Lettre 1 Apres la preface qui annoncait une oeuvre provocatrice, on se retrouve un peu destabilise en lisant la premiere lettre. En effet, celle-ci est ecrite par une jeune fille naive (Cecile de Volanges) a une amie et semble tout a fait innocente… On y retrouve les regles convenant a une jeune fille de cette epoque et rien ne parait choquant a premiere vue. Cependant, on decouvre, en lisant plus en profondeur, que l’auteur introduit les premieres failles de cette facade vertueuse (abordees dans la preface) et construit deja une image critique de la societe. I – Une lettre innocente… les regles classiques de la correspondance sont respectees (date, presence du « je », « Je t’ecris », lieu et temps tres precis, verbes aux present) ce qui montre la preoccupation de l’auteur a jouer le jeu des lettres reelles et de la polyphonie narrative. Une lettre composee en deux parties – presentation de sa nouvelle vie sur un ton un peu fanfaron a une amie de couvent – une anecdote en contraste ou elle se ridiculise. – un personnage naif : – elle est jeune, sort du couvent et ne connait rien de la vie : comment pourrait-elle etre conduite
L’anecdote comique fait apparaitre Cecile comme une idiote : elle est naive et puerile. Est-ce donc cela le resultat de tant d’annees d’education ? Assez pathetique… Donner une education aux femmes sera d’ailleurs un des enjeux du XVIIIeme siecle pour les philosophes. – le mariage arrange – L’auteur critique le mariage arrange, objet de frustration pour les jeunes filles, et s’indigne que Cecile ne sache meme pas le nom de l’homme avec qui elle partagera sa vie. A nouveau, Cecile se croit libre mais toute sa vie est regie par sa mere (veritable planning etabli ! et cette histoire de mariage arrange est le comble de l’absurde pour l’auteur. C’est le point de depart de tout le roman, car si Cecile avait pu choisir son mari, elle n’aurait pas batifoler avant le mariage et serait arriver vierge devant l’autel ! ? Ainsi, cette lettre qui parait etre en decalage avec la preface a premiere vue, est en fait une critique de la societe. Choderlos de Laclos denonce en effet, avec le personnage naif de Cecile, une education des jeunes filles peu performante et un mariage arrange qui se revelera devastateur.