comptes rendus La forêt de la Mamora Les rencontres du CERASE, Rabat (Maroc), 19-21 décembre 1996. Par Claire Villemant et Dominique Titolet Organisé par le Centre d’études et de recherches appliquées aux sciences de l’eau et de l’environnement (CERASE), ce colloque a bénéficié de l’appui de l’Union européenne et du Goethe Institut de Rabat. Ses objectifs étaient de dresser un bilan de l’état de la forêt de la Mamora et de proposer des actions visant à concilier la protection du patrimoine forestier et les contraintes socioéconomiques. Les 35 communications, pré de l’Europe org méditerranéenne Sv. ge to assé et actuel de la dans le Bassin médit l’évolution de la forêt; les ants du Maghreb et mes : le milieu ore; l’entomofaune; contraintes socio-économiques; la Mamora au service de l’homme; la Mamora, milieu éducatif et récréatif; la gestion participative. Avec ses 130 000 ha de chêne-liège au début du siècle, la forêt de la Mamora est considérée comme la plus vaste suberaie du Monde. par sa richesse et sa diversité floristique, comme par sa situation ? proximité de deux grandes agglomérations, Rabat et Kénitra, cette subéraie offre d’importantes ressources économiques et récréatives à la population riveraine.
Actuellement les 55 000 ha encore *Sant
Des signes de désertification de la forêt apparaissent en relation avec la présence dans le sous-sol, sous climat subhumide, d’épais niveaux sableux, qu’une déforestation accélérée peut remobiliser. Bien que déjà très dégradée, la forêt présente encore une grande richesse floristique et faunistique. Ainsi, parmi les 4 500 espèces végétales de la flore marocaine, 750 dont 30 endémiques sont présentes en Mamora. Mal disparitions (Aiele de Malgré certaines disparitions (Aigle de Bonelli, Pintade sauvage… , l’avifaune demeure riche et le site abrite encore 44 espèces sédentaires, 34 hivernantes et 56 de passage. Les mares temporaires ou « dayas Y, sont des écosystèmes originaux, bien représentés au Maroc alors qu’ils ont quasiment disparu du domaine méditerranéen français et qu’ils se raréfient en Espagne.
Les mises en cultures, l’urbanisation et surtout les aménagements routiers ont fait disparaître de la forêt de nombreuses stations. L’entomofaune de la Mamora a fait l’objet de nombreuses publications et de plusieurs ouvrages. La dynamique des populations du Bombyx disparate (Lymantria dispar L. , l’un des principaux defoliateurs du chêne-liège, y est étudiée depuis les années 20. La grande diversité des insectes et la complexité de leurs interactions avec les autres composantes de l’écosystème rendent toutefois difficile l’évaluation de leur impact sur le dépérissement de la forêt. Des conclusions analogues ressortent des études effectuées dans d’autres subéraies d’Europe.
Le remplacement des peuplements de chêne-liège par d’autres essences introduites comme « Eucalyptus a des effets globaux néfastes sur l’avenir de la forêt. Le chêne-liège favorise le maintien e la qualité structurale et nutritive du sol et une bonne minéralisation de l’azote, il facilite l’infiltration de l’eau et la recharge des nappes. Sa présence freine le transport des sédiments et ses effets négatifs sur les bassins versants. En plus des destructions provoquées par leur tracé, les aménagements autoroutiers qui affectent la lisière ouest cloisonnent le domaine foresti cloisonnent le domaine forestier et condamnent les zones marginalisées à disparaitre.
L’étude diachronique de photos aériennes montre que le massif forestier a conservé globalement sa surface mais que le recouvrement et la densité des euplements de chêne-liège décroissent inexorablement. Un logiciel de suivi par télédétection et de gestion en temps réel de la forêt a été mis au point. La régénération artificielle du chêne-liège connait beaucoup de difficultés et demeure très onéreuse : les essais de repeuplement par jeunes plants Courrier de IEnvironnement de l’INRA nb30, avril 1997 85 produits en pépinière ont donné des résultats prometteurs, tant au Maroc qu’en Tunisie ou au Portugal ; le repeuplement par semis pose par contre encore de nombreux problèmes.
La forêt a connu 3 plans d’aménagement, 1951-71, 1972-92, 1992-2012. La conception du dernier ne s’est pas limitée à la notion de domaine forestier mais a intégré celle de système agro-sylvo-pastoral. Selon le point de vue de l’administration des Eaux et Forêts, la faiblesse principale des précédents plans fut une implication insuffisante des popu ations riveraines. Par le passé, la forêt faisait partie d’un vaste système incluant le où les troupeaux pâturaient une partie de l’année sur des jachères hors de la forêt. Actuellement celle-ci souffre d’un surpâturage excessif (un tiers du cheptel qui y pâture gratuitement ap artient à des « urbains »)et de la multiplication des coupes