Commentaire Zone extrait d’Alcool de Guillaume Apolinaire

Commentaire Zone extrait d’Alcool de Guillaume Apolinaire

Alcools, G. Apollinaire, 1913, « Zone », du début jusqu’à « avenue des Ternes » Problématique : En quoi ‘Zone » est-il un poème•clé dans le recueil Alcools ? l. Un poème liminaire (latin limen, inis, n : le seuil) a. Début/fin + boucle – GA a écrit ce poème en dernier mais l’a placé en tête du recueil : importance du poème. – Le titre renvoie au grec zone, la ceinture (boucle).

Il évoque aussl l’idée d’un territoire relégué au-delà des limites, des fortifications parisiennes par exemple (connote la marge, la marginalité : le Swp to page poète est « en marge » or7 monde pour en donn un Premiers mots para xaux: l’ouvrage (puisque p lu comme un « bilan » nne à l’extérieur du ient à la fin de e poème peut être tique. Renvoient aussi à la fin de l’ouvrage : « Vendémiaire » fait écho à « Zone », on retrouve d’allleurs des thèmes communs. Les derniers mots de « Vendémiaire » sont « le jour naissait à peine » : idée de recommencement.

Les deux textes peuvent donc se lire à la fois comme se faisant écho l’un à l’autre mais aussi comme une continuité, l’ensemble faisant une boucle. b. Le temps et l’espace « Zone » commence un matin et se finit à l’aube

Désolé, mais les essais complets ne sont disponibles que pour les utilisateurs enregistrés

Choisissez un plan d'adhésion
: le « récit » du oème se déroule sur une journée complète (jour/nuit). unité de temps, mais aussi symbole de la vie humaine. Le début renv renvoi à l’origine comme une naissance. Pour le poète chaque jour est un jour nouveau, un recommencement. – L’ancien (antiquité, christianisme… et le nouveau (« ce matin’ + tous termes de la modernité) ne cessent de se côtoyer dans le poème et dans le « je » : le poète (l’homme) est le fruit d’une histoire, dune tradition, d’une culture, mais en même temps porte en lui la nouveauté, celles de son époque, de son présent, de sa vie. – Le poème est principalement écrit au présent, quelle que oit l’époque évoquée (antiquité, passé de l’énonciateur) : confusion temporelle, celle de l’homme qui contient en lui le passé de l’humanité et le sien (les souvenirs habitent l’être en permanence). Nombreux repères spatiaux : la géographie parisienne est présente avec de multiples noms propres, qui dessinent le parcours de l’énonciateur au fil de la journée. Nous retrouvons aussi ses souvenirs d’ailleurs lointain pour finir la déambulation de la Tour Eiffel à l’Océanie, l’énonciateur a parcouru le monde. La poésie est un moyen de voyager dans l’imaginaire, et le temps, ‘homme possède en lui de multiples « ailleurs » : souvenirs de voyages, rêves de voyages etc. La déambulation rêveuse permet de faire surgir tout cela. Il. IJn nouveau lyrisme a. ne énonciation originale : je/tu Premier pronom personnel : « tu ». A qui renvoie-t-il ? Ce même pronom revient constamment dans le poème. L’intimité, la proximité, l’évocation de souvenirs d’enfance, d’émotions personnelles fait c PAG » rif 7 L’intimité, la proximité, l’évocation de souvenirs d’enfance, d’émotions personnelles fait comprendre que ce ‘tu » est d’abord celui de l’énonciateur qui se parle à lui-même. Ce pronom montre la distanciation qu’opère l’énonciateur à son propre égard : pour être plus objectif dans son introspection, il se regarde de l’extérieur.

Mais ce « tu » interpelle aussi obligatoirement le lecteur : ce choix énonciatif est essentiel dans la naissance de l’émotion du lecteur. – Autres « tu » : le Christianisme, le Pape… trop lointains ou abstraits pour être de véritables interlocuteurs ; le poète s’adresse à eux dans ses pensées. -« vous » pour évoquer l’enfance : ‘ »Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize Vous n’aimez rien tant que les pompes de l’Église « .

On attendrait éventuellement un « nous » mais puisque le « tu » domine, c’est la deuxième personne du pluriel qui désigne l’énonciateur et son ami, toujours dans la mise à distance de soi. – Le « je » apparait au v. 15 seulement et n’est utilisé que ponctuellement, créant des effets de rupture syntaxique et de là, la surprise du lecteur. Ces surgissements de la première personne témoignent du fait que c’est bien un « je » qui parle, mais en s’adressant à lui-même : dialogue avec sol, introspectlon. . La mélancolie transfigurée – Le champ lexical des émotions montre l’état mélancolique e l’énonciateur : lassitude, honte au début, et ailleurs dans le poème peur, angoisse, désillusion, pitié, etc. Poème PAGF3C,F7 lassitude, honte au début, et ailleurs dans le poème peur, angoisse, désillusion, pitié, etc. Poème dominé par un sentiment de tristesse. – Celui-ci est augmenté de la présence des souvenirs : le thème de la fuite du temps3 est sous-jacent.

Ce poids du temps est sensible à la fois à l’échelle de l’individu (la vie passe, la mort approche) et à l’échelle de l’Histoire (le mande est vieux). -Mais cette mélancolie, qui tient donc fortement à un sentiment e fatigue de soi et du monde, est mêlée à un enthousiasme du présent mêlant l’Ancien, des souvenirs, qui animent le monde ce qui donne de la profondeur. – Les images métamorphosent le monde : métaphore de la Tour Eiffel et des ponts, métaphores de la rue comme clairon, de la cloche en chien, des plaques en perroquets… le regard du poète transfigure la réalité. . Une tonalité spiritualiste Le lyrisme est fortement empreint de spiritualité dans ce poème ; on ne peut pas parler de religiosité, car les références à la religion sont faites de façon allusive, par petites touches qui ppartiennent davantage à la culture religieuse, à ses rituels, plutôt qu’au dogme. – Apparition tôt dans le poème du thème religieux, qui sera poursuivi jusqu’à la fin (les « fétiches » des derniers vers : on passe du christianisme occidental aux cultes des sociétés océaniennes : universalité du besoin de croire en une puissance supérieure). La religion seule est restée neuve » : en opposition avec l’ancienneté du monde (v. 1), ca l’ancienneté du monde (v. l), caractère moderne de la religion qui perdure et garde sa fraîcheur. Pour chaque croyant, la foi est neuve, le lien à Dieu est renouvelé. L’Européen le plus moderne, c’est vous Pape Pie X » : si ce pape (1903-1914) n’était pas spécialement novateur, il a néanmoins béni l’aviateur vainqueur de la course Paris-Rome. Ce geste rapproche la modernité technique et le Christianisme deux fois millénaire.

Ill. Un art poétique de la modernité a. Modernité thématique – GA célèbre le monde moderne pour ses avancées technologlques : la Tour Eiffel (1889) ouvre le poème. Ce monument, symbole de Paris, de la France, controversé à ses débuts, était une nouveauté technologique à son époque. L’aviation et ses nouveaux recordmen sont aussi évoqués. Le monde moderne est présent sous ses formes les plus matérielles et triviales : automobiles, publications diverses (monde de la presse), sirène, objets de la rue… outes choses banales de la vie quotidienne, envahissent le texte (pluriels, hyperbole : « mille titres divers ») -Ce monde matériel moderne est présentée de façon méliorative : la personnification « les prospectus chantent », le parallélisme « Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux » (nous reviendrons sur ce vers plus loin) mettent en valeur la publicité, les magazines, qui envahissent les devantures énumération « les prospectus les catalogues les affiches « mi magazines, qui envahissent les devantures (énumération « les prospectus les catalogues les affiches « r « mille titres divers ») et se présentent comme une nouvelle littérature, avec ses « grands hommes » (comme l’épopée). – La « jolie » rue n’est pas nommée, ce n’est pas un haut lieu du patrimoine parisien et pourtant elle est décrite comme ayant une « grâce industrielle » : termes presque contradictoires tant les connotations liées à l’industrie sont loin de celles de la grâce. Et pourtant, le regard du poète, qui rejette le passéisme, transfigure e décor quotidien. Noter les termes sensoriels de la vue et de l’ouïe, qui recréent l’ambiance de la rue. b. Modernité formelle – pas de régularité strophique : des monostiches (strophe d’un seul vers) pour commencer, puis un tercet, puis une strophe de 18 vers.

On note ainsi une amplification du orthme dans la première moitié du poème qui voit ses strophes enfler avant d’entamer, dans la deuxième partie, un mouvement inverse (les dernières strophes sont très brèves). Evidemment ce Mthme strophique est à mettre en parallèle avec la déambulation géographique et surtout mentale. Au début, l’énonciateur évoque le décor qui l’entoure, ses impressions, par petites touches, puis plonge en lui-même, dans ses souvenirs (strophes plus longues). A la fin, comme s’il revenait à lui, ses souvenirs ou pensées se font plus fragmentés. Le vers est libre ; certes, on hésite au v. 1 : hendécasyllabe ou alexandrin ? Comment prononcer « anc certes, on hésite au v. 1 : hendécasyllabe ou alexandrin ?

Comment prononcer « ancien » ? Hésitation pertinente, ironique ? Puisque dès le v. 2, le lecteur comprend qu’il n’y a pas isométrie, et dès les vers suivants, qu’il s’agit même de vers libres. Bref, cette hésitation initiale met en scène le choix stylistique du poète : si c’est un hendécasyllabe (vers de 11 syllabes), on est dès le départ dans un vers rare, si c’est un alexandrin, il n’est là que pour céder la place aux autres mètres, dépassé par la modernité ! – Rimes souvent plates et pauvres, sans mise en valeur par le rythme puisqu’il est libre. – Absence totale de ponctuation : GA l’a retirée sur les premières épreuves envoyées par l’imprimeur.

Ses manuscrits montrent une relative indifférence à la ponctuation, Marinetti a proclamé « Plus e ponctuation » : le poète accorde sa sensibilité stylistique au goût du jour en faisant ce choix radical. A certains endroits, cette absence de ponctuation crée des ambiguïtés, le poète ne sien soucie pas et au contraire en joue (Pas d’exemple significatif au début du poème ; « Neuve et propre du soleil elle était le clairon’ montre toutefois le flottement de la lecture). – Cette liberté formelle n’est pas aussi radicale dans tout le recueil : on trouve de nombreux poèmes en alexandrins, en octosyllabes. « Zone » fait ainsi presque figure de manifeste, d »‘art poétique »