Atlas électoral 2007 Nonna Mayer

Atlas électoral 2007 Nonna Mayer

L’ÉLECTORAT DE LA PROTESTATION DE JEAN-MARIE LE PEN Pascal Perrineau in Pascal Perrineau , Atlas électoral 2007 Presses de Sciences Po I Hors collection Document téléchargé depuis www. cairn. info – – Burette Michael – 87. 67. 28. 177 – 13/04/2014 23h14. @ Presses de Sciences po Article disponible en ligne à l’adresse: —–h — page-64. htm Pour citer cet article : s-electoral-2007 or 10 Sni* to View ————————perrineau Pascal, « L’électorat de la protestation de Jean-Marie Le Pen », in Pascal Perrineau , Atlas électoral 2007 presses de Sciences po « Hors collection 2007 p. -68. Distribution électronique Cairn. info pour Presses de Sciences Po. @ Presses de Sciences Po. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 87. 67. 28. 177 – 13/04/2014 23h14. @ presses de sciences po 2007 pages 64 à 68

L’É LE c TO ROTESTATION DEJEAN. MARIELEPEN

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PascalPERRINEAU Jean-Marie Le Pen en meeting entouré de Bruno Gollnisch, délégué général du FN, et de sa fille Marine Le Pen. 64 extrême droite fut pendant de longues décennies victime du discrédit ui pesait sur elle à la suite de 10 d’avoir réussi à rassembler les 500 signatures d’élus locaux, le même Jean-Marie Le Pen n’avait pu se présenter et, de dépit, appela à voter « Jeanne d’Arc ATLAS ÉLECTORAL 2007 UNE IRRÉSISTIBLE ASCENSION Cette marginalisation électorale de l’extrême droite prendra fin au milieu des années 1980.

Après quelques succès locaux en 1982 et 1983, une liste du Front national emmenée par Jean-Marie Le Pen va attirer 10,95 % des suffrages aux élections européennes de 1984 puis transformer Vessai au plan local (cantonales de 1985, régionales de 1986) et au plan législatif (9,8 % aux législatives de 1986 et entrée de 35 députés du FN à l’Assemblée nationale).

L’usure prématurée de la gauche au pouvoir, la radicalisation d’une partie de la droite, les enjeux négligés de l’immigration et de l’insécurité ainsi que le début du processus de crise de confiance vis-à-vis e la polltique contribueront beaucoup à ouvrir un espace électoral à l’extrême droite. Celle-ci saura très bien l’exploiter et ragrandir au cours des vingt années qui suivront son surgissement (voir le graphique ci-contre). Document téléchargé depuis www. cairn. info – – Burette Michael 2/ Les électorats politiques L’ÉLECTO RAT DEJEAN-MARIELEPEN Document téléchargé dep . nfo Burette Michael – PAGF 10 Sciences Po Dès rélection présidentielle de 1988, Jean-Marie Le Pen atteint le niveau de 14,4 % des suffrages, niveau qu’il ne cessera d’élever d’une élection à l’autre : 15 % n 1995, 16,9 % au premier tour de la présidentielle de 2002 et 17,8 % au second tour. En trente ans, l’extrême droite est passée de l’inexistence électorale au statut de deuxième force électorale du pays. Depuis 1988, date à laquelle le lepénisme électoral est pourtant déj? solidement enraciné, l’extrême droite présidentielle a connu une progression sensible (+ 2,5 %).

Dans certalns milleux, celle-ci a été très forte (agriculteurs, ouvriers, employés) alors que dans dautres l’extrême droite était en régression (jeunes, commerçants et artisans, cadres supérieurs et professions ibérales). En presque quinze ans, le profil des électeurs lepénistes a changé : la protestation populaire n’a cessé de s’y affirmer et a entraîné le « choc » électoral du 21 avril 2002 où Jean-Marie Le Pen est arrivé en deuxième position à moins d’un million de voix de Jacques Chirac et à environ 200 000 VOIX devant le candidat socialiste, ionel Jospin.

D’un point de vue sociologique, ces électeurs comptent principalement, lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2002, des hommes (57 % contre 42 % chez Jacques Chirac et 49 % chez Lionel Jospin), des ersonnes issues des couches les plus populaires (73% d’ouvriers et d’employés contre 51 % chez Jacques Chirac et 47 % chez Lionel Jospin) et des citoyens relativement peu diplômés (29 % de niveau baccalauréa 0 chez Lionel Jospin) et des citoyens relativement peu diplômés (29 % de niveau baccalauréat ou plus contre 36 % chez Jacques Chirac et 47 % chez Lionel Jospin).

Contrairement à une « image d’Éplnal ces électeurs ne sont pas vieux (18 % seulement de 65 ans et plus contre 31 % chez Jacques Chirac et 26 % chez Lionel Jospin), ne proviennent pas massivement du mande de la petite et moyenne bourgeoisie (14 % eulement d’électeurs agriculteurs, artisans, commerçants, industriels, cadres et professions intellectuelles contre 20 % chez Jacques Chirac et 15 % chez Lionel Jospin) et ne sont pas particulièrement proches de l’Église catholique (69 % de catholiques non pratiquants et de sans religion contre 48 % chez Jacques Chirac et 78 % chez Lionel Jospin).

Ils ne sont même pas massivement de droite (55 % des électeurs de Jean-Marie Le Pen se situent « plutôt à droite » contre 78 % parmi les électeurs de Jacques Chirac et bien sûr seulement 2 % chez ceux de Lionel Jospin). UN ELECTORATAUCŒURDUMALAISE ?CONOMIQUE, SOCIALETCULTUREL L’électorat de Jean-Marie Le Pen n’a pas toutes les caractéristiques de la droite poussées à l’extrême.

Son ancrage dans la population masculine est lié ? la fois aux valeurs très « machistes » véhiculées par le leader du FN mais aussi à la capacité de ce parti ? offrir un exutoire à la crise de l’identité masculine chez des électeurs de mllieux populaires déboussolés par la redistribution des rôles entre hommes et femmes. Faute de se retrouver dans PAGF s 0 déboussolés une identité sociale mise ? mal par la difficulté à entrer sur le marché du travail ou ? rester, ils opèrent une régression sur leurs identités héritées que sont l’identité sexuelle et l’identité nationale.

L’origine populaire massive des électeurs de Jean_Marie Le pen montre, quant à elle, la manière dont celui-ci a su récupérer le malaise économique, social et culturel des électeurs employés et ouvriers : de 1988 à 2002, Jean-Marie Le Pen a progressé de dix points chez les premiers et de cinq points chez les seconds. La « gauche au pouvoir pas plus que la « droite n’ont su apporter de réponses crédibles au pouvoir à ce malaise que ce sot sur le terrain de l’emploi, En trente ans, rextrême droite française est passée de l’inexistence électorale au statut de deuxieme force électorale du pays.

LES ELECTORATS POLITIQUES 65 6 0 87. 67. 28. 177 66 – 13/04/2014 23h14. @ Presses de Sciences Po A LAS ÉLECTORAL 2007 les éléments fondant l’identité de cette dernière. Le lepenisme électoral est davantage un « mixte » qui associe le référentiel « national » d’une certaine droite et le référentiel « social » d’une certaine gauche. LA FRANCE DES I NQIJ ÉTU DE SU RBAI N ES La carte des votes en faveur de Jean-Marie Le Pen au econd tour de l’élection présidentielle de 2002 montre une France coupée en deux.

Les bastions du lepénisme se situent à l’est d’une ligne Le Havresaint-Étienne- Perpignan : c’est la France des grandes concentrations urbaines (Lille-Roubaix-TourcoingArras, périphérie de l’agglomération parisienne, Metz-Nancy-Strasbourg-Mulhouse, Saint-ÉtienneLyon-Grenoble, Perpignan-Montpellier-MarseilleNice), de la montée massive de la petite et moyenne délinquance et des fortes concentrations de populations issues de l’immigration.

On voit bien comment le lepénisme électoral a fleuri sur ce terrain des ? inquiétudes urbaines En revanche, dans la France plus paisible de la Bretagne, des Pays de la Loire, de Poitou-Charentes, du Limousin et d’Aquitaine, le leader du FN a une implantation sensiblement plus faible.

Cela ne veut pas dire que cette France est totalement ? l’abri de la protestation lepéniste : en 2002 nombre de départements à forte composante rurale comme la Creuse, la Corrèze le Cantal, la HauteLoire, la Lozère, le Tarn, le Tarn-et-Garonne o 7 0 Tarn-et-Garonne ou de la sécurité ou de l’immigration. Ce faisant, elles ont libéré un espace électoral important pour le Front national. Celui-ci s’y est solidement établi et a scellé « l’alliance électorale du monde de la boutique et du monde de l’atelier » qui, en Europe, constitue la « formule gagnante » de l’extrême droite.

La relative difficulté que le président du FN rencontre à s’implanter à un haut niveau dans les électorats traditionnels que sont l’électorat du « troisième âge n, celui de la bourgeoisie et celui des fidèles catholiques montre que nombre d’électeurs séduits par la droite classique rejettent le parti lepéniste pour des raisons qui ont trait à la fois à la mémoire que les vieilles générations ont des érives nationalistes et populistes des années 1930 et 1940, à la crispation ressentie devant une démagogie aux accents souvent plébéiens et à la fidélité aux valeurs de tolérance que diffuse l’Église catholique. ? cet égard, l’extrême droite n’est pas une « version dure » de la droite qui porterait à son point d’orgue Les difficultés démographiques et économiques du monde rural, l’extension de la délinquance en zone rurale et « rurbaine les crlspations anti-européennes ont apporté un nouveau contingent d’électeurs au président du FN. QU’EST-CEQUIMOTIVELESÉLECTEURS LEPÉNISTES EN 2007 ?

Interrogés, dans la première vague du Baromètre politique français réalisée par le Cevipof et le ministère de l’Intérieur en avril 2006, à un an de l’élection présidentielle de 2007, les électeurs lepénistes partagent les grandes préoccupations des autres électorats, à savoir les questions de l’emploi et de la hausse des prix. Mais, beaucoup plus que ne le font les électeurs de gauche ou de droite classique, ils mettent en avant les enjeux de Fimmigration et de la sécurité.

L’une des forces de Jean-Marie Le Pen fut d’être le vecteur politique de ces enjeux que nombre e citoyens considéraient par trop négligés par les grands partls. Très concurrencé aujourd’hui sur ce créneau, il garde une crédibilité certaine à exprimer les préoccupations d’une partie de l’opinion sur ces sujets, même si seule une petite minorité lui fait crédit quant à sa capacité d’apporter des solutions concrètes et fiables sur ces questions. Et pour 2007 ?

En 2007, les facteurs qui ont permis le « choc » de 2002 sont toujours présents : rejet de la classe politique, problèmes économiques et sociaux des couches populaires, inquiétudes urbaines, malaise identitaire. Les émeutes des banlieues de la fin de l’année 2004, la vi inquiétudes fin de Pannée 2004, la victoire du « non » au référendum de mai 2005 sur le Traité constitutionnel européen, la crise de mars 2006 à propos du contrat première embauche (CPE) montrent que, sur tous ces fronts, la grogne de la société française est forte.

Reste à savoir si le vieux leader du FN parviendra encore à capter une part importante de cet électorat de la hargne et de la grogne. L’âge de Jean-Marie Le Pen, la concurrence de Nicolas Sarkozy dans une partie de sa clientèle électorale, la pérennité ‘une extrême gauche protestataire, le renforcement de la déslllusion abstentionniste, le style populiste adopté parfols par « grands » candidats, le souvenir du « traumatisme » de 2002 peuvent être autant de contre-feux à une seconde «performance électorale» de Jean-Marie Le Pen en 2007.

Mais, une fois de plus, à quelques mois du grand rendez-vous présidentiel, le président du FN est le « troisième homme LES ÉLECTORATS POLITIQUES 67 87. 67. 28. 177 – 13/04/2014 23h14. @ Presses de Sciences Po Génération Le Pen : de père en fille ? info Burette Michael –