Hymne a la beaute commentaire

Hymne a la beaute commentaire

HYMNE A LA BEAUTE Baudelaire, ? crivain et po? te fran? ais du XIXi? me si? cle a publi? en 1857 un recueil de po? me intitul? Les fleurs du mal, dont est extrait le po? me que nous allons ? tudier. L’??? Hymne ? la beaut? s’int? gre ? une s? rie de po? mes de la section ?? Spleen et id? al?? , dans laquelle Baudelaire cherche ? d? finir l’essence du beau et sa conception du po? te et de la po? sie. Dans le po? me que nous allons ? tudier, Baudelaire nous pr? sente d’abord la beaut? sous un visage ambigu et m? me contradictoire. Il montre ensuite la fascination qu’elle exerce sur lui, ce qui donne lieu ? un v? itable hymne ? la beaut?. Toutefois, cette beaut? toute-puissante est ? galement d? moniaque, aussi examinerons-nous en quoi la beaut? est une Fleur du mal. Baudelaire cherche d’abord ? cerner l’origine de la beaut? et son identit?. Elle se pr? sente d’embl? e comme un myst? re qu’on ne cesse d’interroger, en effet, d? s le premier vers le po? te demande? : ?? Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l’ab? me??. Cette question

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rev? t un caract? re obsessionnel? : on la retrouve pos? e en des termes presque identiques au vers 9? : ?? Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres????. On remarque ici que la beaut? semble resque toujours ? merger d’une profondeur? : ?? ciel profond?? , vers 1? ; ?? ab? me?? , vers 1? ; ?? gouffre noir?? , vers 9. Ces allusions ? une profondeur t? n? breuse soulignent l’origine obscure de la beaut?. En fait, son origine oscille continuellement entre le bien et le mal. Une s? rie d’images repr? sentent cet antagonisme? : l’opposition haut/bas que l’on peut remarquer entre ?? ciel profond?? et ?? ab? me?? , vers 1? ; l’opposition t? n? bres/lumi? res au vers 9 entre ?? gouffre noir?? et ?? astres??? ; l’opposition ?? ciel?? / ?? enfer?? au vers 21? ; ainsi que l’opposition ?? Dieu?? / ?? Satan?? au vers 25.

Baudelaire d? finit le beau de fa? on paradoxale? : une s? rie d’alliance de mots prouve en effet la nature contradictoire de la beaut?. Son regard est ?? infernal et divin?? au vers 2? ; elle verse confus? ment ?? le bienfait et le crime?? au vers 3? ; elle annonce le jour aussi bien que la nuit au vers 5? : ?? Tu contiens dans ton ? il le couchant et l’aurore??. La conjonction de coordination ?? et?? souligne l’indissociabilit? du bien et du mal. De plus, leur r? partition ? quilibr? e est traduite par la parfaite sym? trie des h? mistiches? : Infernal et divin (vers 2) 3 / 3 Le bienfait et le crime (vers 3) / 3 Nous pouvons ? galement souligner que la beaut? baudelairienne n’est pas seulement contradictoire? : elle marque ? galement une ? volution des conceptions de l’auteur. En effet, dans le po? me intitul? ?? La beaut? (po? me bien ant? rieur ? celui que nous sommes en train d’? tudier), Baudelaire avait de la beaut? une vision tr? s classique. Il nous la montrait ainsi comme immuable et ? ternelle ?? comme un r? ve de pierre?? , vers 1? ; ordonn? e et fig? e dans le temps? : ?? Je hais le mouvement qui d? place les lignes?? , vers 7? ; et pure ?? J’unis un c? ur de neige ? la blancheur des cygnes?? , vers 6.

L’??? Hymne ? la beaut? nous en propose une toute autre image? : loin d’? tre un principe d’ordre, elle semble ici un facteur de d? sordre. Elle agit ?? confus? ment?? , vers 3? ; elle subvertit les valeurs traditionnelles en brouillant notre vision du fort et du faible puisqu’elle rend ?? le h? ros l? che et l’enfant courageux?? , vers 8. De plus, ses actes n’ob? issent ? aucune logique particuli? re, sinon ? celle de son propre caprice? : ?? Tu s? mes au hasard la joie et les d? sastres?? , vers 11. Le paradoxe le plus frappant est sans nul doute le rapprochement du beau et du monstrueux au vers 22? : ??? Beaut?! onstre ? norme, effrayant, ing? nu?!??. La modernit? de Baudelaire repose sur cette alliance inhabituelle de l’horreur et de la beaut?. Elle est d’ailleurs fort bien illustr? e dans le po? me ?? Une charogne?? , o? l’auteur ? voque avec complaisance un cadavre en train de se d? composer, ?? une charogne inf? me?? , ?? une horrible infection?? , qu’il qualifie pourtant de ?? carcasse superbe??. Le monstrueux exerce sur Baudelaire la fascination de l’extraordinaire oppos? ? la banalit? du quotidien. Ainsi, on peut souligner au vers 22 l’adjectif ??? norme?? , qui ? tymologiquement signifie ?? qui est hors des normes??.

Ainsi, le po? te d? finit la beaut? , mais bien plus que ? a, subjugu? , il la c? l? bre dans un hymne ? la beaut? d? crivant les pouvoirs enchanteurs de celle-ci. Car la beaut? est enchanteresse. Elle poss? de un incontestable pouvoir de fascination? : en effet, elle charme le destin au vers 10? : ?? Le destin [est] charm?. Le mot ?? charm? doit ? tre pris ici au sens fort d’envo? tement, de m? me qu’au vers 14? : ?? De tes bijoux l’Horreur n’est pas le moins charmant??. Sa capacit? de m? tamorphose est ? voqu? e ? plusieurs reprises? : ses baisers sont ?? un philtre?? qui transforme le h? ros aux vers 7 et 8? elle est tour ? tour ?? f? e?? , vers 26? ; ou ?? Sir? ne?? au vers 25. Baudelaire pr? cise ensuite le r? le qu’elle joue dans son existence aux vers 23 et 24? : ?? Si ton ? il, ton souris, ton pied, m’ouvrent la porte / D’un infini que j’aime et n’ai jamais connu????. Ainsi, la beaut? , c’est-? -dire l’art, repr? sente pour le po? te l’? vasion. Elle doit reculer les limites du quotidien, lui donner acc? s ? l’??? infini?? , vers 24? ; et lui r? v? ler du nouveau? : le ?? jamais connu?? , vers 24. Elle est le recours supr? me pour ? chapper au temps? : ?? instants moins lourds?? , vers 28? ; et acc? der ? l’? ternit?. S? uit par son pouvoir, Baudelaire va la c? l? brer dans un v? ritable hymne ? l’amour. L’admiration du po? te est rendue par diff? rents proc? d? s? : une syntaxe exclamative au vers 27? : ??? mon unique reine?!??? ; la leitmotiv ??? Beaut? au vers 2 et 22? ; ainsi qu’une s? rie d’apostrophes laudatives? : ?? Ange?? , ?? Sir? ne?? , ?? f? e?? et ?? reine?? aux vers 25 et 27. Enfin, pour rendre plus ? vidente encore l’attirance qu’elle exerce sur lui, l’auteur la repr? sente progressivement sous les traits d’une femme? : au vers 2 il est d’abord fait allusion ? son ?? regard?? , puis au vers 5 ? son ??? il??? ; la ?? bouche?? st ensuite ? voqu? e au vers 7 et compar? e ? une ?? amphore?? , dont la forme arrondie et ? vas? e rappelle celle du corps de la femme. On trouve aussi une allusion ? son ?? ventre?? au vers 16, ? son ?? souris?? et ? son ?? pied?? au vers 23. On remarque donc que la perception de la femme est fragment? e? ; cependant, les ? l? ments privil? gi? s par Baudelaire n’ont pas ? t? choisis au hasard. Tous, ?? regard?? , ?? bouche?? et ?? sourire?? pour le visage? ; ?? ventre?? et ?? pied?? pour le corps, sont de nature ? rotique, et mettent ainsi en valeur la fascination sensuelle qu’exerce la beaut? sur le po? te. Nous pouvons ? alement noter que la femme sait jouer de ses charmes par de nombreux artifices? : ses ?? jupons?? au vers 10? ; ses ?? bijoux?? au vers 14. Son attrait sensuel ? clate enfin dans une danse fort suggestive? : ?? Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement?? , vers 16. Cependant, nous allons voir que cette c? l? bration de la beaut? ne saurait masquer le caract? re satanique de celle-ci. La beaut? selon Baudelaire est une Fleur du mal? : cela, ? plusieurs titres, parce qu’elle fait du po? te son esclave et sa victime? ; parce qu’elle est li? e ? la mort? ; parce qu’elle entra? ne enfin la damnation du po? te. Ainsi, si la beaut? uscite la d? votion de ceux qui l’entourent, elle provoque en m? me temps leur avilissement en ? tablissant une relation de ma? tre ? esclave? : ?? Le Destin charm? suit tes jupons comme un chien?? , au vers 10. Le po? te se prosterne aux genoux de son ?? unique reine?? , vers 27? ; et toutes choses acceptent d’? tre consum? es par elle? : ?? L’? ph? m? re ? bloui vole vers toi, chandelle / Cr? pite, flambe et dit? : B? nissons ce flambeau?!?? , vers 17 et 18, qui rappelle par ailleurs le po? me intitul? ?? La Beaut? que nous avons pr? c? demment cit? , dans lequel les po? tes ?? consumeront leurs jours en d’aust? res ? tudes?? vers 11. Le caract? re nettement sadomasochiste de ces relations se manifeste aux vers 19 et 20? : ?? L’amoureux pantelant inclin? sur sa belle / A l’air d’un moribond caressant son tombeau??. D’autre part, la soumission de l’amant est sugg? r? e par l’adjectif ?? inclin? , vers 19? ; sa faiblesse et sa mort prochaine apparaissent dans l’? pith? te ?? pantelant?? , ? galement au vers 19, qui signifie ?? qui respire ? peine, convulsivement?? et se dit g? n? ralement de quelqu’un qui vient d’? tre tu? et qui palpite encore. Son masochisme nous est r? v? l? par l’expression ?? caressant son tombeau?? , vers 20, puisque le moribond semble ? rouver une r? elle jouissance ? l’id? e de sa propre mort. Nous pouvons ensuite affirme que la beaut? est profond? ment li? e ? la mort. Ainsi, sa cruaut? et son insensibilit? sont not? es ? plusieurs reprises? : le sort des hommes lui est indiff? rent? au vers 12 ?? Et tu gouvernes tout et ne r? ponds de rien??. Son m? pris de la vie humaine est rendu sensible par la mise en relation des paronymes ?? morts?? et ?? moques?? plac? s ? la fin de chaque h? mistiche du vers 13? : ?? Tu marches sur des morts, Beaut? , dont tu te moques??. L’alliance de la beaut? et de la mort est enfin rendue par le rapprochement des mots ?? morts?? t ?? Beaut? de part et d’autre de la c? sure. En fait, la forte connotation ? rotique imprim? e dans ce texte ? la beaut? ne pouvait que s’assimilier ? la mort? : en effet, l’amour, ? l’instar de la mort, entra? ne une perte de conscience et donc l’an? antissement m? me de l’individu. Ainsi donc, l’art, l’amour et la mort sont une m? me chose. La beaut? ne peut alors que pactiser avec les forces du mal, le meurtre surtout, qui pousse le sadisme jusqu’? la mort? : elle ?? verse [? ] le crime?? au vers 3? ; ?? de [s]es bijoux l’Horreur n’est pas le moins charmant?? , au vers 14? ; et ?? le Meurtre [est], parmis [s]es plus ch? es breloques?? , au vers 15. Cependant, cette fascination pour l’horreur n’est pas purement sadique? : l’horreur s’impose comme le seul moyen de pallier la banalit? de nos destins, d’? chapper ? la m? diocrit? de notre condition, et ainsi la po? te est pr? t ? signer un pacte avec le diable? : ?? Que tu viennes du ciel ou de l’enfer, qu’importe [? ] / De satan ou de Dieu, qu’importe?? Ange ou Sir? ne, / Qu’importe, si tu rends [? ] / L’univers moins hideux et les instants moins lourds???? , vers 21, 25, 26 et 28. Ce po? me nous r? v? le d’abord une esth? tique originale, non plus fond? e sur le mod? le traditionnel propos? ar l’? cole parnassienne, c’est-? -dire une d? finition de la beaut? reposant essentiellement sur la perfection morale, mais sur des crit? res modernes et personnels comme le bizarre et le monstrueux. Sur le plan esth? tique comme sur le plan moral, Baudelaire tente d’extraire les Fleurs du mal et dissocie d? finitivement le beau du bien. Mettant ? la fois l’accent sur l’ambigu? t? du temp? rament baudelairien o? sadisme et masochisme sont ? troitement m? l? s? , et d? voilant l’aspect satanique du recueil, l’?? Hymne?? la beaut? ?claire ? la fois la personnalit? de l’auteur et le caract? re de son ? uvre.