La croise des destinee

La croise des destinee

Depuis la fin du Moyen Age, les rois de France n’ont cesse d’affirmer leur autorite. Le fonctionnement du regime qu’ils mettent en place, l’Ancien Regime, repose sur l’Eglise, le gouvernement par le roi, la division de la societe en trois ordres (le clerge, la noblesse et le tiers etat), et l’octroi de privileges a certains sujets. Contexte politique Au xviie siecle, trois rois se succedent sur le trone de France : • Henri IV (qui regne de 1589 a 1610) met fin aux guerres de Religion et ramene la paix dans le royaume de France en promulguant l’edit de Nantes en 1598, qui garantit la liberte de culte aux protestants.

Il annexe des territoires definissant les frontieres de la France, redresse le pays, affermit l’autorite royale et relance l’economie. • Louis XIII (qui regne de 1610 a 1643) affirme un etat fort et centralise. • Louis XIV regne pour sa part de 1643 a 1715. Durant son enfance, une grande revolte des princes secoue le royaume (la Fronde). Le souverain, surnomme le Roi-Soleil, decide de mettre en place un regime de toute puissance a partir de 1661 : l’absolutisme.

Il fait agrandir le chateau de Versailles ou il s’installe, accueille son immense cour

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(ce qui lui permet de surveiller les grands princes) et soutient le developpement des arts et des lettres. • Au debut du xviie siecle, le royaume de France est encore fractionne et desorganise, mais, au fil des decennies, le pays prospere et prend la forme qu’on lui connait aujourd’hui, grace a une politique de conquetes territoriales — telles les guerres de Hollande (1672-1679) et de la ligue d’Augsbourg (1688-1697) —, a une unite religieuse, et a une puissance royale incarnee par l’absolutisme de Louis XIV.

Contexte culturel Quelques avancees culturelles : • La codification de nombreuses regles d’ecriture. • La creation de l’Academie francaise (1634), de l’Academie des inscriptions et belles lettres (1663), de l’Academie des sciences (1666). • Le mecenat royal : octroi de pensions aux artistes et aux ecrivains beneficiant des faveurs du souverain. Etre ecrivain au xviie siecle : L’ecrivain du xviie siecle est le plus souvent issu de la bourgeoisie cultivee, cependant la noblesse fait son entree en litterature.

L’ecrivain s’adresse en premier lieu au lecteur aristocrate, mais elargit son lectorat, grace a la diffusion des ouvrages, a la petite bourgeoisie mais aussi au petit peuple grace a la litterature de colportage qui est diffusee dans les campagnes francaises par des marchands ambulants. Jusqu’au xviie siecle, l’ecrivain cede ses droits au libraire contre une somme forfaitaire ; le droit d’auteur n’existant pas, l’ecrivain ne peut donc vivre reellement de sa plume et percoit en general d’autres revenus (rentes, metier, pensions recues de mecenes).

Au xviie siecle, les liens entre l’ecrivain et le pouvoir royal se resserrent avec notamment les pensions royales mises en place par Jean-Baptiste Colbert apres 1650. Si ce systeme de protectorat lui assure une relative reconnaissance et legitimite dans la societe en tant qu’ecrivain (et lui offre une relative autonomie), il est cependant egalement un frein a certaines formes d’expression, puisqu’il agit comme censure car les « privileges du roi » peuvent cesser a tout moment.

Il faut remarquer que pour la plupart encore, la condition sociale d’ecrivain n’est pas reconnue comme une condition noble. Ainsi, des gens de cour comme Mme de La Fayette ou le duc de la Rochefoucauld publient leurs ouvrages anonymement, pour ne pas appartenir a la communaute de ceux que certains nomment avec un certain dedain les « Jean de lettres ». Les manuscrits et les brouillons de cette epoque sont souvent detruits par leurs auteurs afin d’effacer les hesitations et les balbutiements de leurs ecrits.

La copie que possede l’imprimeur est egalement detruite apres impression, seul reste l’ouvrage fini, imprime, parfait. La lettrine et la miniature sont par ailleurs detronees par la gravure sur bois et, pour les ouvrages prestigieux, par la gravure sur cuivre. La citation « Tout ecrivain, pour ecrire nettement, doit se mettre a la place de ses lecteurs. » (Jean de La Bruyere) La codification de la langue francaise Les rois Henri IV, Louis XIII et Louis XIV ont tous les trois participe a servir la langue francaise et a la promulguer au rang de langue internationale.

Alors que le xvie siecle l’a enrichie et glorifiee, le xviie la codifie, la normalise notamment grace a l’Academie francaise, au poete Francois Malherbe (« tyran des mots et des syllabes » qui cherche a fixer la langue francaise dans sa perfection), au grammairien Vaugelas qui fixe une norme, fondee sur le « bon usage » — celui de la cour, de la noblesse parisienne, et celui des « bons auteurs » — et condamne l’emploi des tournures archaiques, des termes triviaux, mais aussi le pedantisme de certains.

L’orthographe commence a etre fixee, et la Grammaire generale et raisonnee de Port Royal (1660) du janseniste Antoine Arnaud et de Claude Lancelot precise quant a elle les regles de base de la grammaire francaise. Trois dictionnaires marquent la fin du xviie siecle : • le Dictionnaire francais contenant les mots et les choses (1680) de Pierre Richelet. Destine a « l’honnete homme », ce dictionnaire puriste s’appuie sur des citations et sur le « bel usage » ; le Dictionnaire Universel, contenant generalement tous les mots francois tant vieux que modernes et les termes de toutes les Sciences et des Arts (1690) d’Antoine Furetiere qui presente « une infinite de choses » et s’appuie plus sur les idees et les choses que sur l’usage ; • le Dictionnaire de l’Academie francaise (1694) dont le but est de « rendre notre langue pure, eloquente ». Ce dictionnaire est exempt de citations et ne classe pas les mots par ordre alphabetique mais par radicaux pour lui donner un caractere davantage « savant ».

Il ne traite pas non plus des mots familiers, des termes techniques et de metier. Les salons litteraires Les premiers salons litteraires, rendez-vous mondains de Paris, se tiennent au xviie siecle et reunissent des personnalites de l’aristocratie, de la politique, des lettres et des arts pour des conversations litteraires, morales, galantes, scientifiques ou philosophiques. Vers 1613, Mme de Rambouillet, aristocrate cultivee et pleine d’esprit, se retire de la cour, selon elle trop brutale de m? urs et trop pauvre de pensee, afin de recevoir dans son salon les plus beaux et les plus delicats esprits du temps.

Suivant l’exemple de Mme de Rambouillet, de nombreuses dames du monde ouvrent leur salon, comme Mlle de Scudery, Mme de Sevigne et Mme de La Fayette. Les questions litteraires sont a l’honneur dans les salons : on pratique l’art de la conversation, on organise des concours de poesie ou on presente ses derniers ecrits. Cependant les salons dictent egalement la mode vestimentaire, participent a l’evolution de la langue francaise, et discutent des problemes de leur temps, politiques ou sociaux, notamment en defendant la place de la femme dans la societe.

La querelle des Anciens et des Modernes La querelle des Anciens et des Modernes reprend des 1670 un debat, deja agite au xvie siecle, qui oppose les imitateurs des Anciens a ceux qui pronent le rejet des modeles antiques et l’invention de formes modernes. Les Modernes (Perrault, Fontenelle, Corneille, etc. ) critiquent l’Antiquite parce qu’ils contestent le principe d’autorite, en raison du progres des techniques et des sciences, et en raison de l’ennui que les auteurs anciens peuvent susciter. Les Anciens (Boileau, Racine, Bossuet, La Bruyere, La Fontaine, Fenelon, etc. invoquent le genie des ecrivains antiques, d’Homere et de Virgile, pour expliquer qu’ils doivent rester des modeles dans la pratique des arts. Les courants litteraires du xviie siecle Le baroque En litterature, on designe par le terme de baroque (qui signifie « irregulier ») des ? uvres ecrites a la fin du xvie et au debut du xviie siecle. Inscrits dans la lignee de la Pleiade et de l’humanisme, les poemes baroques sont encore marques par l’influence de la Renaissance italienne, tant dans leur forme que dans leur thematique.

Ils sont caracterises par les themes de l’instable, de la metamorphose et de la reversibilite, de l’illusion et du travestissement, et par un style orne ostentatoire, accordant une large place aux artifices de la langue, aux figures de rhetorique, et en particulier a la metaphore. Les poetes baroques s’illustrent aussi bien dans des themes amoureux et galants, emailles de motifs pastoraux ou mythologiques, que dans la poesie officielle, celebrant les princes et le souverain.

Dans la veine religieuse, la poesie baroque est riche en sombres poemes de deploration et en compositions funebres qui proposent une vision fataliste et stoicienne de la vie et de la mort. Il existe egalement dans la litterature baroque des courants satirique, burlesque et parodique (le roman comique), heroicomique, voire bouffon et licencieux, qui s’opposent a l’esthetique idealiste, heroique et aristocratique imposee par la vogue des romans precieux.

C’est notamment par ces aspects realistes, erotiques et burlesques, que le courant de pensee appele libertinage, caracterise par un certains scepticisme, se manifeste. La preciosite Produit de certaines tendances baroques, la preciosite se developpe dans les salons parisiens au cours des annees 1620, avec pour centre incontestable l’hotel de Rambouillet, et perdure jusque dans les annees 1650, autour du salon de Mlle de Scudery.

Ce courant, qui a pour mission de contrer la grossierete de la cour d’Henri IV, est caracterise par la recherche d’une sophistication extreme (hyperboles, periphrases et « pointes » ou traits d’esprit) dans les paroles, les actions et plus particulierement le comportement amoureux et l’introspection. Il marque de son empreinte la litterature du siecle, tout en demeurant un phenomene specifiquement aristocratique, mondain et parisien. Les deux rincipaux romanciers precieux sont Honore d’Urfe (l’Astree) et Madeleine de Scudery qui, dans Clelie, definit a travers la celebre Carte du Tendre une sorte d’ideal du comportement amoureux. Le rationalisme Les principaux representants du courant rationaliste sont souvent tout a la fois des scientifiques et des philosophes ; c’est en effet dans la connaissance rationnelle plutot que dans les dogmes des religions revelees que ces hommes cherchent desormais une verite universelle et incontestable sur laquelle batir une connaissance et une ethique.

Rene Descartes, mathematicien, physicien et philosophe, incarne au mieux ce courant de pensee. Avec le Discours de la methode (1637), puis les Meditations metaphysiques (1641), ouvrages ecrits en francais, il jette les bases intellectuelles et morales de nouvelles certitudes. Contrairement a ce qui lui est reproche, il ne nie pas l’existence de Dieu : cependant, selon sa methode (le doute theorique et systematique), il ne pose pas Dieu avant toute autre chose, comme une verite absolue, mais l’evoque dans un second temps, pour apporter la preuve de son existence.

Si la pensee de Descartes scandalise tant certains de ses contemporains, c’est davantage parce qu’il propose une vision nouvelle du monde : chez lui, le centre de l’Univers n’est plus la figure divine, mais le sujet pensant du cogito (« Je pense, donc je suis »). Le classicisme En France, l’« epoque classique », alors appelee « atticisme » (« de qualite athenienne »), est la periode de creation litteraire et artistique correspondant a ce que Voltaire appelle « le siecle de Louis XIV » ; il s’agit essentiellement des annees 1660-1680, meme si la periode classique s’etend de fait jusqu’au siecle suivant.

La societe se codifie par la definition de l’ideal de l’« honnete homme ». Ce modele est systematise par l’ecrivain Nicolas Faret dans l’Honnete homme ou l’art de plaire a la cour (1630). Il pose les vertus heroiques de cet homme qui doit etre bon guerrier, bon amant, et dont la morale chretienne est sans faille. « L’honnete homme » est un courtisan soucieux de plaire au roi Louis XIV. C’est le triomphe du « bel esprit », mondain et frivole.

Les grands principes eriges a cette epoque ont pour nom imitation des Anciens et emprunts bibliques, regularite et maitrise de la forme, classification et epuration du lexique, codification des genres litteraires : le Beau classique va de pair avec le Vrai et le Bon, c’est-a-dire avec le Divin. Nicolas Boileau s’attache a normaliser l’art d’ecrire : son Art poetique (1674) fait la synthese des pratiques de la litterature classique, en developpant l’idee d’une poesie qui serait le fruit de l’inspiration divine, mais en soulignant la necessite du travail et de la discipline pour atteindre la perfection.

Sublime et pure, la poesie selon Boileau se situe dans un difficile equilibre ; aux yeux de ce « legislateur du Parnasse », seuls Corneille, Racine et Moliere trouvent grace. Les genres litteraires du xviie siecle La poesie Alors que le mot « poesie » designe depuis le Moyen Age une « piece de vers » et « l’art de faire des vers », il devient au xviie siecle un veritable genre et concerne egalement la poesie en prose et la « poesie dramatique » (les tragedies, par exemple, ecrites en alexandrins).

La poesie baroque, audacieuse et surprenante, a pour objet de seduire, d’etre eclatante, plus par l’habilete a manier les mots que par sa thematique. La poesie du debut du siecle se diversifie : burlesque, manieriste pastorale, mondaine. L’un des principaux renovateurs de la poesie francaise est Francois Malherbe, precurseur du classicisme, qui privilegie l’emploi d’un lexique « noble », et dicte la fin des archaismes et des mauvais usages.

S’opposant aux poetes de la Pleiade, qui l’ont influence a ses debuts et pour lesquels « l’invention » etait la premiere des vertus, Francois Malherbe defend une conception « artisanale » de la poesie, qui porte essentiellement sur la rigueur et la purete de la forme : il invite le poete a n’exprimer que des themes eternels, consideres comme autant de pretextes a un usage precautionneux des rimes et des rythmes, dont l’harmonie ne peut provenir que d’un ordonnancement parfait. Le theatre L’epanouissement du theatre, genre encore neglige au debut du iecle, doit beaucoup au cardinal de Richelieu, qui souhaite l’utiliser a des fins de propagande, notamment grace a la troupe royale de l’hotel de Bourgogne. La tragedie classique ne prend pas aussitot sa forme reguliere, mais grace aux encouragements des institutions, des auteurs se revelent dans des genres divers, notamment la tres prisee pastorale, qui situe une action sentimentale dans un cadre idyllique, et la tragi-comedie, qui s’impose peu a peu, a partir des annees 1630, avec surtout Pierre Corneille, qui en devient bientot le maitre.

L’epoque classique est quant a elle marquee par la tragedie de Racine et la comedie de Moliere. Desireux de susciter « terreur et pitie » a l’instar des Anciens, dans une perspective edifiante, selon le principe de la catharsis, Jean Racine met en ? uvre dans ses tragedies les forces obscures de la passion (passion amoureuse et ambition politique), donnee comme le principal vecteur d’un destin implacable.

Moliere s’inscrit quant a lui dans la tradition moraliste de son epoque en faisant de la comedie le lieu de denonciation des vices de son temps. En outre, il a su creer des types litteraires tres forts et inventer un langage dramatique inedit en melant la langue des aristocrates et le patois paysan, les situations les plus tragiques au comique farcesque elementaire et a la pantomime, etc. La tragedie est consideree comme le genre dramatique le plus noble.

Elle se conforme aux regles enoncees par Aristote dans sa Poetique : l’unite d’action, l’unite de lieu et l’unite de temps. Le recit Le roman est considere au xviie siecle comme un genre mineur ; cependant, il beneficie de plus en plus de lecteurs, notamment de femmes, et se diversifie : roman pastoral, heroique, precieux, comique, realiste et burlesque, mondain, epistolaire, psychologique, utopique, exotique, etc.

Le roman est considere comme un espace de liberte : « dans un roman frivole aisement tout s’excuse », ecrit Nicolas Boileau. Romans fleuve (l’Astree compte 5 000 pages), invraisemblance, intrusion du merveilleux, de l’excessif, du spectaculaire, exuberance, multiplication des figures de styles, des histoires enchassees… sont les maitres mots du debut du xviie siecle, tandis que le roman classique s’assagit et prone la moderation dans le style : naturel, sobriete, ordre, etc.

Des 1660, le recit se condense et voit emerger les « petits romans » ou les nouvelles puis a la toute fin du siecle, le conte de fees. La prose d’idee Au cours du xviie siecle, la prose se fait egalement philosophique, pedagogique, historique, scientifique, polemique, moraliste, epistoliere, etc. De nouveaux genres sont au gout du jour : les lettres, les maximes, les portraits, etc. Voir aussi Petit recapitulatif : la litterature au xviie siecle Microsoft ® Encarta ® 2008. © 1993-2007 Microsoft Corporation. Tous droits reserves.