La conscience

La conscience

Definition de la conscience: Commencons avec un peu d’etymologie. Le mot francais conscience vient du latin conscientia qui est forme de cum qui signifie « avec », et de scientia pour « science ». Etre conscient lorsque nous agissons, eprouvons quelque chose, reflechissons, etc. c’est ainsi posseder simultanement une connaissance de ces actes, sensations, reflexions. Cette connaissance peut avoir tous les degres de clarte, depuis le sentiment le plus vague jusqu’au savoir le plus evident. La conscience est donc comme un redoublement a l’interieur de nous-memes de ce que nous faisons ou pensons.

Il devient ainsi clair que la distinction que nous faisons communement entre une conscience du monde, comme attention ou sensibilite a ce qui se passe en dehors de nous, et une conscience de soi ou conscience reflexive, comme etat interieur ou sentiment de notre existence, n’est pas reellement pertinente car la philosophie nous apprend que la conscience que nous avons de nous-memes est toujours conscience de nos rapports au monde, de nos relations avec les autres etres, les autres personnes, etc.

Cela ne signifie cependant pas que la conscience soit un concept univoque qui aurait eu un noyau de signification partagee par tous les philosophes. Tout au contraire, il y a une distinction tres

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nette (que l’on retrouve dans notre langage ordinaire) dans l’histoire de la philosophie entre la conscience concue comme « conscience morale », permettant de distinguer le bien du mal et ayant un but principalement pratique, et la conscience comme source de connaissance de soi et du monde et ayant un but principalement theorique. 1. Conscience morale, conscience psychologique

Le terme « conscience » peut sembler simple, car il est d’un usage courant : prendre conscience d’une situation, reagir en toute conscience, perdre conscience, avoir bonne ou mauvaise conscience, etc. Ces expressions revelent pourtant la polysemie du mot, ou convergent deux acceptions : l’une est morale (affirmee des Socrate, qui evoque volontiers le « demon » l’invitant a telle ou telle conduite), l’autre est psychologique. La conscience morale implique la presence, en chacun, de valeurs qui l’aident a definir ce qui lui parait bien ou mal.

Elle debouche donc sur une question relative a l’origine de ces valeurs : me sont-elles fournies par une autorite exterieure (la famille, la societe, ou Dieu) ? ou est-ce moi qui les decouvre ou les invente ? Quant a la conscience psychologique, elle peut a son tour se comprendre selon deux dimensions : d’une part, elle double chacun de mes actes d’un savoir le concernant (je suis conscient de ce que je vois en meme temps que de voir). D’autre part, elle constitue le sentiment d’etre un moi singulier : le sujet s’affirme en s’opposant a tout ce qui n’est pas lui-meme.

La notion de conscience est en general utilisee pour qualifier les hommes, a la difference des autres etres vivants, et meme des animaux. La conscience serait donc un attribut specifiquement humain, qui contribuerait a en faire un etre a part au sein de la nature, qui en ferait un etre, sans doute, capable de s’arracher au regne du naturel. Mais qu’est-ce exactement que la conscience ? On l’emploie d’une facon finalement assez vague, car on dit souvent que l’homme est aussi l’etre doue de penser, de raison, d’un esprit.

La conscience serait-elle alors l’une des facultes de notre esprit ? La conscience serait-elle l’esprit en son entier ? Avoir conscience de quelque chose, est-ce penser cette chose ? Si l’on prend l’etymologie du mot, cf. « cum-scire », il semble que l’on doive repondre que la conscience est une forme de savoir. Mais alors quelles sont ses caracteristiques ? A-t-elle un objet particulier ? A quoi se rapporte-t-elle ? Et cette forme de savoir est-elle vraiment inaccessible aux autres etres vivants ? La conscience psychologique est un simple temoin, la conscience morale est un juge.

Tandis que la conscience psychologique est une lumiere qui constate ce qui est la conscience morale est comme une « voix » interieure qui prescrit ce que nous devons faire. La conscience psychologique revele ce qui est, la conscience morale ordonne ce qui doit etre (avant d’agir, ses jugements se presentent a nous sous la forme d’une exigence, d’un scrupule; apres l’action, ils se traduisent par un sentiment de satisfaction ou de remords). III. Toutefois la conscience psychologique et la conscience morale ne sont pas sans relations.

En realite, si le probleme moral se pose pour l’homme, c’est d’abord parce qu’il a une conscience au sens psychologique du mot. L’animal n’a pas, semble-t-il, de conscience psychologique (tout au plus une conscience tres confuse) parce que, a toutes les situations que le milieu lui propose, il trouve une reponse toute faite dans ses reflexes innes ou dans les automatismes du dressage. Au niveau humain, au contraire, entre la situation donnee et le comportement qui suivra, il y a comme une lacune, le temps d’une hesitation, d’une reflexion – et cette lacune c’est en quelque sorte la conscience psychologique.

Prendre conscience de nos actes, c’est prendre un certain recul sur nos actes qui nous permet de concevoir d’autres actes possibles. Avoir conscience (au sens psychologique), c’est ne pas rester prisonnier du present et du reel, c’est concevoir l’avenir qui pourra etre, le passe qui a ete ou celui qui aurait pu etre. On peut, en s’aidant d’analyses extremement celebres de grands philosophes, montrer que la conscience est a la racine de l’effort, du choix, de la synthese mentale. Pour Bergson, « conscience signifie choix ».

Dans le monde animal sans conscience (ou a conscience tres obscure), l’action se trouve declenchee automatiquement par les stimuli. « La conscience morale n’est pas quelque chose que l’on soit susceptible d’acquerir, et il n’y a pas de devoir ordonnant de se procurer cette conscience; mais tout homme, en tant qu’etre moral, possede en lui, originairement, une telle conscience. » « La conscience morale est la raison pratique representant a l’etre humain son devoir dans chaque cas ou intervient une loi, que ce soit pour l’acquitter ou pour le condamner. »Kant,