www. gersi. umontreal. ca LES CHRONIQUES DU GERSI volume 3 numéro 3 (mars 2008) Bruno Hardy – Les Etats-Unis et l’Afrique : Perspective de Sécurité. Les Etats-Unis et l’AfrÂue : Perspective de Sécurité. Le 6 février 2007, George W. Bush annonçait la création d’un Centre de Commandement po les raisons de ce redéploiement des f es i revêt désormais une certaine importance extractives, notamment org bi our les États-Unis, que le continent les ressources dans le Golfe de Guinée, occupent une part sgnificative des flux mondiaux.
En effet, selon les autorités américaines ainsi que la tendance des archés, cette part ne fera qu’augmenter au cours des prochaines décennies. D’autre part, les menaces à la sécurité nationale émanant d’un contexte géopolitique récent, la mise sur pied d’un commandement militaire pour l’Afrique permettra aux États-Unis d’améliorer leur capacité d’intervention à l’échelle continentale.
Le grand oublié du dernier siècle cependant marginal, car les opérations s’effectuaient rarement en sol africain2. Durant les années 60 et 70, les nouveaux pays indépendants devenaient des enjeux stratéglques importants pour contrer l’influence soviétique. En 1962, sous l’administration de John F. Kennedy, le Département de la Défense annexait la zone de responsabilité de l’Afrique subsaharienne au sein du Commandement Unifié (STRICOM) de
Par ailleurs, ce n’est que sous l’administration de Ronald Reagan que l’on procéda à la division géographique du continent en trois zones de responsabilités telles que l’on les connait aujourd’hui -la Corne de l’Afrique4, les Iles de l’Océan Indien, l’Afrique Continentale- lui conférant ainsi une certaine valeur stratégique. Toutefois, la majorité des opérations militaires demeuraient dans ertaines zones précises (ex : Libye, Congo) et ce, sans aucun cadre stratégique pour l’ensemble du continent.
Ce n’est que suite à l’avènement du « Nouvel Ordre Mondial »5 et de ses nouvelles menaces à la sécurité que l’Afrique devint un enjeu non négligeable pour les États-Unis. Les opérations de grandes envergures – telles P. 24 « Africa Command: U. S. Strategic nterests and the Role of the U. S. military in Africa ». Rapport du Service de Recherche du Congrès des États-Unis – CRS, disponible ? http://fas. org/sgp/crs/natsec/RL34003. pd 2 *AGF 9 rif q Tanzanie, Ouganda, Égypte « New World Order discours de George W. H.
Bush, Septembre 1990 celles en Somalie en 1992, et dans une moindre mesure au Rwanda en 1993 – créaient un précédent sur le continent, puisque pour la première fois depuis cinquante ans, plus de 25 000 soldats y étaient déployés6. La présence militaire sur en Afrique prend son essor puisqu’après un demi-siècle dindifférence à fégard du continent, les États-Unis voient désormais le continent d’un nouvel œil. Le nouveau contexte stratégique Tout d’abord, le continent africain est devenu un acteur important des marchés énergétiques mondiaux. ? elle seule, la région du Golfe de Guinée renferme rès de 7% des réserves mondiales en hydrocarbures7. Celles-ci sont toutes aussi importantes que celles de l’Iran, du Vénézuela et du Mexique réunis. L’instabilité politique du Moyen-Orient, entre autres, a forcé les États-Unis, premier consommateur mondlal de pétrole, à rechercher de nouveaux partenaires et à établir de nouvelles priorités dans le déploiement de sa stratégie d’exploitation énergétique.
Le Nigéria, pays dans lequel une bonne partie de ces ressources est située, est le plus les autres États producteurs (Gabon, Guinée-ÉquatoriaIe, Tchad), la région dépassait le Moyen- Orient au niveau des exportations vers les États-unis9. En 2001, la Maison-Blanche publiait le 6 « Africa Command: U. S. Strategic Interests and the Role of the U. S. military in Africa ». Rapport du Service de Recherche du Congrès des États-Unis – CRS, disponible à http://fas. rg/sgp/crs/natsec/RL34003. pdf 7 8 Chiffres de l’Agence Internationale de l’énergie (AIE) Voir: « Importations totales de pétrole brut-US » du Département de l’Énergie, Administration de l’information énergétique, disponible à : http://tonto. eia. doe. gov/dnav/pet/pet 9 « ‘Africa Command: U. S. Strategic Interests and the Role of the U. S. military in Africa ». Rapport du Service de Recherche du Congrès des États-Unis -CRS, disponible ? http://fas. org/sgp/crs/natsec/RL34003. df National Energy Policy Report dans lequel elle vantait la qualité, l’accessibilité et la facilité de transport des ressources pétrolières du Golfe de Guinée10. Prévoyant importer de leur pétrole d’Afrique d’ici 202511, les États-Unis ont depuis entrepris une offensive économi ue à l’échelle continentale. associées à Al Qaeda dans bon nombre de ces pays, laisse presager que le continent sera à moyen terme un champ de bataille dans la Guerre au Terrorisme.
La perméabilité des frontières, la présence de grandes zones non gouvernées, les tensions ethniques et les révoltes fréquentes sont un terreau fertile pour ces réseaux. En 1998, les attentats contre des ambassades américaines à Dar- el-Salaam, à Nairobi, ainsi que contre un hôtel israélien à Mombassa ont marqué les débuts d’une évolution dans la polltique de défense des États-Unis à l’égard de la région.
Par ailleurs, la Somalie, l’Algérie, le Maroc et le Nigéria ont tous été la cible d’attentats terroristes, et l’intérêt des États-Unis à stabiliser la région s’est depuis onsidérablement accru. En plus de faciliter les activités terroristes, la faillite, le caractère déstructuré des États ainsi que la pauvreté extrême permettent l’éclosion d’activités criminelles allant du piratage au braconnage, en passant par le trafic illicite d’armes, de personnes et de drogues ainsi que par le banditisme de toutes sortes.
Le cas de la Somalie, où des groupes rebelles du sud du pays ant été la cible de bombardements aériens de l’aviation américaine, illustre l’inefficacité de certains 10 National Energy Policy: Role of West Africa and Latin America, disponible ? ttp://www. state. eov/e/ee ‘30303. htm http://hprsite-squarespace. com/oil-and-development-in-africa/ États à gouverner sur l’ensemble de leur territoire. À cet égard, les régions de la Corne de l’Afrique12 et du Go fe de Guinée13 sont des régions phares afin d’établir une stratégie continentale.
Le Département d’État américain s’est aperçu que ces régions comportaient désormais un risque potentiel à la sécurité nationale. Par ailleurs, l’objectif de développement et d’opérations humanitaires falt également partie de la stratégie de sécurité. Le continent demeure sans contredit le lus pauvre le la planète et des problèmes endémiques de santé, pour ne nommer que ceux-là, témoignent de plus en plus de l’incapacité des États ? assurer la sécurité des populations.
En 2004, Colin Powell, alors Secrétaire d’État des États-Unis, décrivait le fléau du Sida-VlH comme étant « la plus grande menace ? l’humanité aujourd’hui»14 alors que des infections mondiales étaient en Afrique 15. L’exemple de Angola, pays au cœur de la stratégie américaine, est plus que frappant : le taux d’infection de la population adulte se situe entre 40 et 60%16. En 2003, l’administration Bush, suivant les traces du programme LIFE de l’administration Clinton17, mettait sur pied un plan mondial d’urgence de plus de 15 milliards de dollars, le PEPFAR18, dans lequel 12 des 15 pays visés étaient africains.
Le sous-développement ca s que jamais le cadre l’ordre du jour sur l’agenda de Washington. 12 Djibouti, Éthiopie, Érythrée, Kenya, Seychelles, Somalie, Soudan, Tanzanie, Ouganda Togo, Gabon, Côte-D’ivoire, Bénin, Libéria, Cameroun, Ghana, Guinée-gquatoriale, Nigéria, Sao-Tomé et Principe 14 ‘the greatest threat to mankind today », Colin Powell, discours pronounce à Port-au-Prince, Haiti, 5 avril 2004 P. 3. AIDS in Africa » Rapport du Service de recherché du Congrès des États-Unis – CRS, disponible ? httpwcnie. œ/NLE/CRsreports/06DeÜRL33584. pdf 16 p. 14 « Africa Command: U. S. Strategic Interests and the Role ofthe U. S. miltary in Africa ». Rapport du 17 P. 18. « AIDS in Africa » Rapport du Service de recherché du Congrès http:ucnie. org/’NLE/CRsreports,’06Det/RL33584. pdf 18 P. 3. Ibid 13 L’AFRICOM comme porte d’entrée L’Afrique est devenue prioritaire et Washington n’hésite visiblement plus ? déployer une présence militaire dans la région. En l’espace de deux décennies, le continent est passé de era elui de plaque tournante