Corpus II poemes et textes sur la guerre

Corpus II poemes et textes sur la guerre

http://www. reseau-canope. fr/poetes-en-resistance/accueil/ Bêtise de la guerre Ouvrière sans yeux, pénélope imbéclle, Berceuse du chaos où le néant oscille, Guerre, ô guerre occupée au choc des escadrons, Toute pleine du bruit furieux des clairons, Ô buveuse de sanB qui, farouche, flétrie, Hideuse, entraine l’homme en cette ivrognerie, Nuée où le destin se déforme, ou Dieu fuit, Où flotte une clarté Folle immense, de ve A quoi sers-tu, géant Si tes écroulements r Si pour le bestial tu c or 26 Snipe to View Si tu ne sais, dans l’ombre ou ton hasard se vautre, Défaire un empereur que pour en faire un autre ?

Victor Hugo Carte postale Je t’écris de dessous la tente Tandis que meurt ce jour d’été Où floraison éblouissante Dans le ciel à peine bleuté Une canonnade éclatante Se fane avant d’avoir été Guillaume Apollinaire l’hiver, Pour que chaque passant repense ! Sois donc le crieur du devoir, Ô notre funèbre oiseau noir ! Mais, saints du ciel, en haut du chêne, Mât perdu dans le soir charmé, Laissez les fauvettes de mai Pour ceux qu’au fond du bois enchaîne, Dans l’herbe d’où l’on ne peut fuir, La défaite sans avenir. Arthur Rimbaud, Poésies Les fusillés Partout la

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mort. Eh bien, pas une plainte. ?? blé que le destin fauche avant qu’il soit mûr ! Ô peuple On les amène au pied de l’affreux mur. C’est bien. Ils ont été battus du vent contraire. L’homme dit au soldat qui l’ajuste : Adieu, frère. La femme dit : – Mon homme est tué. C’est assez. Je ne sais s’il eut tort ou raison, mais je sais Que nous avons traîné le malheur côte à côte ; Il fut mon compagnon de chaîne ; si fon m’ôte Cet homme, je n’ai plus besoin de vivre. Ainsi Puisqu’il est mort, il faut que je meure. Merci. – Et dans les carrefours les cadavres s’entassent. Dans un noir peloton vingt jeunes filles passent ;

Elles chantent ; leur grâce et leur calme innocent Inquiètent la foule effarée ; un passant Tremble. – Où donc allez-vous ? dit-il à la plus belle. Parlez. -Je crois qu’on va nous fusiller, dit-elle. un bruit lugubre emplit la caserne Lobau ; C’est le tonnerre ouvrant et fermant le tombeau. Là des tas d’hommes sont mitraillés nul ne pleure ; Il semble que leur mort ? PAGF OF en liberté leur plaît. Nul ne bronche. On adosse à la même muraille Le petit-fils avec l’ai’eul, et l’aieul raille, Et l’enfant blond et frais s’écrie en riant : Feu ! Victor Hugo, L’année terrible Les charniers

Passez entre les fleurs et regardez : Au bout du pré c’est le charnier. Pas plus de cent, mais bien en tas, Ventre d’insecte un peu géant Avec des pieds à travers tout. Le sexe est dit par les souliers Les regards ont coulé sans doute – Eux aussi Préféraient les fleurs A l’un des bords du charnier, Légèrement en l’air et hardie une jambe – de femme Bien sûr – Une jambe jeune Avec un bas noir Et une cuisse Une vraie, Jeune – et rien Rien. reste, Cest qu’ils ont dû chanter, Qu’ils ont crié victoire, Ou c’est le maxillaire Qui leur tombait de peur. – Peut-être par hasard Et la terre est entrée.

Ily a des endroits où l’on ne sait plus Si c’est la terre glaise ou si c’est de la chair. Et l’on est heureux que la terre, partout, Soir pareille et colle. Encore s’ils devenaient aussitôt Des squelettes, Aussi nets et durs Que de vrais squelettes Et pas cette masse Avec la boue. Lequel de nous voudrait Se coucher parmi eux Une heure, une heure ou deux Simplement pour l’homm Immense, Du Ys pur, du nid doré, N’ôtent aucune démence Du cœur de l’homme effaré. Les carnages, les victoires, Voilà notre grand amour , Et les multitudes noires Ont pour grelot le tambour. La gloire, sous ses chimères

Et sous ses chars triomphants, Met toutes les pauvres mères Et tous les petits enfants. Notre bonheur est farouche , Cest de dire : Allons ! mourons ! Et c’est d’avoir à la bouche La salive des clairons. L’acier luit, les bivouacs fument ; Pâles, nous nous déchaînons ; Les sombres âmes s’allument Aux lumières des canons. Et cela pour des altesses Qui, vous à peine enterrés, Se feront des politesses Pendant que vous pourrirez, Et que, dans le champ funeste, Les chacals et les oiseaux, Hideux, iront voir s’il reste De la chair après vos os ! Aucun peuple ne tolère Qu’un autre vive à côté ;

Et l’on souffle la colère Dans notre imbécillité. Cest un Russe I Égorge, assomme. Un Croate Feu roulant. Cest juste. Pourquoi cet homme Avait-il un habit blanc ? PAGF s OF crins des chevaux. Et l’aube est là sur la plaine ! Oh ! j’admire, en vérité, Qu’on puisse avoir de la haine Quand l’alouette a chanté. Victor HUGO,Les Chansons des rues et des bois, 1865. NIETZSCHE La guerre assure la santé des civilisations. Cest un songe creux de belles âmes utopiques que d’attendre encore beaucoup de l’humanité dès lors qu’elle aura désapprls à faire la guerre (voire même de mettre tout son espoir en ce moment-là). ur l’instant, nous ne connaissons pas d’autre moyen qui puisse communiquer aux peuples épuisés cette rude énergie du camp, cette haine profonde et impersonnelle, ce sang- froid de meurtrier à bonne conscience, cette ardeur cristallisant une communauté dans la destruction de l’ennemi, cette superbe indifférence aux grandes pertes, à sa propre vie comme à celle de ses amis, cet ébranlement sourd, ce séisme de l’âme, les leur communiquer aussl fortement et sûrement que le fait n’importe quelle grande guerre : ce sont les torrents et les fleuves alors déchaînés qui, malgré les pierres et les immondices de toutes ortes roulés dans leurs flots, malgré les prairies et les délicates cultures ruinées par leur passage, feront ensuite tourner avec une force nouvelle, à la faveur des circonstances, les rouages des ateliers de l’esprit. La civilisation ne saurait du tout se passer des passions, des vices et des cruautés. – Le jour où les Romains parvenus à l’Empire commencèrent à se fatiguer quelque peu de leurs guerres, ils tentèrent de puiser de nouvelles forces dans les chasses OF quelque peu de leurs guerres, ils tentèrent de puiser de nouvelles forces dans les chasses aux fauves, les combats de gladiateurs et es persécutions contre les chrétiens.

Les Anglais d’aujourd’hui, qui semblent en somme avoir aussi renoncé à la guerre, recourent à un autre moyen de ranimer ces énergies mourantes : ce sont ces dangereux voyages de découverte, ces navigations, ces ascensions, que l’on dit entrepris à des fins scientifiques, mais qui le sont en réalité pour rentrer chez soi avec un surcroît de forces puisé dans des aventures et des dangers de toute sorte. On arrivera encore à découvrir quantité de ces succédanés de la guerre, mais peut-être, grâce à eux, se rendra-t-on mieux compte u’une humanité aussi supérieurement civilisée, et par suite aussl fatalement exténuée que celle des Européens d’aujourd’hul, a besoin, non seulement de guerres, mais des plus grandes et des plus terribles qui soient (a besoin, donc, de rechutes dans la barbarie) pour éviter de se voir frustrée par les moyens de la civilisation, de sa civilisation et de son existence mêmes. Friedrich NIETZSCHE,Humain, trop 878), , S 477. Romain ROLLAND La pieuvre qui suce le meilleur sang de l’Europe.

Ainsi, les trois plus grands peuples d’Occident, les gardiens de la civilisation, s’acharnent à leur ruine Ces guerres, je le sais, les hefs d’États qui en sont les auteurs criminels n’osent en accepter la responsabilité ; chacun s’efforce sournoisement d’en rejeter la charge sur l’adversaire. Et les peuples qui suive 7 OF ; chacun s’efforce sournoisement d’en rejeter la charge sur l’adversaire. Et les peuples qui suivent, dociles, se résignent en disant qu’une puissance plus grande que les hommes a tout conduit. On entend, une fois de plus, le refrain séculaire : « Fatalité de la guerre, plus forte que toute volonté », — le vieux refrain des troupeaux, qui font de leur faiblesse un dieu, et qui l’adorent.

Les hommes ont inventé le destin, afin de lui attribuer les désordres de l’univers, qu’ils ont pour devoir de gouverner. Point de fatalité ! La fatalité, c’est ce que nous voulons. Et c’est aussi, plus souvent, ce que nous ne voulons pas assez. Qu’en ce moment, chacun de nous fasse sonmea culpa! Cette élite intellectuelle, ces Églises, ces partis ouvriers, n’ont pas voulu la guerre… Soit Qu’ont-ils fait pour l’empêcher ? Que font-ils pour l’atténuer ? Ils attisent l’incendie. Chacun y porte son fagot. Le trait le plus frappant de cette monstrueuse épopée, le fait sans précédent est, dans chacune des nations en guerre, ‘unanimité pour la guerre. Cest comme une contagion de fureur meurtrière. À cette épidémie, pas un n’a résisté.

Plus une pensée libre qui ait réussi à se tenir hors d’atteinte du fléau. II semble que sur cette mêlée des peuples, où, quelle qu’en soit l’issue, l’Europe sera mutilée, plane une sorte d’ironie démoniaque. Ce ne sont pas seulement les passions de races, qui lancent aveuglement les millions d’hommes les uns contre les autres, comme des fourmilières, et dont les pays neutres eux mêmes resse 8 OF d’hommes les uns contre les autres, comme des fourmilières, t dont les pays neutres eux-mêmes ressentent le dangereux frisson ; c’est la raison, la foi, la poésie, la science, toutes les forces de l’esprit qui sont enrégimentées, et se mettent, dans chaque État, à la suite des armées.

Dans l’élite de chaque pays, pas un qui ne proclame et ne soit convaincu que la cause de son peuple est la cause de Dieu, la cause de la liberté et du progrès humains. Et je le proclame aussi… Allons, ressaisissons-nous ! Quelle que soit la nature et la virulence de la contagion — épidémie morale, farces cosmiques — ne peut-on résister ? On combat une peste, on lutte même pour parer aux désastres d’un tremblement de terre. Ansl, ramour de la patrie ne pourrait fleurir que dans la haine des autres patries et le massacre de ceux qui se livrent à leur défense ? Il y a dans cette proposition une féroce absurdité et je ne sais quel dilettantisme néronien, qui me répugnent, qui me répugnent, jusqu’au fond de mon être.

Non, l’amour de ma patrie ne veut pas que je haïsse et que je tue les âmes pieuses et fidèles qui aiment les autres patries. Il veut que je les honore et que je cherche à m’unir à elles pour notre bien commun. Vous, chrétiens, pour vous consoler de trahir les ordres de votre Maître, vous dites que la guerre exalte les vertus de sacrifice. Et il est vrai qu’elle a le privilège de faire surgir des cœurs les plus médiocres le génie de la race. Elle brûle dans son bain de feu les scories, les souillures ; elle t PAGF q OF médiocres le génie de la race. Elle brûle dans son bain de feu les scories, les souillures ; elle trempe le métal des âmes ; d’un paysan avare, d’un bourgeois timoré, elle peut faire demain un héros de Valmy.

Mais n’y a-t-il pas de meilleur emploi au dévouement d’un peuple que la ruine des autres peuples ? Et e peut-on se sacrifier, chrétiens, qu’en sacrifiant son prochain avec soi ? Je sais bien, pauvres gens, que beaucoup d’entre vous offrent plus volontiers leur sang qu’ils ne versent celui des autres… Mais quelle faiblesse, au fond ! Avouez-donc que vous qui ne tremblez pas devant les balles et les shrapnells, vous tremblez devant l’opinion soumise à l’idole sanglante, plus haute que le tabernacle de Jésus : l’orgueil de race jaloux ! Chrétiens d’aujourdhui, vous n’eussiez pas été capables de refuser le sacrifice aux dieux de la Rome impériale.

Votre pape, Pie X, est mort de douleur, dit-on, de voir éclater cette guerre. Il s’agissait bien de mourir ! Le Jupiter du Vatican, qui prodigua sa foudre contre les prêtres inoffensifs que tentait la noble chimère du modernisme, qu’a-t-il fait contre ces princes, contre ces chefs criminels, dont l’ambition sans mesure a déchaîné sur le monde la misère et la mort ! Que Dieu inspire au nouveau pontife, qui vient de monter sur le trône de Saint-Pierre, les paroles et les actes qui lavent l’Église de ce silence ! Quant à voUs, socialistes, qui prétendez, chacun, défendre la liberté contre la tyrannie — Français contre le Kaiser, — Allemands contre le Tsar, — s