La revolution 10

La revolution 10

La Convention La reaction Thermidorienne juillet 1794 – novembre 1795 Thermidor an II – Brumaire an IV La reaction politique et economique La reaction politique et la chute des Jacobins La victoire du Centre Le matin du 28 juillet (10 thermidor), les deputes de la Convention sont accueillis par des acclamations a leur sortie des Tuileries et les moins acclames ne sont pas Tallien, Barras ou Freron. Ces bourreaux d’hier sont aujourd’hui les coqueluches de la foule parisienne.

Derriere eux, le « Ventre » de la Convention allait enfin prendre le pouvoir. Tout ce centre qui etait reste tapis et silencieux depuis bientot deux ans, tous ceux qui avaient suivi la Montagne contre la Gironde il y a 12 mois puis qui s’etaient prononces contre Robespierre il y a quelques jours reprenaient courage. Un parti nouveau se constituait ecartant d’une part les Montagnards les plus impliques dans la Terreur et d’autre part la droite de la Convention.

Lindet et Cambaceres dans des discours differents justifieront cependant la Terreur passee mais la reprouveront pour l’avenir, tous deux parleront d’unions et annonceront la fin de la revolution. La Convention ne reniait pas l » uvre accomplie, Marat allait etre transfere au Pantheon le 21 septembre 1794. Le remaniement

Désolé, mais les essais complets ne sont disponibles que pour les utilisateurs enregistrés

Choisissez un plan d'adhésion
gouvernemental Le 29 juillet (11 thermidor), sur proposition de Tallien, la Convention decretait que les differents comites revolutionnaires seraient renouveles par quart chaque mois. Prieur de la Cote d’Or et Jeanbon Saint Andre furent les premiers ecartes remplaces par Tallien et Thuriot.

Attaques par le pamphlet « La Queue de Robespierre » Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Barere demissionnerent peu apres du comite de salut public qui voyait ses attributions reduites a la diplomatie et a la guerre, David etait exclu du comite de surete generale. La Terreur abandonnee, le Tribunal revolutionnaire n’etait plus occupe qu’a juger les terroristes et ceux-la meme qui y siegeaient hier encore. Fouquier-Tinville lui-meme est emprisonne, les comites revolutionnaires disparaissent trop occupes a sauver leur propre tete.

Debut aout plus de cinq cents suspects sont liberes, des milliers de personnes suspectes sortent de leur cachette. Les derniers jacobins et les muscadins Certains Montagnards moins souples refusent ce retournement de situation et tentent de resister a ce reflux. Paradoxalement ce sera Tallien qui menera campagne contre ces Jacobins, presse qu’il etait de presenter a la foule des boucs emissaires dont il ne serait pas. En effet apres une periode de calme et de joie retrouvee, un mouvement de reaction populaire allait aiguillonner la Convention.

Depuis fructidor une campagne de presse etait lancee contre les Jacobins et les sans-culottes par « l’Orateur du peuple » de Freron ou « l’Ami du citoyen » de Tallien. Au theatre des pieces anti-jacobines etaient jouees et applaudies. Dans les rues, dans les theatres et meme dans les tribunes de la Convention on chantait « le Reveil du Peuple » de Souriguiere et Gaveaux. Peuple francais, peuple de freres, Peux-tu voir sans fremir d’horreur Le crime arborer les bannieres Du carnage et de la Terreur ? … Le jour tardif de la vengeance Fait enfin palir vos bourreaux ! Rapidement on passe des paroles aux actes.

Les « muscadins », representant de cette jeunesse doree, bas blanc, collet noir, large cravate, botte basse et oreille de chien, armes de leur « pouvoir executif » un gourdin ils arpentent les rues de la capitale et malheur au sans-culottes ou au bonnet rouge qui viendraient a croiser leur chemin. Ils molestent les colporteurs des derniers journaux jacobins, fouettent les anciennes tricoteuses et brisent les bustes de Marat dans les lieux publics. Un journal Jacobin « Le Journal des Hommes Libres » ecrit des fructidor « Entendez les plaintes des patriotes opprimes par l’aristocratie qu’on lache si imprudemment ! . L’aristocratie n’a cependant pas grand chose a voir avec ces muscadins, ce ne sont que des bourgeois entraines par Freron et Tallien. Corrompu, Freron s’est jete dans la reaction et manie le gourdin muscadin apres avoir manie « la massue cordeliere » a Marseille et a Toulon. Tallien gravite plus haut en politicien ruse, lui et sa femme la celebre Therezia Cabarrus « Notre-Dame de Thermidor ». Sous ces diverses pressions, la Convention evolue. Le 21 aout on evoque la necessaire reintegration des Girondins qui sera faite le 8 decembre 1794 (18 frimaire an III).

Petit a petit la droite de la Convention se renforce et la reaction ne cesse de s’amplifier. Le 16 octobre un decret de la Convention detache le club des Jacobins de ses filiales et interdit aux societes populaires de se confederer. Le 9 novembre le club des Jacobins est attaque par les muscadins, le 12 novembre (22 brumaire an III) le club etait ferme sur ordre de la Convention. Le 2 decembre (12 frimaire an III) une habile amnistie etait offerte a la Vendee. Pour donner le change, les Thermidoriens faisaient egalement celebrer l’anniversaire du 21 janvier commemorant « la juste punition du dernier roi des Francais ».

Les faubourgs ne s’y trompaient pas estimant dit la police « qu’on ferait mieux de lui procurer de la farine que de decider des fetes ». Le 8 fevrier 1795 (20 pluviose an III), les restes de Marat sont expulses du Pantheon. Les reactions morales, religieuses et economiques La reaction morale Le culte de la Vertu prone par Robespierre et la « sainte guillotine » etait devenues trop pesantes. A partir de Thermidor on souhaitera vivre et profiter de la vie. Des fetes de plus ou moins bon gout sont improvisees dans les lieux de mort aux Carmes ou au cimetiere de Saint-Sulpice.

Des « bals des victimes » sont organises ou ne sont admis que ceux ayant eu au moins un parent de guillotine. Partout ce ne sont que banquets et ripailles « la goinfrerie est la base de la societe actuelle » ecrit un contemporain. Les extravagances vestimentaires suivent, Mme Tallien tout juste sortie de prison parait au bal de l’opera les orteils cercles d’or, un autre soir elle se montre la gorge enserree dans une riviere de diamants. Les citoyennes Hamelin, Recamier et toutes les jolies femmes, cedent a la mode de l’antique: robe a la Diane, tunique couleur chair largement ouverte sur le flanc et au decollete genereux.

On ne se vet plus que de tulle, de gaze ou de linon transparent et de paillettes. Le relachement des m’ urs se traduit par une augmentation des divorces, on divorce pour se remarier et divorcer au plus vite. Avant tout il s’agit de gagner et d’amasser toujours plus d’argent. On specule, on agiote, les fortunes s’edifient avec rapidite et se dilapident encore plus vite au grand jour. Les ventres-creux cotoient les ventres pourris. Des milliers de citoyens meurent de faim ruines par l’inflation galopante et la chute des assignats tandis que d’autres regorgent de victuailles.

La reaction religieuse Le 18 septembre 1794 (2eme jour complementaire an II) un decret de la Convention supprime le paiement des pretres et les frais d’entretien des batiments religieux. La constitution civile du clerge se trouve donc supprimee de fait et il y a maintenant separation de l’Eglise et de l’Etat. Le 21 fevrier 1795 (3 ventose an III) Boissy d’Anglas presente une serie de mesures tendant a restaurer la liberte des cultes. La liberte etait cependant toute relative puisque les processions, sonneries de cloches, et habits ecclesiastiques restaient interdits.

Les pretres constitutionnels et refractaires se trouvaient maintenant loges a la meme enseigne et pouvaient utiliser les differents edifices de cultes. La reaction economique Debut septembre la Convention avait proroge la loi sur le maximum mais les mesures de repression et de requisition qui l’accompagnait s’etaient relachees. Les paysans n’envoyaient plus de ble et le marche noir s’etait etendu. Le 24 decembre 1794 (4 nivose an III) la loi du maximum etait abolie malgre le mecontentement des faubourgs. Cette suppression entraina l’effondrement de l’assignat et une inflation maximum.

En nivose an III le louis d’or valait 130 livres en assignats, il en vaudra 227 en germinal, 750 en prairial et 1200 en fructidor de la meme annee. Les paysans cesserent de ravitailler les villes pour ne plus etre payes en papier monnaie et les marchands n’acceptaient ceux-ci qu’a leur cours du jour. La France de l’an III Situation generale « La nation parait epuisee comme une frenetique revenue a la raison l’est par les saignees, les bains et la diete.  » (Mallet du Pan) « A la fievre chaude succeda une entiere prostration de forces.  » (La Revelliere-Lepeaux) Ces deux temoignages, l’un oyaliste et l’autre republicain temoignent de la lassitude de la France en cette troisieme annee de la Republique. « La France est malade: la fievre de 1789, l’effort surhumain de 1792, la saignee de 1793 et 1794, la constante famine l’ont jetee dans une sorte d’anemie, compliquee de nevropathie … Pour se guerir, elle aspire au repos qu’elle ne trouverait ni dans une nouvelle revolution ni dans une contre-revolution. N’ayant plus de passion elle a des interets, elle est attachee a des conquetes faites au prix de tant de maux: malade oui, anemique oui, mais couchee sur un tresor qu’elle ne veut pas livrer. (L Madelin) Ces interets et ce tresor vont expliquer et justifier les orientations que va prendre la revolution a partir de 1795. L’artisan souhaite voir renaitre le travail, le peuple espere voir baisser le prix du pain, l’enrichi veut garder son gain, le paysan veut conserver sa terre, l’homme politique souhaite se maintenir et le soldat defendre sa conquete. La misere est grande, l’or parti et remplace par un amas de papiers qui se devalue de jour en jour. L’hiver 1794-1795 est particulierement froid et long aggravant un etat de famine endemique depuis 1789.

La recolte de 1794 a ete insuffisante et a Paris, a Lyon et dans toutes les grandes villes des queues enormes se forment devant les boulangeries. La ration de pain passe de 1 livre et demi en fevrier a un quart de livre en mai 1795. Les prix ne cessent d’augmenter, l’indice des prix parisiens passe de 580 au debut de 1795 a 900 quatre mois plus tard (sur une base 100 en 1790). Les ouvriers et le peuple des villes Les principales victimes en sont les ouvriers et les artisans dans les villes les ventres creux comme ils se nomment eux-memes.

Ceux la esperent un regime democratique qui leur accorde le droit de participer a la loi et un regime stable pour que les ateliers reouvrent. Les nouveaux riches De l’autre cote il y a les nouveaux riches, les ventres pourris, les speculateurs les liquidateurs de l’Ancien Regime. Si apres cinq ans de liquidation des biens nationaux, le gouvernement est desargente et le peuple meurt de faim, il faut bien qu’en cours de route l’argent ait ete detourne. Cet argent initialement prevu pour le gouvernement et le peuple est alle enrichir une bande de speculateurs qui etale maintenant cette richesse au grand jour sans honte et sans complexe.

Therezia Tallien paiera 12000 livres pour une robe a la grecque en janvier 1795. Ces ventres pourris entendent et redoutent les revendications du peuple mourrant de faim mais ne peuvent cependant pas desirer une contre-revolution car peut etre faudrait-il rendre gorge. Les paysans Les paysans sont eux, en majorite, contents. Ils ont par la vente des biens nationaux acquis des terres et des proprietes et se sont affranchis de la tutelle seigneuriale et des droits qu’ils devaient leur acquitter. Le monde paysan est donc attache a cette revolution mais en onservateur car il souhaite par ailleurs que la Republique lui rende ses « bons cures » mais sans les dimes. Les autres Les pretres constitutionnels durement persecutes en 1794, sont revenus du regime revolutionnaire mais ont tout a craindre d’une contre-revolution. Les soldats de la Revolution sont dans le meme etat d’esprit. Parvenus en deux ans a des grades que leur fermait l’Ancien-Regime ils veulent conserver les acquis de cette Revolution tout en meprisant par ailleurs les politiciens gouvernants.

Mallet ecrira en decembre 1794 « La masse du peuple devenue indifferente a la Republique comme a la Royaute ne tient qu’aux avantages locaux et civils de la Revolution » et il ajoute visionnaire « il recevra la loi de tel maitre qui saura l’enchainer par les motifs de ses craintes et de ses esperances ». La Royaute et les regicides Pour ne pas effrayer toute cette population, detachee de la Republique mais attachee a la Revolution, il aurait fallu que l’idee de royaute se detache de celle du despotisme absolu et des idees de represailles ce que justement les representants de la Royaute, Louis XVIII en tete, refusaient.

Par cette intransigeance ils faisaient le jeu des « regicides ». On nomme regicides les 387 conventionnels qui avaient vote la mort de Louis XVI en janvier 1793. Une petite centaine d’entre eux va suivre Louis XVI sur l’echafaud, il en restera environ 300, masse solidaire qui va traverser les regimes successifs de ce debut de siecle. En 1795 ils sont confrontes a deux perils. A gauche les jacobins non nantis, qu’ils nomment « anarchistes » parce qu’ils veulent les deloger de leurs statuts et qu’ils ecraseront sans pitie. A leur droite Louis XVIII qui leur indique clairement l’echafaud en cas de restauration.

Ils n’auront donc d’autre solution de s’accrocher au pouvoir qu’ils tiennent par tous les moyens. Les derniers mouvements populaires Germinal an III Le 2 mars 1795 (12 ventose an III) Barere, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne et Vadier etaient mis en accusation par la Convention. Dans Paris les gens disaient que si ces quatre la montaient a l’echafaud cela conduirait 80. 000 personnes a la guillotine. Carrier y etait d’ailleurs monte le 26 frimaire (16 decembre 1794). L’inquietude grandissait a la fois dans les faubourgs mais aussi sur les bancs de l’assemblee.

Des mars des revendications furent adressees a la Convention « Du pain et la Constitution de 1793 ». Puis ce fut le 1 avril 1795 (12 germinal an III), des sans-culottes envahissent la salle de la Convention demandant du pain. Celle-ci, un instant submergee, les gendarmes et un groupe de muscadins evacuent manu-militari les petitionnaires. La Convention sauvee, elle sevit aussitot. Paris est mis en etat de siege, et la Convention decide la deportation sans jugement de Barere, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne. Huit deputes Montagnards, des « Cretois » ont egalement arretes pour avoir pactise avec les emeutiers. Le general Pichegru qui passait par Paris est investi du commandement de la force armee de Paris et reprime le 13 germinal l’agitation dans les faubourgs. Le 10 avril 1795 (21 germinal an III) un decret de la Convention ordonnait le desarmement des sectionnaires connus comme terroristes. Prairial an III La repression n’apportait aucune solution aux problemes de subsistance. Les derniers montagnards comptaient sur le peuple, pousse a bout, pour retablir la constitution de 1793 et renverser ces thermidoriens reacteurs.

Une nouvelle insurrection eut lieu le 20 mai 1795 (1 prairial an III). Des l’aube le tocsin se mit a sonner appelant les faubourgs a la revolte. A midi la Convention est de nouveau envahie aux cris de « Du pain et la Constitution !  » alors que Boissy d’Anglas surnomme » Boissy Famine » preside l’assemblee. Un depute Feraud tentant de s’interposer est tue puis decapite et sa tete est aussitot presentee au bout d’une pique au president qui, dans un geste reste celebre, la salue gravement. A 9 heures du soir il ne restait plus que les deputes Montagnards qui siegeaient a la crete de la Montagne: Les Cretois.

Ils se decident enfin a agir, elisent Soubrany a la presidence et votent une serie de mesures concernant les subsistances et la cassation des comites. Vers minuit, les forces fideles a la Convention reprirent possession de la salle et la seance reprit au cours de laquelle les decrets votes par les Cretois furent casses. Les six responsables de ces decrets, Bourbotte, Romme, Soubrany, Duroy, Goujon et Duquesnoy, etaient mis en accusation ainsi que d’autres montagnards comme Prieur de la Marne.

Le lendemain les emeutes continuaient dans Paris puis le 3 prairial la Convention passait a l’offensive et faisait occuper les faubourgs terrorises par des troupes armees. Le 5 prairial le desarmement des faubourgs commencait ainsi que l’arrestation des terroristes parisiens. Tallien, Freron et Barras allaient faire arreter 5000 jacobins, 62 deputes Montagnards etaient decretes d’accusation et six condamnes a mort. Le 17 juin 1795 (29 prairial an III) Duquesnoy, Goujon et Romme se suicidaient les trois autres qui ne le purent etaient guillotines.

Le 12 juin le mot « revolutionnaire » avait ete proscrit et le 4 juin on ordonnait la destruction du batiment des jacobins. Ces insurrections resterent localisees a Paris. Cependant la misere augmentait, la popularite de la Convention etait au plus bas mais plus personne ne bougeait, la reorganisation de la garde nationale la mettant maintenant aux mains de la bourgeoisie. Les sans-culottes avaient perdu. Le mouvement royaliste La Terreur Blanche Dans le midi surtout il y eut quelques emeutes sanglantes avec notamment la Compagnie de Jehu qui opere dans la region de Lyon.

Elle chassera en 1795 tous les Jacobins compromis par la Terreur puis son action s’etendra aux Republicains, puis aux acheteurs de biens nationaux. On l’estime responsable de plusieurs milliers de morts a Lyon, a Tarascon et dans tout le midi de la France. Son action cessera avec l’envoi dans les provinces de representants en mission de la Convention. L’implication du mouvement royaliste ou tout au moins des emigres royalistes dans ces actes de terreur n’est pas prouvee. La Vendee En Vendee les Thermidoriens sont prets a faire des concessions.

Hoche, qui a en charge la pacification de la Vendee depuis le 14 septembre 1794, multiplie les gestes de bonne volonte et relache ses prisonniers. Le 17 fevrier 1795 est signee a la Jaunaye avec Charrette une amnistie garantissant aux Vendeens la restitution de leurs biens confisques, la liberte de culte et la dispense du service militaire. Le 20 avril 1795 des conditions similaires sont accordees aux chouans. La Vendee semble vaincue pour l’instant du moins, en Bretagne et en Normandie une guerre de guerillas se met en place. La tentative de debarquement a Quiberon

Le 8 juin 1795 (20 prairial an III), Louis XVII meurt au Temple, son oncle, le Comte de Provence, devient Louis XVIII ne cachant rien de ses animosites et de son intransigeance vis a vis des revolutionnaires. Le 23 juin une armee de 14. 000 chouans se rassemblait dans la region de Quiberon alors que le 25 juin Charette reprenait les hostilites en Vendee et que le 26 juin une armee de 4. 000 emigres debarquait dans la baie de Carnac aidee par la flotte anglaise. Mal coordonnees, abandonnees sans soutien par la croisiere anglaise, les forces royalistes sont bloquees puis capturees dans la presqu’ile par Hoche le 21 juillet 1795. . 000 prisonniers sont faits et la Convention devra statuer sur leur sort. Tallien est envoye sur les lieux et organise une commission militaire qui fusillera pres de 800 emigres. « Il croyait laver le sang faubourien de prairial avec le sang aristocrate de Quiberon » (L Madelin). Les operations militaires En 1794 le parti Montagnard a exploite la guerre pour imposer le gouvernement de Salut Public, les Conventionnels en ont garde l’habitude et maintenant on en est plus ou moins arrive a un moment ou il faut faire battre les soldats pour occuper les generaux.

Ces generaux sont admirables et les hommes leur donnent une confiance absolue. Si le Comite de Robespierre les tenait fermement sous son joug il n’en etait plus de meme avec les Thermidoriens. Deja ces chefs meprisent les politiciens, les caracteres evoluent et le caractere de l’armee lui-meme evolue. On commence a parler des soldats de Hoche, des soldats de Bonaparte. La perpetuation de la guerre est donc un des articles fondamentaux des Thermidoriens. Le 30 aout 1794 apres la reprise de Conde-sur-Escaut la totalite du territoire national est libere de toute occupation etrangere.

Le 17 septembre, Kleber debute le siege de Maestricht et le 23 septembre Jourdan prend Aix-la-Chapelle. Le 14 decembre Kleber assiege Mayence. Le 10 octobre 1794 la Convention decide de faire envahir la Hollande. L’offensive d’hiver est rapide et le 23 janvier 1795, fait sans precedent dans l’histoire militaire, la cavalerie de Pichegru capture la flotte hollandaise bloquee par la glace au Helder. Le 3 fevrier 1795 la republique Batave est proclamee, c’est le debut des republiques s’ urs.

Le 16 mai 1795 un traite de paix draconien est impose a la republique Batave portant la frontiere francaise sur la Meuse et le Rhin par annexion de la Flandre hollandaise, de Maestricht et de Venlo. A l’issue des negociations commencees en janvier 1795, la Prusse signe, a Bale, le 5 avril 1795 un traite de paix avec la Republique reconnaissant l’annexion par la France de la rive gauche du Rhin. Frederic-Guillaume II n’attendait d’ailleurs que cela pour participer au troisieme partage de la Pologne qui allait avoir lieu en octobre 1795.

Le 31 aout 1795 la Belgique est decoupee en neuf departements puis sera annexee le 1er octobre. Du cote des colonies, le 11 decembre 1794 la France reprenait la Guadeloupe aux Anglais malgre le traite signe entre l’Angleterre et les Etats-Unis contre les corsaires francais et recevait Saint-Domingue des mains des Espagnols le 22 juillet 1795. La constitution de l’an III L’anarchie etant ecrasee dans les faubourgs et le royalisme a Quiberon, les Thermidoriens allaient s’en remettre a la Constitution de l’an III republicaine, ertes, mais antidemocratique. La discussion Des la fin des emeutes de germinal, le 3 avril 1795 (14 germinal an III), une commission de onze membres avait ete nommee par la Convention pour rediger une nouvelle constitution. Cette commission etait composee principalement d’anciens girondins comme Daunou, Lanjuinais ou La Revelliere-Lepeaux et des moderes Boissy d’Anglas et Thibaudeau. La constitution fut discutee du 4 juillet au 17 aout puis votee le 22 aout 1795 (5 fructidor an III). La Convention decidait qu’elle serait soumise a un plebiscite.

La constitution tres longue 377 articles contre 124 pour celle de 1793 rejeta l’election de l’executif par le peuple peut etre de crainte de voir un Bourbon revenir. Le legislatif serait forme de deux chambres; l’echec de la Legislative et la dictature de la Convention n’etait pas etranger a ce choix du bi-camerisme. Elle revient a un regime electoral restreint et censitaire a deux degres. La propriete est de nouveau consideree comme etant le signe et le critere de la capacite politique. Les electeurs

Les citoyens (nee et resident en France de 21 ans qui paient une contribution directe, fonciere ou personnel) reunis en assemblee primaire par canton elisent les electeurs du deuxieme degre a raison de un pour deux cents citoyens. Ces grands electeurs doivent avoir 25 ans et dispose d’un revenu personnel important. Ils eliront les membres du corps legislatif ainsi que les differents juges. Le corps legislatif Compose de deux chambres et renouvelable par tiers tous les ans. Le conseil des Cinq-Cents (l’Imagination), compose de 500 membres, avait l’initiative des lois. Les deputes de ce conseil devaient avoir 30 ans au moins.

Le conseil des Anciens (la Raison), compose de 250 membres, approuvait ou rejetait les propositions des Cinq-Cents, l’age minimum requis etait de 40 ans et il fallait etre marie ou veuf. Le corps legislatif elisait l’executif mais ne pouvait pas le revoquer. L’executif Compose de cinq membres, ce Directoire sera renouvele par cinquieme tous les ans. Les Cinq-Cents fournissaient a l’issue d’un scrutin secret une liste decuple du nombre de postes a pourvoir. Les Anciens choisissaient sur cette liste le ou les Directeurs. Les Directeurs sortants ne pouvaient etre reelus avant cinq ans.

Pour etre valable, une decision de l’executif devait etre prise par trois membres. Les attributions de l’executif etaient definies dans la constitution: la surete interieure et exterieure de l’Etat, la disposition de la force armee, la nomination des generaux et des ministres. Le Directoire n’avait pas le droit de dissolution sur les chambres ni de droit de veto sur les lois. La Tresorerie echappait au Directoire et etait confiee a cinq commissaires elus de la meme maniere que les Directeurs. La justice Le judiciaire est soigneusement separee du legislatif et de l’executif.

Les mandats sont courts, 2 ans pour les juges de paix, 5 ans pour les juges departementaux et ceux du tribunal de cassation. Considerant leur « chef d » uvre » les conventionnels mirent en place une ultime disposition pour en rendre impossible les modifications. La procedure de revision s’etalait sur neuf ans. Les germes de conflit sont inscrits dans cette constitution, les chambres ne pouvant renverser le Directoire, et le Directoire ne pouvant en appeler a la Nation pour dissoudre les Chambres tout conflit ne pouvait deboucher que sur une epreuve de force.

Quatre coups d’etat allaient sortir de celle-ci. Le decret des deux tiers La convention n’ignorait pas qu’aux prochaines elections elle serait balayee de l’echiquier politique. C’est pourquoi les conventionnels allaient decider de se perpetuer dans le nouveau corps legislatif. Pour ce faire, ils allaient adopter, en meme temps que la constitution, le decret des deux tiers. Par ce coup de force parlementaire le futur corps legislatif compose de 750 membres devra contenir deux tiers de conventionnel soit 500 deputes.

Baudin des Ardennes tentait d’expliquer ce subterfuge « la retraite de l’Assemblee Constituante vous apprend assez qu’une legislature entierement nouvelle pour mettre en mouvement une constitution qui n’a pas ete essayee est un moyen infaillible de la renverser ». Un seul depute, Saladin, protesta. Pour faire bonne mesure le decret des deux tiers serait soumis comme la constitution au plebiscite de la nation votant encore au suffrage universel. Le 6 septembre 1795 (20 fructidor an III) debute le referendum constitutionnel.

La consultation se deroula entachee de nombreuses irregularites et fraudes. Les resultats officiels faisaient etat de 1. 057. 390 voix pour et 49. 978 voix contre pour la constitution de l’an III et de 205. 498 voix pour et 108. 754 voix contre pour le decret des deux tiers. Ces chiffres sont a rapprocher des cinq millions d’electeurs possibles et l’on obtient des taux d’abstention de 78% pour la constitution et de 94% pour le decret des deux tiers. Le 23 septembre 1795 (1er vendemiaire an IV) la nouvelle constitution etait proclamee.

Les elections du corps legislatif allaient se derouler du 12 octobre au 21 octobre 1795 (20 au 29 vendemiaire an IV) mais auparavant les royalistes allaient tenter une ultime epreuve de force. Le 13 vendemiaire Suite aux resultats proclames par la Convention les sections parisiennes, en parti noyautees par les royalistes, protesterent energiquement : on avait altere les chiffres. Le 3 vendemiaire an IV l’agitation etait telle que la Convention menaca de quitter Paris. Dans les jours qui suivirent la section Lepelletier se faisait le centre d’un attroupement beaucoup plus dangereux pour la Convention.

Les membres des differents comites nommerent une commission executive de cinq membres pour pouvoir diriger la resistance face a ce mouvement. Cette commission etait composee de Letourneur, Barras, Daunou, Merlin de Douai et Colombel. L’epreuve de force eue lieu le 12 vendemiaire (4 octobre). Au matin, la section Lepelletier fit publier que la Convention venait de former un « bataillon sacre » selon le mot de Barras compose en fait « d’anciens terroristes buveurs de sang » : les patriotes de 89 et que pour empecher les massacres il fallait prendre les armes et courir aux sections.

Le general Menou dirigeait les forces conventionnelles chargees de reprimer les emeutiers. Faisant preuve d’hesitation ses colonnes se retirent face aux sectionnaires. Barras destitua Menou et le remplaca par le general Bonaparte qui s’adjoignit Murat et Brune pour mener a bien les operations. Pendant ce temps la situation s’etait aggravee. Un comite d’insurrection compose de royalistes s’etait constitue. Une petite armee de sectionnaires s’etait organisee sous le commandement du general Danican et occupait maintenant le Pont-Neuf.

Elle souhaitait maintenant encercler les Tuileries pour faire capituler sans combat la Convention. Murat fut charge par Bonaparte de recuperer les pieces d’artilleries qui se trouvaient au camp des Sablons. Le 5 octobre 1795 (13 vendemiaire an IV) a 6 heures du matin ces canons etaient aux Tuileries les transformant en une veritable forteresse. Danican fit avancer sa petite armee depuis le Pont-Neuf en colonnes compactes. Rapidement la rue Saint-Honore, Saint-Florentin et tous les lieux adjacents autour de l’eglise Saint-Roch etaient pleins de sectionnaires.

Danican envoya des parlementaires a la Convention qui ne furent pas ecoutes. Soudain a 16h30 une canonnade eclata, c’etait les pieces d’artillerie qu’avait place Bonaparte et qui « balayaient » Saint Roch. Une seconde colonne de sectionnaires arrivant par le quai Voltaire fut a son tour repoussee a coup de canons. A 10 heures du soir tout etait fini. Le bilan de la journee s’etablissait a 200 tues ou blesses de part et d’autre, la plus grande partie aux portes de Saint-Roch. Le 14 vendemiaire Paris etait occupe militairement et l’emeute etouffee.

Barras et la Convention triompherent moderement, les portes de Paris resterent ouvertes, quelques meneurs furent arretes, deux seulement executes. Il ne fallait pas que la repression anti-sectionnaires fut le point de depart d’une reaction terroriste. Les patriotes de 89 etaient autant a craindre sinon plus que les sectionnaires Lepelletier. Le general Bonaparte, sauveur de la convention, etait nomme commandant en second de l’armee de l’interieure. Derniers jours et bilan de la convention Les elections commencerent le 20 vendemiaire et se terminerent le 29 vendemiaire.

L’abstention fut elevee. Ces elections furent un vrai desastre pour les Jacobins. Sortaient des urnes d’ex-constituants moderes, d’anciens Feuillants ou des hommes neufs tous hostiles au regime. Malgre le decret des deux tiers et les differentes pressions qu’avaient exerces la Convention sur les electeurs, seulement 376 Conventionnels sur les 500 qu’imposait le decret etaient reelus obligeant la Convention a nommer elle-meme les 124 deputes manquants. Les Conventionnels reelus etaient des gens de la droite, Lanjuinais, Boissy d’Anglas elus dans de nombreux departements.

La Convention allait se terminer honnie de tous. Le 24 octobre 1795 avant veille de la dissolution, la misere etait telle qu’un depute Roux proposa le retablissement du maximum. Le 26 octobre 1795 (4 brumaire an IV) reunie pour la derniere fois aux Tuileries elle prononcait une amnistie generale dont elle excluait les complices de vendemiaire, les pretres refractaires et les immigres. Elle decidait egalement que la place de la Revolution deviendrait la place de la Concorde. Sur ce dernier decret l’ordre du jour etant clos Genissieu se leva pour clore la session: Je declare que la seance est levee. Union, amitie, concorde entre tous les Francais; c’est le moyen de sauver la Republique !  » Thibaudeau, etonne cria: « Declare donc que la Convention a rempli sa mission ». Genissieu se releva: « La Convention Nationale declare que sa mission est remplie et sa session terminee ». Des cris de « Vive la Republique !  » s’eleverent de tous cotes. Laissons le bilan de la convention a l’historien Louis Madelin. « Au milieu de perils inouis, elle avait vecu un siecle en trois ans, proclame la Republique dans la France de Louis XVI et organise, au nom de la Liberte, a plus redoutable tyrannie que pays eut connue, jete un roi a l’echafaud et forge des armees qui avaient fait reculer l’Europe, couvert par ses decrets cette Terreur qui, dans ses rangs memes, avait creuse de sanglants sillons, etouffe la guerre civile, et, a travers des vicissitudes tragiques, porte la France vers les frontieres naturelles, vote deux constitutions, chasse Dieu du Temple, ressuscite ensuite, sous un nouveau vocable, ce Dieu sans-culottise, separe l’Eglise de l’Etat, pose tous les problemes et jusqu’a sa mort ecrase les factions.

Il serait injuste de ne pas rappeler qu’elle avait par la loi du 3 brumaire achevee de mettre a l’ordre du jour le grand probleme de l’instruction publique, se rappelant le mot du plus marquant de ses membres et de la plus illustre de ses victimes, qu’ « apres le pain le premier besoin du peuple est l’instruction »: elle en avait ete si persuadee qu’exposee aux milles dangers qui sollicitaient son attention elle avait le 7 ventose an III, fonde les futurs lycees, les Ecoles Centrales, fonde l’Ecole Polytechnique le 7 vendemiaire an III, fonde l’Ecole Normale le 30 octobre 1793, reorganise le Museum d’Histoire Naturelles et le College de France, organise le Conservatoire des Arts et Metiers, et enfin procede a la creation de l’Institut de France. Elle avait ainsi detruit et bati, terrorise et pacifie, atteint pour les uns l’extremite du crime et pour les autres celle de la vertu ».