraignant les Francais de Jourdan a se replier sur Bamberg puis sur Wurtzbourg et finalement a revenir sur le Rhin ou Marceau devait trouve la mort a la bataille d’Altenkirchen le 19 septembre 1796.
Moreau, decouvert etait contraint de reculer ce qu’il fit par une superbe retraite. Pendant ce temps les Autrichiens avait monte une nouvelle armee de 70. 000 hommes qui devait degager la forteresse assiegee de Mantoue. La ville commandait les debouches des vallees du Mincio et de l’Adige, principales voie de passage des Autrichiens vers l’Italie depuis le Tyrol. Commandes par Wurmser, les Autrichiens sont battus a Castiglione le 5 aout 1796 puis sont contraints a la suite de multiples defaites a se replier et a s’enfermer dans Mantoue le 15 septembre.
A Paris, le Directoire s’inquietait; la Russie, sollicitee de maniere pressante par l’Autriche et l’Angleterre, etait sur le point de faire intervenir ses troupes contre la Republique. La mort de Catherine II en novembre 1796 eloigna cette crainte, l’Autriche serait desormais seule en face des armees republicaines. Liberant plusieurs milliers d’hommes suite au retrait des armees francaises sur le Rhin, Vienne montait une nouvelle armee de 50. 000 hommes sous les ordre d’Alvinzi. En trois jours (du 15 au 17 novembre 1796) ils allaient etre aneantis dans les marais d’Arcole.
En janvier 1797 dans un dernier effort pour liberer l’armee de Wurmser toujours bloquee dans Mantoue, Alvinzi reparait avec 75. 000 hommes. La rencontre a lieu a Rivoli en deux actes. Le 12 janvier, Joubert oppose au 75. 000 autrichiens flechit. Bonaparte accouru a son secours reengage la bataille le 14 janvier 1797 et balaie l’ennemi. Apprenant cette nouvelle defaite Wurmser capitule a Mantoue le 2 fevrier 1797. Libere des Autrichiens, Bonaparte provoquait un soulevement a Venise et rapidement toute l’Italie du Nord et du Centre se soulevait contre l’influence Autrichienne.
Le 17 fevrier 1797, Pie VI, inquiet, signait le traite de Tolentino par lequel il cedait Avignon et le comtat Venaissin a la France ainsi qu’une contribution de 15 millions en objets d’art et precieux. Maitre de l’Italie du Nord, assuree sur ses arrieres en Italie centrale, Bonaparte pouvait alors penetrer en Venetie et par le Frioul menacer directement Vienne. Il s’arretait cependant a Leoben a 40 lieues de la capitale Autrichienne. Parallelement a ces mouvements Hoche venait de remplacer Jourdan et franchissait le Rhin en avril 1797 remportant une serie de victoires sur les Autrichiens.
Moreau quand a lui avancait a travers la Foret Noire vers le haut Danube. L’Archiduc Charles avait ete depeche dans le Frioul pour stopper la Furia Francese. Bonaparte, de son propre chef, proposait un armistice accepte et signe le 7 avril 1797. Le 16 avril 1797 les preliminaires de paix sont approuves a Leoben, l’Autriche renoncait a la Belgique et reconnaissait les limites de la France sur le Rhin en compensation Bonaparte laissait entrevoir la possibilite de laisser Venise. Un conges etait prevu pour regler les problemes allemands de l’empire germanique.
En mai et juin les evenements se precipitent, suite a un massacre de soldat Francais a Verone, ville venitienne, Venise est occupee par les troupes Republicaine. La republique Ligurienne est instauree a Genes et la republique Cisalpine est constituee a partir de la Lombardie, du Milanais et de Modene. Le 31 mai 1797 Bonaparte ecrivait au Directoire que « Venise paierait le Rhin ». Les negotiations pour la paix definitive commenceront fin mai mais seront perturbees par la situation interieure en France (election de germinal – coup d’etat de fructidor).
Le 29 septembre 1797, le Directoire demande a Bonaparte une « pretention maximale en Allemagne et en Italie avec ordre de marcher sur Vienne en cas de refus ». De son cote l’Autriche represente par Cobenzl durcit sa position. Finalement le 17 octobre 1797 (25 vendemiaire an V) le traite de Campo-Formio est signe a Passariano. Les conditions finales etaient les suivantes: La France recevait les Pays-Bas, la frontiere sur le Rhin, la place-forte de Mayence et les iles Ioniennes.
L’Autriche recevait une partie de la Venetie, l’Istrie et la Dalmatie et reconnaissait la republique Cisalpine dont l’Adige servirait de frontiere a l’est. A Rastadt un congres discuterait de l’indemnisation des princes allemands de la rive gauche du Rhin. La nouvelle de la paix de Campoformio sera accueilli en France avec une immense joie et vaudra a Bonaparte une immense popularite. La joie etait moins grande chez les Directeurs qui voyaient d’un mauvais oeuil grandir la popularite de ce general encombrant qui negociait lui-meme une paix avec les autres etats Europeens.
La paix sera cependant contresigner par le Directoire le 26 octobre 1797. Des novembre 1797 la rive gauche du Rhin etait divisee en quatre departements et les iles Ioniennes decoupees en trois departements. Fructidor an V Les progres de la droite royaliste Malgre les echecs de vendemiaire et les tentatives avortees de debarquement des forces royalistes sur le territoire republicain les elections avaient, on l’a vu, montre une reelle poussee a droite. Le veritable peril pour le Directoire etait bien cette droite royaliste.
Deux solutions s’offraient aux partisans du retour a la monarchie: l’action violente par les complots et la force militaire ou bien l’action legale par les elections. Les mouvements insurrectionnels trop isoles et rapidement demanteles allaient etre voues a l’echec tout comme les complots. Restait la carte des militaires et plus particulierement celle de Pichegru. Au cours de l’annee 1795, Pichegru avait ete plusieurs fois contacte par des royalistes qui esperaient une prise de pouvoir rapide avec l’aide d’un militaire.
Pichegru favorable a une telle action prend divers contact avec les emigres puis semble preferer une solution politique. De retour a Paris fin 1796, Pichegru et les differents mouvements favorables a la monarchie, subventionne par l’or anglais, engagent une action politique devant deboucher sur une victoire electorale aux elections d’avril 1797 (germinal an V). Le resultat des elections est sans appel sur 216 anciens conventionnels sortants seuls 11 sont reelus. Les Republicains n’ont la majorite que dans dix departements. Malgre une majorite toujours republicaine aux conseils, la position du Directoire est fortement affaiblie.
Reuni le 20 mai 1797, le corps legislatif elit Pichegru a la presidence des Cinq-Cents et Barbe-Marbois aux Anciens. Letourneur, elimine du Directoire, officiellement par tirage au sort officieusement par intrigue de Barras, est remplace par Barthelemy negociateur des traites de Bale sans envergure politique. Au sein du Directoire un conflit naissait entre d’une part Barthelemy et Carnot de plus en plus modere favorable a un accord avec la nouvelle majorite et d’autre part le triumvirat Barras, La Revelliere-Lepeaux et Reubell assez reticent a cette alliance.
Un remaniement ministeriel faisait entrer Talleyrand aux relations exterieures et Hoche a la guerre. Le programme de la nouvelle majorite consiste a revoquer les lois revolutionnaires (deputes proscrits reintegres, droits civiques redonnes aux parents d’emigres et de pretres refractaires) et a arreter la dilapidation des finances en attendant et en preparant une restauration parfaitement legale a l’occasion du renouvellement d’un prochain tiers des conseils. Le coup d’etat de fructidor Les Directeurs partages hesitent entre un accord avec la nouvelle majorite ou l’emploi de mesures d’exception.
Convaincu par Bonaparte de la trahison de Pichegru, decision est prise de reprimer les menes royalistes. Barras invite Hoche, commandant de l’armee de Sambre-et-Meuse, a rapprocher l’un de ces corps d’armee a proximite immediate de Paris dans le but officiel de renforcer l’armee des cotes de l’Ocean. Le projet evente Hoche, desavoue, est destitue du ministere de la guerre par les Conseils et est remplace par Scherer. Decu, il ne cacha pas son degout des affaires politiques » Je ne veux plus vivre dans les tripotages ». Cependant l’armee irritee par cette destitution basculait en faveur du Directoire contre les Conseils.
Bonaparte decidait alors d’envoyer Augereau « sauver » la Republique. A peine arriver a Paris, Augereau est nomme commandant de la dix-septieme region militaire le 8 aout 1797. L’epreuve de force s’engageait, les Conseils comptaient sur Pichegru et sur la Garde des Conseils, le Directoire sur Augereau et sur l’armee. Le 3 septembre 1797 (17 fructidor an V) les Conseils demandent la mise en accusation des trois Directeurs Barras, La Revelliere-Lepeaux et Reubell et envisagent l’arrestation de ceux-ci par Pichegru et la garde du Corps legislatif mais il est trop tard ….
Le 4 septembre 1797 (18 fructidor an V) au matin Augereau controle les abords des Tuileries, ferme les barrieres de Paris et fait placarder sur tous les murs de la capitale les preuves de la trahison de Pichegru. Ces preuves recuperees par Bonaparte en Italie sur le comte d’Antraigues l’un des principaux agents de la contre-revolution avaient ete transmises a Barras apres quelques epurations. A 10 heures tout etait joue, les principaux opposants etaient arretes. Les Cinq-Cents reunis a l’Odeon et les Anciens a l’ecole de medecine delibererent sous la surveillance de l’armee.
En quelques jours d’importantes mesures de repressions manifestement preparees a l’avance par Merlin de Douai sont proposees et votees par les conseils. Les lois du 19 et du 22 fructidor an V « corrigeaient » les elections dans 49 departements eliminant 140 deputes. Les elections aux administrations locales etaient cassees dans 53 departements et remplacees par des nominations, 42 journaux supprimes, les lois contre les immigres et les pretres refractaires remises en vigueur. 65 « fructidorises » etaient condamnes a la « guillotine seche » c’est a dire la deportation sans jugement, avec sequestre des biens, a Madagascar ou en Guyane.
Parmi eu 11 membres des Cinq-Cents, 42 des Anciens, les Directeurs Carnot et Barthelemy et les generaux Pichegru et Miranda. Carnot parvint a s’echapper et a gagner la Suisse, seuls 48 proscrit furent apprehendes, 17 deportes en Guyane 8 d’entre eux y moururent les autres purent s’evader et rentrer en France parmi eux Pichegru et Barthelemy. D’autres dispositions imposaient aux emigres de repasser la frontiere dans un delai de 15 jours sous peine d’etre traduit devant des commissions militaires jugeant sans appel.
Pour remplacer les deux Directeurs destitues deux listes furent proposees par les Cinq-Cents aux Anciens qui elirent les ministres Merlin de Douai en remplacement de Barthelemy et Francois de Neufchateau en remplacement de Carnot. Sieyes est elu president du conseil des Cinq-Cents. Restait a recompenser Augereau qui recut le commandement de l’armee d’Allemagne rendu libre par la mort de Hoche. La Republique etait sauvee mais la liberalisation du regime etait violemment interrompue par ce coup d’etat. Les consequences de fructidor
Politique Les electeurs se sentent une nouvelle fois floues par le Directoire. La poussee a droite lors des elections de germinal an V etait certe forte mais traduisait-elle reellement une volonte populaire de retour a la monarchie ou alors un souhait du peuple de retour a la liberte et plus particulierement a une liberte religieuse et un souhait d’en finir avec la « vieille coterie jacobine ». Dans les villages, les elections de l’an V se faisaient sur la question suivante « Les cloches chanteraient-elles ? » .
Louis Madelin indique « Les electeurs de l’an V ne demanderent point aux candidats s’ils etaient republicains ou royalistes, ils voterent pour qui leur promit que les cloches sonneraient et que les cures reviendraient ». Les candidats royalistes profiterent bien evidemment de la situation. Diverses tendances se partageaient cette nouvelle majorite mais l’hostilite a la politique des Directeurs en etait le denominateur commun. Le coup d’etat des trois Directeurs se fit dans une indifference quasi absolue de la population.
C’etait precisement l’un des dangers de cette politique Directoriale. Elle habituait la population a trouver normal et naturel que la Constitution, la Loi et la Souverainete de la Nation soient ainsi bafouees et violees. Des conseils deliberants sous la menace des soldats, des generaux appeles a se prononcer, des elus deportes « funeste exemple ! » ecrira plus tard La Revelliere victime prochaine d’un autre coup d’etat. Le peuple concoit de ce jour un mepris accentue pour ces deputes et cette representation nationale fantoche.
La presse supprimee, l’opposition deportee, le parlement malmenee le Directoire sombre ce jour dans la dictature. Financieres Le gouvernement profite immediatement des evenements de Fructidor pour redresser les finances. Moins d’un mois apres le coup d’etat, l’energique ministre des finances Ramel decrete la banqueroute des 2/3 de l’etat. Cette disposition ruinera les rentiers de l’etat mais allegera considerablement le poids de la dette publique. Dans la foulee l’administration fiscale sera reorganisee et de nouveaux impots mis en place. La dette publique n’avait cesse de s’aggraver depuis 1789.
Le montant des rentes perpetuelles s’elevait a 120 millions de francs auquel s’ajoutaient 70 millions de rentes viageres. La loi du 30 septembre 1797 (9 vendemiaire an VI) consolidait 1/3 de la dette et mobilisait les 2/3 restant en bon au porteur. L’etat n’avait plus qu’a payer 44 millions de rentes perpetuelles et 25 millions de rente viagere. La depreciation des bons au porteur est spectaculaire, un an plus tard ils s’echangent a 37% de leur valeur et a seulement 1% deux ans plus tard. Le systeme fiscal est egalement profondement modifie.
Un ensemble de loi en novembre et decembre 1797 redefinissent les contributions directes a travers la contribution fonciere, la mobiliere, la personnelle, la patente commerciale ainsi qu’une contribution sur les portes et fenetres. Ces contributions formeront la base des contributions en France jusqu’en 1914. Cote contributions indirectes Ramel reorganise les droits sur les poudres et salpetres, les objets d’or et d’argent, les cartes a jouer et le tabac. L’octroi est egalement retabli a Paris. La repartition et le recouvrement des contributions sont maintenant confie a des fonctionnaires independants.