SOCIALISATION POLITIQUE CHAPITRE XII La socialisation politique do pérennisation, du système politique. Jamais le fonctionna l’ me n’a tant révélé son aspect fondamentalement conservateur 15 dans ce type d’études. Par la suite, d’autres auteurs fonc que I Ul-meme. orq5 Sni* to View aston recuseront ces conclu . nnalistes, dont Da-l’d E flo . ns et proposeront une ana yse lonctlonna l’Iste plus souple. certains sociologues français s’inscrivent en réaction Enfin ontre le fonctionnalisme américain. Reprenant une discipline —lustrée par Durkheim ils renouvellent la sociologie de l’éduca
Nous avons choisi d’approfondir Jiétude d’une ont suivi les réactions des jeunes d’une classe d’âge à des thèmes politiques avec attention les problèmes d’éducation politique, cherchant choisis Que pensez-vous du président de la République? etc. ) à consewer une emprise sur la formation des citoyens, Pourtant, et par conséquent les résultats. David Easton a vigoureusement la sociologie politique néglige ce champ de recherches pendant dénoncé le gaspillage auquel on aboutit, faute d’un cadre théo longtemps.
A vant le début des années cinquante, la socialisation rique approprié en cette matière. Mais les théories, en l’espèce, politique intéresse les éducateurs ou les philosophes, mais ne ne sont pas toujOlJlS explicites. On peut les regrouper autour de fait pas l’objet
Cest Je début d’une série d’enquêtes menées avec des moyens impor tants sur le problème et qui aboutissent à l’étude de Herbert . STABILITÉ POLITIQUE ET SOCIALISATION POLITIQUE Hyman, publiée en J 959 sous le titre : politica/ socializalion, a study in the psych%gy of politica/ behavior. Dans la perspective d’un système établi, Ja fonction de la Si les origines psychologiques dominent encore la matière de socialisation politique est d’assurer la pérennisation du système la socialisation politique, Je fonctionnalisme s’en saisit bientôt. olitique à travers les générations. Par la sociaJisation, Je sys La socialisation politique est considérée comme une fonction tème inculque au 5 sociaJisation, Je sys ème inculque aux nouvelles générations les valeurs et le compor politique par excellence. Contribuant au maintien et à l’adapta tement politique d— générations précédentes, afin d’assurer la tion du système politique, eHe doit être étudiée dans cette pers reproduction permanente. pective.
II s’agit d’un mécanisme de stabilisation Ou, mieux, Ce cadre théorique laisse peu de place au chang—ent poli 68 LES FONCTIONS tique, qui n’est pas ignoré, mais conçu en termes path sans rapport avec le précédent, ne peut être reproduite sans Une génération nouvelle peut avoir des accès de fièvre, enacer le système polit. ique dans s-? ensemble. convient de traiter comme il se doit. Mais c’est un phéno ‘En somme, cette théofle de la stablhté procède du fonctionna anormal, dysfonctionnel. isme Je plus limlté— celu— qu— reste centré la. conservation La fonction de stabilisation doit être entendue en deux bs01ue. Car ce qui est madequat pour mamtemr un système Assurer la stabilité verticale, d’une génération Sur l’ l’état peut être parfaitement adé uat aur J’adapter, le modi que Je’ système politique PAGF 3 5 i-même sans notions générales d’analyse Un tel cadre exclut de son champ les effets non ntégrateurs systémique, que nous avons eu l’occasion d’exposer. David désintégrateurs de la socialisation politique.
La Easton propose d’utiliser ce cadre théorique pour l’étude de la est une école au même titre que la soumission. Mais socialisation politique. Dans cette perspective, la question prin exclue du champ de la recherche. A quel titre? Le phenomèiil cipale qui doit dominer toute recherche est la suivante : dans de socialisation n’est pas plus conservateur qu’i! n’est queue mesure la socialisation politique contrlbue-t-elle au main tionnaire, note Easton à juste titre. ien du système face au stress auquel il est exposé.
Plus préci En outre, la notion de reproduction lui paraît discuta— sément, Easton propose d’étudier la socialisation comme soutien Une génération peut fart bien refuser de se reproduire en s4Jl au système et à ses autorités. Dans quelle mesure atténue-t-elle enfants. David Easton cite Je cas de la bourgeoisie russe aPr41 la surcharge créée par le stress? 1917. Loin d’inculquer à leurs enfants les valeurs traditi011! pour préciser la question, Easton étudie les différentes sources nelles de leur génération, les bourgeois russes ont essayé, IIJt de tress.
Ainsi le output-stress-i surcharge résultant d’une défi contraire, de les socialiser dans Je système politique nouveag) cience dans l’exécution des decisions du système politique, mis en place, afin d’assurer leur avenir dans 1 ‘Union soviétiqu- peut être limité si la socialisation assure l’apprentissage de Dans d’autres cas, la génération nouvelle peut se révolter contrç l’obéissance. De même, la surcharge résultant d’une pressi 5 génération nouvelle peut se révolter contrç l’obéissance. De même, la surcharge résultant d’une pression le phénomène de reproduction. Le mouvement de student ro. es demandes peut être aJlégée par une socialisation adéquate. test n, qui s’est développé aux Etats-Unis dans les années soixante La régulation culturelle de la conversion des besoins en exi et au début des années soixante-dix. participait de ce phénomène. gences relève en effet du processus de socialisation. Il faut ensei La nouvelle génération amérlcaine tentait de rejeter les valeurs gner ce qui fait l’objet du politique, transmettre les tabous traditionnelles conformistes qu ‘essayait d Imposer la génération culturels qui rendent inadmissibles certaines exigences, etc. récédente. Mais c’est surtout dans Je domaine des soutiens que la socia Dailleurs, la reproduction n’est pas toujours fonctionnelle lisation politique conforte le système. Et plus précisément dans en soi pour une société donnée. Lorsque cette société est elle celui du soutien diffus des éléments du système : communauté, même instable, la reproduction ne fait qu’aggraver la situation régime, autorité. L’apprentissage des symboles patriotiques en pérennisant l’instabilité. Ainsi, la structure sociale déséqui renforce l’attachement à la communauté.
L’initiation civique, librée de certains pays en voie de développement, juxtaposant en nculquant les principes du régime politique, développe les un secteur traditionnel majoritaire et un secteur modernisé qualités du citoyen et donc sa fidélité à certaines rè—es du jeu. PAGF s 5 POLITI Enfin, le système ne manque pas de moyens de renforcer l’ chement aux autorités en place par la personnalisatlon du voir, la transmission des lignes de clivage politique, etc. A la socialisation manifeste s’ajoute la socialisation qu’Easton souligne dans ses ouvrages.
L’instruction dispose de pèu dheures d’enseignement en France, et Jement mal utilisées; cela ne veut pas dire que cette i e se fait pas d’une autre maniere. La structure d’autorité sein de la famille ou le rapport pédagogique à l’école sont d’éléments d’apprentissage de la participation politique. pose le problème des instances de socialisation politique, nous retrouverons en 2, p. 77. Enfin, Easton se garde de limiter l’étude de la à celJe des racines infantiles du comportement adulte et ceci à un double titre.
D’une part, il montre que la tion peut avoir pour effet de modifier le comportement génération sur l’autre, par Je rejet de celtaines valeurs ou tùdes dominantes. II intègre ainsi le changement dans le n fonction des besoins du système politique lui-même. — pour répondre au stress, la meilleure solution est souvent ut réadaptation du système et donc une réorientation de la soci. lisation_ D’autre part, la socialisation peut avoir d’autres co. quences que de déterminer les orientations d’une générati, future.
On ne devient pas membre du système politique à 21 et l’irruption dans la vie politique d’enfants ou d’adolesceQII a des effets sur les soutiens actuels du système. On l’a bien vu en France avec la révolte des lycéens contre la loi DebR sur les sursis militaires. L’occupation des établisseme. scolaires. eur fermeture, l’affrontement des lycéens avec la Pol » la réaction des parents, sont 6 5 la réaction des parents, sont autant d’éléments actuels du follt tionnement du système politique français. Gavroche fait trembir le régime; Baston le prend en considération. R este à remplir ce cadre d’analyse.
Pour ce faire, Easton appel à la collaboration de psychologues et rejoint ainsi la IJ. dition psycho-sociologique. Dans l’étude qu’il publie en 1— avec Robert D. Hess 1, Easton pose au départ deux idées: ‘cc l. Easton, Hess, « The Child ‘5 changing image of President pullk Quarter/y, 24 (4), hiver 1960, p. 32. The child’s politiœl Opiniofl:— 71 l’acquisition des orientations politiques se fait progressi vernent à différents moments de la vie; _ c’est dans la période préadulte du développement de l’individu que se situe le moment crucial pour la formation des attitudes politiques.
Après avoir posé ces prémisses, Easton et Hess vont bâtir un schéma conceptuel pour l’étude de la socialisation politique. NouS avons déjà dit quels étaient pour Easton Jes trois niveaux de la réalité politique : la communauté, le régime et le gouver nement; il propose de les combiner avec les trois formes que evêtirait la perception des faits politiques : «la connalssance, les valeurs et les attitudes s. Niveaux du système politique 7 5 qui distingue les quatre temps selon lesquels se ferait l’intégra tion des phénomènes politiques dans la pensée enfantine. orld. Rapport au 5e congrès mondial de l’Association internationale de science politique, Paris, 1961 «Youth and the politicaJ system in ipset, LowenthaJ, Culture and social character, New York, 196]. 1. Easton, Dennis, Chi/dren in the Political System. Origines of political legitimacy, New York, Mc Grow Hill, 1969, «The child’s cquisition of regime norms : political efficacy », Americ. ,z political science Review, LVI, 1967, p. 25-38. 72 LES FONCrIONS 1. Politisation : sensibilisation au domaine politique. . Personnalisation : quelques figures d’autorité servent 40 points de contact entre l’enfant et le système. 3. Idéalisation de l’autorité: l’autorité est perçue comme idéal lement bienveillante ou malveillante et détermine chez liClli fant des réactions d’amour et de haine. 4. Institutionnalisation : l’enfant passe d’une conception – sonnalisée limitée à quelques figures politiques à une concept ion toujours personnalisée mais cette fois du système d4 autorités politiques. Du point de vue de la sociali—ation, le modèle américaif suppose deux faits essentiels, écrit Annick Percheron dans ul article sur lequel nous allons revenir 1, que l’apprentissage suive ordre et un ordre rationne t du simple au E 5 facilitant, accompagnant les processus cognitifs. D’ot la succession de trois phases : personnalisation, idéal isation- institutionnalisation et le rôle essentiel d’articulation joué Pal J’idéalisation. } Il semble qu’il y ait des difficultés à transpose( es modèles américains à l’étude de la socialisation politique< en France. Cest en tout cas ce qu'avancent les tenants français:— de ce genre d'approche du phénomène. Cest bien sûr aux États: Unis que furent menées le plus d'enquêtes. II suffit pour s'en. persuader de parcourir la bibliographie établie à l'occasion de la journée d'étude sur la socialisation politique organisée en 1971 par l'association française de science politique.
Il nous a cependant paru préférable d’illustrer cette approche centrée sur la psychologie de l’enfant par des études effectuées en France par des chercheurs français 2. . A. Percheron, «La conception de l’autorité chez les enfants français Revue française de science politique, vol. XXI, no février 1971. 2. Deux chercheurs, Greenstein et Tarrow, ont également mené une enquête auprès des jeunes Français : The study of French political socialization. Toward the revocation of paradox World Potilies XXI (1), octobre 1969, p. 5-137. LES APPLICATIONS FRANÇAISES DU MODÈLE AMÉRICAIN DeuX enquêtes ont été réalisées en France par des chercheurs français, rune à Grenoble par Charles Roig 1, l’autre dans la banlieue parisienne par Annick Percheron 2. Cun et l’autre se ont directement inspirés des travaux d’Easton, l’un et l’autre concluent à l’impossibilité modèle tel quel pour q 5 enfants français. Pour Easton, l’apprentissage du système politique se fait par la connaissance et j’acceptation de certaines figures clefs.
Le président est bien entendu considéré par lui comme la principale de ces figures clefs. Annick percheron montre que les enfants français ont du président une tout autre idée que les enfants américains 3. De son enquête, il ressort que pour les enfants qui associent au président l’idée d’une fonction, il est un personnage autoritaire et que pour ceux (27 %) qui citent e nom du général de Gaulle, le président, bien qu’ils connaissent son nom, est un personnage abstrait et distant.
On est loin dans les deux cas du « Je président veille sur nous» des enfants améri cains. Même lorsqu’il y a personnalisation de l’autorité chez les jeunes Français, èlle ! l’est pas suffisante pour jouer le rôle moteur que lui assignent les èhercheurs américains. D’autre part, idéali sation et personnaHsation ne semblell. t pas forcément liées. Enfin, en France, il semble que personnalisation et institutionna lisation ne représentent pas forcément deux phases successives u processus de socialisation.
Avec J’âge, il semble au contraire qu’il y ait un renforcement de la conception la plus autoritaire du rôle présidentiel, c’est-à-dire en définitive un renforcement d’une certaine conception de l’autorité et du pouvoir. La concep tion de cette autorlté politique qui ressort des enquêtes menées en France, nous dit Annick Percheron, est celle « d’une autorité forte mais lointaine et abstraite à l’égard de laquelle il manque Roig, Billon—Grand, a Socialisation politique des enfants, Paris, A. colin, 1968. 2. A. Percheron, « La conception de l’autorité chez; les enfants