Sous le mur de Berlin, le tunnel de la CIA Le 24 avril 1956, Le Figaro annoncait, en page quatre : « Les Russes accusent : Les Americains ecoutaient les transmissions sovietiques. » Et, dans la foulee : « De source americaine, on rejette ces accusations comme ridicules. » Un demi-siecle plus tard, une exposition au Musee des Allies a Berlin fait enfin toute la lumiere sur cet episode de la guerre froide qui aurait pu etre imagine par John Le Carre tant il plonge dans l’univers glauque des services secrets et en illustre les priorites souvent paradoxales.
Associes aux « cousins » britanniques, les Americains de la CIA avaient en effet reussi en 1955, partir de leur zone dans Berlin la quadripartite, a creuser dans le quartier de Altglienicke un tunnel jusqu’au secteur sovietique pour mettre sur ecoutes les communications de l’Armee rouge. Un boyau de 449,88 metres, dont les deux tiers sous le territoire de la RDA, creuse avec d’immenses precautions de camouflage, de crainte d’alerter l’ennemi.
Il s’agissait de deplacer 3 000 tonnes de terre sans attirer l’attention. Au courant de l’hiver 1955-1956, il a meme fallu introduire de toute urgence un systeme de refroidissement dans l’excavation car, a la
Finance par Washington et execute par Londres au prix de 6 millions de dollars de l’epoque, il a permis d’engranger secretement quelque 50 000 bobines d’enregistrements. En realite, les Sovietiques etaient deja au courant depuis plus d’un an, des avant le premier coup de pelle. Moscou en effet avait des la fin 1953 des informations de premiere main : George Blake, un diplomate britannique retourne par le KGB pendant qu’il etait en captivite en Coree du Nord, etait de retour a Londres et affecte aux services secrets.
Il venait de livrer a ses commanditaires sovietiques « sept pages » de croquis du futur tunnel anglo-americain, se souvient le general Serguei Kondrachov, qui dirigeait alors l’antenne du KGB a Berlin. Son dilemme : Intervenir, c’etait griller Blake qui etait un atout a Londres. « Il etait trop important », se souvient son officier traitant. Resultat : Le KGB n’a « rien dit » au GRU, le service secret concurrent de l’armee dont les communications ont ainsi ete ecoutees par les Occidentaux onze mois et onze jours durant.
Pendant pres d’un an, l’Armee rouge a livre ainsi a son insu des informations vitales sur ses forces en RDA et en Pologne, voire sur l’uranium est-allemand destine au programme nucleaire du Kremlin. Une source « inestimable », juge David Murphy qui etait alors numero deux de la CIA a Berlin. De peur d’exposer George Blake a Londres, le KGB s’est meme abstenu de faire passer par ce canal de la « desinformation », explique le general Kondrachov, responsable de l’Allemagne au KGB de 1955 a 1957 et de 1963 a 1967.
Il fallait pourtant faire cesser l’affaire du tunnel. Le 22 avril 1956, jour d’anniversaire de Lenine, les Sovietiques ont ainsi profite des pluies de printemps pour faire faire des travaux de errassement. La tranchee a ainsi ete decouverte « par hasard » par des soldats du genie est-allemand. Dans un dialogue enregistre par la CIA aux abois et transcrit a Berlin, l’un d’eux porte le coup de pioche qui met a nu le tunnel et s’exclame : « Regarde-moi ca ! » « C’est fantastique ! », repond un de ses camarades en voyant la centaine de magnetophones « Ampex 350 ».
Cinquante ans plus tard, il ne subsiste plus rien du tunnel, si ce ne sont deux troncons recuperes bien plus tard et exposes au Musee des Allies. Trahi par un transfuge polonais, George Blake a ete condamne a quarante-deux ans de prison en 1961, mais a reussi a s’enfuir. Il vit toujours a Moscou. {draw:frame} Chute du mur de Berlin Presentation: Explication Analyse temoignage *la c*onstruction cause : Consequence : Les deux parties de la ville connaissent des evolutions differentes : Consequence :