Dissertation economique Sujet : La croissance economique suffit-elle toujours a resorber le chomage ? Septembre,2009 Intro : Face a des dysfonctionnements du marche du travail, les gouvernements des PDEM (pays developpes a l’economie du marche) se sont interroges sur les strategies de lutte contre le chomage. La croissance economique est-elle cependant suffisante a resorber le chomage ? Autrement dit, la baisse du chomage depend-elle uniquement de la croissance economique ?
Il convient de montrer d’abord que la croissance economique a une influence majeure sur l’emploi, pour montrer ensuite que cette croissance ne cree pas toujours d’emplois et qu’elle n’entraine pas toujours un recul du chomage. Developpement : Une influence majeure sur l’emploi Le volume d’emploi depend fondamentalement du niveau d’activite. Dans la theorie keynesienne, l’emploi depend directement de la croissance, qui depend de l’intensite de la demande globale. Le chomage « keynesien » est toujours involontaire, et resulte seulement d’un ralentissement de l’activite.
Cette definition conjoncturelle du chomage justifie la mise en ? uvre de politiques economiques pour stimuler la croissance. Les modeles post-keynesiens mettent en scene des situations « d’equilibre de sous-emploi » dans lesquelles les politiques economiques interviennent pour stimuler l’activite et porter la croissance a un niveau qui assure le
Le gap d’Okun correspond a l’ecart entre les deux (la croissance potentielle est celle qu’il serait possible d’obtenir si les facteurs etaient pleinement employes). La loi d’Okun montre que, pour les Etats-Unis de l’epoque, tout accroissement du gap de trois points entre le PIB effectif et le PIB potentiel entraine une augmentation du taux de chomage de un point au-dessus de son niveau « naturel ». En gros, une croissance de 3 % fait reculer le taux de chomage de 1 point. II. … mais la croissance ne cree pas toujours des emplois 1.
La croissance ne cree des emplois que si son rythme de progression est superieur a celui de la productivite. Les entreprises sont contraintes dans ce cas a embaucher. Du moins si elles ne choisissent pas d’augmenter le temps de travail (heures supplementaires), ou d’investir dans des equipements automatises. En France, un taux de croissance de 4 % etait necessaire pour creer des emplois durant les Trente Glorieuses. 2,5 % suffisent a la fin des annees 1980, et 1,5 % aujourd’hui. Ces chiffres correspondent aux gains de productivite moyens de chaque periode. La croissance est redevenue plus extensive.
D’une facon plus generale, le progres technique a court terme peut detruire des emplois. Certaines innovations, portant la croissance, peuvent creer un « choc de productivite » et un chomage technologique. A. Sauvy a montre que, a long terme, le bilan en emplois du progres technique etait positif. La compensation s’opere a travers un « effet-prix » (les baisses de prix permises par les gains de productivite stimulent la demande et la production) et un « effet-revenu » (le surplus de richesse issu des gains de productivite alimente de meme la demande, etc. ).
La creation d’emplois depend du caractere durable ou non de la croissance. Lorsque celle-ci redemarre, les entreprises n’embauchent pas tout de suite, dans l’attente d’une confirmation de la tendance. La productivite (rapport de la production au cout des facteurs) augmente alors. Les embauches qui interviennent par la suite, en augmentant le cout des facteurs, reduisent la productivite (notion de cycle de productivite). La vitesse d’ajustement de l’emploi est variable. Une etude de l’OCDE a montre qu’entre 1985 et 1990, le delai moyen d’ajustement de l’emploi a une augmentation de la production etait de 13 rimestres en France, et de 1,7 trimestre aux Etats-Unis… La richesse de la croissance en emplois depend du cout et de la flexibilite du travail, ainsi que de la rentabilite de l’offre. Les rigidites sociales appauvrissent le contenu en emploi de la croissance. L’embauche peut etre bloquee, meme en periode de reprise, si le cout du travail est superieur a sa productivite marginale. Les entreprises n’embauchent que si leur activite (leur « offre ») est globalement rentable.
Cette rentabilite ne depend pas seulement des couts salariaux, mais aussi : des taux d’interet (qui determinent les charges financieres) ; des investissements (qui determinent la capacite productive) et de la competitivite. Une mauvaise rentabilite n’incite pas les entreprises a developper leurs capacites, ni a embaucher, et un chomage de type « classique » (au sens de Malinvaud) peut coexister avec une reprise de la croissance. Le chomage augmente chaque fois que la population active augmente plus vite que le nombre d’emplois.
C’est le cas de la France depuis les annees 70, dont les tensions sur le marche du travail resultent pour une part du gonflement de la population active resultant du baby boom. Le nombre d’actifs augmente de cinq millions environ entre 1970 et 2000, deux fois plus que le nombre d’emplois. La diminution de la population active a partir de 2006 permettra en sens inverse de reduire le chomage. 2. Le chomage peut augmenter en periode de croissance et de creations d’emplois. Celles-ci peuvent inciter un certain nombre d’inactifs a se mettre en quete d’un emploi. La creation d’emplois stimule l’offre de travail (phenomene du « chomeur encourage »).
Le « taux de flexion de l’activite » (nouveaux actifs/nouveaux emplois) est de l’ordre de 30 % en France dans les annees 1990, et le « taux de flexion du chomage » (proportion des nouveaux emplois attribues aux chomeurs) de l’ordre de 70 %. On parle aussi de « chomage de croissance ». Le chomage « structurel » est un chomage d’inadequation entre les offres et les demandes d’emplois. Les qualifications des demandeurs d’emploi ne sont pas celles qui sont recherchees par les entreprises. Le progres technique, qui affecte les modes de production et les qualifications, accentue ce type de desequilibre (A.
Sauvy parlait de « court circuit de travail »). Le chomage structurel ainsi defini est un chomage de segmentation : exces d’offres sur certains segments du marche du travail, en raison de qualifications obsoletes ; exces de demandes sur d’autres segments, en raison de besoins nouveaux exprimes par les entreprises, mal pris en charge par le systeme de formation. La reprise de la croissance et de l’emploi n’a pas forcement beaucoup d’effet sur certaines categories de chomeurs. Il en est ainsi des chomeurs de longue duree, a faible « employabilite », qui tendent a etre relegues en permanence au bout de la « file d’attente » du chomage.
On a evoque ici un phenomene d’« hysteresis » (poursuite d’un effet apres la disparition de sa cause) : le chomage provoque par la recession se perpetue malgre la reprise. Statistiquement, l’effet de la croissance est plus fort sur le chomage au sens du BIT (qui a pour condition une recherche active d’emploi, et donc une certaine employabilite) que sur le chomage recense par l’ANPE (qui englobe les chomeurs « decourages »). La croissance ne fait pas non plus disparaitre le chomage volontaire, ni le chomage frictionnel.
Chaque niveau de croissance determine son « taux de chomage d’equilibre », diront les « nouveaux classiques ». Conclusion Le chomage est globalement lie a la croissance, mais cette relation depend d’ un grand nombre de variables : productivite, temps de travail, flexibilite et cout de la main-d’? uvre, population active, structure du chomage et de l’emploi… Seule une acceleration forte et durable de la croissance est susceptible d’avoir un effet significatif sur le flechissement du chomage. La croissance peut-elle etre infinie en raison de la nature finie des ressources naturelles ?