COMPLÉMENTAIRE Alcools, Apollinaire l) Biographie de l’auteur Guillaume Apollinaire, il passe une partie de son enfance en Italie avant d’être amené par sa mère sur la Côte d’Azur. Ils mènent alors avec sa mère et son frère une vie plutôt dissolue, mais il suit tout de même des études, entre le lycée de Monaco, celui de Cannes, et enfin celui de Nice. C’est cette période q des amitiés cosmopolites A paris, il collabore ? de la lecture et celui or 12 Sni* to View aires avant de créer revue, Le festin d’Ésope, (1903-1904),.
S’en suit une période faste rencontres et en écriture, puisqu’il devient en 1 907 1’ami de Picasso, de Derain, et participe avec Salmon et Max Jacob aux discussions du Bateau-Lavoir » sur le cubisme en gestation. Il écrit la même année des romans érotiques publiés sous le manteau, tout parce qu’il a besoin d’argent que parce qu’il a le goût pour la littérature « libre » : Les onze mille verges, Les exploits d’un jeune Don Juan.
Il choisit alors de v lvre au tour de l’Hérésiaque et Cie (recueils de conte), puis en 1911, c’est la parution du Bestiaire ou cortège d’Orphée, poèmes illustrés par Raoul Dufy de gravures
Il se place alors comme le poète défenseur des avant-gardes, en lien direct avec ses nombreux amis peintres. C’est dans cette logique avant-gardiste que paraît Alcools, recueil de poèmes rédigés entre 1898 et 1912 qui, dès sa parution, devient le manifeste de la poésie moderne, en inaugurant une nouvelle perception du monde et en annonçant d’une certaine façon l’avènement proche du surreallsme. Il) Esthétique de son œuvre
L’écriture d’Apollinaire se distingue d’abord par son mélange entre motifs élégiaques, lyriques, airs anciens (comptines, chansons… ) modernité de son époque (motifs industriels, citadins) qui le placent parfaitement à la charnière entre XIXème et XXème siècle. C’est en effet entre ancien et nouveau, entre « ordre » et « aventure », entre intimité et 12 si fort dans l’œuvre d’Apollinaire, à une époque où il a perdu beaucoup de son influence, a deux visages : celui de rexpression personnelle, mais aussi celui de l’exaltation.
Expression personnelle dans la présence forte de l’expression subjective, mélancolique et entimentale, et exaltation, dans l’évocation prépondérante de l’envol, ou encore de l’ivresse, de la joie par des chansons. TEXTE COMPLÉMENTAIRE Ill) Alcools 1) Présentation Alcools est publié à Paris au Mercure de France en 1913. De nombreux poèmes étaient déjà parus auparavant en revue. Cest le premier grand recueil poétique publié d’Apollinaire, mais il rend compte d’un long trajet poétique pulsqu’il rassemble des poèmes écrits de 1898 à 1913 (d’ailleurs souvent retravaillés et modifiés).
Malgré le bon accueil du public et des autres écrivains, les critiques sont peu enthousiastes, voire gressifs, ce qui touchera fortement le poète, notamment l’incompréhension a l’égard de son recueil qualifié de « boutique de brocanteur par Georges Duhamel au Mercure de France. Pourquoi Alcools ? Car l’ivresse rapporte l’acte poétique, dans la continuité de Baudelaire et de Rimbaud, à un « dérèglement des sens Les références explicites ? x boissons de toutes PAGF 19 même, l’univers d’AlcooIs est jalonné de nombreux lieux pourvoyeurs de boissons : des tavernes, des auberges, des brasseries…
Le titre est donc d’abord synonyme de présence concrète de l’alcool dans le recueil, comme un thème dominant. Mais symboliquement, l’alcool est également l’universelle soif du poète face au monde et aux choses, qui veut tout voir pour mieux les décrire. L’alcool suggère en outre la transgression, possibilité de faire fi des tabous et des normes, et représente ici audaces d’une poésie novatrice et moderne. 2) Résumé Organisation interne Il n’y a pas d’ordre chronologique, au contraire plutôt plaisir ? brouiller les cartes.
Ainsi, il place « Zone l’un de ses derniers poèmes écrits, en tête de recueil, et ceci à la dernière minute sur les épreuves. Il en est de même pour « Le pont Mirabeau » écrit en 191 1, alors que les poèmes de a période rhénane ne sont qu’en partie réunis dans la partie « Rhénanes » : aucun ordre thématique ou chronologique, mais en tout cas recherche d’alternance entre textes longs et courts (pourrait expliquer placement), et surtout placement d’une ouverture et d’un final très forts, quasiment de même longueur et de même inspiration.
Le recueil, malgré un désordre apparent, joue bien sur une forme d’ordre permettant de Se 2 et toute sa force. Alcools est donc définitivement le recueil représentatif de l’esthétique et de la pensée d’Apollinaire, en plus d’être son premier recueil, et cecl ar il réunit des poèmes de 15 ans qui présentent autant l’évolution que la cohérence poétiques de l’auteur. Et c’est pourquoi ce recueil est considérer comme « le » recueil d’Apollinaire.
Le recueil débute par « Zone », très long poème qui peut être vu comme le poème emblématique d’Alcools, puisqu’il incarne le désir d’Apollinaire de se situer entre modernité et tradition, avec le choix de présenter des rimes régulières, (même si les rimes sont principalement sonores), et en même temps des strophes et des mètres ? longueur variable, selon l’impact qu’il veut provoquer sur le lecteur. De plus, ous les thèmes chers au poète sont évoqués (mythologie, modernité de la ville, ivresse, amour, envol, marginalité, voyage, errance… . On trouve enfin la première signification possible du titre : « Et tu bois cet alcool brûlant comme ta VIe / Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie l’annonce du fort désir de modernité : « A la fin tu es las de ce monde ancien Et c’est peut-être parce u’il est si révélateur de sa poétique PAGF s 2 comme un poème principalement élégiaque, puisque le poète y chante ses amours déçues, la fuite du temps, ou encore le désir de la mort.
Mais, pour contrecarrer ? ette presence de thèmes classiques dans l’élégie, des innovations se rencontrent dans la métrique des vers, à l’inverse du choix de la chanson et de la régularité des rimes. Puis « La chanson du mal-aimé de nouveau dans une optique beaucoup plus innovatrice et moderne, évoque Perrance du poète à la recherche de son amour qui l’a rejeté (ici Annie Playden, qui est partie ? Londres pour échapper au poète obsédé par elle).
Ce poème en six sections abonde encore une en thèmes de prédilection du poète, et en formes poétiques diverses, plus ou moins traditionnelles, comme si pour lui chaque poème eprésentant de la modernité devralt être la représentation d’un syncrétisme dans tous les domaines.
Il existe en même temps une cohérence dans la multiplicité des références, par répétition dans certaines sections d’une strophe, comme un refrain : « Voie lactée ô sœur lumineuse / Des blancs ruisseaux de Chanaan / Et des corps blancs des amoureuses Nageurs morts suivrons-nous d’ahan / Ton cours vers d’autres nébuleuses » (revient à trois reprises, au début, au milieu et à la fin de l’ensemble du poème). éritable logique de placement, mais qui réunissent encore une fois tous les thèmes de prédilection ‘Apollinaire, et l’on peut même constater que c’est de cette manière que ses thèmes et motifs principaux sont décelables : évocation des amours malheureuses, de la fuite du temps La blanche neige « L’adieu « L’automne », « Le brasier p) ; l’importance de la peinture, de Part Les colchiques b, « Palais « Crépuscule ; l’évocation de femmes par leur nom Annie Y, « Clotilde s, « Marie », « Rosemonde ») ; la nature d’étranger et de marginal (« Le voyageur « La porte », « Marizibill Saltimbanques », « Le larron « La tzigane « L’ermite « L’émigrant de Landor Road ; mythes et légendes antiques ou médiévales («
Salomé », « Merlin et la vieille femme « Le vent nocturne « Lul de Faltenln « La maison des morts s). Citons encore « Poème lu au mariage d’André Salmon proche des premiers longs poèmes du recueil, ou « Chantre poème le plus emblématique de la modernité et de la surprise voulues par Apollinaire, puisqu’il ne contient qu’un vers. C’est ensuite la section des « Rhénanes », poèmes d’inspiration germanique qui ont été écrits pendant son voyage sur le Rhin, et réunissent encore des thèmes et formes variés : ivresse dans « Nuit rhénane marginalité dans « Les cloches » ou « Schniderhannes 7 2 Schniderhannes oyage et errance dans « Mai « Les sapins ou évocation mythologique avec « La Loreley ».
Une dernière série de poèmes est ? rapprocher de la série précédant les « Rhénanes » dans la multiplicité des thèmes et des formes : « Signe « Un soir « La dame », « Les fiançailles », « Clair de lune « 1909 « A la Santé » (qui évoque son emprisonnement), « Automne malade « Hôtels « Cors de chasse Le recueil se clôt alors sur le pendant de « Zone « Vendémiaire qui évoque un univers multiple causé par l’ivresse, et qui présente le recueil comme une métaphore de celle-ci : c’est le vin qui cause l’ivresse, t c’est par lui que peut se faire e poème : « L’univers tout entier concentré dans ce vin » (peut expliquer l’absence de ponctuation, l’importance de l’écoulement, de l’envol… ).
C’est un poème qui sonne comme une conclusion : « Mais je connus dès lors quelle saveur a l’univers / Je suis bire d’avoir bu tout l’univers/ Sur le quai d’où je voyais l’onde couler et dormir les bélandres / Ecoutez-moi je suis le gosier de Paris / Et je boirai encore s’il me plaît l’univers / Ecoutez mes chants d’universelle ivrognerie / Et la nuit de septembre s’achevait lentement / Les feux rouges des ponts jour naissait à peine Alcools peut alors dans ce sens être vu comme une nuit d’ivresse, emplie d’hallucinations et de rêveries, qui a permis au poète d’exprimer toute sa verve poétique et de découvrir le monde dans son ensemble, pour atteindre ainsi à une modernité poétique nouvelle.
L’ordre poèmes n’est donc pas si anodin qu’il en a l’air, en représentant cheminement logique du poète vers la découverte du monde la plus totale possible. 3) Vision d’ensemble de l’œuvre Poèmes les plus emblématiques Le Pont Mirabeau Les colchiques Marie Nuit rhénane Mai Dans la forme, Alcools oscille entre tradition et modernité, uisque c’est un recueil partagé entre poèmes réguliers usant parfois de l’octosyllabe (par exemple dans « Les sapins » ou « Marie ») et pièces plus modernistes dans leur valorisation du vers libre Zone » et « Vendémiaire » étant les exemples les plus emblématiques). C’est surtout par la présence de contraintes internes plus que ar le désir de respect des règles leur sens, d’où les restes de versification.
Mais la rime et le mètre ne sont pas les seuls garants de ce désir de musicalité et de chant : il faut voir aussi les différentes répétitions, parfois ponctuelles, avec un seul mot, un eul vers, ou parfois avec une strophe qui apparaît comme un refrain, voire une litanie (comme nous l’avons déjà indiqué dans « La chanson du malaimé » ; voir également « Le pont Mirabeau La répétition peut également être plus légère et joyeuse, fournissant toujours un refrain aux poèmes, mais cette fois plus dans un esprit de chanson populaire ou de comptine Mai Marie Mais il arrive, dans cette régularité latente, que le poème soit en fait beaucoup plus instable qu’il n’y parait : ainsi de « Marie » où un alexandrin unique vient perturber les octosyllabes et la régularité même du poème. La prosodie du recueil est donc beaucoup surprenante qu’elle n’y paraît au premier abord, et de ce fait elle déstabilise fortement la lecture. Mais la plus grande audace en guise de modernité et de discordance reste « Chantre », pièce en un vers unique (« Et Punique cordeau des trompettes marines »), qu’Apollinaire appelait drôlement «vers solitaires, qui déroute et gêne encore aujourd’hui les critiques qui hésitent vraiment à parler de poeme. Ces discordances sont à l’image de l’expérience le plus souvent douloureuse et angoissée du aète face à la vie : de nombreux po