D O Vient La Violence

D O Vient La Violence

D’où vient la violence ? La paix est un idéal, mais la haine est partout. Elle traverse les siècles, se déchaîne outre-mer et bat son plein en pleine campagne : elle atteint jusqu’aux lèvres de nos candidats, qui rivalisent d’idées autant que d’injures. Alors pourquoi toute cette haine ? L’homme est-il un animal violent incurable ? Mais d’abord, qu’est-ce que la haine ? Nietzsche constate qu’elle repose généralement sur un sentiment d’infériorité. Est haineux celui qui a le sentiment de son insuffisance, en éprouve de la peur et cherche à la renverser.

Est donc haineux celui qui se compare t qui, évaluant sa force par rapport à celle d’un autre, ne la trouve pas à son avantage. Tandis qu’une force protéger : elle se dép e e or 32 qu’une des mesures haine est l’un des sig Nietzsche, apologue pas besoin de se nt admirer ; si bien espect, alors que la it donc pas l’apologie de la haine, ni individuelle, ni nationale. Il distinguait précisément entre les puissants respectueux de leurs semblables, et les assoiffés de puissance agressifs et vindicatifs. Une ambiguité persiste néanmoins.

Car l’homme fort est aussi celui qui surmonte ses insuffisances et supporte les ouleversements. La violence peut donc

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caractériser autant la faiblesse que la grande nature ; sauf que dans un cas elle se déchaîne contre les autres, et que dans l’autre e Swipe to View next page elle est tournée vers soi. Il y a donc deux origines possibles à la violence : la faiblesse qui agresse, et la force qui progresse… D’où le besoin d’une généalogie ! Violence et société Notre société est violente. Nous voyons la violence dans les paroles, les actes, la révolte, et la violence ne cesse de resurgir dans la brutalité des relations.

La violence est dans les invectives ue les individus s’envoient, sous la caution psychologique selon laquelle, il ne faudrait rien réprimer. La violence est là dans le mépris du snob pour le pauvre type qui vit dans la misère. Elle est présente dans le rejet du monde adulte de l’adolescent. De là à considérer que la « société » est la cause de la violence, il n’y a qu’un pas que l’on franchit assez vite ; et c’est une tendance typique de notre époque que de rejeter la cause de la violence sur les conditions économiques, la rivalité des classes sociales etc.

Mais n’est-ce pas une facilité ? Nous cherchons dans la vie ociale une satisfaction matérielle, mais nous y cherchons aussi le plaisir et la vanité ; et le plus grand plaisir de l’ego, c’est l’opinion flatteuse de sa propre puissance. La plus grand souffrance, c’est d’être ridicule et méprisé. D’où la recherche de la vengeance. En quel sens la vie sociale qui rend-t-elle l’homme violent ? La violence ne tient-elle pas plutôt à l’individu qu’à la société ?

La violence a-t-elle son origine dans la vie sociale ? A. La guerre entre les États L’argument massif que l’on peut apporter en faveur de la thèse selon laquelle 9 entre les États elon laquelle la violence surgit en dehors de l’individu, c’est bien sûr rexistence de la guerre. La guerre est un affrontement militaire entre des volontés d’États qui ont décidé d’en découdre. Les deux amis paysans qui habitent de part et d’autres de la frontière sont citoyens de deux États différents.

Dès que la déclaration de guerre est faite, ils deviennent des ennemis ; ils sont emportés dans la guerre selon une volonté qui n’est pas la leur, mais qui appartient à leur statut de citoyen d’un État. La guerre, pourtant, est à l’image du combat singulier de deux ommes entre eux. Deux peuples qui s’affrontent, sont deux indlvidualités agrandies qui s’affrontent. C’est un conflit à une échelle supra-indivuelle, mais c’est encore un conflit, c’est-à- dire l’affrontement de deux volontés, l’une cherchant à faire plier l’autre.

Quel est le but de la guerre ? Cest la victoire, concept qui est historiquement variable. Pour les grecs le vainqueur, c’est celui qui reste maître du champ de bataille. La victoire c’est de rester maitre du champ de bataille, de pouvoir enterrer ses morts et d’élever un trophée pour célébrer l’héroiÉme du vainqueur. Dans l’histoire contemporaine, le concept se modifie, perd ce qui le rattachait à la chevalerie et on a plutôt l’impression que remporter la victoire, c’est tuer le plus de monde possible.

Mais puisqu’il s’agit d’un conflit, pour l’essentiel, ce qui est en jeu, c’est avant tout d’imposer à Vadversaire sa v d’un conflit, pour l’essentiel, ce qui est en jeu, c’est avant tout d’imposer à l’adversaire sa volonté. Dans De la Guerre, le stratège célèbre Clausewitz écrit : « La guerre est un acte de la force par lequel nous cherchons à contraindre l’adversaire et ? e soumettre à notre volonté ». L’adversaire est vaincu quand sa volonté s’est inclinée devant le plus fort. La force est l’élément fondamental de la guerre.

Elle enveloppe la force physique permettant une violence directe sur l’adversaire, celle du combattant au corps à corps. Mais bien sûr, la force physique est l’élément le plus superficiel de la force, l’élément le plus subtil en est la ruse. Dans notre monde contemporain, la force a recours à une puissance technique, entre les mains des militaires. La puissance technique permet de fabriquer des bombes et des rmes sophistiquées, qui évitent [‘engagement du corps à corps. Le XX eme siècle a inventé la « guerre propre ».

Notre puissance technique fait de la guerre une sorte de jeu vidéo que l’on peut commander à des milliers de kilomètres du lieu des combats, jeu violent, mais bien réel. La guerre possède en commun avec le jeu le fait qu’elle implique des règles et une stratégie dirigée vers un but qui est de gagner la victoire. La stratégie est une manière d’utiliser toutes les ressources de la force, au moyen d’un calcul habile, pour vaincre l’adversaire. L’ennemi sera vaincu quand il era mis hors d’état de nuire. Sa volonté ayant été réduite, il ne pourra que se soumettre. ? La guerre est un acte violent dans lequel l’emploi 2 réduite, il ne pourra que se soumettre. « La guerre est un acte violent dans lequel l’emploi de la force étant illimité, chacun des eux adversaires impose à l’autre la loi d’ou résulte une influence réciproque qui de part et d’autres doit conduire à l’extrême Quel est l’enjeu réel de la guerre ? Est-il fondamentalement différent des enjeux qui alimentent les conflits entre des individus ? L’hostilité dans la guerre ne peut naître qu’entre des ?tats qui disposent d’un pouvoir armé et mettent en avant des exigences politiques.

La guerre, c’est une manière de continuer la politique par d’autres moyens. La première des exigences de l’État est territoriale. On se dispute un territoire en soutenant, de part et d’autre de la frontière, que l’on a le droit de se l’approprier et qu’il nous appartient. Cela suppose donc une volonté polltlque de la part de chacun des États. La volonté politique de l’État peut ne pas coïncider avec la volonté individuelle du citoyen qui ne s’identifie pas à la volonté politique guerrière de l’État.

Il est possible de différencier la querelle entre deux individus qui les amène éventuellement à des actes violents et la guerre qui se situe dans l’affrontement de deux volontés d’État. Il ne suffit pas que deux hommes se querellent, pour qu’ils soient en guerre. Ils peuvent avoir une dispute sur les limites d’un champ et en même temps, comme paysans qul vivent l’un près de l’autre, avoir l’habitude de se prêter du matériel, de faire ensemble les mêmes tâches, de faire la fête ensemble. Sil y a un problème, on fini PAGF s 9 matériel, de faire ensemble les mêmes tâches, de faire la fête nsemble.

S’il y a un problème, on finit par le régler par le droit en le portant devant la justice. Deux hommes qui sont voisins ne peuvent se sentir ennems que parce qu’ils s’identifient ? une nation. L’exaltation patriotique rend le nationalisme fébrile. Elle fait que la volonté des uns et des autres, devient aveugle ? l’universel, et empêche de voir en face un autre être humain. Celui qui, membre d’un État se fait soldat, voit en face de lui un autre soldat ennemi et oublie l’homme. L’hostilité momentanée entre des hommes ne compte plus vraiment.

Il n’y a de guerre éritable, d’un point de vue juridique de droit international, que lorsque sont rassemblées plusieurs conditions : a) Quand les hostilités durent un certain temps et qu’elles donnent lieu à une déclaration de guerre, b) quand on se bat pour la réparation d ‘un dommage collectif. La permanence de l’hostilité est instaurée par la confrontation politique. Une simple querelle peut finir facilement, si chacun y met un peu de bonne volonté. La guerre, elle, est entretenue par des motivations de pouvoir qui ne prennent pas fin aisément. Des revendications de pouvoir sur quoi?

Le plus souvent, les motifs politiques qui engendrent la guerre portent sur un territoire et l’ensemble des biens qu’il enveloppe. Il est plus intéressant de convoiter un espace qui contient du pétrole qu’un carré de désert de sable sans ressources naturelles. Rousseau écrit que la guerre surgit de la volonté brutale de s’approprier u 6 9 ressources naturelles. Rousseau écrit que la guerre surgit de la volonté brutale de s’approprier un territoire sur lequel règne une autre État. Le jeu de la guerre se situe autour de ce choc de volontés d’État.

La guerre est un acte polltique qui mobilise un euple au nom de l’État. « Cest le rapport des choses et non des hommes qui constitue la guerre Aussi, la guerre ne concerne t-elle que la personne publique membre de l’État et encore, elle a surtout lieu entre des citoyens prenant les armes, c’est- à-dire des soldats. « La guerre n’est donc point une relation d’homme à homme, mais une relation d’État à État dans laquelle les particuliers ne sont ennemis qu’accidentellement, non point comme homme, ni même comme citoyen, mais comme soldat b.

Le soldat, c’est celui qui défend l’État et c’est pour cela qu’en temps de guerre il devient l’ennemi. D’où les conventions de la guerre : un homme désarmé n’est plus un ennemi. Il n’est plus un soldat, mais un citoyen de l’État que l’on combat qui peut seulement être fait prisonnier. Parce qu’il est un homme comme tous les autres, il a droit à un respect et des soins. Des conventions internationales régissent le droit de la guerre, comme la Convention de Genève.

C’est donc d’un point de vue juridique que l’on peut justifier que la violence sous la forme de la guerre n’est pas celle des Individus mais des États. Le prétendu « droit » que l’on invoque consiste alors à faire valoir ses droits par la force. Mais n’est ce pas au fond une distinction sophistique ? Un État n’est rien d’autre q 7 9 Mais n’est-ce pas au fond une distinction sophistique ? un État n’est rien d’autre qu’un ensemble d’individus qui en sont les citoyens. La violence qui se déchaîne dans les guerres n’est-elle pas celle des hommes ? B.

La violence civile Il est aussi possible de détourner Vorigine de la violence de l’individu vers la vie sociale et de dire que c’est la société et ses contradictions, qui engendre des violences et en particulier la violence des guerres civiles. Notons d’abord que le mot « guerre » ici est impropre, puisqu’il e s’agit pas comme précédemment de l’affrontement de volontés d’État, mais de tensions de groupes rlvaux à l’intérieur de l’État. Il n’y a de guerre civile que lorsqu’un pays, miné de ses divisions internes, se scinde en factions rivales qui déclenchent des violences en revendiquant le pouvoir.

La violence civile est le règne de la discorde. Le schéma le plus fréquent du conflit est : maintient de l’ordre/contestation de l’ordre, ou appel à la sécurité de l’État/contestation de la légitimité du pouvoir. D’où une situation de crise où le pouvoir vacille et, dans laquelle la issolution du pouvoir explose en révolte. L’État exerce une violence qu’il dit légitime pour la sécurité du pays, pour sortir la nation du chaos, et en face la révolte gronde, la corruption est criée au grand jour, le peuple demande réparation, un pouvoir juste et engage la violence au nom du droit de révolte contre l’oppresseur.

L’opposition au pouvoir prend pour emblème l’exigence de justice et elle choisit la voie violence pour p au pouvoir prend pour emblème l’exigence de justice et elle choisit la voie violence pour parvenir à ses fins. A la racine de a violence civile, il y a une situation de fait chaotique, l’injustice et aussi souvent la récupération du sentiment d’injustice par l’idéologie. Une idéologie est en effet indispensable pour liguer contre, rassembler un groupe, le souder autour d’une cause, car c’est dans une doctrine qu’il trouve la cohésion de son action.

On ne peut liguer les hommes que sous la bannière d’un projet commun de réforme de la société. Est-ce à dire que le parti pris idéologique implique forcément la violence civile ? Non tout de même. Il faut que l’idéologie trouve une voie d’expression au ein des institutions, et qu’elle respecte le pluralisme d’opinion. La démocratie, par nature, suppose la représentation et la représentation appelle la constitution de partis. La pluralité de vues laisse en principe place aux des moyens de persuasion de la parole, à la communication dans le jeu normal des institutions, sans entraîner pour autant l’usage de la violence.

Ce n’est que lorsqu’elle introduit une forme de justification de la violence qu’alors l’idéologie produit directement la violence civile, parce qu’elle fait de la violence un moyen dont l’usage paraît nécessaire à ses fins. Nous l’avons vu avec l’empire du fascisme en Italie, du nazisme en Allemagne. Cela a été aussi le cas du communisme, dont la doctrine admettait que « la violence est l’accoucheuse de toute vieille société », selon les mots de Marx. La violence, de ce poin PAGF 9 violence est l’accoucheuse de toute vieille société », selon les mots de Marx.

La violence, de ce point de vue, est une résultante nécessaire de l’évolution économique, elle joue un rôle dans l’Histoire, dans une évolution que la doctrine présente comme nécessaire. On ne peut faire autrement : la lutte des classes est le moteur de l’Histoire. D’où les justifications de Sorel : « je crois très utile aussi de rosser les orateurs de la démocratie et les représentants du gouvernement, afin que nul ne conserve d’illusion sur le caractère des violences.

Celles-ci ne peuvent avoir de valeur historique que si elles sont l’expression brutale et claire de la lutte des classes : il ne faut pas s’imaginer que la bourgeoisie puisse s’imaginer qu’avec de l’habileté, de la science sociale ou de grands sentiments, elle pourrait trouver mellleur accueil auprès du prolétariat Dans le marxisme, la violence est le seul moyen dont dispose es nations « abrutie par l’humanitarisme » pour « retrouver leur ancienne énergie On appellera alors violence révolutionnaire les formes de lutte directe contre le pouvoir qui recourent aux manifestations de force, la lutte armee, la grève, la casse, toutes les formes sociales d’affrontement avec le pouvoir. Par violence terroriste on peut entendre la radicalisation de la violence révolutionnaire, celle qui entend recourir aux attentats, au meurtre contre les hommes du pouvoir, pour faire avancer la cause idéologique. La différence entre les deux est mince, elle peut refléter seulement une différence d’appréciation