Cindy Sherman a a peine 25 ans qu’elle est deja reconnue dans le monde elitiste de la photographie. Elle affectionne tout particulierement les compositions incongrues et ambigues, si bien que son ? uvre s’en trouve volontairement ouverte a toute interpretation. A travers ses nombreuses series d’images (le plus souvent des autoportraits), elle souleve d’importantes questions sur le role et la representation de la femme dans la societe. Elle nait en 1954 dans une banlieue new-yorkaise, et sa famille demenage peu de temps apres a Huntington (Long Island).
Contrairement a grand nombre d’artistes photographes, le climat familial n’inspire pas sa vocation : elle feuillette parfois l’unique livre d’art de la bibliotheque parentale, presentant les 101 plus beaux tableaux du XXe siecle… Neanmoins, elle decide d’entreprendre des etudes artistiques a l’Universite de l’etat de New York, a Buffalo. Elle est tres vite frustree par la peinture : « …il n’y avait rien a dire de plus. Je me contentais de copier meticuleusement d’autres ? vres, et j’ai realise qu’il aurait alors suffi d’utiliser un appareil photo et de me consacrer a d’autres idees » (« …there was nothing more to say. I was meticulously copying other art and then I realized I could just
Dans sa serie en noir et blanc Untitled Film Stills, aujourd’hui incontournable, elle revet differents costumes et joue sur les « cliches » d’une blonde : starlette pulpeuse ou consentante femme d’interieur, elle s’inspire des medias et de la pop culture et scenarise des vies de poupees, vulnerables et grimacantes. Au debut des annees 80, elle continue d’explorer ces glissements d’identite, en couleur cette fois (Rear-Screen Projections, Centerfold et Fashion series).
Desormais reconnue par le marche de l’art, elle tente progressivement de se detacher du discours feministe qui sous-tend ses premiers travaux. Pour la premiere fois, dans ses series Fairy Tales et Disasters, elle n’est plus systematiquement le modele de ses photographies. Proches du fantastique et du grotesque, ces images sont crues : des corps morceles de poupees ou de protheses cotoient la moisissure, le vomi et autres substances inspirant le degout.
Cindy Sherman – le modele – reapparait dans la serie History Portraits, vers 1988, ou la photographe pastiche l’univers de tableaux de maitres. En 1992, elle est cette fois totalement absente de ces photographies pour une serie d’images aujourd’hui connue sous l’intitule Sex Pictures : les corps ne sont plus que des poupees ou protheses « decharnees », disposees dans des postures tres suggestives et photographiees plein cadre.
Cindy Sherman s’est appropriee nombre de genres visuels : les films stills (comme extraits du scenario d’un film), les centerfolds (pages centrales des magazines, alors consacrees par Playboy), photographie de mode, portraits historiques ou images erotiques… Aujourd’hui elle s’interesse plus etroitement au cinema, et plus particulierement aux films d’horreur. En 1996, dans Office Killer, son premier long metrage, une secretaire devouee assassine ses collegues de bureau…