La Premiere Guerre Mondiale : causes, conflit et consequences Cours realise dans le cadre du cours de rhetorique Chapitre 1 : En route vers la guerre : geopolitique des causes 1. 1 les nationalismes Si l’Europe se lance a la conquete du monde en 1885, il n’en reste pas moins vrai qu’elle connait aussi un regain de nationalisme durant la derniere moitie du 19eme siecle. A cote des grandes nations traditionnelles, deux pays ont enfin reussi a s’unifier et a creer une nation commune : il s’agit de l’Italie et de l’Allemagne.
Ces deux nations ont donc accumule un retard enorme compare aux autres nations europeennes, et c’est au prix d’un nationalisme fort qu’elles reussiront a entrer progressivement dans le giron des grandes puissances. L’Allemagne C’est surtout vrai pour l’Allemagne qui se reunifie sous la tutelle de la Prusse en 1866 et qui pratique a partir de la une politique internationale agressive que ce soit dans les domaines militaires ou economiques.
Au niveau militaire, notamment, elle arrache au terme de la bataille de Sedan en 1870 l’Alsace-Lorraine a la France (evenement qui va cristalliser les extremes des deux camps) ; au niveau economique, elle inonde la marche mondial de ses produits mais refuse
L’Empire actuel compte 62 millions d’hommes, la Hollande et la Belgique 8,9 millions de Flamands et de Neerlandais, la Suisse 2,3 millions d’Alamans et de Burgondes, l’Autriche 10 millions de Bajuvares (Bavarois) et de Thuringiens : cela nous donne un total de 83, 2 millions d’Allemands unis par un fort lien. Ajoutons-y 2,1 millions en Hongrie et 2 autres millions en Russie, en partie dissemines dans le pays entier… il y a donc ainsi 87 millions d’Allemands en Europe…
Dans ce paragraphe, l’auteur annonce ce qu’il considere comme un fait : les pauples allemands sont dissemines dans une partie non negligeable de l’Europe : les allemands sont donc potentiellement la premiere nation europeenne ; d’emblee on peut signaler que l’auteur se base sur des references a la fois medievales (rappel de peuplades germaniques ayant envahi l’empire romain au 5eme siecle) et pseudo scientifiques : il se base en effet sur le concept de race qui est assez recent puisqu’il est invente par de Gobineau en 1853. Notons egalement que l’auteur englobe rapidement les populations dans son calcul.
Quelqu’un doit faire de la place : ou les Slaves de l’Ouest et du Sud, ou bien nous ! Comme nous sommes les plus forts, le choix ne sera pas difficile. Il nous faut renoncer a notre attitude de modeste expectative. Un peuple ne peut se maintenir qu’en croissant… Il doit nous etre possible de creer dans l’Europe centrale un etat de chose qui, grace au calme et a l’ordre qui y regneront, serve de base au developpement ulterieur du peuple allemand. La population allemande augmente d’ un million annuellement. Nous devons faire de la place pour ce million…
Si l’on songe que tout notre empire colonial ne s’eleve qu’a 2,5 millions de km2 avec 12 millions d’habitants, un Allemand ne peut etre que saisi de rage que les choses soient ce qu’elles sont… Ici, l’auteur annonce clairement la couleur : pour survivre (lebensraum), l’Allemagne doit agrandir son espace vital ; comme ses colonies sont insuffisantes a resoudre le probleme c’est en europe que l’Allemagne doit s’agrandir ; l’objectif est donc bien de creer une Allemagne comprise entre le Rhin et le Dniepr ; comme ils sont superieurs, c’est donc bien les autres peuples et en particulier les slaves qui devront faire de la place.
Si nous nous rappelons en outre que, de tous les peuples de la terre c’est le peuple allemand qui a le plus de culture generale et que son armee de terre est, aux dires de chacun, la meilleure et la premiere du monde, cette maudite inferiorite de notre empire colonial devient toujours pour nous plus enigmatique. En fin si nous mentionnons maintenant le fait que la nation allemande a atteint maintenant au bien-etre general du peuple francais et anglais, et que nous occupons le deuxieme rang pour l’importance de notre exportation commerciale, la place ou nous sommes relegues dans le monde deviendra toujours plus incomprehensible…
La plus grande Allemagne est le but du peuple allemand du XXeme siecle. » Justification de sa these par la rappel de la superiorite naturelle de l’Allemand et de sa place economique dans le monde. Le pangermanisme, une ideologie allemande pronant une politique expansionniste, cree par Fichte en 1808, est un concept tres present dans l’Allemagne d’avant-guerre. Il est originaire de la defaite allemande devant Napoleon I et du mouvement de liberation de l’Allemagne des troupes francaises. Le pangermanisme devient rapidement un mouvement qui prone un nationalisme de liberation.
A travers sa theorie, c’est celle de l’unification du peuple allemand qui prend forme. Cette ideologie est composee de deux courants : ? Celui de la Grande Allemagne, mis avant dans les deux premiers paragraphes du texte de Tannenberg. ? Celui de la Petite Allemagne qui souhaite simplement l’union des royaumes issus de l’Empire Germanique sous une autorite commune. Bismarck est le principal defenseur de ce concept et jusqu’a son renvoi comme chancelier en 1890, c’est ce courant qui l’emporte. Le concept de la Grande Allemagne prend vie avec Guillaume II.
En 1894, la ligue pangermanique, mouvement raciste et nationaliste, est fondee. Elle a deux objectifs : ? L’union economique et politique de l’ensemble des peuples d’origine allemande. ? La valorisation de la superiorite de la race allemande exaltee par le concept mal compris du surhomme de Nietzsche. En effet, ils consideraient que cet homme superieur aux autres est symbolise par l’Allemand. Ce sentiment est egalement originaire de la theorie pseudo scientifique de Gobineau qui prouverait l’existence des races dans son traite de 1853 intitule l’essai sur l’inegalite des races.
Ces deux theories ont pousse Guillaume II a creer la Weltpolitik (= politique mondiale). Aide par la ligue et par les idees circulant dans la societe allemande, il entame une politique expansionniste. De prime abord, il reclame des colonies. Il en recoit quelques-unes en Afrique. Au terme de la Der des Ders, le nationalisme allemand va se detourner de ses possessions du Sud pour s’interesser a une expansion europeenne. On comprend, des lors, le succes du nazisme durant l’entre-deux guerres (v.
Extrait de Mein Kampf). La France En opposition au nationalisme allemand, on trouve le nationalisme francais. Depuis le 19eme siecle, la paix en Europe est conditionnee aux relations entre la France et l’Allemagne, davantage qu’avec les autres puissances. Si l’Europe a pu se faire aujourd’hui, c’est en grande partie grace a la reconciliation franco-allemande, qui avait deja debute avec le couple de Gaulle, Adenauer, mais qui fut scellee de maniere durable par Mitterand t Kohl dans les annees ’90. Le nationalisme francais est plus complexe que le nationalisme allemand. Si le nationalisme allemand un mouvement de droite visant a unifier les differents peuples de langue et de culture allemande, le nationalisme francais est present a gauche de l’echiquier politique comme a droite. L’objectif du nationalisme francais n’est pas de defendre une unite de la France ; celle-ci est acquise depuis des siecles.
Il s’agira plutot de defendre les idees universelles pronees par la Revolution francaise pour les mouvements de gauche (republique, egalite, liberte…), et defendre la patrie, son terroir, ses traditions pour les nationalistes de droite, avec meme certains mouvements passeistes ou nostalgiques defendant le retour de la monarchie en France. Le mouvement de l’Action francaise fonde suite a l’Affaire Dreyfus est le symbole de ce nationalisme nostalgique qui defend a l’instar des pangermanistes, la purete de la race francaise. Il s’agit de savoir si nous sommes chez nous en France ou si nous n’y sommes plus ; si notre sol nous appartient ou si nous allons perdre avec lui notre fer, notre houille et notre pain. (… ) Avant de rendre hommage aux superiorites litteraires ou scientifiques etrangeres, il faut avoir garde la qualite de nation francaise. Or il est parfaitement clair que nous n’existerons plus si nous continuons d’aller de ce train. Ce pays n’est pas un terrain vague. Nous ne sommes pas des Bohemiens nes par hasard au bord d’un chemin. Notre ol est approprie depuis vingt siecles par les races dont le sang coule dans nos veines. (… ) En general la crise nationaliste debute souvent par une crise professionnelle. (… ) Le jeune ouvrier, le jeune employe prennent garde que l’Allemand, l’Italien, le Suisse, le Belge, le Polonais, le juif, leur font la guerre economique dans les rues de Paris. « L’Action francaise, 6 juillet 1912. Le texte nationaliste de l’Action Francaise nous montre sa xenophobie et son racisme. Ce texte est comparable aux textes actuels du FN. Ce groupe, l’Action Francaise, fonctionne grace au theme de la crise.
Plus tard, l’action francaise va durcir le ton et developper des theses non seulement racistes mais aussi violemment antisemites. La France de Vichy fut possible en partie a cause de la presence de ce courant de pensee dans la societe francaise depuis le debut du siecle. Nonobstant cette difference de contenu, le nationalisme francais se retrouve uni quand il s’agit de denoncer la perte de l’Alsace-lorraine suite a la defaite de 1870. L’amputation d’une partie du territoire nationale constitue evidemment l’evenement qui va cristalliser les passions et entretenir la haine contre l’allemand. Il faudrait un miracle, dit Adrienne, pour que Metz redevienne francaise. » Et je sens qu’elle prie sans relache a la cathedrale, dans les eglises, dans les couvents que nous visitons et au pied de son petit lit d’hotel, pour que ce miracle s’accomplisse… Agir. Ne plus douter de mon pays ni de mes propres forces. Agir. Servir. Etre un soldat dans le rang, un franc-tireur derriere la haie. Ne plus discuter, ne plus m’interroger, poursuivre silencieusement mon idee. Faire pour elle les actes les plus obscurs, les besognes les plus humiliantes.
Tout affronter, tout supporter d’un coeur leger, avec la certitude que ces tourments ne sont pas inutiles. M’oublier et songer a ceux qui sont plus malheureux que moi. Vouloir leur delivrance, y consacrer toute mon energie. Faire en sorte que nos fils ignorent nos inquietudes et nos degouts. Lutter pour qu’ils puissent un jour se reposer, lutter parce que la quietude est ignominieuse sans l’honneur, lutter sans treve, etre l’artisan de la victoire, mourir content. » G. Ducrocq, « Adrienne, 1914, cite par Girardet, « Le nationalisme francais (1871-1914) », Editions A.
Colin, 1966. Le deuxieme texte nous montre un nationalisme plus patriotique. Selon celui-ci, l’objectif premier est de recuperer l’Alsace et la Lorraine. Le second est la protection de la France tandis que le troisieme est une volonte profonde de se venger contre l’Allemagne. Dans l’ensemble de la population francaise, il faut neanmoins indiquer qu’il n’y a pas que des nationalistes et des revanchards. La gauche republicaine exprime la volonte d’eviter le conflit (V. texte de la CGT, syndicat francais fortement a gauche a l’epoque.
Ce texte nous prouve l’existence d’un mouvement anti-guerre mu par la volonte de proteger la classe ouvriere francaise). Les mouvements nationalistes considerent les mouvements gauchistes comme antipatriotes. Ces derniers, ainsi que le proletariat, vont rapidement prouver le contraire. En effet, deux semaines apres la parution de son manifeste, la CGT va radicalement changer sa position lors du discours de Leon Jouhaux, secretaire general, prononce lors de l’enterrement de Jean Jaures assassine quatre jours plus tot (V. page 22). Un mouvement mobilisateur identique a celui-ci sera observable en Allemagne. . 2 Les alliances Alors que les systemes d’alliance peuvent etendre a toute l’Europe un conflit tres localise, les tensions s’aggravent entre les grandes puissances a partir de 1907. La formation des alliances Pour se proteger des ardeurs bellicistes de leurs voisins, les Etats europeens signent entre eux des alliances plus ou moins contraignantes et defensives (elles fonctionnent en cas d’attaque ennemie). La Triple Alliance – ou Triplice – groupe l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie. La Triple Entente unit la France a la Russie et au Royaume-Uni.
Le Chancelier de l’empire allemand, Bismark, qui craint la volonte de revanche de la France, lance le premier jalon de la Triple Alliance en concluant en 1879 une alliance defensive entre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. L’Italie, humiliee par l’affaire tunisienne, s’y joint en 1882. Par la suite l’alliance germano-autrichienne ne cesse de s’affirmer alors que l’alliance de l’Italie avec ses partenaires tend a se relacher. En 1892-1893, la France parvient a rompre son isolement en s’alliant avec la Russie. En 1904, elle conclut avec le Royaume-Uni une Entente cordiale.
La Triple Entente acheve de se former en 1907 avec le rapprochement du Royaume-Uni et de la Russie. Mais si la France et la Russie sont liees par des engagements reciproques, le Royaume-Uni, puissance coloniale rivale de la France, se borne a des promesses generales. Triplice : justification historique d’une association en vue essentiellement de se defendre si les autres agressent (voir texte sur le complexe allemand ? les autres ont des objectifs belliqueux ou de revanche ou de controle economique, l’Allemagne te l’Autriche s’allie seulement pour se defendre).
Triple entente : union plus pragmatique ; partage d’interet pour s’opposer a la triplice avec des anglais qui reste en retrait. Mais l’objectif militaire gagne quand meme du terrain voir le protocole militaire (page 15) 1. 3 La poudriere balkanique 1908-1909: l’Autriche-Hongrie a decide d’annexer la province ottomane de Bosnie-Herzegovine et, de ce fait, se heurte a la Serbie qui est soutenue par la Russie. La France refuse de faire jouer son alliance avec la Russie et conseille la moderation a la Serbie. oct. 912: la guerre eclate entre l’Empire ottoman et les petits Etats du Sud des Balkans (Bulgarie, Grece, Montenegro, Serbie) groupes en ligue balkanique. La ligue, victorieuse des Turcs, doit accepter l’arbitrage des grandes puissances. La Macedoine et la Thrace sont partagee; la Serbie doit renoncer a l’Albanie qui devient une principaute independante. 1913: nouvelle guerre balkanique. La Bulgarie soutenue par l’Autriche s’oppose aux autres vainqueurs, associes a la Roumanie, pour le partage des depouilles. La Bulgarie est defaite.
Le traite de Bucarest partage la Macedoine entre la Grece et la Serbie, la Roumanie s’agrandit vers le Sud et la Bulgarie garde une etroite facade sur la mer Egee. Le 28 juin 1914, alors qu’il visite, au cours de grandes manoeuvres, la ville de Sarajevo en Bosnie, l’archiduc heritier d’Autriche Francois-Ferdinand est assassine par un etudiant bosniaque, Princip, membre d’une societe secrete liee au mouvement nationaliste « yougoslave ». Le gouvernement de Belgrade n’a probablement aucune responsabilite dans l’affaire, mais certains officiers serbes ont participe a la preparation de l’attentat.
Aussi, bien que l’empereur Francois-Joseph soit lui-meme plutot enclin a la prudence, le gouvernement et l’etat-major de Vienne estiment-ils que le moment est venu de saisir ce pretexte pour regler definitivement son compte a la Serbie. Ayant obtenu le 5 juillet l’appui de Guillaume II, le gouvernement austro-hongrois prepare un ultimatum qui n’est remis a la Serbie que le 23, au moment ou le president de la Republique francaise Poincare et le president du Conseil Viviani, en visite officielle a Saint-Petersbourg, prennent la mer pour rentrer en France ce qui rend tres difficiles les communications entre les dirigeants des deux pays.
Berlin et Vienne esperaient en effet, en agissant tres vite, circonscrire le conflit dans les Balkans et avaient calcule les termes de l’ultimatum de facon que le gouvernement serbe ne put l’accepter. En fait, seul l’article 6 qui exigeait la participation de fonctionnaires autrichiens a l’enquete menee en Serbie pour determiner les responsabilites de l’attentat, fut repousse par Belgrade. Cela suffit pour que l’Autriche declare le 28 juillet la guerre a la Serbie et bombarde aussitot sa capitale. La Russie ne peut, sous peine de perdre toute influence dans les Balkans, laisser ecraser sans reaction sa cliente serbe.
Ayant obtenu des assurances de Poincare et consciente de la lenteur de ses preparatifs, elle commence des le 29 a mobiliser partiellement son armee, avant de proceder le 30 a la mobilisation generale. Des lors, tandis que les gouvernements francais, allemand et britannique ont plutot tendance a freiner le mouvement, ce sont de plus en plus les militaires qui, par souci de ne pas se laisser prendre de vitesse, pesent sur les decisions, declenchant ainsi un mecanisme irreversible. Chapitre 2 : La Premiere guerre mondiale : expose des faits 2. 1 Introduction
Dans l’historiographie contemporaine, l’assassinat de l’archiduc Francois-Ferdinand d’Autriche a Sarajevo (capitale de la Bosnie) est regulierement presente comme l’evenement ayant provoque le premier conflit mondial. Loin de correspondre completement a la realite, cette presentation des faits a quand meme le merite de focaliser l’attention sur les causes immediates au declenchement de ce conflit. Aussitot apres l’assassinat, le gouvernement imperial de Vienne impose au gouvernement serbe un ultimatum auquel il sera tenu de repondre dans les plus brefs delais (27 jours).
La Serbie a essaye, malgre tout, de repondre a certains points de cet ultimatum mais a refuse l’ingerence de l’empire austro-hongrois dans ses affaires interieures . La Serbie, ne repondant pas a l’entierete de l’ultimatum, l’Autriche-Hongrie avait un pretexte suffisant pour declarer frontalement la guerre a la Serbie. Pourquoi l’annexion de la Bosnie en 1908 par l’Autriche ne debouche pas sur un conflit generalise ? Alors qu’en 1914, l’assassinat de l’archiduc entraine l’Europe d’abord, le monde ensuite, dans un conflit sans precedent ?
Repondre a cette question, c’est envisager les causes directes et indirectes au declenchement du conflit . Dans son ouvrage intitule La Grande Guerre, l’historien francais Marc Ferro tente d’y apporter une reponse nuancee et cependant complete. 2. 2 La causalite immediate L’attitude de la Russie va jouer un role important dans le commencement des hostilites. Elle se presente depuis toujours comme la puissance defenderesse des peuples slaves opprimes qui par les ottomans, qui par les autrichiens, qui par les hongrois. L’idee de reunir sous sa tutelle l’ensemble des peuples slaves d’Europe de l’Est n’est pas nouvelle.
Or, en 1908, la Russie n’intervient pas lors de l’annexion de la Bosnie par l’Autriche. A cette date, le gouvernement russe se sait incapable de mener une nouvelle guerre contre un puissant ennemi. Trois annees plus tot, en 1905, les armees tsaristes avaient du essuyer une cuisante defaite contre l’armee nippone. Il s’agissait la de la premiere defaite militaire d’une puissance occidentale contre une puissance etrangere depuis les croisades. En 1908, le souvenir de cette defaite est encore fort present dans les esprits.
En outre l’armee n’a pas encore completement reconstitue ses cadres et ses effectifs. En 1914, la Russie fait entendre sa voix afin de defendre le gouvernement serbe, certaine de pouvoir tenir tete militairement a l’Autriche, voire a l’Allemagne . Persuadee d’etre soutenue par une grande puissance, la Serbie adopte, pendant la crise de l’ete 1914, une attitude de defi a l’encontre de l’Autriche-Hongrie. Les empires centraux (Ottoman, Autriche, Allemagne) ont un profond mepris pour les peuples slaves qu’ils traitent le plus souvent comme des peuples colonises.
Cette attitude meprisante peut en partie expliquer les reactions d’hostilite de la part de la Serbie. L’Angleterre et la France n’acceptent pas l’entree de l’Allemagne dans le concert des grandes puissances mondiales . Elles craignent, a juste titre certainement, de perdre leur suprematie en Europe et dans le monde. La France attend sa revanche et a deja pu constate a quelques reprises (notamment sur le sol algerien) que l’affrontement avec l’Allemagne devenait ineluctable (crise de Tanger en 1905 et d’Agadir en 1911). Mais la France constate aussi que l’Allemagne se developpe a tous les niveaux.
A l’avenir, la France lui sera inferieure en nombre et en armement. Si la France attend trop longtemps, l’Allemagne deviendra de plus en plus difficile a battre militairement. L’Angleterre, de son cote, a joue la carte du pacifisme meme si depuis longtemps elle redoute la croissance de la puissance allemande tant sur les plans militaires qu’industriels. Jusqu’au bout, l’Angleterre donnera l’illusion de rester neutre et cette attitude poussera l’Allemagne a agir avec determination en declarant la guerre a la France et a la Russie.
Les causes immediates sont donc multiples et moins caricaturales que ce que l’on presente generalement dans l’historiographie. Certes, le mecanisme des Alliances a joue un role non negligeable mais ce n’est pas uniquement en fonction de cela que le conflit degenere. Chacun veut la guerre pour des raisons qui lui sont propres et parce que chacun croit en 1914 a une victoire rapide. 2. 3 Le conflit : expose factuel Le conflit qui va durer quatre annees et qui va se mondialiser surtout a partir de 1917 comprend plusieurs grandes phases : – le mouvement – la tranchee ou la guerre de position 1917 l’annee pivot – la reprise du mouvement ou la fin du conflit A. La guerre de mouvement (08/1914-12/1914) Commencee en aout 1914, la guerre se mene d’emblee sur deux fronts : le front de l’Ouest et le front de l’Est. Le front de l’Ouest Au debut de la guerre, ce front voit les troupes allemandes s’opposer aux troupes francaises et britanniques . Deux plans de bataille, l’un allemand, l’autre francais, vont s’affronter dans la realite : Les allemands suivent un plan de bataille prepare en 1905 par le comte Schlieffen qui avait deja prevu formellement l’invasion de la France.
Ce plan envisageait d’asphyxier la France en procedant a l’invasion foudroyante de la Belgique et du Nord de la France, en mettant le cap sur la capitale tout en encerclant les armees francaises massees (comme toujours) a l’est. Le plan francais porte le nom de Plan XVII et prevoit classiquement de concentrer les troupes entre les Vosges et la Meuse a proximite de la frontiere franco-allemande. Dans un premier temps, le plan Schlieffen se deroule comme prevu ; la resistance belge essuie defaite sur defaite (Liege, Charleroi tombent rapidement) et les forces franco-britanniques sont trop peu nombreuses pour repousser les forces allemandes.
Arrivees a moins de 50 kilometres de Paris en quelques semaines, les armees allemandes doivent cependant faire face a une contre-offensive des forces franco-britanniques commandees par le general francais Joffre et le general britannique French (cela ne s’invente pas). Cette contre-offensive, connue sous le nom de Bataille de la Marne , va tourner a l’avantage des allies qui parviennent a repousser de 70 kilometres au Nord la frontiere du front (voir carte).
En decembre 1914, le front est stabilise et forme un trait continu de 750 kilometres. La guerre des tranchees commence a l’Ouest ; ce sera une guerre de position, une guerre d’usure qui marquera longtemps les memoires collectives. Le front de l’Est Les armees russes font fin aout, debut septembre une percee en Prusse-Orientale et les allemands, pour preserver le territoire du Reich, sont obliges de rappeler des troupes du front de l’ouest, ce qui contribue au repli des allemands sur le front de l’ouest (voir bataille de la Marne).
Sur le front de l’est, les allemands reprennent cependant rapidement l’initiative et penetrent profondement en territoire polonais ou ils sont relativement bien accueillis et notamment par les 4 millions de juifs polonais persecutes autrefois par le regime tsariste. Sur ces entrefaites, les autrichiens prennent Belgrade, capitale de la Serbie, en novembre 1914. Cette victoire sera de courte duree car le 13 decembre les serbes la leur reprennent. Les russes, engages sur les deux fronts (autrichiens et allemands) bousculent la double monarchie en Galicie…
Le front de l’est s’avere au debut du conflit tout aussi incertain que le front de l’ouest et la boutade de Guillaume II promettant a ses troupes de rentrer victorieuses avant la chute des feuilles n’est deja plus qu’un v u pieux. B. L’enlisement, la tranchee, la generalisation (1915-1916) De 1915 a 1917, la guerre va progressivement toucher une grande partie du globe . Mais l’evolution est minime pendant cette periode . Les perspectives de victoire restent, tout au long de ces deux annees, hypothetiques tant les forces en presence paraissent equilibrees. La guerre des tranchees La realite de la tranchee est epouvantable.
Les soldats y souffrent du froid, du manque de sommeil, du manque d’hygiene, de la boue, des rats, de la vermine, de la lenteur des ravitaillements, des gaz de combat…Cette guerre d’usure sape le moral des troupes dans tous les camps. La guerre d’enlisement Cette guerre de position empeche de grandes avancees ; les batailles se gagnent ou se perdent au prix de lourdes, de tres lourdes pertes humaines. Pour gagner quelques kilometres sur l’ennemi, les etats-majors des deux camps sont souvent prets a sacrifier des milliers, des dizaines, voire des centaines de milliers de soldats. En 1915, les francais echouent dans la reconquete de la Champagne et de l’Artois et perdent pres de 350. 000 hommes. ? En decembre 1916 s’acheve la bataille de Verdun gagnee par Petain ; elle a cause la perte de 300. 000 soldats et en a blesse 430. 000 autres. C. 1917 ou l’annee pivot L’annee 1917 va marquer un tournant dans l’evolution du conflit ; deux evenements d’importance internationale vont favoriser cette evolution : il s’agit d’une part de l’entree en guerre des Etats-Unis, et d’autre part des deux revolutions russes. L’entree en guerre des Etats-Unis La guerre actuelle de l’Allemagne contre le commerce est une guerre contre l’humanite ; c’est une guerre contre toutes les nations. Des navires americains ont ete coules et des vies americaines ont ete perdues dans des circonstances qui nous ont profondement remues (…)Nous ne souffrirons pas que les droits les plus sacres de notre nation et de notre peuple soient ignores et violes. Les griefs qui nous obligent a nous mettre en ligne en ce moment, ne sont pas des griefs ordinaires : ils atteignent la source meme de la vie humaine.
Avec un sentiment profond du caractere solennel, voire tragique, de la demarche que je suis en train de faire et des graves responsabilites qu’elle entraine, mais obeissant, sans hesitation, a ce que je considere comme mon devoir constitutionnel, je recommande au congres de declarer que la conduite recente du gouvernement imperial allemand n’est, en fait, rien moins que la guerre contre le gouvernement et le peuple des Etats-Unis ; d’accepter officiellement et position de belligerant qui lui est ainsi imposee ; et de prendre des mesures immediates, non seulement pour mettre le pays dans un etat plus complet de defense, mais aussi pour exercer toute sa puissance et d’employer et employer toutes ses ressources afin d’amener a composition le gouvernement allemand et, par la, de terminer la guerre . …) La neutralite n’est plus possible, ni desirable lorsqu’il y va de la paix du monde et de la liberte des peuples. Et la menace pour la paix et la liberte git dans l’existence de gouvernements autocratiques, soutenus par une force organisee qui est entierement entre leurs mains et non dans celles de leur peuple… » (Message du President WILSON au Congres, 2 avril 1917) Les raisons invoquees par le President Wilson pour justifier l’entree en guerre des Etats-Unis sont multiples : L’Allemagne se livre a une guerre sans pitie au niveau du commerce international ; Les pays restes neutres comme les Etats-Unis sont touches de plein fouet par les effets de cette guerre maritime
Le president americain se fait deja le chantre de la defense de la democratie dans le monde ; son objectif est d’apporter la liberte a ces peuples soumis a des gouvernements autocratiques. La raison invoquee par Wilson est noble et le president americain croit certainement a ce qu’il dit. Mais ici il semble bien qu’il reagisse par anticipation suivant le vieil adage romain « Si vis pacem, para bellum ». L’empereur allemand, Guillaume II, aurait caresse le reve d’envahir les Etats-Unis par le Mexique. Preferant porter la guerre sur le continent europeen plutot que sur le continent americain, Wilson engage donc les Etats-Unis dans un conflit qui va se mondialiser a partir de 1917.
La nouvelle de l’entree en guerre des Etats-Unis aux cotes des allies ne produit pas dans le chef des etats-majors europeens de vives reactions. Certes, il est preferable d’avoir les Etats-Unis a ses cotes que l’inverse. Mais quel role majeur cela peut-il jouer sur le cours des evenements ? Les europeens restent sceptiques, pretendant que les americains ont encore moins de divisions pretes a combattre que le Portugal. Les puissances europeennes, et a fortiori leurs etats-majors, sont en retard d’une guerre. Ils n’ont pas compris que les Etats-Unis sont depuis le debut du siecle la premiere puissance industrielle du monde, loin devant la deja vieille Europe.
En outre, les Etats-Unis entrainent avec eux, dans le conflit, tous ses pays-satellites. Les allies ont donc mondialise le conflit mais en en le mondialisant ils ont assure leur victoire future. Toutefois l’entree en guerre des Etats-Unis n’apporte pas d’emblee l’effet escompte ; les allemands ont en effet de moins en moins de probleme a contenir les forces russes sur le front de l’est. C’est de la que viendra dans le courant de l’annee 1917 le second element decisif a l’evolution du conflit. Les Revolutions russes L’empire des Romanov est un colosse aux pieds d’argile. Faiblesse militaire et retard industriel sont les deux principales raisons des echecs russes pendant cette premiere guerre mondiale.
De plus, le commandement militaire et le tsar ne percoivent que peu ou proue la difference pourtant flagrante entre une Russie sortant peniblement de l’age feodal et les nations occidentales, l’Allemagne en tete, fortement industrialisees. La Russie compte essentiellement, durant cette guerre, sur son enorme potentiel humain. Progressivement, devant les difficultes de la guerre, l’enlisement du conflit, l’incompetence du gouvernement militaire, le desespoir, la ranc ur et la resignation gagnent les troupes du tsar. L’empire se revele en plus incapable dans le courant de l’annee 1916 d’equiper correctement les soldats envoyes au front. Certains n’ont ni uniforme, ni armes, les mitrailleuses guere de munitions.
La revolte gronde au sein des troupes et gagne peu a peu le peuple d’abord, la bourgeoisie ensuite, restee derriere les lignes de front. La premiere revolution russe de fevrier entraine la chute du regime tsariste et debouche sur la mise en place d’un gouvernement domine par les Mencheviks. Toutefois, les differents gouvernements bourgeois qui se succedent de fevrier a octobre 1917 se montrent incapables d’apporter au peuple ce qu’il souhaite : du pain et la fin de la guerre. Profitant de ce mecontentement populaire, les bolcheviks prennent le pouvoir en octobre 1917 et entame immediatement avec l’Allemagne des negociations de capitulation : celles-ci s’averent humiliantes pour la Russie qui perd de grands territoires (voir carte).
Mais les bolcheviks, malgre cette humiliation, rencontre l’adhesion populaire qui reclamait depuis plusieurs mois la fin unilaterale des hostilites. D. La fin du conflit Liberes du front de l’est, les allemands peuvent donc concentrer l’essentiel de leurs forces sur le front de l’ouest ou la guerre de mouvement a repris depuis l’arrivee des renforts americains. La fin de la guerre a l’Est va ainsi retarder l’evolution du conflit a l’ouest ou l’arrivee des Etats-Unis aurait pu etre rapidement determinante. La decision viendra finalement de l’interieur ; le moral des troupes allemandes et autrichiennes baisse de semaine en semaine et ce n’est pas sans repercussion sur le moral des civils restes a l’arriere du front.
Des revolutions socialistes et populaires, a l’image de la revolution russe d’octobre 1917, emportent le trone imperial et Guillaume II est oblige d’abdiquer le 9 novembre 1918 (il se refugiera aux Pays-Bas) et l’armistice est signe avec l’Allemagne le 11 novembre 1918 apres quatre annees de guerre ininterrompue. Les traites de paix qui allaient suivre redessineront completement la carte politique de l’Europe. Certains peuples accedaient a l’independance, profitant du demantelement de l’empire ottoman, de l’empire autrichien et de l’empire russe. Des clauses de remboursement irrealistes etaient imposees aux vaincus et en particulier a l’Allemagne. Humiliant l’Allemagne, dans un traite de paix que d’aucuns considerent comme injuste, les vainqueurs croient pouvoir installe, en Europe, une paix permanente. Ils ne se rendent pas compte (ou ne veulent pas) que ces injustices vont renforcer les frustrations, les haines des populations vaincues.
Des conditions optimales pour la montee en puissance du populisme, et des extremismes de toutes sortes. Chapitre 3 : les Consequences de la Premiere Guerre Mondiale Dans un texte date de novembre 1918, un medecin de campagne fait une analyse premonitoire. L’Allemagne va gagner la paix dit-il ; a court terme cette assertion ne se verifie pas puisque l’Allemagne perdra ses colonies africaines et quelques territoires europeens ; elle devra en outre honorer le remboursement d’une dette de guerre colossale. Mais d’emblee, on percoit l’etat d’esprit des anciens belligerants allies : quelle que sera la sanction infligee a l’Allemagne, elle sera trop douce en regard des mefaits, des exactions commis pendant la guerre.
Le climat n’est pas propice a l’elaboration d’une paix durable. Le temoignage de ce medecin francais est premonitoire car il montre que les deux ennemis au terme de cette guerre ont ete renvoyes dos a dos avec chacun leur lot de frustrations et que l’heure de la revanche n’est peut-etre pas loin. 3. 1 Les consequences socio-politiques : De nombreuses personnes, issues de toutes les classes sociales et de nombreuses regions differentes, ont combattu ensemble pendant 4 ans et ont partage l’horreur des tranchees. Cette experience va modifier les relations entre les classes sociales et va amener le principe d’egalite politique de tous les citoyens.
La plupart des pays europeens adoptent enfin au terme de ce conflit le suffrage universel masculin. Les femmes restent exclus de la participation a la vie politique dans presque tous les pays europeens, a l’exception notamment de la jeune republique laique turque qui leur octroie le droit de vote en 1934. Malgre leur exclusion de la vie politique, les femmes ont obtenu, grace a ce conflit, les premiers signes de leur emancipation. Elles sont entrees de plain-pied dans une longue revolution qui modifiera peu a peu la vie de famille, la mode, les m urs sexuelles. Contrairement a ce qu’on pourrait penser le graphique concernant l’evolution du taux de natalite nous montre qu’il n’y pas eu de baby-boom au lendemain de la Grande Guerre.
Le taux de natalite d’apres-guerre est equivalent ou presque au taux d’avant-guerre 3. 2 Les consequences ideologiques Les civilisations apprennent avec Paul Valery qu’elles sont maintenant mortelles. La societe europeenne a vecu une periode d’euphorie brutalement aneantie par la guerre. Cette periode se caracterisait par les progres de la science et par le sentiment presque unanimement partage que la science allait apporter une solution a tous les problemes, une reponse a toutes les questions. Ce climat fut renforce par la philosophie positiviste d’Auguste Comte. Comte divisait l’histoire de l’humanite en trois ages : age religieux, age metaphysique, age scientifique.
Le dernier age, qui caracterisait tres bien la societe occidentale en pleine revolution industrielle et scientifique, serait celui d’un progres ineluctable et irreversible de l’humanite grace au developpement de la science. La science allait en quelque sorte reussir a permettre a l’homme d’etre enfin heureux la ou tous les systemes de pensee (religieux ou autres) avaient lamentablement echoue. Le plaidoyer de Paul Valery est caracteristique d’un courant de pensee qui emerge a la fin du conflit et qui remet en cause ces croyances prophetiques. Valery insiste sur les derives de la science, sur l’outrecuidance du positivisme qui se pose en referent final et accompli du progres de la societe.
Tout d’abord, Valery montre que la science contient elle aussi des germes de barbarie (notamment par ses pouvoirs de destruction ou par des dangers plus insidieux). Ensuite, Valery constate que le progres de la science peut insidieusement conduire a une deshumanisation de la societe. Le probleme est pose dans La politique de l’Esprit. Notre intelligence (donc la civilisation, somme des intelligences particulieres) est prisonniere des idees et des croyances du passe. Elle n’evolue pas en meme temps que la science, pas au meme rythme. Il en resulte un decalage constant qui cree la confusion du monde moderne incapable de se donner une politique, une morale, un ideal, des lois en harmonie avec les connaissances nouvelles et avec les modes de vie qu’il a crees.
Paul Valery conclut en redoutant une degradation possible de l’Intelligence humaine : l’homme moderne s’habituant a vivre dans le desordre mental, dispense de raisonnement. En conclusion, ce constat entraine, selon Valery, l’impossibilite de construire une societe et une morale qui comporteraient comme unique base la Science et le Savoir. On retrouvera ces idees chez Heidegger et l’ecole de Kyoto. 3. 3 Les consequences economiques : La guerre a provoque la destruction d’infrastructures et d’espaces ruraux mais ceci a parfois aide a la modernisation de ces anciennes infrastructures. Toutefois, chaque belligerant a, pour financer la guerre, provoque de graves perturbations economiques en recourant a des solutions d’urgence :
Augmentation des impots Emprunts a d’autres puissances (surtout aux USA) Planche a billets (augmentation de la masse monetaire) Ils userent abondamment de ces stratagemes creant ainsi un deficit budgetaire public, ouvrant la voie a l’inflation et au desordre monetaire international. Les consequences economiques sont donc diverses et d’une gravite sans precedent. Elles vont modeler de nouveaux rapports de forces dans le monde, scellant le destin de l’Europe a celui des Etats-Unis. 1. Inflation et desordre monetaire international Au lendemain de la guerre, l’approvisionnement est partout difficile. Les stocks de denrees de premiere necessite sont presque epuises.
Or depuis la fin de la guerre, la demande est stable, voire meme en augmentation. « Peu de produits a vendre accompagne d’une forte demande de produits » debouche pratiquement automatiquement sur une hausse generalisee des prix (suivant le vieil adage tout ce qui est rare est cher). Cette hausse des prix sera suivie par une hausse des salaires. Cette hausse des salaires est necessaire et indispensable si les gouvernements veulent maintenir la paix sociale. Pour eviter toute catastrophe supplementaire, les anciens belligerants decident de remettre au plus vite la machine economique en route. La production va rapidement augmenter et se rapprocher des taux de production d’avant-guerre.
Or, dans le meme temps, les Etats-Unis, les pays neutres, et les colonies, mis fortement a contribution pendant la guerre, maintiennent leur production elevee. Dans ce contexte de production irreflechie, l’economie mondiale, et europeenne en particulier, atteint rapidement des niveaux de surproduction generalisee. Cette situation entraine immanquablement une baisse progressive mais diffuse des prix, des faillites en chaine, un chomage massif. La reponse des gouvernements sera souvent inadaptee et consistera a recourir a des impots supplementaires et a augmenter de maniere artificielle la masse monetaire. A l’epoque, l’etalon economique est l’or.
Cela signifie que la valeur d’une monnaie est calculee en fonction de l’or que le pays possede. Pratiquant la « planche a billets » , les principaux pays europeens ne possedent pas assez d’or pour justifier cette augmentation de la masse monetaire. La consequence directe entrainera une devaluation progressive de la monnaie et un desordre economique international. La situation financiere et economique des differents belligerants est au sortir de la guerre des plus instable et des plus preoccupante. Les hausses de prix succedent aux baisses dans un rythme effrene sans que les autorites competentes soient capables d’apporter des reponses efficaces et durables. 2. Endettement en cascade
Durant le conflit, pour soutenir l’effort de guerre, les europeens ont du recourir massivement a l’emprunt. Generalement, les pays crediteurs sont aussi debiteurs. Seuls les Etats-Unis echappent a ce constat. Ce sont, en effet, les seuls a n’etre que crediteur ou creancier. Le gouvernement americain a accepte de preter de l’argent aux differents belligerants a la condition sine qua non que les debiteurs s’acquittent du remboursement en or. Ce graphique rappelle le montant des dettes que les puissances alliees ont entre eux. On remarque que : 1. Les USA sont les seuls crediteurs. 2. La France et la Grande Bretagne sont crediteurs et debiteurs. 3. La Russie, plus particulierement, et d’autres pays alliees sont uniquement debiteurs.
C’est en partie de cette maniere que les USA ont recupere une grande partie de l’or detenu par les europeens. En outre, la France et la Grande-Bretagne ont prete de l’argent a des pays, tels que la Russie, qui n’ont pas ete capables d’honorer leurs dettes. Ces deux puissances sont donc deux fois perdantes Si la France et l’Angleterre imposent un traite aussi injuste a l’Allemagne (V. Traite de Versailles), c’est en partie a cause de leur situation financiere peu confortable. 3. Les reparations (« l’Allemagne payera ») Le traite de Versailles prevoyait un remboursement par l’Allemagne de 132 milliards de mark/or. Ce remboursement s’echelonnait a l’origine jusqu’en 1988.
Ces reparations devaient permettre aux allies d’honorer leurs propres dettes. Tres rapidement, des critiques sont formulees a l’encontre des obligations imposees a l’Allemagne par le Traite de Versailles (voir texte de Keynes, du president Wilson). Certains estiment aussi, a l’instar du colonel de Gaulle que les sanctions ne sont pas assez severes (voir texte). En 1924, il parait evident que l’Allemagne ne pourra s’acquitter du remboursement de cette dette colossale. Le Plan Dawes reajuste le montant de celle-ci a la baisse et prevoit un emprunt international (surtout vis-a-vis des Etats-Unis) afin d’aider l’Allemagne a regler une partie de sa dette. 3. 4 Les consequences geopolitiques 3. 4. La conference de paix Les armistices signes fin octobre-debut novembre 1918 sur les differents fronts ont mis fin aux combats. Mais il restait a elaborer les traites de paix destines a mettre fin definitivement a une guerre dont beaucoup voulaient croire qu’elle allait etre la « der des ders » ouvrant la voie a « une paix juste et eternelle ». La France ayant ete un des principaux lieux d’affrontement de la 1ere guerre mondiale, c’est a Paris que les pays vainqueurs ont decide de reunir la Conference de la paix investie d’une double mission : o la creation de la Societe des nations ( SDN ) ; o et l’elaboration des traites de paix a soumettre aux pays vaincus.
Les vainqueurs et leurs principes Des son ouverture, le 18 janvier 1919, la Conference de la paix a fourni l’occasion aux representants des principaux pays vainqueurs d’exposer leurs points de vue respectifs et les principes sur lesquels ils entendaient retablir la paix, et donc de faire apparaitre un certain nombre de divergences d’interets et de contradictions laissant augurer que le retablissement de la paix allait donner lieu a bien des compromis et des marchandages. 1) Le point de vue francais expose par Clemenceau Clemenceau exprimait l’obsession d’une France envahie a l’Est par trois fois en un siecle (1814-1815, 1870-1871, 1914-1918).
Il revendiquait au nom de la securite de la France, la plus grande fermete a l’egard de l’Allemagne. Il considerait qu’il fallait la reduire, l’entourer d’« Etats-tampons » impliquant non seulement la reconstitution de la Pologne a l’Est, mais aussi la creation d’un Etat rhenan independant a l’Ouest. Il considerait enfin qu’il etait juste de faire payer a l’Allemagne le prix de la guerre et des devastations sous forme de reparations. Le point de vue francais se resumait par le slogan « Securite d’abord – L’Allemagne doit payer – L’Allemagne paiera ». 2) Le point de vue britannique expose par Lloyd George Les Britanniques, soucieux quant a eux de preserver l’equilibre du continent europeen, souhaitaient ne pas trop affaiblir l’Allemagne.
Il etait important pour eux que l’Allemagne redevienne vite un partenaire commercial du Royaume-Uni, qu’elle continue a faire contrepoids a la puissance francaise sur le continent, et qu’elle puisse servir de rempart face au bolchevisme etablie en Russie. 3) Le point de vue italien expose par Orlando Les Italiens entendaient que les engagements et les promesses du traite secret de Londres signe en 1915 avec la France et le Royaume-Uni soient tenus, en particulier en ce qui concernait les « Terres irredentes » ( Trentin, Trieste, Istrie, cote dalmate ) que l’Italie revendiquait avec determination. 4) Le point de vue americain expose par Wilson
President democrate, premier president des Etats-Unis a se rendre en Europe, Wilson est un idealiste pacifiste, qui s’etait d’abord efforce de maintenir les Etats-Unis en dehors de la guerre et qui avait cru un temps pouvoir faire aboutir une « paix blanche », une « paix sans victoire ». Il representait un pays entre tardivement dans la guerre, qui etait reste loin des combats, n’avait pas subi de destructions sur son territoire, dont l’economie avait largement profite du conflit, et qui etait devenu le creancier d’une Europe exsangue. Il se trouvait donc en position favorable d’arbitre, ce qui donnait beaucoup d’autorite au point de vue qu’il etait venu defendre.
Ce point de vue n’etait d’ailleurs pas nouveau, puisqu’il correspondait aux 14 points que Wilson avait exposes devant le Congres americain le 8 janvier 1918 (voir corpus de texte). 3. 4. 2 Les traites de paix 1. Les consequences territoriales globales Traites Dates Pays vaincus Territoires perdus… … au profit de Traite de Versailles 1919 Allemagne Alsace-Lorraine Cantons d’Eupen et Malmedy Schlesvig Posnanie, Haute-Silesie et corridor de Dantzig iles Marshall, Mariannes, Carolines Togo et Cameroun Sud-Ouest africain et Afrique orientale France Belgique Danemark Pologne Japon France Royaume-Uni Traite de Saint-Germain 1919 Autriche Galicie Boheme, Moravie Trieste, Trentin Slovenie,
Dalmatie Bosnie-Herzegovine ( Istrie) Pologne Tchecoslovaquie Italie Yougoslavie Traite de Trianon 1920 Hongrie Transylvanie Slovaquie et Ruthenie Croatie Roumanie Tchecoslovaquie Yougoslavie Traite de Neuilly 1919 Bulgarie Macedoine du Nord Dobroudja Thrace centrale Yougoslavie Roumanie Grece Traite de Sevres 1920 Turquie Thrace orientale et region de Smyrne en Asie-Mineure Armenie turque et Kurdistan Syrie et Liban Palestine, Transjordanie, Irak, et Koweit Grece devaient acceder a l’independance France Royaume-Uni ( mandats confies par la SDN ) Une nouvelle carte de l’Europe 2. Les consequences particulieres 1) Les clauses militaires du traite de Versailles
Des clauses de garantie engageant le Royaume-Uni et les Etats-Unis a intervenir aux cotes de la France en cas d’une nouvelle agression allemande devaient etre annexees au traite de Versailles, mais n’ont jamais ete ratifies. Toute la Rhenanie devait etre demilitarisee, c’est-a-dire la rive gauche du Rhin, mais aussi une bande de territoire de 50 km sur la rive droite. L’Allemagne etait desarmee : o le service militaire etait supprime ; o l’armee etait limitee a 100 000 hommes ; o il etait interdit a l’Allemagne de fabriquer ou de disposer d’artillerie lourde, de tanks, d’une aviation et d’une marine de guerre. Refusant de se livrer aux pays vainqueurs, la flotte allemande se saborde en rade de Scapa Flow au large de l’Ecosse le 21 juin 1919 plutot.
Des son retour au pouvoir en 1933, Hitler a amorce le rearmement de l’Allemagne et retabli le service militaire en 1935. 2) Le demembrement de l’Autriche-Hongrie : la question des nationalites Le demembrement de l’Empire austro-hongrois resultant des traites de Saint-Germain et de Trianon, a ete entrepris au nom du principe des nationalites. L’Empire austro-hongrois, Etat de 625 000 km2 peuple de plus de 50 millions d’habitants en 1913, laissait la place a plusieurs petits Etats successeurs : Autriche, Hongrie, Tchecoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie. Etats successeurs en 1921 Superficie en km? Nombre d’ habitants Autriche 84 000 6 500 000 Hongrie 93 000 7 900 000 Tchecoslovaquie 140 000 13 600 000 Yougoslavie 248 000 12 000 000 Roumanie 295 000 16 200 000
La dislocation de l’Empire austro-hongrois brisait l’equilibre en Europe mediane au profit de l’Allemagne qui, bien que vaincue, affaiblie et amputee sur le plan territorial, restait la seule puissance face a la mosaique de petits etats successeurs de l’Empire austro-hongrois, faibles, divises, peu industrialises a l’exception de la Tchecoslovaquie, et strategiquement indefendables en cas d’agression allemande. En outre, la creation de nouveaux Etats n’a pas resolu le probleme des nationalites qui subsiste a une autre echelle, a l’interieur de chacun des nouveaux Etats. En Yougoslavie, 9 groupes ethniques subsistent dont les rivalites recoupent aussi des clivages religieux opposant catholiques, chretiens orthodoxes et musulmans. En Tchecoslovaquie, cohabitent : – 7 millions de Tcheques ; – 3,2 millions d’Allemands installes dans la region des Sudetes ; – 3 millions de Slovaques ; – 700 000 Hongrois ; – et 30 000 Polonais. En Roumanie, on compte 1,3 millions de Hongrois.
Quant a la Bulgarie, alliee de l’Empire austro-hongrois, non seulement elle etait amputee de nombreux territoires, mais elle perdait son acces a la Mer Egee et a la Mediterranee. 3) La question polonaise et russe A l’issue de la 1ere guerre mondiale, les trois puissances qui s’etaient partagees la Pologne a la fin du XVIIIeme et au debut du XIXeme siecle ont ete vaincues, bien que n’appartenant pas toutes au meme camp : – l’Empire tsariste balaye par la revolution de 1917 a laisse la place au jeune Etat sovietique qui a signe une paix separee avec l’Allemagne ; – l’Empire allemand et l’Empire austro-hongrois ont ete vaincus par l’Entente en 1918.
Cette defaite a rendu possible la restauration d’un Etat polonais a partir de territoires restitues ou cedes par l’Allemagne, l’Autriche et la Russie sovietique devenue l’Union des Republiques socialistes sovietiques (URSS). En 1919, le ministre britannique des Affaires etrangeres avait donne son nom a la frontiere orientale de la Pologne (ligne Curzon) que le Royaume-Uni proposait de faire adopter, et qui devait s’arreter au territoire peuple de Polonais. Mais leur intervention en Russie sovietique aux cotes des armees blanches pour briser la revolution bolchevique ayant echoue, les pays de l’Entente, preoccupes d’empecher la contagion revolutionnaire et d’isoler le pays des soviets ont entrepris de soutenir l’armee polonaise commandee par le marechal Pilsudski qui s’est lance dans la conquete de la Bielorussie et de l’Ukraine.
Epuise, la Russie sovietique a ete contrainte de signer le traite de paix de Riga qui deplacait de 150 kilometres a l’Est la ligne Curzon et de conceder a la Pologne des territoires peuples d’Ukrainiens et de Bielorusses. 3. 5 Reflexions generales sur la Premiere Guerre Mondiale 1) Premier conflit mondial ? La guerre de 1914-1918 restera a jamais connue dans l’histoire comme le premier conflit mondial. En quoi cette guerre, dernier avatar des imperialismes europeens decadents, peut-elle etre qualifiee de mondiale ? Tout d’abord, il suffit de reprendre la liste officielle des belligerants (voir corpus p. 22-23) pour constater que les cinq continents sont impliques dans ce conflit meme si l’on se bat essentiellement en Europe.
On constatera cependant une extension progressive du theatre des operations : le Japon par exemple attaque les possessions allemandes du Pacifique, les franco-anglais s’emparent des colonies allemandes d’Afrique (Togo, Cameroun, Sud-Ouest africain allemand), au Moyen-Orient, les anglais lancent des offensives contre les bases turques de Palestine et de Basse Mesopotamie . En outre, depuis presque quatre siecles, les differentes puissances europeennes ont realise des conquetes aux quatre coins du globe, et ont constitue des empires territoriaux de grande envergure. Le congres de Berlin de 1885 sera le point d’orgue de cette course aux colonies et aboutira au partage (ou au depecage) de l’Afrique entre les puissances europeennes.
Ces deux raisons expliquent donc pourquoi le conflit de 14-18 peut etre qualifie de mondial. 2) Premier conflit technique ? La premiere guerre mondiale represente sans conteste un tournant radical dans l’histoire militaire de l’humanite. La puissance des armees ne se mesurant plus seulement au nombre de ses soldats ni a sa strategie, fut-elle geniale, mais aussi a la capacite des chefs militaires a utiliser habilement la nouvelle technologie. On a souvent attire l’attention , dans ce domaine, sur l’incapacite des generaux des deux camps a employer strategiquement les nouvelles armes potentielles que les progres techniques mettaient a leur disposition.
A bien des egards, sauf en matiere de guerre navale, la guerre 14-18 est restee une partie entre militaires, rompus au respect de vieilles regles et d’un code de l’honneur immuable. Dans leur esprit, l’arriere devait fournir des armes, des hommes, des ravitaillements et se taire . La situation allait quelque peu evoluer quand les politiques restes a l’arriere constaterent que les strategies menees par leurs generaux etaient tres couteuses en vies humaines pour des resultats bien maigres. Si l’industrie a permis d’approvisionner les differentes armees (selon les capacites propres de chaque industrie), les progres techniques lies aux revolutions industrielles n’ont ete utilises qu’avec parcimonie au debut du conflit.
Leur utilisation sera cependant generalisee, a partir de l’entree en guerre des Etats-Unis en avril 1917. On comprend enfin l’interet d’etre maitre de l’espace aerien et des mers. L’utilisation des premiers tanks Renault par les allies en 18 permettra aussi de montrer aux yeux du monde la puissance des armes nouvellement creees. La premiere guerre mondiale represente bien dans ce domaine un tournant : il s’agit du premier conflit ou intervient massivement le progres technique meme si les hommes, heritiers de conceptions anciennes, n’ont pas encore reellement assimile la mutation technologique dont ils sont spectateurs, bien plus qu’acteurs. 3. Le conflit dans l’histoire militaire
L’histoire militaire est liee de pres a l’evolution des societes ; elle est aussi le reflet de l’idee que les civilisations se font d’elles-memes. Sans remonter a la periode antique, on constate du moyen age a la premiere guerre mondiale des evolutions en termes d’histoire militaire qui vont generalement de pair avec des evolutions societales d’envergure. La guerre feodale par exemple est le reflet de l’organisation de la societe. Celle-ci mettait en scene quelques dizaines de chevaliers, voire quelques centaines, en armure, detenteurs exclusifs de la « technologie » militaire et seuls habilites de par leur statut de « bellatores » a la pratique de la guerre. Cette organisation militaire est en partie le resultat de la pratique de vassalite qui regnait dans l’Europe feodale.
Tout vassal devait a son suzerain un paiement en nature : pendant une duree de 40 jours par an, il devait a son suzerain un nombre donne de chevaliers prets a combattre pour le suzerain. Ce systeme va progressivement disparaitre parallelement au developpement de l’economie monetaire des 11eme, 12eme et 13eme siecles. Plus d’argent en circulation va permettre au vassal de se dedouaner de ces obligations envers son suzerain par un paiement non plus en nature mais en especes, l’ecuage. Ce systeme va permettre au suzerain, en l’occurrence ici aux monarques de monter des armees regulieres entretenues grace a l’argent recolte par le paiement des ecuages.
La bataille d’Azincourt (1415) marque a ce titre un tournant dans l’histoire militaire : les archers anglais, militaires de profession, infligent une cuisante defaite a la chevalerie francaise. La guerre n’est donc plus l’apanage d’une classe. L’histoire de la guerre qui s’ouvre a partir de cette epoque voit la sophistication croissante des armes, le nombre et le cout toujours plus eleve des armees et des guerres. Dans le domaine militaire, la Revolution francaise apporte egalement son lot de bouleversements. Pour resister aux monarchies europeennes qui l’assaillent de toutes parts, la jeune republique francaise va mettre « la nation en armes ». Grace a la onscription (service militaire), la Republique francaise cree une veritable armee nationale a laquelle aucune armee de metier ou de mercenaires de l’epoque ne peut s’opposer. La Revolution francaise porte le conflit militaire sur un nouveau terrain insoupconne jusque-la : la guerre de masse. La derniere mutation de taille aura lieu dans le courant du 20eme siecle avec le concept de guerre totale. La premiere guerre mondiale est deja une guerre de masse puisqu’elle voit s’affronter des millions d’hommes sur les differents champs de bataille. Pour autant, il ne s’agit pas encore d’une guerre totale comme le sera notamment la seconde guerre mondiale. A de rares exceptions pres, la premiere guerre mondiale se passe sur le front loin des villes et des civils. Annexes cartographiques
Chapitre 1 : En route vers la guerre : geopolitique des causes 2 1. 1 les nationalismes 2 1. 2 Les alliances 6 1. 3 La poudriere balkanique 7 Chapitre 2 : La Premiere guerre mondiale : expose des faits 9 2. 1 Introduction 9 2. 2 La causalite immediate 9 2. 3 Le conflit : expose factuel 10 Chapitre 3 : les Consequences de la Premiere Guerre Mondiale 16 3. 1 Les consequences socio-politiques : 16 3. 2 Les consequences ideologiques 16 3. 3 Les consequences economiques : 17 3. 4 Les consequences geopolitiques 20 3. 5 Reflexions generales sur la Premiere Guerre Mondiale 25 Annexes cartographiques 28