Dans quelle mesure la diminution des charges sociales sur les bas salaires permet-elle de diminuer le chomage ? Parce-qu’elle a des consequences economiques evidentes mais aussi des consequences sociales, la question du chomage est centrale dans les pays developpes depuis trente ans. Le taux de chomage est eleve en France, ou il atteint environ 8% en 2008, calcule selon la definition du Bureau International du Travail. Les chomeurs sont definis par le B. I. T comme des personnes sans emploi, a la recherche d’un emploi et disponibles pour en occuper un.
Les pouvoirs publics dans differents pays ont cherche a lutter contre le chomage en reduisant les charges sociales sur les bas salaires. Les charges sociales sont l’ensemble des versements effectues par les employeurs pour alimenter la Securite sociale et divers organismes et sont liees aux salaires distribues par l’entreprise. Elles font partie du cout du travail. La baisse des charges sociales sur le cout du travail peut-elle etre une solution au probleme du chomage ?
On peut s’interroger sur l’efficacite de ces politiques en montrant d’abord les effets favorables d’une telle reduction des charges sociales mais en soulignant, dans un second temps, ses limites. Pour les auteurs neoclassiques, un cout du travail
De plus le cout du travail est un element important de la competitivite des entreprises, plus il sera eleve, plus les employeurs seront incites a licencier, substituer le capital au travail ou delocaliser la production vers des pays a main d’? uvre bon marche. Tout cela joue contre l’emploi, surtout pour les travailleurs non ou peu qualifies, pour lesquels la productivite marginale est faible, alors que le cout du travail est eleve en raison des charges sociales importantes et de l’existence du SMIC.
Pour diminuer le cout du travail, la strategie francaise, depuis 1993 est donc de baisser les charges sociales qui representent environ 45% du cout du travail. La strategie de reduction du cout du travail peut donc effectivement etre justifiee dans le cadre d’une approche neo-classique ou liberale du marche du travail. Dans cette perspective, le travail est donc une marchandise qui s’echange sur un marche specifique qui est le marche du travail. Et comme pour tous les marches, celui-ci obeit a la loi de l’offre et de la demande.
Et, en periode de chomage, donc d’exces d’offre de travail par rapport a la demande de travail, la baisse des charges sociales doit permettre de trouver un nouveau salaire d’equilibre et donc de resoudre le probleme du chomage. Dans une telle optique, c’est la baisse des charges sociales du cout salarial qui apparait comme determinante dans la reprise de l’emploi. Et le chomage ne peut persister que parce-qu’il existe des institutions ou des reglementations qui empechent la libre negociation des salaires.
Les lois sur le salaire minimum (le SMIC) limite les possibilites d’ajustement instantane des salaires pour corriger les desequilibres entre la demande et l’offre de travail. De ce point de vue, le chomage peut s’expliquer par l’existence d’un salaire minimum superieur au salaire d’equilibre (exemple du SMIC en France), et par celle de charges qui alourdissent le cout salarial dans les pays ou les systemes de retraites ou d’assurance-maladie sont genereux.
Selon ce raisonnement, le salaire minimum a des effets particulierement negatifs pour les travailleurs les moins qualifies, dans la mesure ou le salaire d’equilibre sur le marche des travailleurs plus diplomes a davantage de chances d’etre superieur au salaire minimum. Une reduction des charges sociales sur les bas salaires permettrait donc de reduire cet exces d’offre du travail par rapport a la demande et diminuerait donc le chomage.
En France, des mesures d’allegement du ces charges sociales en direction de certaines categories plus particulierement touchees par le chomage (jeunes, salaires peu ou pas qualifies, chomeurs de longue duree) ont ete adoptees. Les sans diplomes connaissent un taux de chomage plus eleve que les autres en possedant un (document 1). Les salaries les moins qualifies sont plus vulnerables que les salaries qualifies sont plus vulnerables que les salaries qualifies. L’absence ou la faiblesse de leur qualification est la cause principale du chomage de longue duree (duree du chomage etant superieure un an).
Or, dans la decision d’embauche, les employeurs comparent ce qu’une heure de travail supplementaire rapporte, mais aussi ce qu’elle leur coute. Par consequent, la productivite d’un salarie peu ou pas qualifie etant faible pour l’entreprise, le niveau du cout du travail doit etre faible afin d’inciter les entreprises a recruter. Et ces baisses de charges sociales sur le cout du travail sont effectues sur les bas salaires car les bas salaires concernent les moins qualifies, c’est-a-dire ceux le plus exposes au chomage.
C’est pour cela que le SMIC est un « destructeur d’emploi » dans la mesure ou si son niveau excede me samaore que les salaire que les entreprises seraient pretes a verser a une personne peu qualifiee au chomage. De plus, le manque d’emplois qualifies pour les diplomes etant un probleme, les detenteurs de diplomes se tournent vers des emplois non qualifies pour eviter le chomage. La baisse des charges sociales sur les bas salaires encourage alors ce phenomene (document 6).
La baisse des charges sociales sur les bas salaires ne concernent donc pas que le personnel non qualifie. Le cout du travail peu qualifieetant assurement un des causes du chomage, en l’abscence d’une mesure radicale mais socialement dangereuse de suppression du SMIC, des mesures specifiques de baisse des charges sociales ont ete adoptees. Le cout du travail incluant la remuneration salariale et les charges sociales, il est en effet possible d’agir sur le nibeau du cout du travail donc sur la decision de creer un emploi en baissant les charges sociales.
Cette baisse apparait comme etant des plus indispensable dans le contexte de la mondialisation de l’economie caracterise notamment par l’emergence des Nouveaux Pays Industrialises. L’emergence des NPI accentue la concurrence et stimule les importations et les exportations. La faiblesse des charges sociales et donc du cout du traavail dans certaines regions du monde ou la legislaion sociale est faible ou inexisteante rend le cout du travail ed la main-d’oeuvre non qualifie, dans les pays industrialises, relativement excessif et donc tres peu competitif.
Or « la baisse du cout du travail domestique augmente la competitivite des produits nationaux et stimule les exportations » (document 2). Dans cette situation de concurrence accrue, mise en place par la mondialisation, la substitution du capital au travail (et notamment au travail peu qualifie) apparait inevitable afin d’ameliorer la competitivite. Par consequent, la mondialisation de l’economie a renforce la necessite d’une baisse des charges sociales.
Cette baisse des charges sociales sur les bas salaires, qui engendre une baisse du cout du travail et donc une augmentation de l’offre de travail, serait alors benefique a une diminution du chomage des moins qualifies. La reduction des charges sociales sur les bas salaires semble donc etre une solution face auchomage. Cependant, la complexite du phenomene du chomage ainsi que la diversite des facteurs a prendre en compte dans la decision d’embauche amenent a nuancer l’efficacite de la diminution des charges sociales sur les bas salaires quant au chomage.
Si la strategie de diminution des charges sociales sur les bas salaires s’avere, dans une certaine mesure, efficace pour creer des emplois et lutter contre le chomage, elle est en revanche insuffisante. De plus, en pratique, elle peut se heurter a certains obstacles car, si le prix du travail est assurement un determinant de l’embauche, il n’est pas le seul. La baisse des charges sociales ne suffit pas a stimuler, a elle seule, la creation d’emplois. En France, les mesures de diminution du cout du travail n’ont pas entraine une baissesignificative du chomage de longue duree.
La decision d’ embaucher est aussi sensible a l’emplotabilite de la personne: l’age, le sexe et le niveau de formation et d’experience interviennent dans la decision d’embauche. Le taux d’emploi des femmes sans diplomes est tres inferieur a celui des hommes sans diplomes (document 3), ce qui indique donc que les femmes sont plus exposees au chomage que les hommes. Autrement dit, la baisse des charges sociales peut s’averer insuffisante en l’absence de mesures complementaires, notamment en faveur de l’amelioration de la formation de la main-d’oeuvre non ualifiee. De plus, la duree du chomageest aussi un critere tres important dans la decision d’une entreprise. Plus la duree udu chomage est importante, plus la probabilite d’etre embauche est faible. Les entreprises interpretent en effet la longueur du chomage comme etant un mauvais signe: la personne durablement sans emploi voit alors son capital de formation et d’experience diminuer, elle peut etre critiquee comme ne faisant pas tous les efforts indispensables pour trouver un emploi.
Finalement, la baisse des charges sociales, certes necessaires, ne permettra pas toujours de lever les reticences des entreprises. Enfin, la diminution du chomage et la creation d’emplois dependent aussi des anticipations des entreprises concernant le niveau de la demande. En France, une baisse des charges sociales necessite parallelement de maitriser la croissance des depenses sociales et de reformer le financement de la protection sociale.
La reduction des charges sociales s’entrechoque a des rigidites structurelles (les particularites du systeme sanitaire francais, la reglementation du marche du travail… ), demographiques (vieillissement de la population). C’est pourquoi la baisse des charges sociales sur les bas salaires, sans reformes structurelles risque d’entrainer une aggravation des deficits sociaux, ce qui a pour effet d’alourdir les prelevements obligatoires (impots, taxes et cotisations sociales). La reduction des charges sociales peut egalement passer par une ultiplication des emplois precaires (document 5) et par une baisse des remunerations. Sans salaire minimum (SMIC), la baisse dese remunerations pour les salaries les moins qualifies notamment, peut effectivement relancer la creation d’emplois atypiques (CDD, travail a temps partiel, interim… (document 6) et donc diminuer le chomage. Neanmoins, une telle politique entraine un marche du travail dual. En effet, elle favorise l’augmentation d’inegalites entre les salaries et affaiblit donc la cohesion sociale en multipliant les emplois precaires et instables.
La strategie de reduction des charges sociales sur les bas salaires a ete appliquee a des degres divers et ce dans la plupart des pays industrialises. Meme si la question de l’efficacite d’une telle strategie reste controversee, le cout eleve du travail et la part importante des charges sociales sur le salaire sont assurement des causes du chomage, et notamment du chomage des personnes sans qualifications, c’est-a-dire ceux etant le plus en proie a avoir un bas salaire.
Mais la mise en oeuvre d’une politique de baisse des charges sociales est indissociable de l’adoption d’une reforme de la fiscalite et du financement de la protection sociale. La baisse du cout du travail, qui passe par la diminution des charges sociales, conjuguee a une plus grande flexibilite a pu favoriser la lutte contre le chomage dans certains pays mais au prix d’une plus grande precarite et d’une aggravation des inegalites.