Conscience

Conscience

Le theme de la conscience est une entree privilegiee dans la reflexion philosophique. L’homme a conscience de ce qui l’entoure, de ce qui lui arrive, de ce qu’il fait. Cela signifie que tout ne fait pas qu’arriver : cela nous pose question, nous fait reflechir. C’est par l’homme que les questions surgissent dans le monde. Avoir conscience de quelque chose, c’est dire que les choses ne vont pas de soi, mais nous posent probleme, nous amenent a reflechir. La decouverte de la conscience Se connaitre soi-meme : le but d’une existence humaine il ne suffit pas d’etre soi-meme pour se connaitre.

L’experience de la prise de conscience peut nous reserver bien des surprises. Je peux decouvrir apres-coup des mobiles a mes decisions, dont je n’avais pas conscience au moment d’agir. « Se connaitre soi-meme », cela pourrait etre synonyme » d’acceder a la sagesse ». « Je me suis cherche moi-meme » : ainsi Heraclite, auteur grec presocratique, resumait-il sa vie. Et Socrate avait adopte pour devise : « connais-toi toi-meme. » La conscience : une notion moderne Ce n’est qu’avec Descartes que la notion de conscience devient le point de depart de la demarche philosophique.

Elle suppose une promotion de l’individu par

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rapport a la tradition. Desormais, sera tenu pour vrai non pas ce qui nous est legue par la tradition ou ce dont une institution (comme l’eglise) se porte garant, mais ce dont l’individu peut s’assurer par la demarche de sa propre conscience. Cette demarche passe par une mise en question radicale de toute verite admise et par une quete de la verite assimilee a ce qui s’impose a la conscience avec evidence a l’issue d’un examen attentif et systematique exerce par cette meme conscience. Etre conscient » et « avoir conscience » Je n’ai pas simplement une conscience comme j’ai un corps et eventuellement, une ame. Je suis une conscience signifie je suis un etre humain ; la conscience est le mode d’etre specifique de l’homme, qui fait que tout ce qui nous arrive est source pour nous d’interrogation. La conscience n’est pas une « partie » de l’homme, mais la facon humaine d’exister dans le monde, d’etre present a soi-meme et aux autres. « Conscience psychologique » et « conscience transcendantale »

La conscience psychologique est ce qui fait de moi l’individu que je suis, avec son histoire, ses gouts, son « caractere », ses modes de reaction specifiques. Je peux la scruter par l’introspection (par exemple : journal intime) dont Freud montrera les limites, ou par le recours a une psychanalyse ou une psychotherapie, donc l’intervention d’un autre qui m’aide a y voir clair en moi-meme. La conscience transcendantale est ce qui fait de moi un etre humain. C’est donc elle tout d’abord qui est l’objet de la reflexion hilosophique, la conscience psychologique ne faisant que decliner diversement cette conscience transcendantale. La conscience : du temps a la liberte La conscience et le temps Sans la conscience, nous serions plonges dans un eternel present, sans epaisseur temporelle. Par la conscience, je retiens le passe dans ma memoire, j’anticipe l’avenir par la crainte ou l’esperance. Je n’ai pas les deux pieds dans le present ; je peux le confronter a des situations autres, donc l’evaluer et le juger. (Bergson). La conscience et la liberte

La question de la liberte ne peut se poser que pour une conscience, c’est-a-dire pour un etre capable de se demander si la situation dans laquelle il est plonge lui convient ou non. Mais il faut aller plus loin : la conscience est liberte, qu’elle veuille ou non (Sartre), c’est-a-dire que je suis toujours responsable de la facon dont je reagis aux situations qui me sont faites (je peux m’en accommoder, en prendre mon parti, me resigner, me revolter, preferer la mort, etc. ) Etre une conscience est synonyme d’etre libre, selon Sartre.

Ce n’est que par mauvaise foi que je peux tirer argument des circonstances pour me justifier et m’expliquer pourquoi je n’ai pas eu le courage de faire usage de ma liberte, de me comporter en homme libre. Fuir sa liberte est encore un comportement qu’assume la conscience, et dont elle est responsable. La liberte angoissante dans la mesure ou je ne puis lui echapper et ou l’usage que j’en fais decide de qui je serai (Kierkegaard). Seul un etre libre peut eprouver de l’angoisse. Les limites et les impostures de la conscience Approche materialiste de la conscience

L’autonomie de la conscience est, selon Marx, une illusion. La conscience que j’ai de moi-meme et de ma propre vie est a mon insu un fait social, produit par la place qui est la mienne dans la societe. La conscience ne fait donc qu’un avec l’illusion que ma vie est entre mes mains et que je ne suis conditionne par rien d’anterieur a moi et a la conscience que j’en ai. La conscience est donc congenitalement une mystification. Approche psychanalytique de la conscience Selon Freud,ce dont j’ai conscience en meme ne suffit pas a expliquer l’ensemble de mes reactions et de mes emotions.

Il faut postuler l’existence d’un inconscient (qui n’est en un sens que le poids du passe, de mon histoire que je porte en moi) pour rendre compte du vecu d’une personne. La conscience s’illusionne donc si elle croit etre la seule source de toutes nos actions et connaitre tous les mobiles qui nous font agir. La conscience, un appendice superflu ? (Nietzsche) N’avons-nous pas, depuis Descartes au moins, formidablement exagerer le role de la conscience ? Les hommes n’ont pas attendu de comprendre de facon consciente les mecanismes de l’heredite, de la respiration, de la digestion, etc. our se reproduire, respirer, digerer… Aujourd’hui encore, la quasi-totalite des processus vitaux est assume aveuglement par le corps, independamment de toute operation de la conscience. La conscience n’est qu’une apparition tardive dans l’histoire de la vie, c’est dire que tous les processus fondamentaux peuvent fort bien se derouler sans son intervention. Peut-etre meme est-ce souhaitable : un organe nouvellement apparu met longtemps avant de fonctionner correctement. La conscience n’en est peut-etre qu’a ses tout premiers balbutiements.

Des que la conscience intervient dans une action, c’en est fait de la perfection de cette action. Seule l’inconscience permet la surete d’instinct. (Nietzsche). La conscience comme tache assignee a l’homme « Connais –toi toi-meme » (Socrate) (a) L’experience de la prise de conscience suffit a montrer que je ne me connais pas entierement, mais en meme temps que cette meconnaissance n’est pas insurmontable. « Connais-toi toi-meme », devise de Socrate, pourrait resumer toute la philosophie, et la tache d’un homme au cours de sa vie. Se confronter aux autres pour se connaitre b) Mais, comment une telle prise de conscience peut-elle avoir lieu ? Selon Hegel, ce n’est pas par l’introspection. Par exemple, comment savoir si je suis courageux ? Non pas en scrutant ma conscience en solitaire, mais en m’exposant au danger. La conscience a besoin de se confronter aux autres pour apprendre a se connaitre soi-meme. « Autrui est le mediateur indispensable entre moi et moi-meme. » (Sartre) La conscience, une tache infinie (c) Mais ce qu’elle decouvre ainsi n’est pas statique : m’exposer au danger, c’est decouvrir si je suis courageux, et c’est aussi la condition pour devenir de plus en plus courageux.

Ce dont je prends conscience modifie mon rapport a moi-meme : je ne pourrai donc jamais me connaitre entierement et definitivement. Le projet de se connaitre soi-meme est une tache infinie, coextensive a la vie elle-meme. Conclusion – La conscience semble donc etre moins un point de depart infaillible qu’une tache qui nous est assignee ; surmonter la part de meconnaissance ou d’inconscience en nous, surmonter ce qui en nous resiste a la prise de conscience de ce que nous sommes.

La conscience elle aussi sait mentir et se mentir a elle-meme, ce mensonge a soi rendu possible par la conscience est ce qu’on appelle la mauvaise foi (Sartre). La conscience n’est jamais seule comme une chose mais toujours confrontee au corps, aux choses, a autrui, a l’inconscient. Ce n’est donc pas en se regardant dans un miroir que la conscience peut apprendre a se decouvrir, mais en explorant ce a quoi elle est confrontee.