commentaire littéraire

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orsque Chabrol a décidé d’adapter l’un des chefs-d’œuvre de la littérature française en 1990, il lançait non seulement un défi au lecteur-spectateur qui retrouva avec fidélité les infidélités conjugales d’Emma, mais encore il réinterpréta Flaubert tout en lui vouant un regard naturaliste. L’étonnante modernité, qui en 1857 caractérisait Madame Bovary par rapport à la production romanesque antérieure, touche plus que jamais notre société. Chabrol fait de ce livre, très proche de La Physiologie du mariage e Balzac, une étude analytique des mœurs de province, une scène filmique de la vie privée.

Il reconstruit un bovarysme (1) caustique et plus réaliste que jamais. Le cinéaste et l’écriva plus qu’intertextuelle alchimie audio-visuell deux expressions arti que la littérature peu Swipe Io View nextp g œuvre unique ; forment une ient fructueux entre an et le film : « Ce inéma, ce n’est pas tant un réservoir de sujets intéressants qu’un certain sens du récit. Ce qui compte, c’est de dégager le film du spectacle pour le rapprocher de récriture. ?? (2) Chabrol confine Emma dans une tradition bourgeoise et sclérosée que Flaubert décrivait déjà à merveille, mais il rajoute un passif cinématographique qui imprègne l’œuvre littéraire, du moins pour ceux qui décideraient de lire

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le ShAipe to Wew next page le texte après avoir vu le film. En effet, toute la production du cinéaste se fonde sur la critique d’une société française qui étouffe et qui se meurt dans la jalousie, dans Flntérêt, dans les manipulations affectives et familiales. Citons L’œil du malin, Que la bête meurt, L’enfer,

La cérémonie et plus récemment Le goût du chocolat. Ce dernier film est une affaire d’empoisonnement dans une famille bourgeoise qui fait un écho aux frasques destructrices et passionnées d’Emma. Le cinéma de Chabrol, chargé d’atmosphères lourdes et oppressantes, rend le roman de Flaubert encore plus moderne. Madame Bovary à l’écran reste une femme d’aujourd’hui qui fuit la médiocrité et la monotonie quotidienne de la vie au foyer sans travail. Claude Chabrol développe une empathie ironique sur un tempérament féminin qui se perd entre ses pulsions et ses ntérêts.

Tout le récit filmique est vu sous l’angle de la dérision : l’héroi’ne meurt parce qu’elle a des dettes. Ainsi, le cinéaste respecte l’œuvre initiale. Madame Bovary représente non seulement l’auteur, évoquons la fameuse phrase ironique de l’écrivain « Madame Bovary, c’est moi » mais elle s’adapte implicitement aux intentions du réalisateur. Le film de Chabrol interprète la modernité du roman, il la met au goût du jour et surenchérit l’ironie flaubertienne. Emma à l’écran sombre entre le pragmatisme et le romantisme. 2