Art Hamann 402 403

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Regard sur Positionnement professionnel et éthique dans le travail d’équipe La Loi 2002-2 place l’usager au centre du système social et médico-social, ce qui demande aux professionnels de s’inscrire dans un travail partenarial. Cependant, dans un environnement paradoxal le travail d’équipe ne va pas de soi et doit se réaliser dans un espace de négociation toujours ? construire. Ily a ainsi de véritables c ches inter et or 19 transdisciplinaires Sni* to View afin de permettre la rches d’accompagnement donneront aux usagers une place d’auteur.

L’éthique est au cœur des pratiques, favorisant une réflexion sur le sens t la réalisation d’un but commun dans le respect et la prise en compte des différentes identités professionnelles. Introduction La Loi 2002-2 place l’usager au cœur de l’action sociale et médico- sociale, elle lui donne la parole, la liberté de choix. De ce fait, elle impulse une dynamique d’innovation et de diverses significations dans l’offre de service.

Elle met l’accent sur la reconnaissance, le respect et la promotion du droit à la Isabelle Satragno-Fabrizio étudiants, Master 2 Professionnel « Formation, Encadrement, dans le secteur sanltaire et le travail social », UFR Psychologie et sciences de l’éducation, Université de Provence Cet article a été rédigé dans le

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cadre du module « Méthodologie de terrain » Les cahiers de l’ACtif – N0402/403 209 Regard sur . C’est ce que fauteur appelle la magie du programme institutionnel, qui produit un individu autonome mais parfaitement conforme aux normes, aux règles sociales.

Dans ce contexte, il s’agit de construire du sens dans un environnement paradoxal. Les professionnels se rattachent à leurs valeurs, s’interrogent sur la manière de faire et les normes en vigueur. L’éthique prend alors tout son sens, dautant plus dans ce contexte de réformes de l’action sociale qui amènent les rofessionnels ? plus de vigilance et de réflexion sur leurs pratiques, sur les fondements et valeurs de leurs actions. L’action sociale fait intervenir plusieurs professionnels dans la prise en compte de la dimension médico-psycho-sociale.

Elle définit une volonté explicite des pouvoirs publics de favoriser le développement des réseaux, des lieux de concertation, de collabora cordant une légitimité PAGF lg champ d’action, mais aussi le lieu de la confrontation à la différence des autres membres. C’est parfols une situation complexe qui renvoie le professionnel dans sa pratique, ui exige de lui une implication personnelle et une démarche professionnelle de positionnement. L’équipe est aussi le lieu du partage d’informations, de représentations que chacun se fait des situations individuelles et collectives.

C’est parfois dans ce contexte que les destinataires de ces informations se heurtent ? l’obligation de secret. En effet, au sein d’une équipe, des professionnels se trouvent responsabilisés par le secret professionnel relatif à leur profession ou leur mission qui renforce leur identité professionnelle. Alors que d’autres ne sont pas soumis aux mêmes obligations. Il est donc important de clarifier l’enjeu des différentes informations soclales, médicales, leurs degrés, leurs contextes et ainsi d’interroger les valeurs qui unissent les professionnels dans leur relation aux usagers.

De ce fait, le fonctionnement en équipe pluri-professionnelle est complexe, et l’usager auteur au centre de l’action (ou intervention) peut parfois devenir objet. Alors que dans l’élaboration du projet personnalisé, il doit être partie prenante, la division des tâches entre professionnels, tend à une perte de la globalité du projet. « Un acteur qui se trouve dépossédé de l’intelligence globale de e qu’il fait n’est qu’un aeent exécutant un I peut se désinvestir de la de l’action sociale et médico-sociale. 10 Les Cahiers de l’Actif – N0402/403 Positionnement professionnel et éthique dans le travail d’équipe I – Les dimensions du travail en équipe Les professionnels travaillent en équipe, et celle-ci devient le lieu de projections inconscientes, d’enjeux divers et de confrontation des représentations. L’équipe pluriprofesionnelle et ses enjeux identitaires Au cœur de la pratique d’accompagnement des usagers, chaque professionnel construit une représentation particulière de la personne et de sa compétence rofessionnelle selon son champs d’intervention voir sa spécialité (sa tâche, son métier, sa fonction… . Les professionnels peuvent être ainsi fortement empreints de leur formation initiale. Cexercice de la « L’absence de spécificité pluridisciplinarité s’inscrit dans ce registre de l’identité ? un niveau collectif. Interviennent les jeux de stimulations signe l’inexistence réciproques, d’ajustement vis-à-vis de l’autre, de solidarité, du métier et la mort d’influence, de pouvoir. Ily a alors, de véritables enjeux ? du professionnel » développer des collectifs partageant représentations, savoirs, ompétences, valeurs et attitudes communes.

Cependant, n’y a-t-il pas un risque à v fonctionner de manière d’indifférentiation » (p. 162). Il est ainsi important de marquer et de valoriser ces différenciations, car l’absence de spécificité signe l’inexistence du métier, et la mort du professionnel (Ibid. , p. 159). Un autre point de tension est également relevé par Fustier (2004)1, il s’agit de professionnels qui sont détenteurs de « titres de noblesse culturelle n. L’auteur donne l’exemple des professionnels du médical qui tirent leur pouvoir et leur reconnaissance sociale de leur appartenance à une classe.

Ils ne sont pas ce qu’ils font, ils sont ce dont ils proviennent, ils n’ont pas à montrer une efficacité, leur production ne sont pas critiquables puisqu’elles émanent d’une position aristocratique qui les justifie à priori ou à l’avance (p. 160). Le secret professionnel Se pose par ailleurs la question du secret professionnel. L’information se heurte à l’obligation de secret. Le travail social et le travail éducatif sont le plus souvent exercés en équipe pluridisciplinaire.

Les professionnels sont appelés à partager et échanger des informations dans un esprit de complémentarité de eurs interventions. C’est d’ailleurs généralement l’équipe ou le service qui est dépositaire de la mission et dans ce cas, le secret est partagé entre les membres de ‘équipe ou de l’institution. « Interdire ces échanges serait condamner le travail social moderne et renvoyer les travailleurs sociaux à leur solitude d’antan 1. Fustier s’appuie sur les urdieu (1979). aucun ne peut tout seul régler la situation à laquelle il est confronté » (Verdier et Rosenczverg, 2008, p. 2). Cependant, la raison du refus de partage des informations peut être due à un manque de onfiance en l’autre, à la peur de perdre un peu de son pouvoir ou encore d’être remis en cause dans sa pratique. En liant le secret à une mission et non à des professions « le nouveau code pénal n’a pas consacré la notion de secret partagé, mais il permet son existence »2. Dans tous les cas, le professionnel qui ressent le besoin de partager une information, devra être attentif à la personne concernee par le secret. C’est dans ce cadre là que Verdier Et Rosenczverg (2008, p. 3) invitent à prendre les précautions suivantes : 99 tous les membres d’une équipe ou participants à une éunion doivent être informés qu’ils sont astreints au secret « La transgression de la confidentialité professionnel, 99 tout n’est pas à dire, seulement ce qui est en relation directe nie le sujet » et nécessaire avec la décision à prendre ou la conduite ? tenir, 99 se demander ce que vont devenir les documents divulgués ? , 99 veiller à ce que l’usager soit d’accord pour que l’on évoque certains faits relatlfs à sa situation (Ibid. p. 93). En effet, le secret professionnel protège l’intime, la part de soi que l’usager est conduit à dévoiler dans le cadre de l’intervention d’aide et d’un ontrat plus ou moins explicite. La transer onfidentialité nie le sujet. Lorsque les professionnels interviennent auprès d’un exclu, d’une personne en situation de handicap, « ils se sentent peu ou prou au chevet d’un malade Ansl, « si l’on se réfère à un tel modèle ridée de secret partagé ne peut que s’imposer comme une nécessité » (p-51).

Cela est regrettable car les exclus, les personnes en situation de handicap ne sont pas des malades dont on doit tout savoir. C’est donc dans le souci de la construction de soi et le respect de l’autre que se pose la question des normes sur ce qui est « bon » et « bligatoire » (Morin, 1991, p. 202). L’équipe est alors le lieu de rencontre des inter- individus dans une institution donnée. Cest bien là que l’éthique prend tout son sens, « on entre véritablement dans l’éthique, quand, à l’affirmation pour soi de la liberté, s’ajoute la volonté que la liberté de l’autre soit » (Imbert, 2000, p. ). 2. Guidicilli-Delage, Professeur à la faculté de droit de Poitiers citée par Verdier et Rosenczverg. 212 Il – éthique et travail en équipe pluriprofessionnelle Selon Bouquet (2006), il n’y a pas d’éthique en général, il ny a d’éthique que dans l’action. C’est dans l’a tian risque l’échec. « II va relation socialisée. Les professionnels de l’humain se sont dotés de codes ou de référentiels déontologiques. Mais on est là dans le domaine du droit, de la loi.

L’éthique va plus loin, elle oblige chacun à des choix personnels entre diverses modalités d’intervention, plusieurs façons de traiter le même problème, plusieurs manières de considérer cet autrui dont nous avons à prendre soin. « L’éthique surgit principalement dans la vie quotidienne sous la forme d’un dilemme, lorsqu’on est confronté à un cholx entre deux questions certes contradictoires ais présentant l’une et l’autre autant d’avantages que d’inconvénients » (Hericord, 2006, p. 29). Le professionnel va alors mettre en place sa propre règle non généralisable, unique pour une situation unique et singulière.

Dans ces moments le professionnel est autonome face à sa prise de décision et isolé face à l’inquiétude que ce dilemme éthique engendre. C’est alors qu’intervient « l’institutionnalisation » de l’éthique qui vise à rassurer les personnes, à les soulager de leur responsabilité et à poser ainsi des normes moralisatrices. Mais comment peut-on répondre de manière nstitutionnelle à des questions d’ordre éthique par de la norme sans nier dans le même temps le principe spécifique de l’éthique qui est la prise en compte de « l’absolue singularité de la situation » (Ibid. ; p. 30). ne distinction entre l’éthi ue et la morale Étymologiquement il n’y a ion entre les deux termes lg bon » comme le mot mores en latin : ce qui « s’impose comme obligatoire Ricœur (1990) distingue les deux notions : 99 la visée éthique prend en compte le désir, la finalité, l’idéal recherché pour vivre humainement, pour signifier « la visée d’une vie accomplie 9 la morale « pour l’articulation de cette visée dans les normes caractérisées à la fois par la prétention à l’universalité et par un effet de contrainte L’éthique renvoie à la notion de « soi » dans un « mouvement réflexif » alors que la morale « s’impose du dehors Autrement dit, la distinction entre éthique et morale serait entre « devoir-être et être b, entre « prescrire et décrire L’origine de cette opposition se trouve dans deux héritages : l’un d’Aristote, où l’éthique est caractérisée par « la visée » et orientée vers le sens et la fin et l’autre est celui e Kant où la morale est marquée par « le caractère obligatoire des normes D. 3. Morin cité par Bouquet. 213 Ricœur (1990) revendique ce double héritage et affirme la primauté de l’éthique sur la morale sans négliger pour autant l’importance des normes. (pp. 200-202). La visée éthique Ricœur définit les trois éléments ui contribuent à ce qu’il soit possible d’entendre de soi 99 « Avec et pour les autres » correspond à l’éthique de mutualité.

Vivre «avec» les autres suppose de développer ses capacités de communication, des valeurs de tolérance et de respect mutuel. C’est dans la encontre de cet autre qui renvoie à sa propre réflexivité et qui permet que « le soi s’aperçoit lui-même comme un autre parmi les autres » (Ibid. , p. 225). 99 « Dans des institutions justes » Il s’agit ici d’éthique de Pordre sociétal. Elle vise en particulier à développer le «sens de la justice Le «Je» rencontre des «Tu», vit aussi dans une société, dans des institutions : c’est le «ils» symbolisant cet espace collectif qui se dote de lois, de règles qui régissent cette vie collective pour qu’elle soit « juste » et humaine.

Ces trois niveaux de la visée éthique sont indissociables et omplémentaires pour un vivre ensemble, pour que l’action sociale et médico-sociale prenne tout son sens. L’éthique renvoie ainsi à la notion de posture qui situe l’acteur dans trois dimensions qui interagissent : (Dhume, 2001, p. 1 56) 99 la dimension personnelle : l’éthique, les valeurs, Pindividualité… 99 la dimension professionnelle : compétence et expertise, déontologie, formation. 99 la dimension institutionnelle : statuts, organisations, orientations… Et au carrefour de deux espaces recoupant les trois dimensions evaquees : 99 1’espace de profession leu d’interaction entre la