Lhomme doit-il se rendre maître et possesseur de la nature ? Définir les termes du sujet avec précision. Avant de renvoyer à un individu réel, le terme de sujet correspondit philosophiquement à des préoccupatlons logiques visant à définir les critères formel d’un discours vrai. En effet, pour dire quelque chose de l’être, encore faut il pouvoir lui attribuer des prédicats : le sujet, chez Aristote dans ses œuvres Physique ou encore Les Parties des Animaux, a donc une fonction logique et grammaticale.
Or, précisément, le discours se veut non seulement formellement correct, mais matériellement vrai : la ogique n’a de sens q être, que si le sujet est aussi une substa sibles. Si le sujet or 28 en vient ainsi à désig r lier, il n’acquiert cependant le sens sp irl »-• partir du moment où la philosophie ca tique problème de la conformité du sujet a un objet ext rieur, la question du fondement de la connaissance.
Dire : « Je pense, donc je suis » , c’est, en effet, conférer au « je » cette dimension d’universalité propre à la raison humaine qui pose désormais le sujet comme principe sur lequel l’ensemble de la connaissance, de la morale et du droit va
Mais justement faire du sujet un principe, n’est ce pas présupposer que la raison est toujours en position de maîtrise alors même que l’expérience de la passion, Swipe to vlew next page passion, de la folie ou tout simplement la vie sociale nous présentent un sujet en situation de de perpétuelle dépossession ? A partir du XIXe siècle, avec Marx, Freud et Nietzsche, un « soupçon » est porté sur le sujet : loin d’être au principe de lui- même, le sujet est dénoncé comme étant l’effet de phénomènes ui lui échappent, rapports sociaux. rocessus inconscients ou volonté de puissance. De substance métaphysique, le sujet devient ainsi ce foyer limite vers lequel tendent un ensemble de faits, de comportements ou de discours, qui relèvent plus du domaine du sens, qu’ils ne trouvent désarmais, dans le sujet, leur vérité et leur raison d’être. Rappeler la nécessité de la technique pour la vie des êtres humains.
A la suite des nombreux philosophes qui, depuis Aristote, ont analysé la dépendance étroite et réciproque entre l’intelligence de l’homme et la fabrication d’outils pour transformer la matière ? son profit, les spécialistes de la préhistoire (en particulier André Leroi-Gourhan, dans Le Geste et la parole) font de l’aptitude ? l’activité technique un critère essentiel d’humanité.
La fabrication d’outils suppose en effet que l’on se représente mentalement l’action à accomplir , la forme de l’outil la mieux appropriée à la nature de cette action , le choix des matériaux les mieux adaptés, etc. La technique, comme le langage, est indissociable de la pensée, donc de Ihumanité. Si l’homme fait partie de la nature, ses relations avec elle sont ainsi, dès l’origine, médiatisées par un roisième terme, l’outil.
Le seul usage de ses farces physiques, très inférieures à celles des autres animaux, le condamnait à une OF forces physiques, très inférieures à celles des autres animaux, le condamnait à une mort certaine : l’invention de ces prolongements de son corps que sont les outils fait bien plus qu’assurer sa survie, elle contribue à le rendre « comme maître et possesseur de la nature » avec Des cartes et ses œuvres telles que Le Discours de la Méthode ou encore Les Méditations Métaphysiques.
Souligner l’artificialisation inhérente à la civilisation et ‘insuffisance du naturel pour l’être humain. Avec la science du XVIIe siècle, et sous son regard mécaniciste, la maitrise du vivant prendra une dimension différente dont les enjeux commencent à transparaître plus clairement dans nos techniques contemporaines. Nous aimerons souligner trois aspects de cette « maîtrise du vivant ». Le premier concerne la logique de potentialisation au cœur de la technique moderne et surtout au cœur de l’instrumentalisation de la vie.
Avec le terme de « potentialisation Dominique Janicaud désignait l’une des caractéristiques fondamentales de la technicité moderne, elle qui consiste à transformer le savoir en puissance « sans qu’aucune limite ou fin ne soit assignable à cette montée Ainsi, dans la science moderne, c’est dans le domaine du vivant que le possible et le virtuel jouent un rôle central, non seulement dans l’ouverture de nouvelles voies naturelles, mais aussi dans l’affirmation du principe de plasticité intrinsèque à la vie.
S’il existe un domaine dans lequel la potentialisation de la technique dont nous parle Janicaud trouve un sol fertile à son expansion, c’est dans l’application aux dynamismes du vivant : les dynamismes de la vie fonctionnen xpansion, c’est dans l’application aux dynamismes du vivant : les dynamismes de la vie fonctionnent eux-mêmes, naturellement et dans sa confrontation au milieu, comme une actualisation des possibles.
La technique moderne trouve ainsi dans les dynamismes de la vie des mécanismes exploitables, non pas uniquement comme objets soumis à l’instrumentalisation, mais aussi en tant que dynamismes producteurs de nouvelles potentialités. On comprend mieux depuis cette perspective ce qu’implique pour la technique moderne de faire de la nature un dispositif producteur d’artifices : il ne s’agit pas simplement e contraindre certains dynamismes de la vie à produire de nouvelles entités naturels, il s’agit surtout de transformer les dynamismes de la vie en dynamismes continuellement ouverts ? des nouvelles possibilités de potentialisation.
Expliquer le lien entre la science et la technique, la connaissance de la nature et sa domination pratique. René Descartes explique dans son Discours de la méthode que la technique, un des fruits de l’arbre de la science avec la morale et la médecine, nous rend comme maîtres et possesseurs de la nature. Le « comme » n’est pas sans importance.
En effet, ? connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la Nature. », nous pourrons donc facilement mettre la nature au service de nos besoins déterminés. Desca nous pourrons donc facilement mettre la nature au service de nos besoins déterminés.
Descartes ne veut pas dire que a technique est étrangère à la nature, ni qu’elle la dépasse de manière inconditionnelle. Nous ne faisons que nous servir des forces et des lois de la nature, mais nous utilisons ce déterminisme, une fois qu’il est connu, pour le mettre au service de nos besoins, tout spécialement la médecine. Ainsi, une montre, après qu’on l’a fabriquée, fait-elle partie de la nature au même titre qu’une plante ou qu’une montagne, mais elle est ainsi faite qu’elle nous montre l’heure.
La technique est donc, avec la morale et la médecine, l’un des fruits de l’arbre de la onnaissance, dont le tronc est la physique, et les racines, la métaphysique. Cest un des sens selon lesquels on a pu dire sans ironie que le travail était libération à l’égard de la nature et de notre propre nature immédiate. Cependant, cette libération est, dans la tradition issue de Hegel et de Marx, inséparable de l’aliénation. n régime technique déterminé impose à l’individu comme à la société un ensemble de contraintes, d’autant plus lourdes, en première analyse du moins, que les pouvoirs techniques de l’homme sont encore limités, qu’il lui faut donc onsacrer plus de temps et d’efforts au travail. De plus, la technique peut être définie comme l’ensemble des procédés bien déterminés qui permettent de maîtriser la transformation de la matière, de la soumettre à un projet préétabli.
Il semble alors aller de soi que la société, définie par les marxistes comme entreprise collective de maîtrise de la nature, prolongera, dans son fonctionnement même, le caractèr PAGF s OF son fonctionnement même, le caractère mécanique propre à la technique. En d’autres termes, le fonctionnement de la société, les rapports sociaux, assimilés à de simples « rapports e production », non seulement se constitueraient autour des techniques, mais encore se déduiraient d’un état technologique déterminé, historique.
Ily a cependant dans le marxisme une dimension libertaire, en ce sens que des techniques plus avancées permettraient à l’homme et à la société de s’affranchir du règne de la nécessité et de la rareté. Périodiquement on retrouve cette perspective à l’occasion de nouveaux objets techniques, comme l’électricité ou, actuellement, Internet, propices par leur souplesse à la constitution d’utopies techniques.
Or, une innovation technologique, serait-elle omniprésente comme au xixe siècle la machine à vapeur, impose-t-elle en elle- même un ordre social, contraignant dans le cas de techniques fermées, libertaire dans le cas de techniques ouvertes? Sil ne faut pas surestimer l’impact de l’outil technique en lui-même sur la société, faut il pour autant rejeter hors de la réflexion philosophique l’invention technique? Affirmer comme Heidegger que l’essence de la technique n’a rien de technique, entendons de technologlque? C’est préclsément ce qu’a refusé de faire Gilbert Simondon.
Néanmoins, on est bien obligé de constater que les sociétés contemporaines usent et abusent des techniques sans vraiment s’intéresser au fonctionnement de l’outil, ni s’interroger sur ce qu’est l’invention, qui met en jeu au moins trois éléments; les outils techniques existan qu’est l’invention, qui met en jeu au moins trois éléments; les outils techniques existant déjà, le savoir scientifique, et enfin l’innovation technique proprement dite. Comme l’avait vu Bergson, même si la science a décuplé notre pulssance technique, l’invention technique ne se réduit pas pour autant ? ne application du savoir scientifique.
Ainsi, dit Bergson, dans les deux sources de la morale et de la religion, le Rhône continue à couler dans le lac de Genève. Il ne s’y perd pas. Le Rhône, c’est la technique, et le lac de Genève, la techno-science. L’objet technique, expression de l’ingéniosité humaine, peut cependant être considéré sous un autre angle, réaliste au sens du réalisme des Idées chez Platon. Rappelons que Platon considérait, contre les Sophistes, que l’homme de métier se contente de copier une idée éternelle de l’artefact, par exemple la forme de la maison. Cette notion est-elle aussi dépassée qu’elle le semble?
En effet, l’objet technique est le fruit d’une adaptation d’un désir ou d’un besoin au milieu, adaptation qui évoque celle qui modèle la vie. On a souvent remarqué que la technique retrouvait par d’autres moyens des solutions comparables à celle de la biologie. En ce sens chaque objet technique, dès lors qu’il est inventé, tend dans son évolution à se rapprocher d’une certaine perfection, en tout cas la perfection compatible avec les connaissances scientifiques et les ressources de l’époque et de la société concernées (André Leroi-Gourhan).
On peut donc à la suite de Platon et de Paul Valéry parler d’idées techniques qui pour ainsi dire aimantent l’invention et l’évolution techniques. Voilà ce que Valér 7 OF techniques qui pour ainsi dire aimantent l’invention et l’évolution techniques. Voilà ce que Valéry fait dire à l’âme de pratique innombrable rejoint un jour l’idéal, et s’y arrête. Les milliers d’essais de milliers d’hommes convergent lentement vers la figure la plus économe et la plus sûre : celle-ci atteinte, tout le monde l’imite ; et les millions de ces répliques répondent ? jamais aux myriades de tâtonnements antérieurs, et les recouvrent. (Eupalinos ou l’architecte) (1923) Les auteurs les plus darwiniens conçoivent d’ailleurs le rapport entre la vérité scientifique et la réalité physique de la même manière. Décrire et illustrer les inconvénients du manichéisme, ainsi que les effets pervers des progrès techniques ; s’interroger sur les fins visées par ces progrès. Au sens strict, le manichéisme est une doctrine de Manès, selon laquelle le bien et le mal sont deux principes antagonistes qui gouvernent le monde ; cette doctrine provient de l’ancienne eligion zoroastrique qui opposait la lumiere et les ténèbres.
Au sens large, le manichéisme correspond à toute conception qui admet un dualisme tranché entre ce qui est bien et ce qui est mal. En ce sens, on pourra parler du manchéisme, moral ou politique, de certains individus, partis ou situations historiques (la guerre Froide par exemple). Formulé dès dès le XIX e siècle par Karl Marx dans ses œuvres telles que Le Capital ou encore Les Manuscrits de 1 844, le problème est, en fait, que la technique n’est pas neutre.
Maîtrisée par une minorité, concepteurs et propriétaires des machines qui ccroissent l’efficacité du travail humain, ou auteurs d’inventions 8 OF propriétaires des machines qui accroissent l’efficacité du travail humain, ou auteurs d’inventions susceptibles de concurrencer , voire de détruire, la neutre elle-même, la technique peut devenir l’instrument de la dominatlon de cette minorité sur la majorité de leurs congénères (référence à la critique marxiste de l’aliénation des travailleurs manuels).
Pensée comme une association utile entre les hommes et les machines, la technique peut au contraire apparaître à nouveau comme l’instrument par excellence de la omination raisonnable de la nature de l’humanité : « L’homme a pour fonction d’être le coordinateur et l’inventeur permanent des machines qui sont autour de lui. II est parmi les machines qui opèrent avec lui écrit Gilbert Simondon, l’un des philosophes contemporains à voir développé une pensée positive de l’objet technique conçu comme médiateur entre le genre humain et le monde.
A ce deuxième cas de figure s’oppose une troisième attitude, motivée par les menaces, que de fait, le progrès technique fait peser sur l’équilibre de la nature et de la vie elle- ême : l’inquiétude qui voient dans son « caractère impérieux et conquérant » une sorte d’essence d’intrinsèquement dangereuse de la technique avec Heidegger dans son œuvre Essais et Conférences, « La Question de la Technique Certains penseurs contemporains (comme Hans Jonas), vont jusqu’à penser l’humanité ne survivra que si la peur l’emporte, d’où l’idée d’une « dictature bienveillante susceptible d’imposer une nouvelle éthique et une véritable politique de responsabilité. La technique, après avoir longtemps et incontestablement contribué à la survi PAGF OF