Connais-toi toi-meme : a quelles difficultes se heurte cette exigence?

Connais-toi toi-meme : a quelles difficultes se heurte cette exigence?

Celebre inscription au fronton du temple de Delphes et injonction par la suite reprise comme devise par le philosophe grec Socrate « Connais-toi toi-meme » est un indeniable encouragement a la reflexion sur soi et son existence afin de savoir ce que nous sommes. Neanmoins, bien que realisable, cette exigence s’avere etre plus complexe qu’aux premiers abords et se heurte ainsi a de nombreuses difficultes. Mais qu’elles sont-elle? En d’autres termes, qui peut entraver la connaissance de soi-meme c’est-a-dire la connaissance de la Verite?

Se connaitre soi-meme, c’est savoir qui l’on est, mais l’homme sait-il qui il est? Si tel n’est pas le cas, peut-il vraiment pretendre pouvoir se connaitre? Pourquoi l’homme desire t’-il se connaitre? D’autre part, on peut se demander si une telle entreprise qu’est le desir de se connaitre n’est pas vaine dans la mesure ou l’homme ne possede pas la capacite de le satisfaire. Ces difficultes peuvent-elles etre outrepassees? Ainsi, en quoi et dans quelle mesure l’homme represente t’-il pour lui-meme un obstacle?

Peut-on dire que l’entourage, alors exterieur a soi, represente une difficulte quant a la connaissance de soi? Enfin, peut-on reellement dire que l’homme peut se connaitre? En premier lieu, nous ne pouvons nier que l’individu qui pretend a

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se connaitre se heurte a un obstacle des plus paradoxaux : lui-meme. En effet, contrairement a l’animal, l’homme est un etre de raison, apte a la reflexion et a exercer celle-ci. Neanmoins, la connaissance de soi implique une evaluation de sa personne, mais tout particulierement de ses valeurs morales,qui doit s’averer parfaitement juste et objective.

Des lors , la connaissance de soi contraint l’individu a se confronter directement a ses propres fautes, a ses vices afin de mieux s’en detourner (nous entendons par « detourner »la possibilite que l’homme a de s’ameliorer des que celui-ci a connaissance et accepte ses actions dites « immorales » afin de progresser dans son humanite) et ainsi tendre vers une connaissance totale et sans concession de lui-meme. Alors, dans cette perspective, l’individu peut pretendre se connaitre.

Or, le jugement de soi est souvent entrave par la partialite et l’affectivite de l’individu, c’est-a-dire a la subjectivite de sa reflexion et par consequent de sa connaissance de lui-meme. En d’autre terme, chacun est influence par ses connaissances, ses experiences, ses sentiments et par consequent, la propre vision de soi en est « imbibee ». La connaissance de soi est alors partielle et superficielle. Ainsi, il est frequent que l’homme se refuse d’ admettre ses fautes et ce, dans le dessein de flatter ou du moins d’epargner son ego meme involontairement.

Sa connaissance est alors superficielle et subjective : il ne se connait pas veritablement. Neanmoins, il est vrai que l’on peut objecter que l’homme possede un libre-arbitre qui lui octroie la capacite d’etablir un jugement juste et raisonne mais cette objection se confronte d’elle-meme au principe de liberte eclairee de Descartes dans la mesure ou l’homme prefere semble t’-il ignorer ses propres fautes. Il est en ainsi dans Le portrait de Dorian Gray, d’Oscar Wilde etant donne que le protagoniste refuse d’admettre ses actes immoraux et de changer alors que son portrait peu a peu s’enlaidit.

Ainsi, la subjectivite de l’homme entrave sa connaissance. D’autre part, l’injonction « connais-toi toi-meme » evoque implicitement une idee globale mais pour autant parfaitement exacte de ce que l’on est. Plus simplement, se connaitre, c’est avoir une conscience totale de soi or, nous pouvons des lors se demander si la conscience de soi ne possede pas elle-meme ses propres limites. En effet, bien qu’etre de raison, l’homme possede aussi une part d’innee, d’instinct qui ne resulte pas de sa capacite de reflexion. Mais au conscient qui est une intuition plus ou moins clair qu’a l’esprit de lui-meme ‘oppose l’inconscient qui se manifeste par des actes independants de la volonte. Mais en quoi l’inconscient peut-il representer une difficulte a la connaissance de soi? Se connaitre, c’est avoir une idee juste de soi-meme mais elle a un caractere global, entier. Or si l’on admet que l’homme possede un inconscient cela signifie que sa connaissance est limitee dans la mesure ou certains aspects de lui-meme lui sont totalement independants de sa volonte, de lui-meme. Le principe d’inconscient comme obstacle a la connaissance de soi est longuement explicite dans le roman de Julien Green, L’Autre.

Effectivement, la jeune femme qui pense avoir renier sa foi (alors qu’elle se consacrait a devenir religieuse) pour un homme decouvre a son insu dix ans apres que la religion tient encore une place essentielle dans son existence. Neanmoins, cette foi (que l’on peut dire tapie en elle-meme) etait independante de sa volonte, donc presente dans son inconscient. Des lors, sa connaissance d’elle-meme etait faussee puisqu’elle reniait sa foi. Elle ne se connaissait donc pas veritablement. S’oppose a la connaissance de soi, un obstacle intrinseque et ineluctable a l’homme.

L’homme, comme tout etre-vivant s’inscrit dans une temporalite marquee par l’echeance propre a chacun qu’est la mort. Mais, il nous est impossible d’omettre que l’homme est un etre fige, stagnant dans un milieu qui evolue. L’homme est en perpetuelle mutation, en evolution constante ce qui induit donc qu’il n’est jamais moralement le meme. Platon, pense que l’art n’est qu’une imitation de la realite, qu’elle ne peut en offrir qu’une apparence trompeuse. N’en n’est il pas de meme pour la connaissance de soi?

En effet, la connaissance de soi implique une profonde introspection qui s’avere etre un labeur non sans difficultes et complexites mais n’est-elle pas vaine dans la mesure ou l’homme est en constante evolution? Ne fige t’-elle pas un etat? En outre, l’homme est confronte a une echeance qui lui est presque independante et qui lui est inconnue : la mort. Sil l’homme ne connait pas cette etape essentielle de son existence peut-il pretendre se connaitre et a connaitre la Verite? L’homme est affecte par cette echeance a laquelle il ne peut se derober d’autant plus que sa meconnaissance de la mort peut l’amener a mal evaluer ce qu’est la Verite.

Des lors, la mort et l’evolution sont des difficultes essentielle a la connaissance de soi. Cependant, l’homme n’est pas l’unique incarnation de la difficulte a se connaitre soi-meme. L’auteur francais Andre Gide disait « Le meilleur moyen pour apprendre a se connaitre, c’est de chercher a comprendre autrui. ». Les autres (par opposition a l’individu) joue donc un role non negligeable dans la connaissance de soi. L’homme est constamment en rapport avec autrui ou du moins l’a ete. Cette coexistence entraine des echanges qui peuvent intervenir sur la personnalite.

L’education, par exemple, est en partie la transmission de valeurs morales entre le parent et son enfant que ce dernier interiorise. Mais, ces valeurs qui sont exterieures a l’individu et l’influence d’autrui ne sont-elles pas une difficulte pour se connaitre soi-meme dans la mesure ou la nature de l’individu semble negliger dans cet apprentissage? En d’autre terme, l’homme peut-il etre un etre vraiment dissemblable puisque l’education semble formater chacun selon un modele conforme a la morale?

Si tel est le cas, alors l’homme ne peut se connaitre veritablement, il a conscience de ce que son education et ses modeles ont pu lui apporter mais il ignore si ses comportements sont naturels ou conditionnes par la societe. On ne peut nier que l’education participe a l’apprentissage de ce que l’homme considere comme morale ou pas et gomme certains particularismes propres a chacun. Cet aspect est d’autant plus remarquable lorsqu’on etudie les differences entre les differentes societes et civilisations qui ne partagent pas de valeurs communes.

Ainsi, l’homme ne peut pretendre ce connaitre lui-meme puisqu’il est totalement influence et conditionne. Mais en plus de son influence, l’entourage peut renvoyer une image corrompue de ce que l’on est. L’homme a le besoin de se sentir exister au sein d’une communaute, c’est-a-dire d’etre reconnu par les autres et que cette reconnaissance s’accorde avec la propre image qu’il a de lui-meme. Neanmoins, il se peut que l’on ne se reconnaisse pas a travers autrui, que l’image que les autres ont de nous ne corresponde pas a ce que nous percevons de nous-meme. Alors, on ne se reconnait pas, donc on ne se connait plus.

Autrui et pour soi comme un miroir qui reflete ce que l’on est. Des lors que ce rapport est fausse, par malveillance notamment, la perception de soi ne peut que changer. Alors, c’est en ca qu’autrui peut etre un obstacle a sa connaissance. Il en est ainsi dans l’amitie, selon Aristote la seule veritable amitie est l’amitie vertueuse c’est a dire qu’elle nous permet de progresser car l’ami est comme un miroir dans lequel on se voit tel que l’on est. Or, certaines personnes que l’on considere comme des amis ne sont en realite que des « flatteurs »et represente donc un obstacle direct a notre connaissance.

Nous avons donc vu en quoi notre entourage et nous-meme peuvent etre un obstacle a notre connaissance de soi, neanmoins il est necessaire de s’interroger sur la possibilite d’une telle entreprise et de se demande si reellement l’homme possede les capacites pour y parvenir. Ainsi, conclut Aristote dans son ouvrage La Grande morale: « la connaissance de soi est un plaisir qui n’est pas possible sans la presence de quelqu’un d’autre qui soit notre ami ; l’homme qui se suffit a soi-meme aurait donc besoin d’amitie pour apprendre a se connaitre soi-meme. La question essentielle quant aux difficultes auxquelles se heurte la connaissance de soi est: Est-ce que l’homme peut-il pretendre posseder la capacite et le pouvoir de se connaitre soi-meme? N’est-ce pas en soi une recherche vaine que de savoir qui il est ? En effet, l’homme peut-il veritablement dire qu’il se connait, qu’il sait qui il est car si tel est le cas pourquoi le desir de se connaitre serait encore de nos jours l’une des plus grandes questions existentielles?

Il semble que personne ne puisse assurer qu’il se connait. Certains philosophes assurent que se connaitre, c’est connaitre la Verite mais peut-on dire que l’on connait la Verite? Alors, si l’on ne connait pas la Verite, est-ce dire que l’on ne se connait pas soi-meme? Il apparait donc que l’homme, qui n’est pas detenteur de la Verite ne puisse pas reellement se connaitre, sa vision de lui-meme ne peut peut etre que partielle, superficielle.

Ainsi, la devise de Socrate est « Connais-toi toi-meme : tu connaitras l’Univers et les dieux », neanmoins, il semble que personne n’est pu obeir a cette injonction donc l’homme ne peut pas se connaitre. L’homme bien qu’il est parfaitement conscient d’etre, ne peut donc pas affirmer qu’il se connait. Maxime de Socrate, « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » semble parfaitement definir la question philosophique et existentielle :Qui suis-je? En effet, la connaissance de soi ne semble etre qu’une suite de difficultes que l’homme n’est pas en mesure de depasser.

Qu’elles resultent de lui-meme ou d’autrui, l’homme ne parait pas apte a les surmonter et ne peut donc pas en consequence assurer qu’il se connait, si ce n’est peut-etre par une certaine rigueur et rectitude d’esprit qui semble neanmoins contestable. La connaissance de soi semble neanmoins dependre d’une connaissance affirmee de ce qui nous entoure, de notre entourage et de notre societe puisque ces derniers influencent directement l’homme. Cependant, il apparait que la connaissance de soi ne peut etre totale et qu’elle demeure une recherche vaine pour l’homme.