PRINCIPES GENERAUX Au sein du dispositif de renovation des lycees, la creation d’un enseignement d’education civique, juridique et sociale (ECJS) dans chacune des trois classes de seconde, premiere et terminale des lycees d’enseignement general et technologique, ainsi que dans les lycees professionnels, constitue une des principales innovations. Le nombre d’heures qui lui est globalement accorde etant modeste, c’est dans ses objectifs et par ses methodes que cette innovation doit etre significative.
Concourir a la formation de citoyens est une des missions fondamentales du systeme educatif. On ne peut oublier que c’est au lycee qu’une partie des eleves atteignant leur majorite civile, va se trouver confrontee au droit de vote qui en decoule ou a l’absence de ce droit pour les etrangers, aux questions que ces differences soulevent, a la decision d’exercer ce droit et de mesurer la portee de ce choix. Au-dela de cette realite hautement symbolique, la citoyennete a bien d’autres dimensions dont le lycee doit permettre la comprehension avec l’aide de l’enseignement de l’ECJS.
Que signifie « eduquer a la citoyennete » dans un systeme scolaire ? Deux reponses sont possibles. – L’une consiste a faire de la citoyennete un objet d’etude disciplinaire, au meme titre que les mathematiques, la physique, la litterature
Elle a eu sa place dans le systeme educatif : les missions du lycee, frequente par une petite minorite, n’etaient pas celles qui lui sont assignees aujourd’hui. – L’autre reponse part de l’idee que l’on ne nait pas citoyen mais qu’on le devient, qu’il ne s’agit pas d’un etat, mais d’une conquete permanente ; le citoyen est celui qui est capable d’intervenir dans la cite : cela suppose formation d’une opinion raisonnee, aptitude a l’exprimer, acceptation du debat public. La citoyennete est alors la capacite construite a intervenir, ou meme simplement a oser intervenir dans la cite.
Cette derniere reponse peut etre mise en uvre au lycee aujourd’hui. Deux conditions essentielles sont reunies : l’une correspond aux attentes des eleves telles qu’elles se sont exprimees au travers des consultations sur les savoirs ; l’autre s’inscrit dans la continuite de ce qui a ete enseigne en education civique au college, et permet de montrer les dimensions sociale, ethique et politique de certains savoirs enseignes au lycee. De nombreux professeurs ont exprime leur interet pour cette demarche et leur desir d’y contribuer.
Lorsqu’une pratique educative consiste a transmettre un savoir sous forme d’une succession d’evidences sanctionnees par les autres, l’eleve apprend en outre autre chose que ces contenus : il apprend que le savoir est detenu par des autorites, il a la tentation de ne le recevoir que passivement, il commence par admettre qu’il peut etre delegue a « ceux qui savent ». Appliquee a l’ECJS, une telle pratique formerait des citoyens passifs, percevant le savoir comme deconnecte de ses enjeux sociaux, economiques et politiques.
Certes, on ne cree pas le savoir, on le recoit ; il est enonce et valide par quelqu’un qui fait autorite. Mais le savoir n’est pas seulement quelque chose de transmis ; on doit aussi se l’approprier. L’eleve pourra exercer sa citoyennete grace au savoir, mais un savoir reconstruit par lui, dans une recherche a la fois personnelle et collective. L’education civique, juridique et sociale doit etre abordee comme un apprentissage, c’est a dire l’acquisition de savoirs et de pratiques.
Grace a ce processus doit s’epanouir, a terme, un citoyen adulte, libre, autonome, exercant sa raison critique dans une cite a laquelle il participe activement. Ainsi se constitue une veritable morale civique ; celle-ci contient d’abord une dimension civile fondee sur le respect de l’autre permettant le « savoir-vivre ensemble » indispensable a toute vie sociale, mais elle suppose aussi une necessaire dimension citoyenne faite d’interet pour les questions collectives et de devouement pour la chose publique.
L’ecole (le lycee ici) n’est pas et ne peut pas pretendre etre le seul lieu d’un tel apprentissage : elle doit y prendre, a cote d’autres, toute sa place. L’ECJS ne doit ni pretendre se substituer, ni accepter d’etre consideree comme substituable a la formation qui resulte de pratiques citoyennes, au lycee et hors du lycee. Elle s’ouvre largement a la decouverte et a l’etude de ces pratiques. L’education civique, juridique et sociale n’est donc pas, parmi d’autres enseignements, une discipline nouvelle.
A quelques exceptions pres, l’ECJS n’a pas a ajouter de savoirs aux connaissances acquises dans les principales disciplines enseignees au lycee. Elle peut, de surcroit, se fonder sur les acquis du college en matiere d’education civique, dont les programmes, desormais complets, preparent a cette nouvelle approche en combinant de solides bases en matiere institutionnelle a l’initiation a des reflexions personnelles. Il s’agit donc d’organiser le croisement et le dialogue de ces savoirs autour du concept integrateur de citoyennete.
Le seul savoir nouveau auquel il faut initier les eleves, grace a l’ECJS, concerne le droit, trop ignore de l’enseignement scolaire francais. Il s’agit de faire decouvrir le sens du droit, en tant que garant des libertes, et non d’enseigner le droit dans ses techniques. Mobilisant un ensemble de connaissances disponibles, l’ECJS doit satisfaire la demande exprimee par les lyceens lors de la consultation de 1998 sur les savoirs, de pouvoir s’exprimer et debattre a propos de questions de societe.
Le debat argumente apparait donc comme le support pedagogique naturel de ce projet, meme s’il ne faut pas s’interdire de recourir a des modalites pedagogiques complementaires. Faire le choix du debat argumente n’est ni concession demagogique faite aux eleves ni soumission a une mode ; c’est choisir une methode fructueuse. Le debat argumente permet la mobilisation, et donc l’appropriation de connaissances a tirer de differents domaines disciplinaires : histoire, philosophie, litterature, biologie, geographie, sciences economiques et sociales, physique, education physique… otamment, mais non exclusivement. Il fait apparaitre l’exigence et donc la pratique de l’argumentation. Non seulement il s’agit d’un exercice encore trop peu present dans notre enseignement, mais au-dela de sa technique, il doit mettre en evidence toute la difference entre arguments et prejuges, le fondement rationnel des arguments devant faire ressortir la fragilite des prejuges. Il doit donc reposer sur des fondements scientifiquement construits, et ne jamais etre improvise mais etre soigneusement prepare.
Cela implique qu’il repose sur des dossiers elabores au prealable par les eleves conseilles par leurs professeurs, ce qui induit recherche, redaction, exposes ou prises de parole contradictoires de la part d’eleves mis en situation de responsabilite et, ensuite, redaction de comptes rendus ou de releves de conclusions. Le debat doit reposer sur le respect d’autrui et donc n’autoriser aucune forme de dictature intellectuelle ou de parti pris ideologique. Il est une occasion d’apprendre a ecouter et discuter les arguments de l’autre et a le reconnaitre dans son identite.
Un tel dispositif favorise les adaptations. Le meme theme du programme pourra etre aborde en fonction des activites ou des preoccupations propres a chaque classe. Les evenements de l’actualite pourront etre tout a la fois pris en compte et mis a distance. Le dossier documentaire sur lequel se fonde le debat est le temoin de la progression de cette demarche. Il peut prendre des formes variables : presentation de textes fondateurs ou de textes de loi, selection d’articles de presse, collecte de temoignages, recherche ou elaboration de documents photographiques, sonores ou video.
C’est ici que l’ECJS peut utiliser toutes les modalites interactives de la recherche documentaire actuelle. Quelques exemples sont soulignes dans le programme de chaque classe, sans leur donner un caractere limitatif qui serait contraire a la liberte pedagogique des professeurs. Le lien avec l’autre innovation que constituent les « Travaux Personnalises Encadres » (TPE) est ici evident et devra etre exploite. Dans le cadre de la liberte des choix pedagogiques, les eleves doivent acquerir des methodes a travers lesquelles ils seront inities a l’etude des regles juridiques et des institutions.
On peut ainsi, a propos de situations concretes, enseignees ou vecues, et sans prejuger de l’usage d’autres pratiques, identifier trois moments remarquables. – Le premier moment etudie les circonstances et les conditions de l’invention de la regle ou de l’institution. On a trop tendance a oublier l’origine et l’histoire des regles. Leur genese doit etre mise au jour. Ainsi, pour la famille, les regles qui guident l’autorite parentale a laquelle tout enfant est soumis se sont transformees a travers le temps, particulierement au cours des trois dernieres decennies, determinant son exercice actuel.
De meme, les regles qui determinent les relations du travail ne peuvent etre comprises qu’en connaissant les contextes et conflits qui, depuis un siecle, ont construit et construisent encore le droit du travail. L’histoire est donc ici tres particulierement mobilisee ; etudier les conditions de naissance d’une regle, en montrant qu’elle est une production historique et non un a priori absolu, contribue a humaniser la regle de droit : ce n’est plus un dogme mais une regle de vie.
L’institution scolaire peut aussi servir d’objet d’etude : ainsi, le reglement interieur du lycee peut etre analyse et etudie quant a ses origines et son actualite, assurant le lien avec les enseignements du college. – Le deuxieme moment privilegie l’etude des usages de la regle par les acteurs sociaux concernes. La regle n’est pas necessairement utilisee comme ses inventeurs l’avaient imagine : la pratique d’une regle peut s’eloigner des principes qui ont guide sa fondation. Il faut donc conduire l’eleve a se demander pourquoi les acteurs sont amenes a utiliser une regle dans un sens plutot que dans un autre.
On montrera alors qu’une meme regle peut avoir des utilisations differentes selon les contextes economiques et sociaux, selon les epoques ou selon les pays. Les apports de l’histoire, des sciences economiques et sociales, du francais (notamment a travers la lecture de textes d’actualite) seront mis a contribution. La legislation americaine antitrust, adoptee a la fin du XIXeme siecle, fut utilisee a l’epoque essentiellement contre les syndicats ouvriers : elle pourrait ainsi etre confrontee aux legislations et proces contemporains contre les monopoles qu’illustre le cas des multinationales de l’informatique.
La geographie introduit a la notion d’espace et a la mise en evidence des interets, prives ou publics, individuels ou collectifs, qui peuvent se manifester a son propos. Ainsi une zone franche, avec les derogations qu’elle implique, peut favoriser un quartier classe sensible, ou etre utilisee comme un paradis fiscal. Hors d’un champ disciplinaire particulier, l’ecole peut offrir a nouveau de nombreuses illustrations de ces comportements. – Le troisieme moment s’attache aux discours produits sur les regles.
Chaque epoque produit des discours qui tentent de justifier rationnellement les regles existantes. D’une epoque a une autre, d’un lieu a un autre, ces discours peuvent differer jusqu’a etre contradictoires. L’ECJS en tant qu’education a la citoyennete doit conferer la capacite a analyser les discours existants. C’est cette fois sur les objectifs fixes par le programme de l’enseignement du francais au lycee (« approfondir la maitrise du discours ») que l’ECJS peut se fonder, tout en recourant a des exemples relevant des autres disciplines deja mentionnees, comme l’histoire.
On peut ainsi renouveler la perception de la Declaration des droits de l’homme et du citoyen, qu’il sera opportun de reprendre a cette occasion, en decouvrant qu’elle a donne lieu a des lectures differentes en 1789 et lors des commemorations de 1889 ou de 1989. Le citoyen doit pouvoir les identifier et les decrypter s’il veut s’approprier pleinement ce texte fondateur. On trouverait, ici encore, a propos du lycee, de nombreuses illustrations ; ainsi des discours produits sur l’ecole par differents protagonistes, hommes politiques et partis, syndicats, parents d’eleves, etc.
Les modalites materielles de mise en uvre de l’ECJS doivent donc etre au service de ces ambitions. Sans ignorer les difficultes pratiques que peuvent rencontrer les chefs d’etablissement pour y parvenir, les regroupements de l’horaire reglementaire sont essentiels pour permettre la realisation du travail qu’impliquent ces programmes. Le choix de huit sequences mensuelles de 2 heures chacune est hautement souhaitable ; il est adapte aux modalites pedagogiques decrites ici, tant par son rythme (temps de preparation et de suivi des dossiers) que par la duree des seances necessaire pour que le maximum d’eleves puisse participer au debat.
A defaut, le rythme de l’heure par quinzaine ne peut etre considere que comme un pis-aller. De tres nombreux professeurs, par leur savoir, leur culture, leur implication dans la vie du lycee, ont vocation a contribuer a cet enseignement. La participation d’intervenants exterieurs, temoins dans un champ social etudie, est evidemment souhaitable. Les responsables des etablissements doivent favoriser ces pratiques ; cela implique que cet enseignement devant etre organise dans toutes les classes et filieres de leurs lycees, ils encouragent et si possible organisent coordination, echanges d’experiences et mise en commun de sequences pedagogiques.
L’architecture d’ensemble du programme, sur les trois annees du lycee, consiste a redecouvrir par l’analyse la notion de citoyennete, a en etudier les principes, modalites et pratiques, et a la confronter aux realites du monde contemporain. Il est naturel que l’accent soit mis sur des aspects differents de cette problematique dans chacune des classes du lycee. En classe de seconde : « De la vie en societe a la citoyennete » La decouverte de la citoyennete se fait a partir de l’etude de la vie sociale que l’eleve peut comprendre pour remonter, par analyse, a sa source politique et a sa construction dans le temps.
Des objets d’etude, choisis dans la vie sociale, servent de base a ce travail et permettent de faire decouvrir par les eleves une ou plusieurs dimensions de la citoyennete. Par la, on approfondit et enrichit ce qui a ete acquis au college. En classe de premiere : « Institutions et pratiques de la citoyennete » L’etude de la citoyennete permet l’analyse du fonctionnement des principales institutions politiques de la cite. Les grands principes constitutionnels ouvrent sur les institutions de la democratie avec les partis politiques, les systemes electoraux et les libertes publiques.
La presentation des institutions judiciaires peut etre faite a partir de divers niveaux interessant particulierement les classes concernees (prud’hommes et legislation du travail, tribunal de commerce et technologies de la vente, autorite legitime et tribunaux d’exception par exemple). La diversite des conceptions, des institutions et des pratiques de la citoyennete est apprehendee, par une methode comparative, dans le temps et dans l’espace. En classe terminale : « La citoyennete a l’epreuve des transformations du monde contemporain »
La confrontation de la citoyennete aux grandes transformations du monde contemporain permet de deboucher, hors de toute intention polemique, sur des themes faisant debat, par exemple les differentes conceptions de l’egalite, le role des medias, l’independance de la justice, ou sur des questions resultant des evolutions familiales, scientifiques ou sociales. On aborde aussi les problemes poses par l’unification europeenne et la mondialisation avec leur impact sur les institutions politiques.
On traite notamment le theme de « la defense et la paix » sur lequel le systeme educatif s’est engage a faire reflechir les eleves dans le cadre de la fin du systeme de conscription. L’evaluation de l’education civique, juridique et sociale doit refleter les particularites de cet enseignement. Ne comportant pas ou tres peu de nouveaux savoirs, les programmes ne sauraient etre presentes exclusivement sous forme de listes de contenus. Ils mettent l’accent sur des objectifs et sur l’acquisition de methodes. Les documents d’accompagnement suggerent, sans les imposer, des exemples pour leur mise en uvre.
L’evaluation doit tenir compte d’une part de ce que cet enseignement n’est pas cense apporter de savoirs fondamentalement nouveaux par rapport a ceux qui sont acquis dans les autres disciplines, d’autre part de la pedagogie particuliere qui y est mise en uvre. L’evaluation durant les classes de seconde, premiere et terminale porte d’une part sur l’investissement et la qualite des travaux produits par les eleves avant et apres la sequence, d’autre part sur les acquis qui auront ete assimiles lors de chaque sequence. Les professeurs s’assurent de la maitrise des notions recensees dans chaque programme. PROGRAMME DE SECONDE De la vie en societe a la citoyennete » I – Objectif general de la classe de seconde Etudier dans toutes ses dimensions la citoyennete et son exercice dans la societe constitue l’axe de l’education civique, juridique et sociale (ECJS) dans les trois niveaux du lycee. L’objectif de cet enseignement en classe de seconde consiste a redecouvrir cette notion de citoyennete, deja definie au college, en partant de la vie en societe. Cette confrontation au reel est une mise a l’epreuve. Elle permet l’appropriation active de cette notion. On partira donc de la vie sociale, saisissable par l’eleve, pour remonter a sa source politique.
Quel que soit le domaine de la vie sociale considere, les individus rencontrent les regles collectives qui organisent leur vie en societe et definissent les droits et les devoirs de chacun, les institutions chargees de les mettre en uvre et de les faire respecter, les sanctions contre ceux qui enfreignent ces regles. L’apprentissage de la citoyennete implique que le citoyen connaisse ces regles, sache d’ou elles viennent et les valeurs qui les fondent. Cet apprentissage suppose d’en apprehender la diversite des pratiques dans le temps comme dans l’espace, et d’etre eventuellement capable de les critiquer.
La demarche privilegiee consiste donc a choisir des objets d’etude dans la vie sociale pour faire decouvrir par les eleves une ou plusieurs dimensions de la citoyennete, a travers, notamment, la preparation et la tenue d’un debat argumente. Au terme de ce travail, on verifie si les eleves ont acquis les notions qui fondent la citoyennete. II – Themes et notions Afin de limiter les risques d’une trop grande dispersion, quatre themes sont proposes pour servir d’entree dans le programme de la classe de seconde. Ils permettent d’appliquer la demarche retenue : partir de la vie en societe pour illustrer une dimension de la citoyennete.
Ce sont : Citoyennete et civilite Citoyennete et integration Citoyennete et travail Citoyennete et transformation des liens familiaux On utilisera, au choix, un ou plusieurs de ces quatre themes qui ne sont pas enonces dans un ordre contraignant. Un document d’accompagnement presente des illustrations possibles de la methode preconisee. Il montre que le meme theme peut etre utilise de plusieurs manieres, suggerant qu’au fil du temps, ces illustrations pourront se perimer ou s’enrichir de materiaux fournis par l’actualite ainsi que des pratiques et innovations des professeurs.
A partir du travail sur l’un ou plusieurs de ces themes, les sept notions suivantes doivent etre abordees et avoir recu une premiere definition : Civilite Integration Nationalite Droit Droits de l’homme et du citoyen Droits civils et politiques Droits sociaux et economiques Ces notions, presentes dans les programmes du college et des autres disciplines de la classe de seconde, permettent de comprendre le sens de la citoyennete en partant des experiences des eleves et de leurs representations. Au terme de la classe de seconde, une synthese des differents acquis se realisera autour de la definition de la citoyennete.
III – Demarche Parmi les methodes pedagogiques mobilisables pour cet enseignement, il y a lieu de privilegier l’organisation de debats argumentes : ils placent l’eleve en situation de responsabilite. Choisir de les conduire a partir de materiaux fournis par l’actualite renforce la dimension pratique et l’interet concret de l’enseignement de l’ECJS. 1 – Le debat argumente Methode pedagogique privilegiee mais non exclusive, elle peut s’ordonner selon les etapes suivantes : – Choix d’un theme avec les eleves, ce qui necessite de le justifier par rapport a l’etude de la citoyennete. Organisation du travail preparatoire au debat avec division du travail, travail de groupes et coordination. On peut mobiliser des techniques variees selon le sujet aborde : dossier de presse, recherche de documents historiques ou juridiques, recherche sur cederom ou sur l’Internet, enquete avec visites ou entretiens, contact avec des personnes qualifiees, redaction d’argumentaires, etc. – Tenue du debat de facon concertee entre eleves et professeurs (choix d’un president de seance, de rapporteurs, presentation des argumentaires fondes sur des dossiers construits, prises de parole contradictoires, prise de notes, etc. . Les professeurs veillent au respect des regles du debat. Par leurs interventions et la reprise finale, ils clarifient les positions en presence et leurs enjeux. Ils les relient aux notions du programme et les mettent en perspective. – Synthese orale et ecrite et eventuelle diffusion des travaux de la classe (cahiers, exposition, debat dans le lycee, etc. ). Le respect des conditions et des regles du debat, en particulier la recherche qu’il suppose d’un accord fonde en raison, constitue deja en lui-meme un apprentissage pratique de ce qui fonde la citoyennete. 2 – Utiliser et traiter l’actualite en classe
L’actualite locale, nationale et internationale fournit de nombreux materiaux qui permettent aux enseignants de construire un debat serieux sur un sujet civique, politique, juridique ou social mettant en evidence une dimension de la citoyennete. Le choix d’un evenement ou d’une combinaison d’evenements dans l’actualite doit repondre a deux soucis : d’une part etre susceptible d’interesser les eleves, d’autre part permettre d’eclairer une des dimensions de la citoyennete. Dans le choix des priorites, il ne faut donc pas necessairement obeir a l’agenda des medias mais saisir dans les evenements ceux qui peuvent correspondre a ces objectifs. Diversifier les sources pour attester de la realite des faits. La premiere tache face a un evenement consiste a confronter les sources d’information pour, en les croisant, attester de la realite de ce qui va etre etudie. L’evenement brut n’existe pas en lui-meme, il n’existe qu’a travers le medium qui le fait connaitre et il est differemment recu selon les representations dominantes du moment. Prendre de la distance par rapport aux faits communiques est donc essentiel a l’education du citoyen.
La constitution d’un dossier de presse, en evitant une accumulation inutile, doit permettre ce croisement des sources, dont on connait l’importance dans l’investigation historique. – Replacer l’evenement dans une chaine historique. La deuxieme tache consiste a inserer l’evenement etudie dans son contexte spatio-temporel. Cela suppose des recherches indispensables a la comprehension des faits, en mobilisant les methodes comparatives des sciences humaines et sociales. On peut ainsi contribuer a relativiser la portee affective ou passionnelle des evenements au profit d’une analyse plus rationnelle.
Un des obstacles a l’etude serieuse de l’actualite tient a la tyrannie du present qui chasse de la memoire immediate les evenements precedents ; le travail de recherche permet ainsi de limiter cet effet en replacant les faits dans une chaine historique. – Reperer et analyser les interpretations divergentes et contradictoires. La troisieme tache consiste a identifier les differentes interpretations produites sur le meme evenement. Les faits precis mis en lumiere ou occultes, les arguments choisis ou refutes ou ignores, le choix des mots, la hierarchie des termes, sont autant d’elements d’analyse des discours tenus, qui seront ici tres utiles. Partir de l’evenement pour aboutir a des notions de programme. Ainsi eclairee par une etude serieuse, l’actualite doit permettre de donner toute son importance a une des dimensions de la citoyennete qui sera ainsi decouverte par les eleves de maniere beaucoup plus incarnee. Les themes d’entree dans le programme peuvent etre utilement saisis par un evenement tire de l’actualite recente. IV – Evaluation Au terme de la classe de seconde, l’eleve doit donc s’etre approprie la notion de citoyennete, a partir d’exemples pris dans la vie en societe, et avoir compris que la citoyennete est une construction historique et democratique.
L’evaluation en decoule. La pedagogie mise en uvre fait appel a la mobilisation de l’eleve dans des activites aussi diverses que la constitution d’un dossier de presse, la recherche de textes historiques ou de textes de loi, la consultation de resultats d’enquetes, la mise en coherence d’un dossier documentaire, la realisation d’enquetes personnelles, voire d’entretiens, la preparation d’un argumentaire, la prise de parole ordonnee, la presentation de petits memoires, la presidence ou la synthese d’un debat, la prise de parole contradictoire dans le respect de l’autre, etc.
Quelques-unes seulement de ces competences pourront etre mises en uvre dans le temps imparti a cet enseignement par tel ou tel eleve, mais toutes ces activites peuvent etre valorisees. Les productions ecrites ou orales des eleves servent de support a l’evaluation. En fin d’annee, les acquis des eleves sur les notions constitutives du programme de cette classe pourront etre mesures. V – Orientation principale des themes 1. Citoyennete et civilite
La vie quotidienne dans la cite fournit des occasions de reflexion sur la necessaire civilite des rapports humains en tant que premiere condition de l’exercice de la citoyennete. On peut le montrer a partir de l’etude de manifestations d’incivilite ; on peut aussi utiliser differents faits de la vie sociale. La citoyennete ne se reduit pas a la simple civilite. Elle implique la participation a une communaute politique. 2. Citoyennete et integration L’exercice de la citoyennete suppose que les individus concernes participent la vie sociale. En analysant l’integration et ses defauts, on contribue a definir et a distinguer les notions d’integration et de citoyennete. Par integration, on designe toutes les formes de participation a la vie collective par l’activite, le respect de normes communes, les echanges avec les autres, les comportements familiaux, culturels et religieux. On montre ainsi que la reflexion sur la citoyennete doit prendre en compte l’enracinement social des individus. 3.
Citoyennete et travail Dans les societes modernes, le travail est un des vecteurs essentiels de l’integration sociale ; c’est pourquoi chomage et pauvrete peuvent porter atteinte a l’exercice de la citoyennete. Par ailleurs, la citoyennete ne s’arrete pas aux portes de la vie au travail. Quelles que soient les contraintes de l’organisation de la production, celui qui travaille est un citoyen : a ce titre, il dispose d’une serie de droits civils, politiques, sociaux, etc.
On peut donc analyser a travers ce theme la portee de la citoyennete dans le monde du travail. 4. Citoyennete et transformation des liens familiaux Il s’agit de comprendre les droits et obligations qui concernent le citoyen dans la vie familiale. Les transformations de la vie familiale suscitent des interrogations sur l’evolution des droits et obligations qui organisent les rapports entre conjoints et entre parents et enfants. NB. Un document a l’usage des professeurs accompagne la mise en uvre de l’ensemble des programmes.