Guerre froide

Guerre froide

[Quitter] Guerre froide Un article de Wikipedia, l’encyclopedie libre. Aller a : Navigation, rechercher Page d’aide sur l’homonymie Pour l’article homonyme, voir Guerre Froide (groupe). Guerre froide Cold War Map 1959. svg La confrontation des blocs en 1959 : Pays membres de l’OTAN Autres pays allies des Etats-Unis Pays colonises Pays membres du pacte de Varsovie Autres pays allies de l’URSS Pays non-alignes Informations generales Date De 1947 a 1991 Lieu Cuba, Berlin, Viet Nam, Prague, Afghanistan, Angola, etc. (lieux de tensions et des guerres d’influence)

Issue Chute du bloc sovietique en Europe de l’Est Fin du monde bipolaire Les Etats-Unis deviennent la seule superpuissance restante Dissolution de l’URSS Decolonisation du monde Belligerants OTAN Pacte de Varsovie modifier Consultez la documentation du modele La guerre froide est la periode de tensions et de confrontations ideologiques et politiques entre les deux superpuissances que furent les Etats-Unis et l’Union des republiques socialistes sovietiques (URSS) et leurs allies entre 1947 et 1991, annee de l’implosion de l’URSS et de la dissolution du Pacte de Varsovie.

C’est en 1947, sous la plume de l’homme d’Etat americain Bernard Baruch, que l’expression « Cold War » apparait pour la premiere fois[1]. Elle est vite popularisee par le journaliste Walter

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Lippmann[2]. D’apres Raymond Aron, il s’agissait d’une « guerre limitee » ou « paix belliqueuse » dans un monde bipolaire ou les belligerants evitaient l’affrontement direct[3]- d’ou l’expression : « Paix impossible, guerre improbable ». De nombreux conflits, depuis la guerre de Coree, la guerre du Viet Nam jusqu’a la guerre d’Afghanistan, ont illustre l’opposition indirecte entre Sovietiques et Americains, avec la participation de leurs allies respectifs.

Les pays du tiers monde tels que l’Inde de Nehru, l’Egypte de Nasser et la Yougoslavie de Tito formerent pour un temps le mouvement des non-alignes, proclamant leur neutralite et jouant de la rivalite entre les blocs pour obtenir des concessions.

Sommaire [masquer]

* 1 Designation du terme

* 2 Volonte de reconstruction et de paix au lendemain de la Seconde Guerre mondiale o

2. 1 Une reconstruction economique o

2. 2 Une volonte de paix

* 3 Les debuts o

3. 1 Causes + 3. 1. 1 Les causes immediates : la situation de l’apres-guerre + 3. 1. 2. Opposition ideologique

* 4 La mise en place des blocs et la question des armes nucleaires o

4. 1 Les deux blocs (1947-1953) + 4. 1. 1 Le bloc de l’Ouest + 4. 1. 2 Le bloc de l’Est + 4. 1. 3 Les tentatives de negociation

* 5 Les premieres crises (1948-1953) o

5. 1 La crise irano-sovietique o 5. 2 La premiere crise de Berlin (1948-1949) o 5. 3 La guerre de Coree (1950-1953) o 5. 4 « Guerre » ideologique + 5. 4. 1 En Union sovietique et dans le bloc de l’Est + 5. 4. 2 Aux Etats-Unis * 6 Coexistence pacifique et nouvelles crises (1953-1962) o

6. La coexistence pacifique o 6. 2 L’insurrection de Budapest (1956) o 6. 3 La crise de Suez (1956) o 6. 4 La deuxieme crise de Berlin (1961) o 6. 5 Conflit Indonesie/Pays-Bas (1962) o 6. 6 La crise des missiles cubains (1962)

* 7 La « detente » (1963 – 1975) o 7. 1 Les accords nucleaires o 7. 2 La « detente » en Europe (1962 – 1975) o 7. 3 La Republique populaire de Chine, le 3e acteur o 7. 4 Les limites de la « detente » o 7. 5 La guerre du Viet Nam o 7. 6 Tensions dans le monde

* 8 La seconde guerre froide ou « guerre fraiche » (1975 – 1985) 8. 1 L’expansionnisme de l’Union sovietique o 8. 2 America is back (1981) o 8. 3 La course aux armements, l’equilibre de la terreur et sa rupture o 8. 4 Guerres en Afrique o 8. 5 La crise des missiles en Europe o 8. 6 Le probleme de la Pologne o 8. 7 La premiere guerre d’Afghanistan

* 9 L’? uvre de Gorbatchev : de la « nouvelle detente » a la fin du bloc sovietique

* 10 L’implosion de l’Union sovietique et la fin de la guerre froide (1988-1991)

* 11 Chronologie indicative de la guerre froide en Asie de l’Est

* 12 Notes et references

13 Voir aussi o

13. 1 Bibliographie o

13. 2 Articles connexes o

13. 3 Liens externes

Designation du terme Le terme « froide » appose en oxymore indique qu’il ne s’agit pas d’une guerre au sens habituel du terme, mais d’une confrontation qui proscrit l’affrontement arme direct entre les deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale ; elle est cependant marquee par la course aux armements, la menace nucleaire (equilibre de la terreur) et la competition technologique dans le domaine de la conquete de l’espace. Il existe une autre definition.

Si l’on retient generalement les dates de l’affrontement ideologique entre les deux blocs Est-Ouest (1947-1989), Andre Fontaine, ancien redacteur en chef du journal Le Monde, quant a lui, fait remonter cet affrontement a la revolution russe de 1917. Volonte de reconstruction et de paix au lendemain de la Seconde Guerre mondiale L’Europe au temps du rideau de fer. Bloc de l’Ouest, pays de l’OTAN Bloc de l’Est, pays du pacte de Varsovie Rideau de fer Pays Neutre Mouvement des non-alignesL’Albanie finira par rompre avec l’URSS pour s’aligner sur la Chine populaire.

Le président américain et le congrès dissertation

En 1945, face aux Etats europeens ruines par la Seconde Guerre mondiale, deux superpuissances emergent dans le contexte geopolitique mondial. Les Etats-Unis detiennent le monopole nucleaire depuis les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki en aout 1945 et disposent d’une puissance economique et financiere inegalee. L’Union sovietique possede une force militaire decisive en Europe centrale et orientale et un prestige politique considerable[4]. Une reconstruction economique

Un nouvel ordre monetaire et financier mondial est cree autour du dollar americain pour eviter l’instabilite economique qui existait pendant l’entre-deux-guerres et relancer les echanges internationaux. Instituee le 22 juillet 1944 par les accords de Bretton Woods, a l’issue d’une conference qui reunit 44 pays, cette nouvelle organisation de l’economie mondiale fut negociee en fait entre la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Les accords etablissent un Fonds monetaire international (FMI), ainsi qu’une Banque internationale pour la reconstruction et le developpement (BIRD), appelee communement « Banque mondiale ».

Le FMI et la BIRD ont notamment pour mission d’assurer la stabilite des devises nationales et d’accorder des prets a la reconstruction et au developpement. Par ailleurs, les accords instituaient un systeme de parites fixes par rapport au dollar US, seule monnaie entierement convertible en or. Comme les Etats-Unis avaient une reserve d’or avoisinant les trois quarts des reserves mondiales, le dollar US s’imposa forcement comme monnaie de reserve internationale, au meme titre que l’or. En effet, pour financer la guerre, les puissances europeennes avaient du vendre leurs stocks d’or aux Etats-Unis.

Ainsi, le nouveau systeme monetaire ne reposait plus uniquement sur le metal fin detenu par les banques centrales, mais sur le dollar US, as good as gold, dont la valeur etait garantie par la Reserve federale des Etats-Unis, de meme que par la formidable puissance economique des Etats-Unis. En juin 1947, dans un discours prononce a l’universite Harvard, le secretaire d’Etat George Marshall offrit a l’Europe « une aide fraternelle » afin de vaincre « la faim, le desespoir et le chaos » qui regnaient.

Le plan Marshall ou « plan de Reconstruction europeenne » ((en) European Recovery Program) etait propose a toute l’Europe, y compris aux pays de l’Est, et meme a l’Union sovietique. Il etait toutefois assorti de deux conditions : d’une part, l’aide americaine serait geree par des institutions europeennes communes, et d’autre part, le gouvernement federal americain aurait un droit de regard sur sa repartition. Staline hesita, puis, fin juin, fit part de son refus. La Pologne et la Tchecoslovaquie, qui, dans un premier temps, avaient donne une reponse favorable a la proposition americaine, se virent obligees de la refuser a leur tour.

Finalement, seize pays, rejoints en 1949 par l’Allemagne de l’Ouest (RFA), accepterent le plan Marshall : la France et le Royaume-Uni – qui en seront les principaux beneficiaires – l’Autriche, le Benelux, la Grece, l’Irlande, l’Islande, l’Italie, les pays scandinaves, le Portugal, la Suisse et la Turquie. En avril 1948, ces seize pays fonderent l’Organisation europeenne de cooperation economique (OECE), qui deviendra plus tard (en 1960) l’Organisation de cooperation et de developpement economiques (OCDE), organisme supranational dont la fonction premiere etait de gerer et de repartir l’aide americaine entre les pays membres.

De 1948 a 1952, plus de treize milliards de dollars US – 5/6 sous forme de dons, 1/6 sous forme de prets – furent fournis par les Etats-Unis. Cette aide a la reconstruction se composait d’une partie financiere (subventions et prets) et d’une partie en produits et equipements divers (denrees alimentaires, tracteurs, outils de production, etc. ). Dans un espace economique « dollarise » par les accords de Bretton Woods, le plan Marshall fut concu pour combler le « dollar gap », permettant ainsi aux Europeens d’acheter aux Etats-Unis approvisionnements et equipements tout en assurant un debouche aux produits americains.

En effet, en 1946, 42 % des exportations americaines ayant pris le chemin de l’Europe occidentale, un effondrement economique de l’Europe se serait repercute sur l’economie americaine elle-meme. Le secretaire adjoint a l’economie, Will Clayton, l’exprimait ouvertement : « Disons, sans tourner autour du pot, que nos objectifs ont pour arriere-plan les besoins et les interets des Etats-Unis. Nous avons besoin de marches, de gros marches, pour y acheter et pour y vendre. [5] L’objectif du plan Marshall, toutefois, n’etait pas uniquement economique. Le gouvernement federal americain a Washington avait compris que la detresse des populations europeennes faisait le jeu des partis marxistes alignes sur Moscou. En France et en Italie notamment, plus d’un quart de l’electorat votait communiste. Des lors, l’injection de capitaux americains etait le complement economique de la doctrine du ontainment : endiguer l’influence sovietique par la creation d’un espace de prosperite en Europe. Les Sovietiques ne tarderent pas a repliquer : en octobre 1947, lors de la conference fondatrice du Kominform, Andrei Jdanov, secretaire du Parti communiste de l’Union sovietique (PCUS), reuni avec les delegues des neuf partis communistes europeens, denonca l’« imperialisme americain » qui, d’apres lui, vassalisait les economies europeennes en les placant sous la tutelle de Washington.

Selon la doctrine Jdanov, le monde etait desormais divise en deux camps antagonistes : d’un cote, un « camp imperialiste et anti-democratique » dont les Etats-Unis serait « la principale force dirigeante » ; de l’autre, un camp « anti-imperialiste et democratique » place sous l’egide de Moscou. Une volonte de paix En aout 1941, Churchill et Roosevelt avaient signe la charte de l’Atlantique, une declaration commune s’inspirant des principes wilsoniens, dans laquelle les deux leaders prevoyaient la mise en place d’un « systeme etendu et permanent de securite generale ».

En fevrier 1945, les accords de Yalta reprirent ce propos et annoncerent la convocation d’« une conference des Nations unies sur l’organisation mondiale (…) le 25 avril 1945, aux Etats-Unis. »[6] Le 26 juin 1945, portes par le mouvement d’une opinion publique choquee par les exactions nazies et la cruaute des combats, les delegues de 51 pays approuverent a San Francisco la Charte des Nations unies, texte fondateur de l’Organisation des Nations unies (ONU), dont ’objectif le plus important serait de « preserver les generations futures du fleau de la guerre qui, deux fois en l’espace d’une vie humaine, a inflige a l’humanite d’indicibles souffrances. » Les debuts Article detaille : chronologie de la guerre froide. Causes Des la fin de la Seconde Guerre mondiale, les relations entre les Americains et les Sovietiques se degradent. L’URSS affirme vouloir garantir sa securite en s’entourant de pays allies le long de ses frontieres.

L’Armee rouge ne se retire pas des pays qu’elle a liberes du nazisme et, contrairement aux engagements pris a la conference de Yalta, n’y organise pas d’elections libres. Une « guerre » d’un nouveau genre oppose les Etats-Unis a l’expansionnisme sovietique, et la guerre des influences concerne rapidement le tiers-monde, stabilisee comme elle l’est des 1949 par l’equilibre nucleaire, dit l’« equilibre de la terreur » : c’est l’annee en effet ou l’URSS a son tour possede la bombe nucleaire. Les causes immediates : la situation de l’apres-guerre Staline cherche a mettre l’URSS a l’abri d’une nouvelle attaque par la creation d’un « glacis » territorial et ideologique, c’est-a-dire d’un espace protecteur qui eloigne la menace des frontieres sovietiques :

* en repoussant plus a l’Ouest les frontieres de l’URSS par l’annexion des pays baltes et d’une partie de la Pologne, alors que les territoires allemands situes a l’est de l’Oder et de la Neisse de Gorlitz sont places sous administration polonaise (partage effectue lors de la conference de

Potsdam) ;

* en imposant des gouvernements pro-sovietiques dans les pays d’Europe centrale et orientale occupes par l’Armee rouge (a l’exception de l’Autriche), pays qui deviendront plus tard des « democraties populaires ». Le coup de Prague en Tchecoslovaquie – l’une des rares reelles democraties d’avant-guerre en Europe de l’Est – fut l’expression la plus visible, pour l’Ouest, de cette politique, et fut percu comme la manifestation de la volonte hegemonique de l’URSS.

Avant meme la fin des hostilites avec l’Allemagne, l’Union sovietique a etabli sa domination dans les territoires liberes par l’Armee rouge :

* arrestation de seize dirigeants de l’Armee secrete polonaise, formellement convies a Moscou pour des « entretiens politiques », les deux principaux leaders de la resistance polonaise mourant en prison quelques mois plus tard. Le gouvernement polonais en exil a Londres, abandonne par les Occidentaux, se voit denier peu a peu toutes prerogatives, et le comite de Lublin forme par les Sovietiques prend le controle du pays ; attribution de la province tchecoslovaque de Ruthenie subcarpatique a l’Ukraine, ce qui procure a l’Union sovietique une frontiere commune avec la Hongrie ;

* installation au pouvoir des partis communistes tant a Bucarest qu’a Sofia, et elimination de toute autre formation politique ;

* mise en place a Vienne, sans consultation des Occidentaux, d’un gouvernement provisoire pro-sovietique dont le chef a approuve l’Anschluss en 1938 ;

* enfin, le marechal Tito, maintenant etabli a Belgrade, refuse, contrairement a ce que le Kremlin avait promis aux Allies, de laisser le roi Pierre II rentrer de son exil.

De plus en plus inquiet de ces violations repetees de la charte de l’Atlantique et de la Declaration sur l’Europe liberee de Yalta, Churchill s’alarme dans un telegramme du 12 mai 1945 a Truman des risques de voir les forces sovietiques s’avancer jusqu’aux rives de l’Atlantique, et utilise deja l’expression « Rideau de fer », qui deviendra celebre. En mars 1946, dans un discours retentissant, il denonce ouvertement cette mainmise sovietique sur l’Europe centrale et orientale. « De Stettin dans la Baltique a Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est tombe sur le continent. …) Les partis communistes, qui etaient tres faibles dans tous ces Etats de l’Est de l’Europe, ont obtenu un pouvoir qui depasse de beaucoup leur importance, et cherchent partout a exercer un controle totalitaire. Des gouvernements policiers s’installent un peu partout, au point qu’a l’exception de la Tchecoslovaquie, il n’y a pas de vraie democratie. » En Allemagne, dans leur zone d’occupation, les Sovietiques menent avec vigueur la denazification decidee a la conference de Potsdam. Plus de 120 000 personnes sont internees dans des « camps speciaux » qui existeront jusqu’en 1950. 2 000 detenus y seraient morts de privations et de sevices[7].

Cette politique d’epuration va de pair avec la nomination de cadres communistes aux postes-cles de l’administration, de la police et de la justice, et plusieurs milliers d’agents ayant travaille sous le IIIe Reich sont « recycles » par les nouveaux services de securite d’Allemagne de l’Est ou maintenus dans l’administration[8] et de nombreux fonctionnaires de l’ancien regime serviront le nouveau pouvoir jusqu’aux annees 1960.

Les allies occidentaux, en revanche, misent davantage sur une « reeducation » (Umerziehung) du peuple allemand[9], associee a une politique d’indulgence a l’egard des « suiveurs » (Mitlaufer) et sympathisants du regime. Des scientifiques allemands sont ainsi recuperes par la Joint Intelligence Objectives Agency (JIOA) afin de travailler pour les Etats-Unis (operation Paperclip), tandis qu’il est permis a d’anciens fonctionnaires ou militaires du Troisieme Reich, s’ils n’ont pas ete condamnes par la justice, d’exercer a nouveau leurs fonctions.

Des la fin de la guerre, l’Office of Strategic Services (OSS), embryon de la Central Intelligence Agency (CIA), confie a l’ex-major-general de la Wehrmacht Reinhard Gehlen, chef de l’Abwehr pour le front est (Abteilung Fremde Heere Ost), le soin de creer un service de renseignements couvrant l’ensemble des territoires naguere occupes par l’Allemagne[10].

Pour justifier son budget – en partie utilise pour exfiltrer, en collaboration avec l’ODESSA, d’anciens collaborateurs ou des criminels de guerre nazis –, ce reseau d’espionnage nouvellement cree, precurseur du Bundesnachrichtendienst (BND) et baptise Gehlen Org par la Defense americaine, transmet parfois des informations entierement fabriquees et de plus en plus inquietantes sur la puissance de l’Armee sovietique et sur la strategie expansionniste de l’URSS. Des 1947, les Etats-Unis en font un element de leur propagande, alors qu’en realite l’Union sovietique n’a pas encore commence a se remettre du conflit mondial[11].

Il faut preciser toutefois que, meme en admettant que Staline n’ait pas eu l’intention d’etendre par les armes la sphere de domination sovietique, l’URSS n’en vassalisa pas moins les pays qu’occupait son armee, grace a la mise en place progressive de « democraties populaires » ; et qu’elle entreprit plusieurs tentatives d’accroitre par intimidation sa sphere d’influence en Iran (voir crise irano-sovietique), en Grece et en Turquie. Comme le disait Staline lui-meme, il savait ne pas aller trop loin s’il sentait se crisper la resistance a ses ambitions. Opposition ideologique

Des le XIXe siecle, Alexis de Tocqueville predit que les Etats-Unis et la Russie imperiale ont tous deux vocation a devenir un empire a l’echelle mondiale, et s’opposeront pour la domination globale des qu’ils entreront en contact. Il ecrit que « chacun d’entre eux [Etats-Unis et Russie] semble etre appele par un dessein secret de la Providence a tenir un jour dans ses mains les destinees de la moitie du monde »[12].

La « destinee manifeste » des Etats-Unis d’un cote, la volonte d’expansion de la Russie de l’autre, entraine la rivalite des deux principaux Etats imperialistes.

Les deux systemes socioeconomiques sont differents, voire opposes, sur plusieurs points : Systeme du bloc de l’Est Systeme du bloc de l’Ouest Politique Regime de « democratie populaire » *, le PC exerce un  » role dirigeant  » sur le societe civile et l’etat. Democratie liberale, les partis politiques concourent librement pour l’acces au pouvoir, dans un cadre de confrontation des idees qui s’effectue principalement au sein des medias. Societe Officiellement, societe sans classe dominante**, en realite societe dotee d’une nomenklatura privilegiee. Importance de la bourgeoisie.

Economie Planification centralisee (plans quinquennaux) Economie capitaliste reposant theoriquement sur l’initiative individuelle, la liberte d’entreprise et le libre marche, mais dans laquelle les entreprises privees et publiques sont tres dependantes de capitaux et d’investissements publics. Conception de l’individu L’individu est soumis aux objectifs politiques fixes par le parti qui reforme la societe. L’individu en tant que consommateur est le moteur de la societe et de l’economie. Conception du progres La progression de la societe entraine le progres des individus dans leur ensemble.

La progression personnelle de l’individu entraine le progres de la societe. * En realite dictature d’un parti unique. Certains pays de l’Est (comme la Pologne) disposaient de plusieurs partis politiques mais tous ont ete sous le diktat d’un parti infeode a l’URSS. ** De 1918 jusqu’a l’adoption de la Constitution de 1936 l’URSS se definissait officiellement comme « dictature du proletariat » avec les ouvriers comme classe dominante. Les origines de la guerre froide depassent toutefois le cadre socioeconomique.

Le fait que l’Union sovietique fut une societe « fermee » –surtout sous Staline, ou il etait extremement difficile de savoir qui avait de l’influence sur quoi, quelles etaient ses vraies ressources et ses intentions – fut l’un des traits marquants de la guerre froide, alimentant les doutes et les craintes (reelles ou imaginaires) de l’Ouest qui, de son cote, avec ses changements de gouvernement et de politique selon les elections successives, rendait souvent perplexes les analystes sovietiques. La mise en place des blocs et la question des armes nucleaires

Au centre de la guerre froide se situent les questions nucleaires. Il semble que celles-ci, grace a leur capacite de destruction inegalee, soient en grande partie responsables de l’absence de conflit a grande echelle entre les deux blocs, ce qu’on appelle l’« equilibre de la terreur » par la dissuasion, une peur du nouveau conflit mondial sous peine de la « destruction mutuelle assuree » (DMA), a partir du moment ou les superpuissances ont admis que l’usage des armes nucleaires doit etre restreint au minimum (admission faite au moment de la guerre de Coree)[13].

Ainsi la menace de conflit nucleaire aura desamorce la crise des missiles de Cuba, ainsi que la crise du canal de Suez, limitant les conflits aux theatres regionaux ou locaux. Les deux blocs (1947-1953) Alliances militaires Alliances economiques La formation des blocs s’explique en partie par l’arme nucleaire que les Etats-Unis possedent, mais pas l’URSS (qui l’aura bientot cependant : la bombe A RDS-1 explosant en 1949). Chaque Etat se range donc sous la protection de l’une ou l’autre des superpuissances : c’est le « parapluie nucleaire ».

Le ralliement des Etats se fait par une serie de pactes : c’est la « pactomanie », expliquant la rapide mise en place des blocs durant la guerre froide. Un bloc se definit donc comme un ensemble de pays sous le parapluie nucleaire d’une superpuissance. Tres vite, le monde se divise en deux blocs[14]. Le bloc de l’Ouest La formation des democraties populaires est ressentie par les pays occidentaux comme une menace. Ils reagissent : * politiquement : le 11 mars 1947, un an apres le discours de Fulton, le president Harry S.

Truman annonce sa politique de containment (endiguement) du communisme, aussi appelee la doctrine Truman, qui considere l’opposition ouest/est comme un conflit entre deux systemes antinomiques : « democratie » contre « totalitarisme ». La doctrine Truman prevoit d’assister tout pays qui pour conserver son independance combat l’expansionnisme sovietique. L’application de cette doctrine amenera les Etats-Unis a intervenir loin de leur territoire et en faveur de regimes dictatoriaux.

En 1954, les Etats-Unis participent au coup d’Etat au Guatemala qui remplace un gouvernement democratiquement elu par une dictature (Operation PBSUCCESS). Lors de la guerre froide, beaucoup de dictatures d’Amerique latine et d’Europe soutiennent les politiques americaines, qui sont vues comme un rempart face a la montee du communisme : l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar, la Grece du regime des colonels a partir de 1967, la Turquie du general Kenan Evren apres le coup d’Etat de 1980, le Chili de Pinochet, l’Argentine de la junte de Videla apres 1976, le regime militaire bresilien a partir de 1964, etc.

Il y a aussi une opposition economie de marche contre economie planifiee quoique la encore, la Yougoslavie de Tito adopte un systeme « autogestionnaire », tandis qu’en Europe des regimes d’economie mixte sont adoptes : le dirigisme en France, de larges nationalisations au Royaume-Uni. * economiquement : a partir de 1947, les Etats-Unis mettent en ? uvre le plan Marshall, aide economique pour la reconstruction de l’Europe, en tant que complement a la doctrine Truman[15]. militairement : les Etats-Unis et leurs allies creent un important reseau d’alliances defensives : l’Organisation des Etats americains (1948), le traite de Bruxelles (1948), le Pacte atlantique (1949) dote en 1950 d’une structure militaire, l’Organisation du traite de l’Atlantique Nord (OTAN) (avec mise en place des cellules paramilitaires clandestines du stay-behind, Gladio), l’ANZUS (1951), l’Organisation du traite de l’Asie du Sud-Est (OTASE) (1954) et le pacte de Bagdad (1955).

Les pays signataires s’engagent a s’aider mutuellement en cas d’agression. En 1947, les services de renseignements des Etats-Unis, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zelande signent l’accord UKUSA, dans le cadre duquel le systeme de renseignement d’origine electromagnetique Echelon sera mis en place dans les annees 1960[16] (des 1945, la National Security Agency intercepte les telegrammes, debutant l’operation Shamrock[17]).

Une base de renseignement d’origine electromagnetique (SIGINT) est installee a San Vito dei Normanni en 1964, tandis que le premier satellite COMINT (CANYON) est lance en aout 1968, suivi de sept autres entre 1968 et 1977 [18]. Le bloc de l’Est Article detaille : Bloc de l’Est. L’URSS adopte une strategie strictement parallele. Elle reagit : * politiquement : en septembre 1947, en reponse a la doctrine Truman et au plan Marshall, qui d’apres eux vise « a l’asservissement economique et politique de l’Europe », les Sovietiques mettent en place le Comite d’information des partis communistes (Kominform).

Le but officiel de cet organisme est « l’echange des experiences et la coordination de l’activite des partis communistes ». Lors de la reunion constitutive, Jdanov, dans la meme perspective manicheenne que Truman, formule la doctrine sovietique en matiere de politique internationale : le monde serait desormais divise en deux camps hostiles, le camp anti-imperialiste et democratique et le camp imperialiste et antidemocratique ; l’URSS serait le leader du camp democratique, alors que les Etats-Unis seraient a la tete du camp imperialiste. economiquement : en janvier 1949, suite a la creation de l’OECE, l’URSS fonde le Conseil d’assistance economique mutuelle (CAEM, en anglais COMECON), qui est charge de coordonner les economies des democraties populaires et de planifier les echanges commerciaux entre elles[19]. * militairement : en mai 1955, suite a l’admission de la RFA dans l’OTAN, l’URSS cree le pacte de Varsovie, qui officialise l’autorite sovietique sur les armees des democraties populaires[19]. Les tentatives de negociation

A partir de 1947, plusieurs conferences internationales reunissent les grandes puissances afin de degager un consensus sur les problemes qui les divisent : le sort et le statut de l’Allemagne, les conflits internationaux, le desarmement general, etc. Bien qu’elles constituent une espece d’armistice en pleine guerre froide, ces reunions se soldent par des echecs ou aboutissent a des resultats insignifiants. Les premieres crises (1948-1953) La crise irano-sovietique Article detaille : Crise irano-sovietique. La crise irano-sovietique fut la toute premiere epreuve de force de ce qui allait devenir la guerre froide, et a pour objet l’Iran.

A l’ete 1941, l’URSS et la Grande-Bretagne, a la recherche d’une voie d’acheminement des armes et du ravitaillement a destination du front russe, s’etaient entendus pour en occuper chacune une moitie et deposer le chah Reza Pahlavi, coupable de trop de sympathie avec l’Axe. Son fils, Mohammed Reza, qui lui a succede, a conclu avec ces puissances un traite prevoyant le retrait de leurs troupes au plus tard le 2 mars 1946. Tres vite cependant, l’URSS soutient deux mouvements independantistes dans le Nord du pays afin de constituer un glacis protecteur au sud comme elle l’a fait en Europe.

Ceci conduit a des negociations iraniennes et des pressions occidentales, qui conduisirent finalement l’Armee rouge a se retirer. La premiere crise de Berlin (1948-1949) Article detaille : Blocus de Berlin. En juillet 1945, a la conference de Potsdam, les trois dirigeants des principales puissances alliees, Churchill (puis son successeur, le travailliste Attlee), Staline et Truman s’accordent sur le partage de l’Allemagne et de l’Autriche en quatre zones d’occupation : americaine, britannique, francaise et sovietique.

De meme, Berlin, l’ancienne capitale du Reich, est divisee en quatre secteurs d’occupation. Enclavee dans la zone sovietique, des voies d’acces aeriennes, autoroutieres et ferroviaires permettent de la raccorder aux zones occidentales. Apres le coup de Prague, en fevrier 1948, les Occidentaux decident de transformer a breve echeance leur trizone en un Etat souverain ouest-allemand (conference de Londres, en avril-juin 1948). La premiere phase du processus est la creation du Deutsche Mark, qui devient le 20 juin la monnaie commune aux trois zones occidentales.

Staline proteste contre cette division de fait de l’Allemagne et, le 23 juin 1948, il profite de l’isolement geographique de Berlin pour bloquer tous les acces terrestres et fluviaux des secteurs occidentaux. Plus de deux millions d’habitants et 30 000 soldats allies se retrouvent pris en otage derriere le rideau de fer[19]. Dans un premier temps, les Allies envisagent de forcer le blocus, selon la proposition du general Clay. Mais ils ne veulent pas prendre le risque de provoquer un conflit arme dont ils auraient pris l’initiative.

Ils ne peuvent pas non plus ne pas reagir, puisque cela aurait implique l’echec de la politique du containment. Pour sauver la ville de l’asphyxie, Britanniques et Americains decident finalement de mettre en place un pont aerien, c’est-a-dire d’assurer le ravitaillement (vivres, carburant, charbon) par avion. Durant les onze mois que dure le blocus, un transporteur atterrit en moyenne toutes les trente secondes a Berlin-Ouest, sur les aeroports de Tempelhof, Gatow et Tegel.

Au total, deux millions et demi de tonnes de fret (dont le charbon constitue les deux tiers) sont achemines par 275 000 vols. On estime que moins de 5 % des Berlinois de l’Ouest ont prefere se ravitailler aupres des autorites sovietiques. Le 12 mai 1949, conscient de son echec, Staline decide de lever le blocus. Pendant la crise, les Etats-Unis deploient trois escadrilles de bombardiers strategiques B-29 de l’United States Air Force (USAF) au Royaume-Uni pour signifier qu’ils sont prets a riposter a une eventuelle invasion de l’Europe de l’Ouest.

Cependant, ils n’envisagent a aucun moment de recourir a la menace d’un ultimatum atomique (ils disposent alors du monopole nucleaire) pour faire cesser le blocus de Berlin et contraindre l’Union sovietique a se retirer egalement de tous les pays ou elle avait refuse de « former des gouvernements interimaires largement representatifs de tous les elements democratiques de la population, qui s’engageraient a faire etablir aussitot que possible, par des elections libres, des gouvernements repondant a la volonte du peuple. ».

En effet, l’Europe de l’Ouest est en pleine reconstruction et la puissance militaire conventionnelle du bloc de l’Est est de loin superieure a celle des Occidentaux. Par la, les Etats-Unis enterinent de facto le partage de l’Europe que Staline avait voulu voir dans les accords de Yalta. Le 23 mai 1949, la division de l’Allemagne devient officielle, par la promulgation de la loi fondamentale (Grundgesetz), acte de naissance de la Republique federale d’Allemagne (RFA, Bundesrepublik Deutschland), dont la capitale federale est Bonn.

Le 12 octobre, la zone sovietique a son tour se constitue en un Etat souverain, la Republique democratique allemande (RDA, Deutsche Demokratische Republik), dont la capitale est Berlin-Est. Les deux entites refusent de se reconnaitre juridiquement. En 1955, la doctrine Hallstein, elaboree par la RFA, enonce que quiconque reconnaitrait la RDA couperait, de fait, ses relations diplomatiques avec Bonn, qui s’affirme comme seule representante legitime de l’Allemagne. Desormais, l’Allemagne se trouve au c? r de la guerre froide[20]. Cette crise diminuera le prestige de l’URSS dans le monde, d’une part a cause de ces images de Berlinois affames resistant a sa politique de force et d’autre part l’humiliation militaire, et augmentera parallelement celui des Etats-Unis aux yeux des Allemands de l’Ouest, leur statut passant de celui d’occupant a celui de protecteur. La guerre de Coree (1950-1953) Article detaille : Guerre de Coree. Des marines a Seoul, en septembre 1950

La guerre de Coree[21],[22] a pour contexte la victoire de Mao Zedong sur le nationaliste Tchang Kai-chek en Chine : la Republique populaire de Chine est proclamee par Mao le 1er octobre 1949. Les Etats-Unis appliquent leur doctrine d’endiguement, qui s’oppose a l’expansion du communisme par la force, au benefice de la Coree du Sud, pays attaque par une puissance communiste. La reaction americaine a aussi une explication strategique : laisser la Coree du Nord accomplir impunement son agression contre un allie americain augmenterait le risque d’un basculement d’allegeance du Japon parce que trop isole face aux puissances communistes.

Apres la defaite japonaise en aout 1945, la Coree est coupee en deux au niveau du 38e parallele : au Sud, la Republique de Coree, proamericaine, dirigee par Syngman Rhee, au Nord, la Republique populaire de Coree, prosovietique, dirigee par Kim Il-sung. En 1948 et en 1949, les armees sovietiques et americaines quittent leurs zones d’occupation respectives, de part et d’autre du 38e parallele. Le 12 janvier 1950, le secretaire d’Etat americain Dean Acheson declare devant des journalistes que le perimetre de defense des Etats-Unis comprend les iles Aleoutiennes, les iles Ryukyu, le Japon et les Philippines.

En d’autres termes, la Coree n’en fait apparemment pas partie. Le 25 juin 1950, l’armee nord-coreenne franchit le 38e parallele, avec l’accord de Staline, encourage par les declarations americaines. Le 27 juin, les Nations unies condamnent l’agression nord-coreenne et decident de venir en aide a la Coree du Sud. Depuis fevrier 1950, afin de protester contre la presence de Taiwan et non de la Chine populaire, l’URSS boycotte les seances du Conseil de securite et n’a donc pas pu mettre son veto a cette resolution.

Le general Mac Arthur, le vainqueur du Pacifique, est nomme commandant en chef des forces de l’ONU, formees en majeure partie de contingents americains, mais aussi de troupes britanniques, francaises, australiennes, canadiennes entre autres. Fin septembre 1950, MacArthur atteint la frontiere chinoise. En octobre, devant l’intervention de 850 000 « volontaires du peuple chinois », en fait des troupes regulieres, il doit se replier sur le 38e parallele, ou le front finit par se stabiliser en mars 1951.

Pour remporter la victoire, MacArthur propose alors un plan d’escalade du conflit a Truman : bombardement de la Mandchourie, blocus naval des cotes chinoises, debarquement des forces du general Tchang Kai-chek en Chine du Sud et, le cas echeant, emploi de l’arme atomique. Truman, qui est convaincu qu’une telle initiative provoquera une intervention sovietique, limoge Mac Arthur et le remplaca par le general Matthew Ridgway. Le 27 juillet 1953, apres la mort de Staline et deux ans de pourparlers, l’armistice est signe a Panmunjeom, mais ne sera suivi d’aucun traite de paix. « Guerre » ideologique

En Union sovietique et dans le bloc de l’Est Progressivement, les leaders des partis non-communistes qui refusent de se rallier au regime sont ecartes, soit par discreditation ou intimidation, soit par des proces politiques suivis d’emprisonnement voire d’execution. Le bloc de l’Est est le theatre de nombreux proces politiques contre des personnes accuses d’etre « titistes » (terme qui vient de Tito, chef de la Yougoslavie), accuses de devier de la politique de Moscou, (donc d’etre « deviationnistes »), de « cosmopolitisme » ou de « sionisme », ou de travailler pour l’Occident.

De tres nombreuses personnes sont emprisonnees ou executees, l’immense majorite tout simplement car ils genent les regimes alors en place alors que plusieurs d’entre eux sont d’authentiques communistes comme Laszlo Rajk qui en Republique populaire de Hongrie est l’une des premieres victimes avec 19 autres hommes de ces Grandes Purges en 1949. Aux Etats-Unis Article detaille : Maccarthisme. Aux Etats-Unis, a partir de 1947 les artistes suspectes de sympathies communistes sont places sur la « liste noire », et empeches de travailler.

Les « dix d’Hollywood », refusant de repondre aux questions en invoquant le premier amendement, sont emprisonnes. La Commission d’enquete de la Chambre des representants sur les activites antiamericaines (House Un-American Activities Committee ou HUAC) enquete sur la propagande communiste et fait boycotter 300 artistes par les studios. Des artistes comme Bertolt Brecht, Charlie Chaplin, Jules Dassin et Orson Welles doivent quitter les Etats-Unis. Entre 1950 et 1954, le senateur republicain du Wisconsin, Joseph McCarthy, mene une veritable chasse aux « Rouges ».

Il fait mettre en accusation pele-mele tous ceux qu’il soupconne d’etre des membres du Parti communiste, des « compagnons de route » ou de simples sympathisants : des fonctionnaires, des artistes, des intellectuels, des savants et des hommes politiques. Le secretaire d’Etat Dean Acheson est suspecte d’etre « mou dans la lutte contre le communisme » (soft on communism) et George Marshall, l’ancien secretaire d’Etat, accuse d’avoir lache Tchang Kai-chek en 1946. Ethel et Julius Rosenberg, un couple de juifs communistes americains, sont arretes, condamnes a mort et executes pour espionnage au profit des Sovietiques.

Cette affaire suscite une vive emotion en Europe, et tout particulierement en France, ou l’on denonce le climat d’hysterie collective qui a entoure le proces. Il est etabli aujourd’hui, selon differentes archives et temoignages, que les Rosenberg, en particulier l’epoux, sont bien des espions qui ont transfere aux Sovietiques des documents relatifs au radar et a des armements. Ce sont les seuls espions executes, suite a une procedure judiciaire, durant la guerre froide, aux Etats-Unis[23]. Finalement, en 1954, McCarthy depasse les bornes et met en doute la loyaute de l’armee.

Il est alors l’objet d’un blame de la part de ses collegues du Senat : c’est la fin du maccarthysme. La liste noire restera cependant en activite pendant plusieurs annees. Coexistence pacifique et nouvelles crises (1953-1962) La coexistence pacifique Article detaille : coexistence pacifique. Le 5 mars 1953, Staline meurt. Il est remplace par le nouveau numero un sovietique Nikita Khrouchtchev, dit « Mr K », qui condamne les crimes de Staline et commence le processus de destalinisation. Commence la coexistence pacifique (1956).

La theorie des dominos formulee le 7 avril 1954 par le president Eisenhower, justifie l’intervention des Etats-Unis dans le monde, qui abandonnent ainsi definitivement l’isolationnisme. La meme annee, la doctrine Dulles prevoie des « represailles massives » en cas d’attaque de l’URSS : la coexistence pacifique est fondee sur l’« equilibre de la terreur ». Enfin, en 1957, Eisenhower enonce la doctrine Eisenhower, qui promet des aides economiques et militaires aux Etats du Moyen-Orient pour faire front a l’influence sovietique.

La doctrine est appliquee lors de la crise de 1958 au Liban, durant laquelle 14 000 militaires americains debarquent au Liban (operation Blue Bat). De l’autre cote, la doctrine Sokolovski, enoncee par Khrouchtchev en 1960, reaffirme l’usage sovietique de l’arme nucleaire en cas d’attaque. Des 1950, un PB4Y Privateer est abattu par la chasse sovietique. A partir de 1956, les Americains utilisent des U2 volant a plus de 20 000 metres d’altitude. Mais, lors de l’incident de l’U-2 de mai 1960, l’un d’eux est abattu et son pilote, Francis Gary Powers, est emprisonne a la suite d’un proces tres mediatise.

Les Americains creent alors des avions espions de plus en plus perfectionnes, avant de developper un programme de satellites de surveillance (Corona et KH-6). Durant cette periode, il y a un dialogue plus ouvert entre les dirigeants des deux blocs. Khrouchtchev rencontre Eisenhower en 1956 au Royaume-Uni, en 1959 aux Etats-Unis, en 1960 en France et Kennedy en 1961 a Vienne[24]. En effet, le jeune democrate John F. Kennedy a gagne les elections de 1960. Il prefere une coexistence pacifique avec l’URSS, mais veut en meme temps empecher le communisme de se repandre dans le tiers monde.

Dans le cadre de la doctrine Kennedy, il appelle ainsi a ce que la « force et l’unite militaire requise dans la lutte contre le communisme soient contrebalancees par des espoirs de desarmements et de cooperation globale ». Dans ce cadre, il cree « l’Alliance pour le Progres » (1961), un programme d’aide economique pour aider l’Amerique latine et contrer l’influence de Cuba. Celle-ci se revele neanmoins plutot decevante. De plus, il accroit l’aide americaine au Congo-Kinshasa et envoie des « conseillers militaires » au Laos et au Viet Nam.

Dans le meme temps, la doctrine MacNamara de riposte graduee remplace, en 1962, la doctrine Dulles de represailles massives. L’insurrection de Budapest (1956) Article detaille : Insurrection de Budapest. Le bloc sovietique vit une importante crise cristallisee par la revolte hongroise a Budapest, laquelle mene a une repression sovietique au moment des Jeux olympiques d’ete de 1956. Le mouvement hongrois d’octobre 1956 fut une insurrection, voire une revolution. Ce fut un soulevement spontane, sans dirigeant, authentique mouvement de masse uni par la haine du regime stalinien et par une volonte d’ameliorer la situation sociale.

L’enquete menee par le Comite special de l’ONU sur la Hongrie en 1957 conclut son rapport en disant que le « soulevement hongrois a eu un caractere non seulement national, mais aussi spontane ». L’agitation des ecrivains, des etudiants et des journalistes prouve une emancipation progressive vis-a-vis du Parti des travailleurs hongrois (le parti unique), ainsi qu’une desagregation du systeme totalitaire. Mais l’insurrection hongroise est rapidement ecrasee par les chars sovietiques, ceci sans reelle reaction du bloc de l’Ouest[25]. La crise de Suez (1956)

Article detaille : Crise de Suez. Cette crise[26] fait partie de la guerre froide car c’est le propre de ce conflit que de n’assister a aucune bataille directe entre les deux Grands, puisqu’elle est un conflit opposant de maniere indirecte les Etats-Unis et l’URSS. En 1956, le monde assiste a une guerre entre l’Egypte d’une part, la France, le Royaume-Uni et Israel d’autre part. La France et le Royaume-Uni subissent les pressions des deux superpuissances, lesquelles n’apprecient pas de ne pas avoir ete mises au courant de l’operation autour du canal de Suez.

L’URSS menace d’utiliser l’arme atomique, car elle y voit une guerre coloniale. Dans ce dossier, les deux grandes puissances adoptent la meme position. La deuxieme crise de Berlin (1961) Rencontre de Kennedy et Khrouchtchev a Vienne, 1961 Article detaille : Mur de Berlin. Entre 1949 et 1961, 3,6 millions d’Allemands de l’Est transiterent par Berlin pour passer en RFA. Cette hemorragie demographique etait un desastre economique pour la RDA, car c’etaient surtout des ingenieurs, des medecins et des ouvriers specialises qui commirent le « delit de fuite » (Republikflucht).

En meme temps, elle etait une catastrophe politique en ce qu’elle portait atteinte a l’image de marque officielle de la RDA. En novembre 1958, cette situation donna lieu a une crise diplomatique connue sous le nom d’« ultimatum de Khrouchtchev » et dans laquelle furent impliquees toutes les puissances occidentales. En juin 1961, Kennedy et Khrouchtchev se rencontrent a Vienne. Khrouchtchev annonce qu’il va signer un traite de paix avec la RDA, ce qui priverait les Etats-Unis de leur acces a Berlin-Ouest.

Kennedy juge la situation inacceptable et la conference ne mene a rien. Khrouchtchev envoie son armee devant Berlin-Ouest. Kennedy riposte en etalant les chars americains devant les forces sovietiques et en augmentant le budget militaire americain. Khrouchtchev recule son armee sous la pression. Le mur de Berlin est l’un des symboles majeurs de la guerre froide. Le 13 aout 1961, la construction du mur de Berlin entre le secteur sovietique et les trois secteurs occidentaux met fin a ce « debauchage systematique de citoyens de la Republique democratique allemande »[27].

Mais, etant donne que les autorites est-allemandes et sovietiques ne firent aucune tentative pour bloquer les voies de communication entre la RFA et Berlin-Ouest et que, par ailleurs, Khrouchtchev ne mit pas en question le statut quadripartite de la ville, la reaction des Occidentaux se limita a des protestations verbales et a des gestes symboliques : la visite a Berlin-Ouest du general Lucius D. Clay, l’organisateur du pont aerien, et le renforcement de la garnison americaine par 1 500 hommes.

En effet, aux yeux des Occidentaux, la construction du mur ne constituait qu’une agression a l’egard des Allemands de l’Est et ne menacait pas les three essentials (c’est-a-dire les interets essentiels) du bloc de l’Ouest[28]. Conflit Indonesie/Pays-Bas (1962) Articles detailles : Nouvelle-Guinee neerlandaise et Bataille de la mer d’Arafura. En 1962, un conflit peu mediatise opposant l’Indonesie a son ancienne puissance coloniale, les Pays-Bas au sujet du statut de la Nouvelle-Guinee neerlandaise faillit voir l’entree en guerre de la marine sovietique au cote de l’Indonesie le 5 aout 1962[29].

Cette region fut finalement transferee a l’Indonesie apres l’accord de New York. La crise des missiles cubains (1962) Photographie aerienne de missiles nucleaires sovietiques installes a Cuba, le 1er novembre 1962 Article detaille : Crise des missiles de Cuba. La crise des missiles cubains[30] met plus nettement en evidence la menace d’une guerre nucleaire. En janvier 1959, les guerilleros de Fidel Castro avaient renverse le dictateur Fulgencio Batista, soutenu par les Etats-Unis.

Le nouveau regime prit une serie de mesures qui lui valurent l’hostilite croissante de Washington : en 1959, demantelement des latifundia ; signature d’un accord commercial avec l’Union sovietique en mai 1960, apres la reduction des achats de sucre cubain par les Etats-Unis ; en juin et juillet, confiscation des entreprises nord-americaines, qui controlaient, outre la totalite des raffineries de petrole, 40 % de l’industrie sucriere, 80 % du tabac et 90 % des mines[31].

A titre de represailles, le gouvernement americain, soumis entre autres a la pression des milieux d’affaires, mit en place un embargo economique de l’ile en octobre 1960 et, le 2 janvier 1961, il rompit les relations diplomatiques avec La Havane. En meme temps, la CIA recrutait des « forces anticastristes » parmi les refugies cubains. Au debut du mois d’avril, Kennedy donna son accord a un projet d’invasion de l’ile, tout en refusant d’engager des troupes americaines et en limitant les effectifs a 1 200 Cubains.

Le debarquement, qui eut lieu le 17 avril 1961 dans la Baie des Cochons, fut un desastre. Kennedy se declare seul responsable, mais, en prive, accuse la CIA de lui avoir menti et de l’avoir manipule. Le president se brouille avec l’agence. La CIA ? uvre desormais clandestinement contre Castro, en collaborant avec la Mafia, ce qui frustra Kennedy. En juillet 1961, Cuba signifie son appartenance au « bloc socialiste ». Le 4 septembre 1962, le pays conclut un accord d’assistance militaire vec l’Union sovietique et, une semaine plus tard, Moscou declare que toute attaque contre Cuba provoquerait une riposte nucleaire. Le Congres americain pour sa part vote le 3 octobre une resolution qui met en demeure contre toute « action subversive dans l’hemisphere occidental ». Kennedy interdit cependant l’operation Northwoods mise au point et proposee par l’etat-major, laquelle prevoyait d’orchestrer une serie d’attentats contre les Etats-Unis, puis d’en accuser Cuba afin de mobiliser l’opinion publique contre Castro.

Le 14 octobre 1962, un avion americain Lockheed U-2 photographie sur l’ile de Cuba des rampes de lancement pour missiles nucleaires a moyenne portee (IRBM et MRBM), capables d’atteindre le territoire americain. En meme temps, la Maison Blanche apprend que 24 cargos sovietiques transportant des fusees et des bombardiers Iliouchine font route vers Cuba (operation Anadyr). Dans la journee du 22, Kennedy, apres avoir hesite entre l’inaction et le bombardement des rampes de lancement, se decide pour le blocus maritime de l’ile.

Cette « riposte graduee », proportionnee a la menace, laisse a Khrouchtchev le choix entre l’escalade ou la negociation. Mais Kennedy utilise la plus grande fermete, afin de forcer Khrouchtchev a reculer. Le 24 octobre, les premiers cargos sovietiques font demi-tour. Moscou ne peut contacter immediatement les sous-marins armes de torpilles a tete nucleaire (operation Kama) qui accompagnent le convoi avec mission de le proteger (fait qui ne sera revele qu’en 2001). Entre-temps, un arrangement permettant a Khrouchtchev de sauver la face est negocie en coulisse entre emissaires officieux.

Le 26 et le 27 octobre, dans deux messages, le Kremlin propose le retrait des armes offensives ; en contrepartie, les Americains devraient s’engager a ne pas renverser le regime cubain et a retirer leurs missiles nucleaires installes en Turquie, et pointes vers l’URSS. Le 28 octobre, Kennedy accepte ce compromis in extremis. Il demande toutefois de cacher le fait que les Etats-Unis retiraient leurs missiles de Turquie. Khrouchtchev accepta, et il crut avoir gagne la partie. Or, il avait ete dupe.

Kennedy avait decide de retirer les missiles de Turquie bien avant la crise. De plus, la reculade de Khrouchtchev l’a humilie devant Castro, Mao Zedong et les autres chefs communistes. C’est decidement Kennedy qui a gagne la partie, en plus il voit sa popularite et son prestige mondial monter en fleche. Kennedy dira neanmoins apres cette crise diplomatique qu’il a « negocie au bord du gouffre ». Le denouement de la crise fut un succes politique pour les Etats-Unis, quoiqu’ils doivent tolerer un pays communiste a l’interieur de leur « perimetre de defense ».

D’autre part, cette « diplomatie au bord du gouffre » avait effraye « jusqu’aux plus hauts decideurs, au point de les rappeler a un comportement rationnel. »[32] L’installation d’un telephone rouge, ligne directe entre Moscou et Washington, et l’ouverture de negociations sur la limitation des armements concretiserent ce retour a la rationalite. Kennedy, devenu encore plus populaire, change la politique de son pays vers un plan un peu plus pacifique. Mais il n’a pas le temps de mettre en place toutes ses idees : le 22 novembre 1963, en voyage a Dallas, au Texas, Kennedy parade dans les rues de la ville en limousine decapotable.

Lors du defile, il est assassine en pleine gloire par un tireur d’elite embusque, et ce devant les yeux horrifies de la foule. Khrouchtchev, quant a lui, sort tres affaibli de la crise. En 1964, il fut remplace par Brejnev. La « detente » (1963 – 1975) Article detaille : Detente (Guerre froide). Cet article ou cette section devrait etre synthetise. Vous pouvez modifier cet article afin de le rendre plus concis et / ou plus precis. Les accords nucleaires Malgre leurs accords de non-proliferation, le stock d’armement nucleaire des deux grands est reste tres important

Au lendemain de la crise des missiles cubains, les Etats-Unis et l’URSS decident de se rapprocher pour maitriser, dans un esprit de transparence, un equilibre desormais fonde sur une « destruction mutuelle assuree » (MAD pour Mutual assured destruction en anglais). Des juin 1963, un « telephone rouge », liaison permanente par telescripteur entre le Kremlin et la Maison-Blanche, leur permet de se concerter immediatement et d’eviter ainsi une diplomatie « au bord du gouffre ». En aout 1963, ils signent le traite de Moscou, qui interdit les essais nucleaires atmospheriques et sous-marins.

L’assassinat de John F. Kennedy a Dallas le 22 novembre 1963 bouleverse la planete, partout les gens pleurent ce jeune president, URSS comprise. Le successeur de Kennedy, Lyndon Johnson, s’engage a poursuivre la detente. Johnson va engager son pays dans la guerre du Viet Nam. En janvier 1968, par le Traite de non-proliferation nucleaire (TNP), issu d’un projet conjoint americano-sovietique presente a la Commission du desarmement a Geneve, ils s’engagent, ensemble avec le Royaume-Uni, a ne transferer ni armes ni technologie nucleaires aux Etats non dotes d’armes nucleaires (ENDAN).

En mai 1972, les accords SALT I (Strategic Armements Limitation Talks), signes par Nixon et Brejnev, limitent les armements defensifs anti-missiles (ABM) a deux sites pour chacun des deux pays et gelent pour une duree de cinq ans les armes nucleaires offensives, c’est-a-dire les rampes de lancement fixes pour missiles intercontinentaux (ICBM) et les missiles installes sur sous-marins (SLBM)[33]. En juin 1979, Carter et Brejnev signent les accords SALT II, negocies depuis 1974 dans le prolongement de SALT I.

Ces accords prevoient un gel des lanceurs a ogives multiples (MIRV) et un controle reciproque des armes nucleaires. Ils ne furent pas ratifies par le Senat americain en raison de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union sovietique, les deux parties declarant toutefois qu’elles en respecteraient les clauses[34]. Les mobiles de ce rapprochement sont multiples. Il y a d’abord a l’evidence la volonte de se degager d’une course aux armements de plus en plus couteuse, et absurde en raison de la « apacite de surextermination » (overkill) des arsenaux nucleaires ; par ailleurs, l’URSS est contestee par la Republique populaire de Chine, la rupture sino-sovietique permettant, dans le cadre d’une diplomatie desormais triangulaire, un rapprochement sino-americain ; en meme temps, en raison d’une economie qui stagne, l’URSS a besoin d’une aide exterieure que les Etats-Unis lient a des accords politiques (le linkage de Henry Kissinger) ; et enfin, les Etats-Unis, de leur cote, sont engages dans la guerre du Viet Nam qui absorbe une part excessive du budget americain : d’ou le desir des deux « adversaires-partenaires » (Raymond Aron) d’aboutir a une gestion raisonnable de la guerre froide. La « detente » en Europe (1962 – 1975) Dans chacun des deux blocs, pro-sovietique et pro-americain, les deux superpuissances sont contestees. Le modele sovietique est conteste en Europe de l’Est.

En 1968 la Tchecoslovaquie est envahie par les troupes du pacte de Varsovie : le Printemps de Prague touche a sa fin, la doctrine Brejnev de 1968 enoncant une « souverainete limitee » pour les pays du bloc de l’Est, justifiant ainsi l’intervention de Moscou. A l’Ouest, De Gaulle prend ses distances avec les Etats-Unis et l’OTAN, en se retirant du commandement integre de l’Alliance atlantique en 1966. La France continue neanmoins a etre membre de l’OTAN mais le siege de l’organisation quitte le pays. En 1969, Willy Brandt devient chancelier de la RFA et engage une politique de rapprochement et d’ouverture a l’Est, l’« Ostpolitik », rompant ainsi avec la doctrine Hallstein de non-reconnaissance de la RDA. Les deux Etats se reconnaissent mutuellement en 1972 et entrent a l’ONU en 1973.

Confronte a une intense agitation interieure (Convention nationale democratique de 1968, mouvement hippie, etc. , Nixon enonce la doctrine Nixon en 1968, qui decide une reduction de l’engagement militaire direct du Pentagone dans le monde, celui-ci optant de plus en plus pour un interventionnisme discret, via les forces speciales, et des « guerres proxy » (par intermediaire). Dans le meme temps, la Realpolitik de Kissinger admet l’existence de l’URSS et le dialogue necessaire, en meme temps de l’usage de la carotte et du baton. En 1971, la publication des Pentagon Papers choque les Americains, qui decouvrent les operations secretes de la CIA. Le « Credibility gap » (manque de credibilite), bien reel celui-la, vient remplacer le « Missile gap » et le « Bomber gap » fortement exageres par les forces armees americaines [35]. En 1975, les accords d’Helsinki[36] sont signes par 33 Etats europeens, URSS comprise dans la somme, le Canada et les Etats-Unis.

Les accords doivent permettre la cooperation entre les Etats, la libre circulation des personnes et le respect des droits de l’homme. La Republique populaire de Chine, le 3e acteur La cohesion apparente du « bloc communiste » se fissure a partir de la rupture sino-sovietique, qui voit ces deux regimes s’affronter sur le terrain ideologique et diplomatique. Le risque d’une guerre entre ces deux geants fut pris tres au serieux lors du conflit frontalier sino-sovietique de 1969. Constatant que Pekin ne pouvait affronter a la fois Moscou et Washington, Mao choisit de se rapprocher des Etats-Unis. La proximite geographique de l’URSS posait en effet selon lui une menace autrement plus grande que les Etats-Unis.

Afin d’affaiblir l’Union sovietique, les Etats-Unis saisissent la balle au bond et se rapprochent de la Republique populaire de Chine alors qu’elle se lance dans une course aux armements (bombe A le 16 octobre 1964, bombe H le 14 juin 1967). Nixon cherche a isoler davantage l’Union sovietique, surtout dans le tiers monde. L’equipe de ping-pong des Etats-Unis fait un voyage en Chine le 10 avril 1971 : c’est la « ping pong diplomacy ». Le 25 octobre 1971, sous la pression des Etats-Unis, l’ONU reconnait la Chine populaire qui siege desormais au Conseil de securite (76 voix pour, 35 contre, 17 abstentions) et au Conseil de Securite a la place de Taiwan, qui quitte l’ONU en signe de protestation.

La france au lendemain de la seconde guerre mondiale

Enfin, le president Nixon, invite par Mao Zedong, se rend en Chine (fevrier 1972). Malgre l’antiamericanisme d’une grande partie de l’administration chinoise, les relations strategiques et economiques avec les Etats-Unis prennent de plus en plus d’ampleur. Le conseiller a la securite nationale du president Carter, Zbigniew Brzezinski, negocie avec Deng Xiaoping pour installer des bases servant au renseignement d’origine electromagnetique (SIGINT) en Chine, afin d’ecouter l’URSS[37]. La repression des manifestations de la place Tian’anmen, en 1989, a conduit a freiner cette collaboration. Les limites de la « detente » Les deux Grands sont impliques dans des conflits importants.

Tous deux menent une lutte d’influence dans les pays du tiers monde : c’est ce que l’on nomme les « conflits peripheriques ». De 1964 a 1975, la guerre du Viet Nam oppose indirectement les grandes puissances. Les Etats-Unis s’engagent militairement au Viet Nam a partir de 1962[38]. Les Etats-Unis soutiennent de nombreux pays independamment de leur type de gouvernement (y compris des dictatures), dans le cadre de la doctrine de l’endiguement envers l’URSS, et provoquent ou favorisent plusieurs coups d’Etat a travers les operations Ajax, PBSUCCESS et FUBELT. En Amerique latine, le regime castriste soutient des guerillas revolutionnaires, qui se soldent par des echecs. La guerre du Viet Nam Article detaille : Guerre du Viet Nam.

La guerre du Viet Nam (aussi appelee « deuxieme guerre d’Indochine ») est une guerre qui a oppose de 1959 a 1975, d’une part la Republique democratique du Viet Nam (ou Nord-Viet Nam) et son armee populaire vietnamienne – soutenue materiellement par le bloc de l’Est et la Chine – et le Front national pour la liberation du Sud Viet Nam (ou Viet Cong), face a, d’autre part, la Republique du Viet Nam (ou Sud-Viet Nam), militairement soutenue par l’armee des Etats-Unis a partir de 1964, a la suite des incidents du golfe du Tonkin appuye par plusieurs allies (Australie, Coree du Sud, Thailande, Philippines). La guerre civile laotienne et la guerre civile cambodgienne sont des conflits annexes s’etant deroules en parallele, et sur lesquels la guerre du Viet Nam a eu un impact decisif. Tensions dans le monde De nombreux pays trouvent la tutelle sovietique ou americaine lourde et veulent s’emanciper ou affirmer leur independance.

* Par rapport aux Etats-Unis : o la France sous De Gaulle :

-Distance avec les Etats-Unis (sauf en periodes de fortes tensions telles que la crise de Cuba)

-Distance avec l’OTAN -Rapprochement avec Mao

* o Cuba sous Castro : Renversement du dictateur Fulgencio Batista

-Distance puis conflit avec les Etats-Unis -Nouveau regime communiste pro-sovietique

* o Iran -Renversement du gouvernement installe a la suite d’un coup soutenu par les Etats-Unis -Mise en place d’une republique islamiste

* o Nicaragua -Mise en place d’une republique pro-sovietique

* o la Bolivie -Tentative ratee de revolution menee par Che Guevara (Dirigeant Cubain)

* o Guatemala -Inssurection de 1954

* Par rapport a l’URSS : o la Chine sous Mao :

-Elle s’eloigne de plus en plus de l’URSS, escarmouches aux frontieres,

-Elle se rapproche des Etats-Unis

* o la Republique socialiste tchecoslovaque : Le printemps de Prague (qui menera a son invasion par l’URSS en aout 1968)

* o la Republique populaire de Hongrie -L’insurrection de Budapest

* o La Republique federale socialiste de Yougoslavie -Tito s’oppose a la mainmise de l’URSS sur son pays et tente un socialisme non-aligne

* o L’Albanie -S’eloigne de l’URSS a partir de la destalinisation et se rapproche de la Chine de Mao La seconde guerre froide ou « guerre fraiche » (1975 – 1985)

L’expansionnisme de l’Union sovietique Jimmy Carter et Leonid Brejnev signent l’accord SALT II a Vienne le 18 juin 1979 Situation de l’alignement des pays du Monde sur les deux blocs en 1980; les guerillas liees a la guerre froide sont mentionnees.

Profitant du declin des Etats-Unis sur la scene internationale du fait de l’humiliation subie au Viet Nam et de la politique relativement pacifiste du president Carter, l’Union sovietique s’engage davantage, notamment en Asie, en Afrique et en Amerique du Sud, mais aussi en Europe (crise des euromissiles). L’Union sovietique se met a deployer de plus en plus d’armes de nouvelle generation inquietant l’avance technologique de l’Ouest.

Carter negocie cependant le traite SALT II avec Brejnev, signes en 1979. Le 3 juillet 1979, Carter signe l’autorisation mettant en place le programme afghan d’aide militaire et financiere aux moudjahidins afghans, escomptant ainsi, sur les conseils de Brzezinski, provoquer l’URSS a envahir l’Afghanistan[39],[40]. Le 1er octobre 1979, il annonce la formation des United States Rapid Deployment Forces (RDF, Forces de deploiement rapide, qui deviendront CENTCOM en 1983).

Plus de deux mois plus tard, a la fin decembre 1979, les troupes sovietiques entrent en Afghanistan. Quelques jours apres l’invasion de l’Afghanistan, Carter retorque en exposant la doctrine Carter lors de son discours sur l’etat de l’Union de janvier 1980: la Maison-Blanche declare alors qu’elle n’hesitera pas a intervenir militairement dans le golfe Persique pour defendre ses interets nationaux. Il declare en outre le boycott des Jeux olympiques de