DES CANNIBALES

DES CANNIBALES

LECTURE ANALYTIQUE « DES CANNIBALES » ESSAIS I, 31 MONTAIGNE Lecture analytique du texte « Des cannibales » de Montaigne, dans les Essais, l, 31 . De « Or je trouve…  » à « vaines et frivoles entreprises…  » Extrait Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté ; sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ; comme de vrai, il semble que nous n’avons autre mire d l’idée des opinions et usances parfaite p g que l’exemple et s.

Là est toujours la religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes hoses. Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits là où, à la vérité, ce sont ceux avons altérés par notre artifice et détournés de l’ordre commun, devrions appeler plutôt sauvages. En ceux-là sont Vives et vigoureuses les vraies et plus utiles et naturelles vertus et propriétés, lesquelles nous avons abâtardies en ceux-cy, et les avons seulement accommodées au plaisir de notre goût corrompu.

Et si pourtant, la saveur même et délicatesse se grande et puissante

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mère Nature. Nous avons tant rechargé la beauté et richesse de ses ouvrages par nos inventions, que nous l’avons du tout étouffée. Si est-ce que, partout où sa pureté reluit, elle fait merveilleuse honte à nos vaines et frivoles entreprises » Montaigne, Essais, I, 31 Introduction A la fin du XVIe siècle, le monde est encore pour bonne partie une terre inconnue, et c’est au fil des découvertes toutes récentes qu’il se dévoile et se fait rencontrer les cultures des différentes sociétés.

Les interrogations nées de ces rencontres et les constats de différences de développement des sociétés mène certains à ravaler les indigènes, les « sauvages au rang d’animal. A l’opposé de cette perspective, Montaigne, philosophe et homme de culture, prône une autre réflexion. Noble d’Aquitaine, maire de Bordeaux, ce penseur se distingue par son aversion pour la violence et pour sa défense de la tolérance.

Il reproche aux européens leur violence et leur soif inextinguible de conquête. Dans Les Essais, sa grande somme, il se nourrit de son expérience pour proposer une réflexion sur les notions de « barbarie » et de « sauvagerie Sa thèse est que les peuples récemment découverts ne sont pas es sauvages : « il n’y a rien de barbare et d cette nation. » (1. 1). Il nie 2 commune en personnalisant son propos « je trouve « mon propos » (LI).

Ce faisant, il réfute déj? la thèse adverse implicite selon laquelle les indiens seraient des barbares et des sauvages. Comment fonctionne son argumentation ? Il propose une analyse des termes « sauvage » et « barbare » appliquée à la nature et, de là, appliquee a ceux prétendus « sauvages Nous verrons donc comment, ? travers une argumentation fondée sur une réflexion lexicale et un argument ar analogie, Montaigne tente de démontrer que les indiens ne sont pas des sauvages.

Le sauvage n’est pas celui que l’on croit 1- La redéfinition des termes Montaigne formule sa thèse en réfutant les mots « barbare » et « sauvage en ce qu’ils apparaissent péjoratifs et traduisibles respectivement en « cruel » et « grossier L’emploi dun adversatif « sinon que » (12) insiste sur ce point, en même qu’il pose la seule condition pour que la thèse adverse soit vraie : si « barbare » marque ce qui n’est pas communément dans notre usage.

Montaigne énonce ici un point de vue autocentré qui nous pousse à croire comme parfaites et seules véritables « les opinions et usances du pays où nous sommes. » (1,4) I poursuit son raisonnement avec un argument par analogie, soullgne par l’emploi de « de même que » 1. 6 . On les appelle « sauvages » de même que 3 a ici une première définition du mot : ce qui est sauvage est ce qui est à rétat de nature, ce qui n’a pas été modifié par l’action de l’homme.

Or ces fruits sont appelés comme tels car ils dépendent de la nature. Montaigne redéfinit alors le terme par inversion du aractère péjoratif, en tendant à valoriser la nature par rapport à l’artifice : en réalité, « là où, à la vérité » (1,7), il faudrait qualifier de sauvages les fruits que nous (européens) avons altérés par la greffe, alors qu’ils étaient plus beaux à l’état naturel.

Donc, il ne faut pas considérer que les hommes naturels sont sauvages ou barbares, plus loin même, ces mots devraient au contraire être appliqués ? ce qui est passé par la main de l’homme qui l’a modifié. Les barbares et sauvages sont en fait naturels, et c’est une faute de les qualifier insi puisque ces termes sont péjoratifs. Cette argumentation lexicale tend ? prouver que la conception négative vient en fait d’une mauvaise perception des choses due à la relativité des usages. – La relativité des usages On retrouve, comme dans la Controverse de Valladolid, une réflexion sur l’ethnocentrisme et la relativité des usages : « il semble que nous n’avons d’autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et l’idée des opinions et usances du pays où nous sommes » (1*3-4). Il oppose subtilement« vérité » et « raison notions fortes et exemple » et « idées », qui 4