Prof. Toufik Rahmouni Textes & Documents Thème . La socialisation politique Source : Philippe Braud, La science politique, PUB, Que sais-je ? , 2009 Aucune société ne pourrait durer si les individus qui la composent n’opéraient un appre croyances, d’attitude le maintien du lien s fonctionnement d’un et l’acquisition de pra PACE 1 or fi Snipe to View contraint, de compatibles avec ation active au e-t-elle l’inculcation rôles aussi bien chez les simples citoyens que chez les militants et les dirigeants.
L’intériorisation de ces normes mesure le degré d’intégration au roupe considéré, qu’il s’agisse de la nation et de communautés plus restreintes (communautarismes religieux, ethniques) ou plus larges (l’Union européenne). l. Enjeux La socialisation repose sur la substitution d’une autocontrainte à une contrainte externe ; adopter de soi-même un comportement plutôt que de s’y voir obligé. Ce glissement a des implications politiques considérables. L’exemple le plus simple concerne évidemment l’attitude à l’égard de la loi.
Si les gouvernés refusaient systématiquement de se soumettre ? ses prescriptions, l’État serait obligé de les y contraindre par surtout peut être, seraient confrontés à la désagréable expérience de devoir s’incliner devant la force. Avec la socialisation, les individus apprennent à respecter d’eux- mêmes la loi, du moins
Quant aux particuliers, s’ils ont arfaitement intériorisé l’impératif d’obéissance au pouvoir légitime, ils n’ont plus l’impression, en se conformant au droit, de s’incliner devant la force mais de suivre leur devoir de citoyen. La socialisation facilite donc l’exercice du pouvoir politique en même temps qu’elle épargne aux citoyens le sentiment déplaisant d’être dominé ou asservi. La socialisation est parfois présentée comme un processus consensuel, politiquement neutre, résultant simplement des nécessités de la vie en société.
Tout individu rationnel serait en esure de les comprendre et de les justifier ; il pourrait donc y avoir un accord minimal sur les valeurs de référence et les comportements jugés indispensables au bon fonctionnement du système politique. En réalité, les désaccords apparaissent vite sur leur contenu. Même aujourd’hui, si tout le monde semble acquiescer aux valeurs fondatrices de la démocratie, il sien faut de beaucoup qu’on leur accorde en pratique la même signification ou qu’on en déduise les mêmes conséquences.
L’idée de liberté n’est pas comprise de la même manière par les ntellectuels et conséquences. L’idée de liberté n’est pas comprise de la même manière par les intellectuels et les illettrés ; les employeurs l’entendent d’abord comme la liberté d’entreprise et les ouvriers comme le droit de grève et les acquls sociaux, etc. Ces interprétations divergentes s’enracinent dans des logiques sociales particulières et se prolongent en conflits autour du point de savoir ce qui doit être inculqué. L’on se voit ainsi confronté ? l’existence de luttes, ouvertes ou masquées, pour imposer les normes de référence.
Il existe, dans la littérature scientifique, deux manieres d’en rendre compte, selon qu’on insiste sur la notion d’idéologie ou qu’on préfère parler en termes de culture et de subcultures. L’idéologie connote, dans le langage courant, une vision doctrinaire du monde, rigide et détachée du réel. Dans la littérature sociologique, elle désigne plutôt un système de représentations du monde qui ne saurait faire l’économie de l’affrontement avec les systèmes adverses. Ainsi parle- t-on de l’idéologie libérale ou capitaliste face à l’idéologie marxiste.
Dans cette perspective, l’inculcation de valeurs, censees orienter les attitudes et comportements, ne peut résulter que d’un rapport de force favorable à l’idéologie dominante. Aucune socialisation ne s- di
ait être neutre ; elle est au service des classes dominantes et vise à consolider leur hégémonie. Avec le concept de culture, importé de l’ethnologie et de l’anthropologie, l’accent est placé sur les valeurs et les pratiques sociales communes à l’ensemble du groupe. Vues par l’observateur occidenta