06 Philippe Braud Du Pouvoir En G N Hellip

06 Philippe Braud Du Pouvoir En G N Hellip

: ratênga, CHAPITRE VI terc • rovenee, or 120 Sni* to View Du pouvoir en génér au pouvoir politique hale, R. Firth, items y, Ine. par Philippe Braud nodernes ra, Hill. délibérés, un parcours dans l’abondante littérature disponible peut être effectué qui mobilise, çà et là, les matériaux d’une analyse dont l’ambition explicative repose sur les hypothèses suivantes: e pouvoir, quelles qu’en soient les multiples facettes, gît toujours dans l’interaction; il est relation entre des acteurs ou des systèmes d’attitudes, d’opinions et de comportements.

Inversement, toute interaction est écessairement caractérisée par une relation de pouvoir, unilatérale ou mutuelle, qui s’exprime à travers un échange d’informations (lato sensu). Le pouvoir politique, malgré sa spécificité radicale, n’en constitue pas moins un cas particulier du phénomène de« pouvoir en général». Aussi cherchera-t-on ? en éclairer le contenu à l’issue d’une démarche qui s’intéressera d’abord à des 336 démarche aussi clinique que possible conduit à esquiver nombre de questions tout à fait fondamentales mais qui relèvent de la préoccupation éthique. as d’interro ation ici sur les maléfices du pouvoir ni sur les conditions d’apparition d’un « bon» gouvernement, juste ou vertueux. Ainsi se trouveront pratiquement absentes les grandes figures de la philosophie politique : aussi bien

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Platon que Rousseau ou Hegel, voire, à l’époque contemporaine, Hannah Arendt. L’absence ne signifie pas mépris, bien au contralre, mais souci de clarification des démarches respectives, et recherche d’un meilleur balisage des territoires propres de la science politique et de la morale ou du prophétisme.

Un fil conducteur traverse cette analyse qui veut aller du plus imple au plus complexe. Le pouvoir, lato sensu, se situe dans l’interaction; mais cette interaction est elle-même conditionnée par une distribution inégale des ressources. Cest au niveau de ces conditionnements globaux qu’apparaît l’originalité du pouvoir politique : système organf. sé d’interactions multiples, dont l’rJicaci-é repose sur une alliance singulière entre le monopol} tendanciel de la coercition et la quêtl! d’une légitimité minimale.

Section 1 Le pouvoir dans Trois niveaux d’analyse se multiples tentatives chance Dans cette approche olontariste, se trouvent soulignés d’emblée le caractère antagonique de la relation entre les parties et la dénégation éventuelle du vouloir des dominés. dès lors qu’il restreint, même potentiellement, les alternatives offertes à B. Le pouvoir apparait donc comme la capacité d’imposer, dans une direction donnée, sa volonté à quelqu’un dont, symétriquement, la capacité d’initia tive se trouve circonscrite.

Dans cctte perspective, la question du consentement revêt une importance primoràiale. Cest sur ce critère que semblent devoir être distingués, ‘une part, le pouvoir stricto SCI/SIJ créateur d’obligation et, d’autre part, le pouvoir d’influence. Alors que. le premier implique la négation ou, du moins, l’indlftérence au consentement, le second n’a de réalité que dans la mesure où la personqe assu jettie à l’influence exerce d’ell’—-lll ême sa volonté dans le sens requis.

A influence B lorsque ce dernier décide de {ui-même d’effectuer une action y qu’il n’aurait pas accomplie autrement. Il peut se faire évidemnll’llt qu’une relation de pouvoir s’établisse entr— deux personnes: A et B, alors même qlie A n’a manifesté aucune olonté claire, explicite. Pour cette raison, des auteurs ()nt mis en avant la notion d’intention et souligné que la volonté d’un individu -UI’ lin autre peut n’exister qu’à un niveau virtuel.

Il s’ensuit que B peut se méprench…. , sur l’intention de A : la relation de pouvoir aboutit à ce qu’il agisse en conforri:lftl— ;1VliC ce qu’il croit – à tort – être la volonté de A. (Que lion songe-aux chevalier- du rai Plantagenêt qui, par zèle mal entendu, vont pourrait-il consentil’ A une intention dont la nature réelle ne saurait être 11—VdlOlogique fine dans la relation tteinte que par une analyse interlndividuelle?

Afortiori dans un processus complexe où les intentions réelles des divers acteurs, probable:nent difficilt’lll,’nt . saisissables, n’éclairent pas nécessairement la rationalité du prr;. cessus d’en-« nlhlt’. Il y a encore davantage. tln . 1 pu soutenir, notamment depuis Hobbes, que la soumission, mêrr:. e par crainte „! „ la sanction ou sous menace, est la manlfestation d’un consenteme:::t. Cest la proposition: It is not therefore the victory, that giyeth the of dominion ,wel’ the vainquished, but his own covenant.

Nor l’échange ont onsidéré qu’un acteur a toujours le choix entre l’obéissance ? une injonction assortie de sanction et l’acceptation de la punition, fût-elle aussi extrême que la mort ou la privation perpétuelle de liberté. Peter Blau observe que ce choix n’est pas du tout illusoire puisqu’il arrive que des individus préfèrent la sanction à la soumission (par mobile patriotique dans le cas de la résistance ? l’occupant, par cupidité dans le cas de violation des lois fiscales ou commerciales, etc. . Et, comme Hobbes, il distingue’ ainsi le pouvoir au sens strict de la coercition physique directe Blau, 1969, p. 293). Avec ces thèses s’effondre l’intérêt de mobiliser le critère du consentement pour distinguer entre les relations detouvoir et les relations d’échange contractuelles, ou encore entre le pouvoir stricto s ‘mu fondé sur l’injonction et le simple exercice d’une influence. Sans doute a-t-o considéré cette conception du donné sous la menace comme éminemment paradoxale.

La tiberté ne s’accommode pas de la contrainte virtuelle. En réalité, ces « paradoxes» de Hobbes ou le Blau mettent à nu la fragilité du concept même de liberté entendu comme po-sibilité on conditionnée de choisir au sein p’une alternativè déterminée. Une infor—ation indiscutable, une promesse de récompense particulièrement séduisante con—iituent des conditionnements aussi efficaces ue la menace de contrainte physique, 1 qu de toutes ressources, a-t-il« le choix» d’accepter ou non le travailiqui lui est offert?

La menace de sanction trouve donc de nombreux équivalents dans d’autres situations; et si les analyses de Blau paraissent pl_lradoxales, niest-ce pas plutôt parce que le concept de liberté comme libre arbitre, COIllme marge de choix non conditionnée est lui-même autement paradoxal? BILE PROBLÈME DU CONFLIT D’INTÉRÊTS Les conceptions individualistes et intersubjectivistes du pouvoir se fondent sur une problématique du Sttiet conscient, motivé à agir rationnellement. Quels sont les ressorts du comportement humain lorsque la volonté du Sujet est« libre» ?

Sil existe des tendances très générales à rechercher le maximum de sécurité, ou encore le maximum de certains biens matériels ou symboliques, il est non moins évident que les attentes des individus peuvent revêtir des formes extrêmement variées, Du ml il th LO ns, t à se T, quelles ??ment idu arrêté r2 ? ort: IIJ -xclut si le Sujet lal e ont thèses de l’école utilitariste anglaise se sont révélées d’une influence décisive sur les polltistes comportementalistes. A la suite de Hume, Jeremie Bentham affirmait à la fin du XVIIIe siècle que l’individu cherche avant tout son profit personnel dans ses relations à autrui.

Placé par la Nature sous l’empire du plaisir et de la souffrance, l’homme cherche ? augmenter l’un et à éviter l’autre, ce qui le conduit à adopter une stratégie qui l’incite parfois à différer un bonheur immédlat pour s’en assurer n autre plus important à plus long terme. Cette perspective n’est pas éloignée de celle de Freud pour qui l’individu établit des compromis entre principe de plaisir et principe de réalité, même si l’arrière plan rationaliste qui caractérise la problématique de Bentham est ici relégué au second plan pour faire place au jeu des pulsions incons cientes.

Autre modalité encore de cette problématique de l’utilité, le postulat des modèles libéraux de comportements économiques selon lesquels chaque individu est censé vouloir maximiser ses bénéfices et minimiser ses coûts, ‘est-à-dire encore « optimiser ses satisfactions Certains de ces modèles reposent sur des hypothèses psychologiques particulièrement pauvres et donnent un contenu étroit à la recherche de li « utilité» : par exemple, maximiser l’acquisition de biens matériels chez le réalité, le concept frontalement avec cette problématique du mobile individuel.

Si A et B ont des intérêts complètement convergents, on peut penser que A n’aura pas à exercer —n quelconque pouvoir sur B pour l:,amener ? effectuer l’action y puisque de toute façon il l’aurait accomplie. En revanche, si A t g ont des intérêts divergents, l’int-rêt de A étant que B pose l’actiony alors que ce dernier aurait eu une préférence—’ p our z. deux hypothèses sont ouvertes . A cherche à convaincre B q e son intérêt est en y et non en z. De quelle manière? par des informations corr tes ou erronées, par des promesses de récom penses, par l’évocation d’inconvénients, de dangers, ou de sanctions, etc. L’on retrouve ici le pouvoir d’inflUence. – A cherche à contraindre B à agir de façon non conforme à ses propres inté rets. C’est alors qu’il exerce au sens strict un pouvoir d’injoncti—n. Lorsque Robert Dahl (1969, p. 0) donne sa célèbre définition du pouvolr, dans les termes suivants:« A a pouvoir sur B dans la mesure où il peut ob—nir de B qu’il fasse quelque chose qu’il n’aurait pas fait autrement», il suppose implicitement que B avait un intérêt différent avant l’exercice par A de son pouvoir. Pour’les comportementalistes classiques, une décision suppose en effet généralement un conflit « actuel et observable». Mais aussi bien Dahl que polsby admettent que le pouvoir (ou l’influence) d’un individu eut être tel qu’une décision se troUVe adoptée sans PAGF 20