La colonisation

La colonisation

L’emancipation des colonies et l’affirmation politique du tiers monde Depuis la fin du XVIIIeme siecle, les europeens, qui dominaient le monde, se partageaient des territoires immenses (l’Afrique par exemple). Cependant, au XXeme siecle, cette domination devient de plus en plus difficile a maintenir. La guerre de 1914-1918 est a l’origine du premier ebranlement des empires coloniaux, mais apres 1918, les puissances coloniales ont elude la question et repondu aux aspirations nationales par une repression accrue. La deuxieme Guerre Mondiale va precipiter l’eclatement des territoires conquis.

Quelles furent les causes et les circonstances de l’effondrement des empires coloniaux ? L’independance ineluctable de ces territoires s’est-elle traduite par une reelle autonomie economique et ideologique ? I. Les causes de l’effondrement des empires coloniaux A. L’Affaiblissement des metropoles 1) Le choc des deux guerres mondiales sur les puissances coloniales La 2nde Guerre Mondiale a elargi les fissures dans les empires coloniaux. En Asie, le Japon a balaye « l’imperialisme blanc » et a presente son occupation comme une revanche des peuples de couleurs sur les Blancs.

Les grandes puissances coloniales europeennes (France, Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique) ne sont sorties de la guerre du cote des vainqueurs que grace aux Etats-Unis ou l’URSS. Et pendant la guerre, le Royaume-Uni et

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la France ont multiplie les promesses pour gagner l’appui necessaires des colonies. Pour rallier l’Afrique Noire toute entiere a la France Libre, De Gaulle, dans son discours de Brazzaville, en 1944, sans aller jusqu’a promettre l’independance, annonce une participation des colonies a la marche des affaires. A partir de 1945, les colonies reclament donc cette emancipation qu’on leur a laisse entrevoir. ) Les metropoles n’ont plus les moyens d’entretenir un empire colonial L’Europe sort ruinee de la Guerre. Les metropoles ne maintiennent que difficilement l’emprise sur leurs colonies. La domination par la force devient aussi un probleme dans le sens ou les metropoles n’ont plus les moyens d’entretenir des corps expeditionnaires partout, excepte dans les villes principales et les points strategiques. Ils ne peuvent donc plus tenir la totalite des pays. Or ces expeditions lointaines coutent cher et grevent les budgets et freinent la reconstruction economique des metropoles au lendemain de la guerre.

Il est a noter que les pays qui ont connu la plus forte croissance economique apres la guerre sont l’Allemagne, l’Italie et le Japon qui justement n’ont pas la charge d’un empire colonial. La forte croissance de l’economie francaise ne survient qu’a partir de 1962, apres la crise algerienne. L’opinion publique des metropoles elles-memes evolue tres rapidement en faveur de la decolonisation. Si ce n’est un soutien a l’evolution des colonies vers l’independance, c’est au moins le desir de voir se terminer certaines guerres comme celles d’Indochine ou ’Algerie ou beaucoup de familles risquent de voir leurs enfants tues aux combats. Le Royaume-Uni, avec les travaillistes au pouvoir a partir de 1945, accepte plus facilement la transformation de certaines colonies en dominions dans le cadre du Commonwealth deja cree. La France, avec sa vieille tradition centralisatrice, est tres attachee a l’idee de la Republique indivisible. L’evolution vers l’emancipation des colonies est donc beaucoup plus difficile. B. La lutte des colonies pour l’independance 1) L’impact de l’exploitation coloniale

La colonisation, sous couvert d’apporter la civilisation et le progres, a d’abord ete une vaste entreprise d’exploitation economique au profit des metropoles. Elle a detruit le systeme traditionnel de l’economie de subsistance en remplacant la plupart des cultures vivrieres par des plantation de cultures destinees a l’exportation. Elle a suscite l’explosion demographique par la mise en ? uvre de politiques sanitaires et medicales sans qu’il y ait en meme temps politique de developpement economique global du pays. Les autochtones se sont tres vite sentis exploites, servant a enrichir les metropoles quand eux-memes s’appauvrissaient.

Ce sentiment suscite donc une hostilite de plus en plus grande, poussant ces populations a la resistance. Les cadres traditionnels des communautes villageoises ont ete ebranles par la colonisation, tandis que naissait au contact du capitalisme colonial une bourgeoisie indigene plus ou moins riche, avide de culture europeenne et de pouvoir. Ce double phenomene de pauperisation et d’embourgeoisement a ete facilite par le developpement de l’urbanisation qui a souvent ete tres rapide. La ville de Calcutta, par exemple, n’existait pas au XVIIIeme siecle. Aujourd’hui, c’est une des plus grandes villes du monde.

Au sein de cette bourgeoisie est apparue une intelligentsia qui a adapte les ideologies occidentales (nationalisme, marxisme) qui allaient lui permettre de conduire les mouvements de liberation, par des guerres revolutionnaires si necessaires. 2) Les mouvements nationalistes Ils se sont souvent deja manifestes dans l’entre-deux-guerres, sans reellement inquieter les metropoles. Ces mouvements ont d’ailleurs ete inspires par l’histoire europeenne elle-meme. N’oublions pas qu’en 1918, c’est au nom des droits des peuples a disposer d’eux-memes que se disloque l’empire austro-hongrois.

De la la naissance des Etats d’Europe centrale. Ainsi, les peuples coloniaux, accedant a la conscience politique, se retournent-ils contre le colonisateur en utilisant les propres principes du colonisateur lui-meme ! Le nationalisme est parfois renforce par un ideal revolutionnaire. Depuis le Congres de Bakou en 1920, le Komintern (IIIeme Internationale Socialiste) soutient l’emancipation des peuples colonises. Le prestige de l’URSS apres 1945, l’extension du socialisme a d’autres pays, et les solidarites qui unissent les EU aux colonisateurs europeens, contribuent a rapprocher communistes et nationalistes.

En Indochine, la France doit affronter un mouvement dirige par le communiste, Ho Chi Minh, soutenu par l’URSS et, a partir de 1949, par la Chine Populaire. Le communisme international, dans le contexte de la Guerre Froide, a d’ailleurs interet a aider des mouvements qui affaiblissent et destabilisent les puissances europeennes. Mais il ne faut pas generaliser, tous les mouvements nationalistes ne sont pas d’obedience communiste. Dans les pays islamiques par exemple, ils s’appuient tres souvent sur une revendication d’identite religieuse et ses animateurs sont a la fois des chefs politiques et religieux (voir le sultan du Maroc par exemple).

C. L’opinion internationale 1) Le contexte international, apres 1945, est favorable a la decolonisation La Charte de l’Atlantique de 1941, ou Roosevelt et Churchill jette les bases d’un nouvel ordre mondial, rappelle le principe des peuples a disposer d’eux-memes. Ce principe est repris dans la Charte des Nations Unies en 45, puis par la Declaration Universelle des Droits de l’Homme en 48. L’ONU devient donc la tribune internationale de soutien a la decolonisation. L’URSS et les EUA soutiennent tous les deux la decolonisation.

L’URSS par principe, et les EUA d’une maniere plus nuancee. C’est a travers le Kominform qu’agit l’URSS. Quant aux EUA, ils n’ont pas oublie qu’ils ont ete la premiere colonie de l’histoire a avoir conquis leur independance. En 1948 d’ailleurs, leur unique colonie (les Philippines) accede a l’independance, ce qui leur donne bonne conscience. Avec la Guerre Froide, les peuples colonises essaient de profiter de l’antagonisme entre les deux blocs. Ainsi, les EUA, par peur d’une propagation du communisme, soutiennent-ils a l’ONU la plupart des mouvements d’emancipation.

Il est a noter enfin qu’au fur et a mesure que les colonies accedent a l’independance se forme un troisieme bloc, le Tiers Monde, plus ou moins neutraliste, plaidant en faveur de l’emancipation des peuples encore colonises. En 1955, a la Conference de Bandoeng, ce bloc neutraliste proclame sa solidarite avec les pays encore domines, et condamne fermement le colonialisme. Si au XIXeme siecle les colonisateurs avaient bonne conscience, certains d’apporter progres et civilisation, au milieu du XXeme siecle, la colonisation apparait de plus en plus comme une entreprise illegitime de domination et d’exploitation.

Les pays colonisateur encourent donc de plus en plus la reprobation internationale. 2) Les autorites morales condamnent egalement la colonisation Il n’y a guere de grands intellectuels pour la defendre. Beaucoup, au contraire la condamnent (voir la preface de J. P. Sartre au livre de Franz Fanon, Les Damnes de la Terre). L’Eglise catholique, avec beaucoup de prudence, prone une necessaire evolution conforme a son universalisme. Elle a d’ailleurs, beaucoup mieux que les autorites politiques et civiles, encourage la formation de clerge indigene et autochtone. Quant a la Commission des

Eglises Protestantes pour les Affaires Internationales, elle se prononce des 1946 en faveur de l’emancipation des colonies. Il depend donc de l’habilite des metropoles d’accepter une evolution inevitable, afin de voir leurs colonies s’emanciper, soit par la lutte, soit par la negociation. II. Les chemins d’acces a l’independance A. L’independance par la force 1) La Guerre d’Indochine Pendant l’occupation japonaise, des nationalistes indochinois ont constitue la Ligue pour l’Independance du Vietnam ou Vietminh, dominee par les communistes d’Ho Chi Minh. Durant la guerre, ils menent la resistance contre les japonais.

Puis, en 1945, le 2 septembre, le Vietminh proclame l’independance de la Republique democratique du Vietnam, avec un gouvernement provisoire dirige par Ho Chi Minh. Mais des le mois de septembre 1945, la France, l’ancienne puissance coloniale, se reinstalle et s’empare de Saigon, au moment ou le Vietminh instaure le suffrage universel, pour l’election d’une Assemblee Nationale et ou Ho Chi Minh devient President de la jeune Republique. Ce dernier reussit meme a signer, en mars 1946, un accord ou la France reconnait cette independance, mais dans le cadre de l’Union Francaise, nee de la nouvelle Constitution.

C’est l’epoque ou la France possede encore un gouvernement d’union nationale de toutes les forces qui ont lutte contre les occupants nazis et le regime collaborationniste de Vichy. Mais deux regions de l’Indochine (la Cochinchine et le Cambodge) refusent d’etre soumises a un regime communiste, alors que pour Ho Chi Minh, le nouveau Vietnam ne peut etre que toute l’ancienne Indochine francaise. En septembre 1946, dans un contexte de tensions internationales de plus en plus tendues, Ho Chi Minh se rend a une conference a Fontainebleau pour resoudre le probleme.

Mais, avant meme l’echec de la reunion, du aux positions intransigeantes de part et d’autre, les troupes francaises bombardent Haiphong au Tonkin. Des la mois de decembre, la guerre s’amplifie pour durer jusqu’en 1954 : 8 longues annees ! Pourquoi donc cette guerre alors que la France doit panser ses plaies ? 1 – Les milieux coloniaux francais y ont pousse (hauts fonctionnaires, militaires, grands negociants). 2 – Des considerations de prestige ont joue : ne pas capituler, ni pratiquer une politique d’abandon prejudiciable au reste de l’empire. – Les autorites francaises ont sous-estime les capacites de l’adversaire : gagner une guerre de liberation nationale, cela ne s’est encore jamais vu. 4 – Parce que l’adversaire est communiste (alignement rapide sur la position des EUA : politique du containment). Jusqu’a la fin des annees 40, le Vietminh mene essentiellement des actions de guerilla avec l’appui des populations locales. Mais, a partir de 1950, avec l’appui de la Chine de Mao et de Moscou, le Vietminh lance de grandes offensives qui conduisent inexorablement a la defaite francaise de Dien Bien Phu, en mai 1954.

Pierre Mendes France, alors chef du gouvernement et qui s’etait toujours montre hostile a cette guerre conclut les Accords de Geneve (1954). Ces accords prevoient une separation provisoire du Vietnam en deux de part et d’autre du 17eme parallele de latitude nord, jusqu’a des elections prevues dans un delai de deux ans. Le Laos et le Cambodge deviennent deux Etats independants. Mais le Vietnam du Nord et le Vietnam du Sud deviennent un enjeu de Guerre froide et les EUA prennent tres vite le relais des francais. Le probleme est donc loin d’etre resolu. ) Le Kenya et l’Indonesie Durant la guerre d’Indochine, deux autres Etats conquierent par les armes leur independance : le Kenya en Afrique de l’est, et l’Indonesie en Asie du sud-est. Il est a noter tout de suite que les combats y ont ete beaucoup moins meurtriers qu’en Indochine. En 1952, au Kenya, les britanniques doivent affronter, la rebellion de la tribu des Mau-Mau qui veulent reprendre aux colons britanniques les meilleures terres que les anglais ont accaparees. Ceux-ci repondent aux attaques des rebelles par des campagnes de pacification !

Les tres longues negociations avec le chef de la rebellion, Jomo Kenyatta, met un terme a la tuerie en 1954, mais le Kenya n’obtient reellement son independance qu’en 1963 ! En Indonesie, Ahmed Soekarno (1901-1970), leader du Parti National Indonesien cree en 1928 et dont les principes de lutte nationale sont : foi en Dieu, amour de l’humanite, nationalisme et democratie, proclame l’independance le 17 aout 1945. Mais les Pays-Bas esperent restaurer leur souverainete sur les Indes Neerlandaises. Entre 1947 et 1948 de tres nombreux affrontements ont lieu.

Mais en 1949, devant les difficultes rencontrees, les hollandais acceptent l’ouverture de negociations. La Conference de la Table Ronde de La Haye debouche, fin 49, sur la reconnaissance par les Pays-Bas de la creation des Etats-Unis d’Indonesie dans le cadre de l’Union neerlandaise. Mais en 1950-1952, les Pays-Bas soutiennent le secession de la Republique des Moluques. Soekarno impose alors un Etat centralise et unitaire. En 1956, l’Union neerlandaise est dissoute. Finalement, en 1957, les derniers ressortissants neerlandais sont expulses et leurs biens confisques. 3) La guerre d’Algerie

Alors que la Tunisie et le Maroc accedent a l’independance par la negociation, l’Algerie y parvient apres une guerre de pres de 8 ans. L’Algerie depuis la colonisation, est consideree comme faisant partie integrante du territoire national francais. Elle forme trois departements francais de l’autre cote de la Mer Mediterranee. Elle est peuplee de 10 millions d’habitants, sur lesquels on compte un million de francais de souche, les pieds-noirs, parmi lesquels se trouvent 25 000 gros colons, tres influents dans l’administration francaise en Algerie, et tres hostiles a une Algerie musulmane et independante.

Plus d’un siecle de colonisation a detruit en Algerie tous les cadres politiques locaux sans jamais les avoir remplacer. La France ne reconnait donc aucun representants legitimes du peuple algerien. Il n’y a donc personne avec qui pouvoir negocier. Les algeriens n’ont donc pour se faire entendre que le recours a la rebellion. C’est le Front de Liberation Nationale, dirige par Ahmed Ben Bella refugie au Caire (Nasser est au pouvoir en Egypte), qui lance la rebellion le 1er novembre 1954. Se developpent alors des actions de guerilla et de terrorisme menees par les fellaghas dans les campagnes, puis dans les villes.

Le FLN soutenus par les pays arabes recoit aussi l’appui de l’URSS. En Algerie, la France repete les memes erreurs qu’en Indochine : ne pas comprendre le sens de la rebellion, croire que la masse du peuple algerien est en faveur de la France, croire que l’ecrasement de la rebellion sera rapide. La France s’engage donc dans une politique de repression croissante par l’envoi de moyens et de soldats toujours plus nombreux dans le but officiel de maintenir l’ordre. En 1956, les elections legislatives se font sur la question algerienne et les partisans de la paix l’emportent.

Guy Mollet, nouveau chef du gouvernement, tente alors de mettre en ? uvre sa politique cessez-le-feu, elections, negociations. Mais sous la pression et l’hostilite des pieds-noirs, il se voit obliger de renforcer la presence du contingent militaire francais sur le terrain afin d’intensifier la pacification. Bien plus encore, les pieds-noirs et l’armee francaise d’Algerie estiment insuffisant l’engagement et la determination de la France. Finalement, le 13 mai 1958, eclate l’insurrection d’Alger, avec le soutien d’une minorite de l’armee francaise d’Algerie.

Tous ces evenement, d’une extreme gravite, conduisent a l’effondrement de la IVeme Republique et au retour au pouvoir du general De Gaulle. Au depart, De Gaulle ne semble pas avoir considere l’independance comme inevitable. Il essaie deux nouvelles politiques : La Paix des Braves (pardon politique a tous) et La Troisieme Force (le juste milieu entre les extremes : pieds-noirs et FLN). Mais, face au pourrissement de la situation, il ne voit tres rapidement d’autre solution que la negociation avec la FLN qui, en 1958, se transforme en G. P. R. A. (Gouvernement Provisoire de la Republique Algerienne).

Pour De Gaulle, la negociation apparait la seule issue face aux attaques contre la France a l’ONU, mais aussi du fait de la perte de prestige aupres des pays du Tiers Monde, alors que De Gaulle cherche au contraire a redonner une place importante a la France dans le monde. L’evolution de l’Algerie vers l’independance par la negociation est toutefois retardee par l’opposition farouche des pieds-noirs (revolte des barricades en janvier 1960 a Alger), mais surtout de l’armee qui, en avril 1961, tente un coup d’Etat : le putsch des generaux (Salan, Challe, Jouhaud, Zeller, le fameux quarteron de generaux).

De cette double opposition surgit bientot l’O. A. S. (Organisation de l’Armee Secrete) qui tente a plusieurs reprises d’assassiner De Gaulle. Les negociations aboutissent enfin, le 12 mars 1962, a la signature des Accords d’Evian : Algerie independante (Sahara compris), avec referendum en France et en Algerie. 800 000 pieds-noirs quittent alors l’Algerie pour la France metropolitaine, alors que la situation militaire etait maitrisee par l’armee francaise. La guerre a fait entre 600 000 et un million de victimes. Ce fut la plus cruelle des guerres de decolonisation. B.

L’independance par la negociation 1) L’Inde et les autres colonies britanniques a – L’independance de l’Inde et la partition de l’Union Indienne Pendant la 2nde Guerre Mondiale, 2. 5 millions de soldats de l’Union Indienne combattent aux cotes des britanniques ; ceux-ci, promettent l’independance a la fin des hostilites. Il existe dans le joyau de la couronne britannique deux partis politiques rivaux : le Parti du Congres avec a sa tete Mohandas Karamchand GANDHI et Jawaharlal NEHRU, groupant la majorite des hindouistes ; et la Ligue Musulmane de Mohammed Jinnah, minoritaire et separatiste.

Des 1946, de tres violents affrontements ont lieu entre Hindouistes et Musulmans, alors que les anglais annoncent le retrait de leurs propres troupes pour juin 1948. Face a cette haine entre les communautes religieuses, le RU preconise la partition de l’Union Indienne en deux territoires : l’Inde et le Pakistan. Nehru, oppose a ce projet dans un premier temps, s’y rallie finalement et c’est ainsi que le 15 aout 1947 naissent deux nouveaux pays : l’Inde et le Pakistan. L’Inde est hindouiste. Quant au Pakistan musulman, il est forme de deux territoires situes a l’est et a l’ouest de l’Inde septentrionale, separes par pres de 2000Km.

La formation de ces territoires entrainent d’enormes transferts de population. Plus de 15 millions de personnes sont deplacees dans un sens ou dans l’autre. Mais, des 1947, un premier conflit arme oppose les deux pays a propos du Cachemire qui fut rattache a l’Inde bien que peuple en majorite de musulmans. Un second conflit eclate en 1965 qui se regle grace a la mediation de l’ONU, intervenue a l’initiative de l’URSS. La region est encore troublee en 1971 par un conflit qui oppose les deux Pakistan.

Le Pakistan oriental se revolte contre le Pakistan occidental, et avec l’appui de l’Inde et de l’URSS se proclame independant sous le nom de Bangladesh. La Chine, alliee du Pakistan occidental et en mauvais termes avec l’Inde et l’URSS pour des problemes frontaliers, s’oppose jusqu’en 1974 a l’entree du Bangladesh a l’Assemblee Generale des Nations Unies. Finalement la partition britannique de l’Union Indienne a abouti a la formation de trois Etats. b – Les autres colonies britanniques En Asie, l’evolution des autres colonies britanniques se fait sans trop de heurts.

Birmanie et Ceylan en 1948, Malaisie en 1957. Comme l’Inde et le Pakistan, tous ces pays restent membres du Commonwealth, qui permet au RU de preserver en grande partie ses interets economiques, notamment dans les domaines de l’industrie du caoutchouc, de l’etain, des banques, des assurances et d’une maniere generale du commerce. En Afrique, le Ghana est le premier pays a acceder a l’independance en 1957, et c’est dans la capitale ghaneenne qu’a lieu l’annee suivante la Conference d’Accra. Elle reunit les representants d’une dizaine de colonies africaines et proclame le droit a l’independance en Afrique.

En Afrique, comme en Asie, le gouvernement travailliste de Clement Attlee (1945-1951) reconnait a tous les peuples dependant de la couronne britannique, le droit a l’autodetermination, tout en cherchant a renforcer le Commonwealth. Ainsi, les territoires africains passent-ils du statut de colonies de la couronne administrees directement par le RU, a celui de colonies a gouvernement responsable pourvues d’une Assemblee elue, puis a celui de colonies a self-government, dernier stade avant l’independance totale, si possible dans le cadre du Commonwealth.

Le but des britanniques n’est pas tant de perdre une colonie que de gagner un membre du Commonwealth. Autres cas particuliers : Le Nigeria : il accede a l’independance en 1960, dans un cadre federal. En 1967, la province orientale du Biafra, riche en petrole, tente de faire secession ; les autorites nigerianes pratiquent alors un blocus total du Biafra, le reduisant a la famine. En Janvier 1970, le Biafra capitule sans condition. La Rhodesie : en 1965, Jan Smith proclame de maniere unilaterale l’independance et en 1970, rompt ses relations avec le RU, mettant en place un regime d’apartheid calque sur le modele sud-africain.

En 1971, le RU reconnait l’independance de la Rhodesie. Le regime segregationniste et raciste dure 10 ans. Durant cette periode se developpe une guerilla noire qui finalement l’emporte en 1980, date a laquelle les noirs s’emparent du pouvoir, chassent les blancs et proclament la fondation du Zimbabwe. L’Afrique du Sud : plutot que de renoncer a l’Apartheid, elle prefere quitter le Commonwealth en 1961. La lutte des noirs a finalement triomphe en 1994, avec l’election de Nelson Mandela comme president de la Republique (il a passe 24 ans de sa vie en prison de 1966 a 1990).

Entre 1962 et 1966, la plupart des autres colonies britanniques accedent a l’independance : Tanzanie, Ouganda, Kenya, Zambie, Malawi, Lesotho. 2) La decolonisation francaise en Afrique (Algerie exclue) a – Les cas du Maroc et de la Tunisie Ce sont deux protectorats, la Tunisie depuis 1881 et le Maroc depuis 1911. Ils conservent donc l’apparence d’un gouvernement autonome avec leurs chefs traditionnels, le Bey de Tunis et le Sultan du Maroc. Mais en fait, le pouvoir reel appartient au Resident General qui represente la France. Apres la 2nde Guerre Mondiale, la France cherche a differer l’evolution vers l’independance.

Celle-ci est revendiquee par des mouvements nationalistes : en Tunisie, le parti du Neo Destour fonde en 1934 par Habib Bourguiba, et le parti de l’Istiqlal, au Maroc, fonde en 1944 par Mohammed Ben Youssef (Mohammed V). Ces mouvements s’opposent a la domination francaise par des greves et des actions terroristes. En 1950, Bourguiba est emprisonne. En 1953, c’est au tour du Sultan du Maroc a etre exile a Madagascar. Avec l’arrivee de Pierre Mendes France au gouvernement en 1954, des negociations sont engagees avec les nationalistes marocains.

Elles aboutissent a la signature des Accords de La Celle-Saint-Cloud qui reconnaissent l’independance du Maroc, proclamee le 2 mars 1956. Des 1954, le gouvernement Mendes-France accorde l’autonomie interne a la Tunisie qui proclame son independance le 20 mars 1956. Dans ces deux pays, la communaute francaise n’etait pas aussi importante qu’en Algerie, mais la plupart des francais regagnent la metropole. La cooperation de la Tunisie et du Maroc avec la France est difficile apres 1956, en raison du soutien qu’ils apportent a la cause algerienne. b – L’Afrique Noire Francophone

Elle Accede a l’independance sans trop de heurts : A. O. F. , A. E. F. et Madagascar. Depuis 1946, les colonies francaises d’Afrique Noire font partie de l’Union Francaise, dans laquelle elles sont considerees comme des territoires d’outre-mer. Quelques deputes africains siegent au Parlement francais, mais l’administration coloniale directe reste en place, ce qui ne satisfait guere les mouvements nationalistes qui, meme moderes, sont durement reprimes, comme a Madagascar en 1947. L’evolution s’accelere a partir de 1956 avec la Loi Cadre de Gaston Deferre, ministre de la France ’outre-mer sous le gouvernement Guy Mollet. Cette loi prevoit la mise en place d’une Assemblee elue au suffrage universel dans chaque territoire, ainsi que d’un Conseil de gouvernement souverain dans certains domaines techniques. L’application de cette nouvelle loi permet le developpement d’une vie politique dans la plupart des territoires, des partis politiques s’organisent et apparaissent des leaders. Avec l’arrivee de De Gaulle au Pouvoir en 1958, L’Union Francaise se transforme en Communaute Francaise suivant la nouvelle Constitution.

Cette derniere ouvre la voie a l’independance immediate : il suffit que les colonies votent NON au referendum organise le 28 septembre 1958, en refusant d’entrer dans la communaute proposee. Toutes les colonies optent pour l’adhesion a la Communaute sauf la Guinee Conakry qui devient aussitot independante. Mais en 1960, le Senegal demande l’independance qui lui est accordee. A partir de la, les autres colonies en font de meme. Tous ces nouveaux Etats maintiennent des liens de cooperation avec la France. Reste seulement Djibouti, qui accede a l’independance en 1977.

III. Le tiers monde dans les relations internationales A. La tentative d’organisation politique du Tiers Monde 1) Le Mouvement des Non-Alignes a – La Conference de Bandoeng de 1955 Le Mouvement des Non-Alignes nait pendant la Guerre Froide. Le Tiers Monde grandissant prend peu a peu conscience de lui-meme. D’abord en Asie du Sud-est ou se trouvent les premiers pays a acceder a l’independance (Inde, Pakistan, Ceylan -Sri Lanka-, Birmanie –Myanmar-, Indonesie). La guerre d’Indochine entretient dans cette region du monde une solidarite anti-imperialiste.

A la Conference de Bandoeng convoquee par ces 5 pays asiatiques participent 29 Etats afro-asiatiques. Le mouvement est domine par Nehru, Nasser, Halie Selassie, Soekarno. Tito est la aussi en tant qu’observateur. La conference condamne la colonialisme, mais aussi la politique des blocs. Aucune organisation internationales n’est creee a Bandoeng. b – La Conference de Belgrade de 1961 C’est la premiere reelle conference des non-alignes. A l’initiative de Tito et de Nehru y est defini le concept de neutralisme. Les signataires de la Conference declarent ? vrer pour la coexistence pacifique, soutenir les mouvements de liberation nationale comme le FLN algerien, n’appartenir a aucune alliance et refuser toute base militaire etrangere sur leur territoire. Mais assez rapidement le mouvement des non-alignes prend un caractere ambigu. En effet, le mouvement des non-alignes n’est plus uniquement un groupement d’anciennes colonies (presence de la Yougoslavie), et surtout certains pays membres sont tout a fait communistes (Yougoslavie, Cuba, Vietnam). Son caractere neutraliste devient donc pour le moins suspect. ) L’Ambiguite du mouvement des non-alignes L’entree de pays comme Cuba ou le Nord-Vietnam compromet de plus en plus le projet initial de neutralisme. Cuba, en effet, preconise l’alliance naturelle avec le camp socialiste. Le Nord-Vietnam est a cette epoque en guerre contre les EUA, alors que Cuba est nettement aligne sur l’URSS. La Conference des non-alignes, apres celles du Caire en 1964, et d’Alger en 1973, se tient a La Havane en 1979, et Fidel Castro en devient meme le President ! Si bien que ce neutralisme un peu… trop pro-sovietique devient tres suspect.

Aujourd’hui, le mouvement des non-alignes regroupe plus de 110 pays et se veut le porte-parole des problemes des pays sous-developpes. A l’antagonisme Est/Ouest, le mouvement a tente de substituer l’antagonisme Nord/Sud. Mais trop souvent, le mouvement tombe dans la denonciation unilaterale de l’imperialisme nord-americain, si bien que les EUA n’ont jamais entretenu de rapport avec lui. Depuis les annees 50, les EUA ont d’ailleurs vu d’un tres mauvais ? il le developpement du mouvement des non-alignes dans les pays d’Amerique Latine qui ont pourtant les memes problemes de sous-developpement que le reste du Tiers-Monde.

Pour leur eviter de prendre des positions trop neutralistes, les EUA disposent de moyens de persuasion tres efficaces, pression economique, diplomatique ou militaire. Et quand un pays tente une voie differente, les EUA ont tot fait de le ramener sous leur tutelle : interventions militaires au Guatemala et Costa Rica en 1954, sur l’ile de la Grenade en 1983, pression economique sur le Chili de Salvador Allende en 1973 puis coup d’Etat, sur le Nicaragua des sandinistes de Daniel Ortega. 3) L’Organisation de l’Unite Africaine (O. U. A. )

L’OUA est creee en 1963 dans le but de hater la decolonisation et de preparer une union economique africaine. Des le depart, elle est dechiree entre une tendance reformiste et une autre plus revolutionnaire. Si bien qu’elle se borne a condamner les regimes racistes d’Afrique du Sud et de Rhodesie, mais demeure inoperante dans certains conflits comme au Congo ou au Tchad. Pourtant, petit a petit, elle s’impose comme une force politique. Elle se pose en tant que mediatrice dans le conflit Maroc/Algerie a propos du Sahara Occidental, et, entrainee par les pays arabes, elle soutient la cause du peuple palestinien.

B. Les limites economiques du Tiers-Monde 1) Les pays du Tiers-Monde ont besoin de l’aide des pays developpes La volonte du Tiers-Monde d’etre independant des blocs est diminuee par l’enormite des besoins et des problemes de developpement impossibles a resoudre sans aide exterieure. L’aide au Tiers-Monde est essentiellement occidentale. De 1945 a 1970, 90% de l’aide provient des pays occidentaux et a peine 10% des pays de l’est. Dans l’aide occidentale, l’aide des EUA est, bien entendu, la plus importante. Or, l’aide accordee ou refusee depend du schema socio-economique du pays solliciteur.

Pour les EUA en particulier, le liberalisme economique devient un dogme politique et repugnent a aider des pays du Tiers-Monde qui s’engagent dans la voie ne serait-ce que d’un certain socialisme, ou du moins d’une economie planifiee. Le refus des EUA entraine l’URSS a apporter son aide aux pays necessiteux, si non elle encourt elle aussi une perte de prestige (ex. : l’Egypte de Nasser lors de la construction du barrage d’Assouan). L’URSS, de son cote, intervient surtout dans des projets de developpement planifie et d’inspiration socialiste.

Ne se sentant nullement responsable du sous-developpement imputable au pillage du Tiers-Monde par les pays capitalistes, l’URSS accepte d’aider les pays qui s’engagent dans la voie du socialisme, et de preference un socialisme de type sovietique donnant priorite a l’electrification (Egypte), ou a l’industrie lourde (Inde)… Les deux blocs sont donc presents dans le Tiers-Monde a travers des aides techniques, financieres, de telle maniere que la subordination economique du Tiers-Monde n’a pas cesse avec la decolonisation.

En effet, tout d’abord, l’industrialisation reste tres insuffisante pour couvrir les besoins de developpement. Ensuite, la croissance demographique entraine une augmentation de la demande de produits alimentaires que les pays industrialises sont souvent les seuls a pouvoir satisfaire. Il faut donc que les pays du Tiers-Monde exportent des produits tropicaux, des matieres premieres, du petrole…. pour pouvoir payer des importations indispensables a leur survie.

Le deficit de la balance des paiements des pays du Tiers-Monde est catastrophique, l’endettement s’est accru et aujourd’hui bien des pays sont dans l’incapacite de payer seulement les interets de leur dette. 2) Les tentatives d’organisation economique du Tiers-Monde a – L’O. P. E. P. Elle est creee a Bagdad en 1960, par les 5 principaux exportateurs d’alors : Arabie Saoudite, Irak, Iran, Koweit, Venezuela. L’OPEP domine le marche du petrole dans les annees 70. Depuis la guerre du Kippour, l’OPEP a fait monter le prix du baril de petrole de 2. 9$us en juin 1973 a 34$us en octobre 1981.

Depuis la situation lui echappe a nouveau en grande partie, a cause de la diminution de la consommation des pays industrialises qui ont pratique des politique d’economie d’energie et accelere le developpement de leur programme nucleaire, mais aussi du fait de l’apparition de nouveaux grands producteurs non membres de l’OPEP. b – Le Groupe des 77 et la C. N. U. C. E. D. Fonde a l’ONU en 1963, le Groupe des 77 s’est mis d’accord pour reclamer une Conference des Nations Unies pour le Commerce et le Developpement ou CNUCED, afin de mieux regler les echanges entre le Tiers-Monde et les pays les plus industrialises.

La premiere conference s’est reunie a Geneve en 1964, reussissant a conclure quelques accords internationaux sur les prix des produits de base. En 1974, le Groupe des 77 a fait adopter par l’ONU une Declaration concernant l’instauration d’un nouvel ordre economique international : demande de restructuration des echanges internationaux, demande de reforme du systeme monetaire international, demande d’allegement des dettes, demande d’un nouveau droit a la mer…

Les EUA se sont opposes a toutes ces revendications. Entre temps, le Groupe des 77 s’est elargi. Les pays du Tiers-Monde ont pris conscience des enormes differences entre pays a tres faibles revenus et d’autres exportateurs de petrole, ce qui entraine en septembre 1981 a la Conference de Paris, la mise en place d’un plan d’action en faveur des 31 pays les plus pauvres du monde ou P. M. A. (Pays les moins avances). En 1981, le premier et dernier sommet Nord/Sud reunissant 22 pays a lieu a Cancun.

Il est reste sans lendemain. En aout 1980, l’ONU a propose que les pays developpes consacrent 0. 7% de leur budget national a l’aide au Tiers-Monde. Peu de pays ont fait l’effort. De plus aujourd’hui, l’aide accorde fait l’objet de violentes critiques car non seulement elle est insuffisante, mais aussi mal distribuee et arrive tres souvent a peine aux vrais destinataires ! Donc, tentatives d’organisation politique, economique du Tiers-Monde certes, mais relative faiblesse des resultats.

Ceci est du en partie a des faiblesses internes des pays, a l’instabilite politique (plus de 60 coups d’Etat en Afrique depuis 1945), a l’autoritarisme de certains regimes politiques, a la corruption… la maniere la plus rapide de s’enrichir etant encore de conquerir le pouvoir ! Le Tiers-Monde voit ainsi s’affronter les Grands qui essayent de s’y tailler des zones d’influences. Fin des annees 90, l’affirmation reelle et l’equilibre du Tiers-monde ne semble donc pas etre pour demain.