cte I, sc? ne 1 (p. 36- « H? depuis quand seigneur? « ) – Acte I, sc? ne 3 (p. 42- « … et conspire ? me nuire ») ? NOTA : LES LETTRES « H, B, M » QUI SUIVENT LES NUM? ROS DE PAGES INDIQUENT LE HAUT, LE MILIEU OU LE BAS DE LA PAGE. Passage qui se situe ? l’ouverture de la pi? ce, et qui consiste paradoxalement en une sortie, ou un d? sir de fuite, dans le monde aventureux ou dans la mort. Au del? de la dimension strictement informative que doit avoir une sc? ne d’exposition, on s’int? ressera dans ce passage ? ce qui nous para? t constituer les enjeux essentiels dePh? dre? : le statut accord? ? la parole, la qualit? de la pr? sence ? oi-m? me, la position par rapport ? la loi. Les personnages dans Ph? dre, et Hippolyte au premier chef, sont essentiellement d? pendants, soumis ? la famille et ? la pression de la? g? n? alogie, c’est ce que nous ? tudierons dans un premier temps. Cette pression d? termine les personnes, et avec elles la qualit? de la parole,? sous le signe du d? tour et de l’att? nuation.? Enfin, le
Qu’est-ce que j’entends ? « ). On l’aura compris, derri? re la n? gation d’autrui dans sa parole, il y a aussi et surtout, une n? gation de soi. 2)????? Les d? tours du langage Ph? dre? est une trag? die de l’? ge classique, et l’on ne saurait s’? tonner d’y trouver des p? riphrases, ou d’autres figures de l’att? nuation. Dans la mesure o? nous avons parl? de refoulement, comment s’? tonner que l’objet de ces att? nuations soit l’amour, la sexualit? , et pour finir, soi-m? me?? On peut ainsi faire le d? part entre les p? riphrases que l’on dira « classiques », presque lexicalis? es, et qui sont le fait de Th? am? ne (« le joug que Th? s? e a subi tant de fois » v. 60, ou encore? V? nus? v. 61) et les p? riphrases ou les att? nuations plus neuves, plus n? gatives aussi, qui attirent d’autant plus l’attention, et qui sont le fait d’Hippolyte? : ainsi de? l’indigne obstacle? (v. 24), des? faits moins glorieux? (v. 83). D’autre part, Th? ram? ne joue de la palette expressive dans les deux sens, celui de l’att? nuation, mais aussi celui de la mise en valeur, comme dans la gradation? vous aimez, vous br? lez(v. 135). Mais aussi, Th? ram? ne et Hippolyte ne parlent pas de la m? me chose? : l’un ? voque la puissance d’un h? os et l’amour glorieux, et l’autre, le d? sir sexuel inconvenant de son p? re. L’att? nuation conduit m? me ? oblit? rer le mot « enfant »? dans la bouche d’Hippolyte : Th? s? e d? fend de donner des neveux ? ses fr? res (v. 106). Les personnages eux-m? mes sont d? sign? s par des p? riphrases? : Ph? dre est « La fille de Minos et de Pasiphae » (v. 36), Th? s? e « ce h? ros intr? pide / Consolant les mortels de l’absence d’Alcide » (v. 77- 78), et Hippolyte se met lui-m? me ? distance en parlant de lui ? latroisi? me personne? (v. 49) comme c’est souvent le cas dans les moments de crise du th?? tre racinien. )????? La m? connaissance et le malentendu La position r? solument biais? e d’Hippolyte le conduit in? vitablement au malentendu et aux interpr? tations erron? es? : -???????? Vis ? vis de Ph? dre, qui est celle qu’il devrait craindre, contre toutes les apparences de faiblesse et d’impuissance (v. 45 – 48). Ph? dre ? qui il ne veut pas montrer un visage odieux (v. 152). -???????? Vis ? vis de Th? s? e, p? re v? n? r? , attendu, recherch? , et castrateur (cf. supra). -???????? Vis ? vis de lui-m? me? : on pourrait dire d’Hippolyte qu’il est un personnage de Corneille ? gar? dans une pi? ce de Racine? le langage de la gloire corn? lienne lui sert ? dissimuler son moi et son mal raciniens? ; ainsi dansl’autoportrait? qu’il fait de lui en jeune homme farouche? : fier, d? daigneux, orgueil (v. 66 ? 74). Hippolyte vit sur une image construite et rassurante de lui-m? me (Je me suis applaudi v. 72), qui lui assure la m? connaissance de lui-m? me, et lui interdit la vie. Hippolyte appara? t ainsi d? s l’ouverture de la pi? ce comme essentiellement d? cal? , et comme une victime offerte? : il recherche le p? re qui lui veut du mal, s’interdit l’amour et la femme qu’il aime, et voit une ennemie dans celle qui l’aime. III) La vie ? vit? e 1)????? Hippolyte et la fuite La strat? gie du d? tour et de l’? vitement dans la parole trouve son exacte correspondance dans l’attitude d’Hippolyte, qui est celle de la? fuite? : c’est ainsi que s’ouvre la sc? ne qui nous int? resse, et la pi? ce? 😕 Le dessein en est pris, je pars? Ce d? part appara? t d’embl? e surprenant, puisque ce que fuit Hippolyte, c’est l’aimable Tr? z? ne (v. 2). Hippolyte est h? sitant, et ? d? faut d’une strat? gie d? lib? r? e de fuite, on pourrait parler de faux fuyant? : pour justifier sa fuite, il invoque tour ? tour -???????? Th? s? e (1? e intervention) qu’il veut retrouver ? la fois en tant que p? re et incarnation de la Loi, -???????? Ph? dre (v. 34) en tant qu’ennemie et incarnation d’un danger politique, finalement r? cus? e (« Sa vaine inimiti? n’est pas ce que je crains » v. 48) -???????? au profit d’Aricie, au moment m? me o? intervient le discours du refoulement, et le rappel de la loi paternelle (v. 105 sq. ). Au terme de ces d? tours ou de ces pr? textes, Hippolyte revient ? sa justification premi? re? : « Th? ram? ne, je pars, et vais chercher mon p? re » v. 138). 2)????? Ph? dre et l’? vanouissement de soi Dans ce qui pourrait appara? re comme une compulsion de fuite, comment s’? tonner encore qu’Hippolyte?? vitePh? dre elle-m? me 151- 2)?? Mais cet ? vitement est superf? tatoire, puisque Ph? dre s’? teint et s’absente d’elle-m? me. Hippolyte veut parcourir le monde en qu? te de son p? re ou de lui-m? me, sortir, quitter le plateau? ; Ph? dre fuit sur place, dans la mort et l’? vanouissement? : « Une femme mourante, et qui cherche ? mourir » (v. 44) selon Th? ram? ne; « La reine touche presque ? son terme fatal » (v. 144)? « Elle meurt dans mes bras d’un mal qu’elle me cache » (v. 146) dit Oenone? ; enfin, Ph? dre elle-m? me? « N’allons point plus avant? Je ne me soutiens plus, ma force m’abandonne » (v. 153- 4). On pourrait opposer le parti pris de passivit? d’Hippolyte, ? l’activit? n? gative de Ph? dre? : quand Hippolyte ? vite, Ph? dre ? carte et rejette (v. 150? : ? carter tout le monde)? ; alors qu’ Hippolyte refoule, Ph? dre cache (cf. v. 146 cit? supra)? ; Hippolyte souffre de la parole prononc? e, Ph? dre meurt de ne pouvoir dire. Les deux protagonistes de la pi? ce, ceux entre qui le drame va se nouer sont ? proprement parler interdits de pr? sence. Bilan Ainsi, nous avons vu que, plus que le destin, c’est la g? ? alogie qui constitue le moteur de l’action dans Ph? dre, et la r? ponse que trouve Hippolyte ? cette pression consiste dans une strat? gie d’? vitement et de fuite qui ne r? sistera pas au sursaut vital de Ph? dre et ? son acc? s ? la parole. Le spectateur sait que Ph? dre est une trag? die, et que la pi? ce dit qu’il est impossible et interdit d’? tre heureux. L’impossible et l’interdit, c’est ce qu’affirment ces premiers ? changes de Ph? dre? : l’interdiction d’? tre un homme dans la foul? e du p? re, l’impossibilit? d’aimer la femme interdite par la famille, la forclusion de la parole amoureuse.