08 Opinion Publique Et Id Ologie

08 Opinion Publique Et Id Ologie

Médias, opinion publique et groupes de pression Professeur : Toufik Rahmouni Argumentaires, textes & documents Support nol Opinion et idéologie org Sni* to View Il nous faut comprendre comment les représentations de la communication politique élaborent nos engagements, nos choix, nos identités politiques. Penser la communication politique, c’est penser aussi la façon dont se construit l’opinion, c’est-à-dlre la façon dont les sujets deviennent des acteurs en s’appropriant les représentations qu’ils reçoivent pour construire, à partir d’elles, l’opinion qui fonde leur identité politique.

Il s’agira, en particulier, de comprendre comment la construction de l’opinion va passer par l’articulation des trois instances constitutives du sujet de langage : le réel, le symbolique et l’imaginaire. Doxa et opinion politique c’est elle qui va fonder, dans l’histoire, la liberté comme condition majeure de la responsabilité, et qui, par conséquent, va faire d’elle la caractéristique des régimes politiques rationnels.

Mais, dès le début, dès la philosophie politique grecque de l’Antiquité, telle, en particulier, qu’elle nous est livrée par les orateurs classiques, puis par Platon, puis par Aristote, il onviendra de distinguer deux régimes, deux formes distinctes de l’opinion, l’opinion active, assumée, pour ainsi dire militante, qui instituera les sujets en acteurs conscients de leurs actes et de leurs

Désolé, mais les essais complets ne sont disponibles que pour les utilisateurs enregistrés

Choisissez un plan d'adhésion
choix politiques, et l’autre, la doxa, opinion passive, non assumée, qui définit des pratiques politiques que l’on pourrait dlre irresponsables, pulsqu’elles ne se fondent pas sur la responsabilité assumée d’un acteur conscient de ses choix.

Cest sur la base de cette distinction que se pose la question de l’opinion dans la communication politique : ou bien l’opinion institue pleinement un acteur politique, parce qu’elle résulte u libre examen et d’une décision fondée sur le libre usage de sa raison, ou elle dirige des masses indistinctes, confuses, sans culture, qui ne sont pas en mesure de soumettre leurs idées ? leur raison.

L’opinion construite par le libre examen, et assumée par le sujet qui en est porteur définit la plénitude des acteurs politiques • elle institue l’espace public en le peuplant de sujets conscients de leur identité, et, par conséquent, en mesure de confronter leur identité à celle des autres, en les interprétant, c’est-à-dire en leur donnant la signification et la consistance symbolique de jugements politiques assumés. Le rôle de l’identifica signification et la consistance symbolique de jugements politiques assumés.

Le rôle de l’identification symbolique et du miroir social est fondamental dans la constitution de l’opinion par le sujet au cours de la communication médiatée, puisque c’est sur sa confrontation aux idées et aux opinions des autres qu’il va fonder ses choix propres, qui vont devenir ses engagements quand il les articulera à ses pratiques et à ses activités politiques de citoyen éclairé et d’acteur politique autonome par rapport aux autres, et, par conséquent, en mesure de rendre raison de ses propres haix.

C’est cette opinion politique-là qui définit des acteurs majeurs, qui, par conséquent, rend possible la mise en oeuvre d’actions politiques responsables. C’est dire le rôle des médias et de la communication polltique, pulsque la fonction majeure de cette activité est de formuler les représentations symboliques qui vont soutenir les acteurs politiques dans l’élaboration de leurs appartenances et de leurs décisions.

Cest le rôle des médias de formuler les choix politiques et de les diffuser dans ce qui devient, dès lors, un espace public, à partir du moment où il est ait d’acteurs responsables, effectivement partie prenantes du dèmos, ou du populus, du peuple, démocratiquement détenteur de l’effectivité du pouvoir. L’idéologie Le concept d’idéologie est récent : signifiant, proprement, la connaissance des représentations2, il a commencé par désigner, au XIXème siècle, la façon dont s’élaborent les concepts et les représentations intellectuelles du monde.

Puis c’est Marx, qui, en particulier dans L’idéologie allemande, lui donne sa signification contemporaine, qui, en particulier dans L’idéologie allemande, lui donne sa signification contemporaine, celle d’un ensemble de eprésentations politiques non fondées sur des réalités, sur du savoir, mais sur des croyances.

L’idéologie représente, alnsl, un imaginaire du politique : Marx fait passer le concept d’idéologie d’une valorisation ancienne, la valeur qui était associée à la notion simple de représentation, d’un ensemble d’idées et de jugements rationnelles de nature à rendre compte du monde, à la dévalorisation dont il fait l’objet à l’époque moderne, puisqu’il signifie, de façon en général péjorative, un ensemble de ugements et d’opinions qui ne sont pas fondés sur la représentation du réel ni sur l’usage de la raison, mais qui, au ontraire, se fondent sur des fantasmes, sur de l’imaglnaire.

Que ce concept soit mis en oeuvre par la gauche, et il signifie des illusions politiques formulées par les classes dominantes pour tromper le peuple, ou qu’il le soit par la droite, et il signifie des jugements politiques sans rapport avec l’expérience, avec le réel : avec le bon sens, valeur suprême, depuis toujours, des discours conservateurs.

Il importe, dans ces conditions, de comprendre le processus de la construction de l’idéologie : celle-ci se formule dans les croyances dont nous pouvons être porteurs, et qui sont diffusées ar les institutions religieuses, et, depuis l’époque moderne, par les médias, qui diffusent des idées et des opinions qui ne se fondent pas sur l’examen objectif et rationnel de la vérité, mais sur des jugements d’autorité et des représentations qui parlent à l’imaginaire des foules pour les inciter à des adhésions et à des conv représentations qui parlent à l’imaginaire des foules pour les inciter à des adhésions et à des convictions sans Jugement.

C’est ainsi que se construit, dans l’espace public, ce que l’on peut appeler la consistance imaginaire du fait politique : au lieu de se onder sur le débat et sur les échanges symboliques de discours et d’informations qui soient des représentations crédibles du réel, cet imaginaire se fonde sur des jugements, des idées, voire des images, propagés sans faire l’objet d’un examen ni d’une appropriation critique de la part des sujets qui les reçoivent. L’imaginaire politique, en particulier, substitue à la critique, qui est un véritable jugement, fondé sur la mise en oeuvre de logiques symboliques, l’adhésion immédiate, fondée sur les croyances et sur la mobilisation de l’imaginaire dans un collectif indistinct de ujets singuliers qui ne s’assument pas comme acteurs.

Place de l’opinion dans le fait politique Dans le fait politique, l’opinion donne une consistance symbolique au politique et à l’événement : elle exprime une représentation des situations qui leur donne une signification en les situant par rapport aux points de vue et à la raison des sujets qui assistent à l’événement ou commentent la situation politique. Elle constitue, finalement, une sorte de filtre, de « sas » dans lequel nous transformons les informations que nous recevons en les interprétant, et en en faisant, dès lors, les éléments de otre culture politique par rapport auxquels nous prenons les décisions ou faisons les choix par lesquels nous assumons notre engagement et notre identité politique. L’opinion transforme le réel auquel nous sommes confr engagement et notre identité politique.

L’opinion transforme le réel auquel nous sommes confrontés en un ensemble de représentations symboliques dont nous nous soutenons dans nos pratiques et dans nos orientations. Ce que l’on appelle, dès lors, l’opinion publique est difficile à définir : en effet, l’opinion suppose, pour avoir une consistance effective, d’être assumée ar un sujet qui l’articule à sa pratique – or, le propre de l’opinion publique est de n’avoir pas de sujet particulier. On peut, par conséquent, définir l’opinion comme une médiation politique de l’identité du sujet, en articulant, comme toute médiation, la dimension symbolique de l’activité politique du sujet et sa dimension réelle.

L’opinion, dès lors qu’elle est assumée et revendiquée par un sujet de la communication et de la sociabilité politique, articule sa représentation du fait politique, c’est-? dire son expérience proprement symbolique du politique (ses eprésentations, ses interprétations, les significations qu’il donne à la vie politique, bref : ce que l’on appelle sa culture politique), ? la pratique qu’il revendique et qui fait de lui un acteur effectif de la société politique. L’opinion fait du sujet de la communication un acteur du champ politique. À l’inverse, ne pas avoir d’opinion, c’est ne pas revendiquer un statut d’acteur dans l’espace public. Le paradoxe de l’opinion est, donc, le suivant : en faisant des témoins qui en sont porteurs de véritables acteurs du champ politique, elle est, ainsi, une représentation qui fonde un faire : n ensemble de formes symboliques qui donne naissance à des pratiques réelles. L’opinion est, ainsi, plus qu’un ensemb qui donne naissance à des pratiques réelles.

L’opinion est, ainsi, plus qu’un ensemble d’idées, de croyances ou de représentations : elle n’acquiert de consistance que pour autant qu’elle est, effectivement, engagée dans une pratlque réelle qu’elle légitime en lui donnant une signification qui la rende interprétable par les autres acteurs de la sociabilité3. Mais l’opinion représente aussi l’autre sens du concept de médiation, c’est-à-dire la dialectique entre le singulier et le ollectif, en articulant l’expérience singulière, constitutive de l’identité propre du sujet, et l’action collective, constitutives des identités politiques qu’il peut être amenée à partager, ou dont il peut être porteur dans la mise en oeuvre de ses pratiques collectives.

L’opinion est une médiation dialectique entre les représentations et les idées dont nous pouvons être singulièrement porteurs, et que nous mettons en pratique dans nos discours ou dans nos activités publiques, et les actions collectives auxquelles nous participons en reconnaissant, justement, qu’elles expriment, par leurs formes et leurs éroulement, les opinions dont nous sommes porteurs. L’opinion représente, ainsi, la relation symbolique établie entre représentations Slngulières et activités collectives qui permet l’adhésion du sujet à des pratiques où il retrouve quelque chose de son engagement singulier. La formation de l’opinion et la communication politique La communication politique est l’ensemble des activités symboliques par lesquelles l’opinion acquiert la matérialité pensable et interprétable d’un discours et d’un ensemble de représentations. Cest par la communication que l’opinion dev